Gloria Grahame Hallward naît à Los Angeles d’un père architecte anglais connu sous le nom de Michael Hallward et d’une mère Jeanne McDougal comédienne écossaise qui se produit sous le nom de Jean Grahame. Sa sœur aînée Joy Hallward épousera John Mitchum, le frère cadet de Robert Mitchum. Sa mère lui enseigne le théâtre et l’adolescente Gloria fait des apparitions dans Good Night, Ladies avec Buddy Ebsen et se produit dans The World's Full of Girls de Nunnally Johnson à Broadway.
Femme fatale du film noir
Gloria Grahame signe un contrat à la MGM mais Louis B. Mayer la considère comme une starlette saine et aseptisée. Elle tourne ainsi deux ou trois films sans qu'éclate encore son charme indéfinissable malgré une belle participation dans La Vie est belle de Frank Capra. Son contrat est vendu à la RKO. Par la suite, l’actrice volontaire va s'attacher à composer des personnages beaucoup plus complexes et nuancés. Elle s’impose véritablement en 1947 dans Feux croisés d'Edward Dmytryk où elle matérialise la femme fatale du roman noir américain, impitoyable et vulnérable à la fois. Après avoir épousé Stanley Clements en 1945, une union conclue par un divorce en 1948, elle épouse en deuxième noce le cinéaste Nicolas Ray qui lui offre un rôle de chanteuse dans Secret de Femme et celui d’une comédienne dans Le Violent auprès d’Humphrey Bogart où elle peut enfin donner toute sa mesure. Elle interprète la frivole Belle du Sud dans Les Ensorcelés de Vincente Minnelli qui lui vaut un Oscar de la meilleure actrice dans un second rôle en 1952, bien qu’elle n’apparaisse qu’une dizaine de minutes à l’écran. Elle joue les garces calculatrices mais attachantes dans deux films de Fritz Lang, Règlement de comptes où elle est mariée au gangster sadique joué par Lee Marvin qui lui ébouillante le visage avec une cafetière brûlante et Désirs humains, adapté librement de La Bête humaine de Zola.
Des compositions distanciées
Gloria Grahame aborde la moindre composition avec une ironie amusée, qu'il s'agisse de la petite dompteuse d'éléphants dans Sous le plus grand chapiteau du monde de Cecil B. DeMille pour lequel elle exécute elle-même les cascades ou la femme de médecin dans La Toile d'araignée de Vincente Minnelli. Elle est la riche séductrice Harriet Lang dans Pour que vivent les Hommes avec Robert Mitchum et le rôle plus rural d’Annie Carnes dans la comédie musicale Oklahoma de Fred Zinnemann. Mais le public habitué à voir Gloria Grahame en femme fatale de film noir boude sa prestation de paysanne ignorante. La carrière de Gloria Grahame décline après sa belle composition dans le film noir, Le Coup de l’Escalier de Robert Wise auprès d’Harry Bellafonte. Elle revient au théâtre, notamment dans The Time of Your où elle a pour partenaires Henry Fonda et Richard Dreyfuss et occupe occasionnellement des rôles de soutien dans Marqué au fer rouge de Bernard McEveety, Skipper de Barry Shear ou Melvin et Howard de Jonathan Demme. Elle est surtout présente dans des séries télévisées comme The Outer Limits, Le Fugitif, Mannix ou la mini-série Le Riche et le Pauvre.
Le refus du vieillissement
Au fil du temps, Gloria Grahame devient de plus en plus préoccupée par son apparence physique et se laisse tentée par la chirurgie esthétique à tel point que sa lèvre supérieure est devenue immobile en raison de lésions nerveuses. Ses dernières apparitions frôlent le pathétique. Gloria Grahame s'est marié quatre fois et a eu quatre enfants. Le lendemain de son divorce avec Clements, Grahame épouse le réalisateur Nicholas Ray. Ils ont un fils, Timothy, en novembre 1948. Après plusieurs séparations et réconciliations, Grahame et Ray divorcent en 1952. Son troisième mariage avec le scénariste et producteur de télévision Cy Howard donne naissance à une fille Marianna Paulette en 1956 mais l’actrice évoque la cruauté mentale pour obtenir le divorce en novembre 1957. Son quatrième et dernier mariage avec l'acteur Anthony "Tony" Ray fait scandale. Fils de son deuxième mari Nicholas Ray et de sa première épouse Jean Evans, leur relation aurait commencé alors qu’Anthony Ray n’avait que 13 ans. Retirés à Tijuana au Mexique, le couple a deux garçons, Anthony, Jr. en 1963 et James en 1965. En mars 1974, on diagnostique à Gloria Grahame un cancer du sein. Après une période de rémission, elle est admise à l'hôpital St. Vincent de Manhattan pour un cancer de l’abdomen, où elle décède quelques heures plus tard,le 5 octobre 1981 à l'âge de 57 ans.
FILMOGRAPHIE :
Avec Fritz Lang
et Glenn Ford
1944 : Sans amour (Without Love) d’Harold S. Bucquet
1946 : La Vie est belle (It’s a wonderful Life) de Frank Capra
1947 : Tout le monde chante (It happened in Brooklyn) de Richard Whorf
1947 : L’as du cinéma (Merton of the Movies) de Robert Alton
1947 : Feux croisés (Crossfire) d’Edward Dmytryk
1948 : Meurtre en musique (Song of the thin Man) d’ Edward Buzzell
1949 : Secret de femme (A Woman’s Secret) de Nicholas Ray
1949 : Roughshod de Mark Robson
1950 : Le violent (In a lonely Place) de Nicholas Ray
1951 : Le Paradis des mauvais garçons (Macao) de Josef von Sternberg
1951 : Sous le plus grand chapiteau du monde (The greatest Show on Earth) de Cecil B. DeMille
1952 : Le Masque arraché (Sudden Fear) de David Miller
1952 : Les Ensorcelés (the Bad and the Beautiful) de Vincente Minnelli
1953 : Prisonniers de la Casbah (Prisoners of the Casbah) de Richard L. Bare
1953 : Les Frontières de la vie (The Glass Wall) de Maxwell Shane
1953 : Cirque en révolte (Man on a Tighrope) d’Elia Kazan
1953 : Règlement de comptes (The big Heat) de Fritz Lang
1954 : Désirs humains (Human Desire) de Fritz Lang
1954 : Alibi meurtrier (Naked Alibi) de Jerry Hooper
1954 : Les Bons meurent jeunes (The Good die young) de Lewis Gilbert
1955 : Pour que vivent les Hommes (Not as a Stranger) de Stanley Kramer
1955 : La Toile de l’araignée (The Cobweb) de Vincente Minnelli
1955 : Oklahoma ! (Oklahoma !) de Fred Zinnemann
1956 : L’homme qui n’a jamais existé (The Man who never was) de Ronald Neame
1957 : L’Or des Cheyennes (rRde out for Revenge) de Bernard Girard
1959 : Le Coup de l’escalier (Odds against tomorrow) de Robert Wise
1966 : Marqué au fer rouge (Ride beyond Vengeance) de Bernard McEveety
1970 : Blood and lace de Philip S. Gilbert
1970 : Chandler de Paul Magwood
1971 : Skipper (The Todd Killings) de Barry Shear
1971 : The Loners de Sutton Rolley
1971 : Escape de John Llewellyn Moxey (tv)
1973 : Angela (Tarots) de José Maria Forque
1974 : Mama’s dirty Girls de John Hayes
1974 : Une Femme dangereuse (The Girl on the late, late Show) de Gary Nelson (tv)
1976 : Le Riche et le Pauvre (Rich Man, Poor Man) de David Greene (tv)
1976 : Mansion of the Doomed de Michael Pataki
1977 : Septième Avenue (Seventh Avenue) de Richard Irving et Russ Mayberry (tv)
1978 : The Dancing Princesses de Jon Scoffield (tv)
1978 : Head over Heels de John Micklin Silver
1979 : Melvin & Howard (Melvin & Howard) de Jonathan Demme
1979 : Le Casse de Berkeley Square (A Nightingale sang in Berkeley) de Ralph Thomas
1980 : Les Joyeuses Commères de Windsor (The Merry Wives of Windsor) de Jack Manning
1980 : Partez en paix (Depart in Peace) d’Alan Gibson (tv)
1981 : Retour vers le Cauchemar (The Nesting) d’Armand Weston
1984 : Sauce for the Goose de Bert Salzman (tv)
Filmographie de Gloria GRAHAME