John GILBERT
 Acteur américain
John Gilbert est une des personnalités les plus controversées d’Hollywood : bon ou mauvais acteur ? homme intelligent ou stupide ? star avisée ou noceur à la rage autodestructrice ? Les critiques et les commentateurs de tous poils ne parviennent pas à s’entendre et les bruits les plus contradictoires courent à propos de l’acteur le plus emblématique de la fin du cinéma muet américain.
Ses débuts chez Thomas H. Ince
John Gilbert est né à Logan, dans l’Utah, le 10 juillet 1899. Installé dès l’adolescence à Hollywood, il débute dans l’écurie de Thomas H. Ince, rival de D. W. Griffith, dans le film Le Lâche, attribué aujourd’hui à Reginald Barker, en 1915. Ince et William Hart le dirigent fréquemment durant ces premières années. Gilbert figure ainsi dans le monumental Civilization, réponse de Ince au Intolérance de Griffith. Il est aussi le partenaire de Mary Pickford dans La Fille des montagnes de Sidney Franklin. À partir de 1921, il travaille pour la Fox : il joue notamment Le Comte de Monte-Cristo, le héros de Dumas et Cameo Kirby de John Ford. John Gilbert écrit et dirige également plusieurs films avant d’être pris sous contrat à la MGM.
Le héros romantique
À partir de 1924, Gilbert bénéficie de toute la machine publicitaire de la MGM, qui le présente comme l’acteur moderne par excellence à contrario de Valentino, l’italien mondain et ses ersatz Ramon Novarro, Ricardo Cortez ou Antonio Moreno. Gilbert va représenter l’acteur cent pour cent américain, viril et élégant. Il devient l’acteur favori de King Vidor, qui le dirige dans His Hour, sur un scénario de Elinor Glyn, dans The Wife of the Centaur et Bardelys le Magnifique avec Eleanor Boardman, épouse de Vidor. Plus tard, Gilbert apparaît dans son propre rôle (comme Douglas Fairbanks, Norma Talmadge et Charlie Chaplin entre autres) dans le comique Show People avec Marion Davies en vedette. Ses détracteurs soulignent volontiers que Gilbert semble parfois le faire valoir d’acteurs plus brillants (Chaney dans Larmes de clown de Victor Sjöström, Gish dans La Bohème) et ridiculisent sa prestation dans La Veuve joyeuse d’Erich von Stroheim, avec l’extravagante Mae Murray. Cependant, Gilbert donne dans le même temps une interprétation remarquable d’un soldat pendant la Grande Guerre, dans un autre chef-d’œuvre de Vidor, La Grande Parade. Dans La Bohème, d’après le roman Quartier latin de Henry Murger, qui inspira l’opéra de Giacomo Puccini, il incarne prétendument la nouveauté, le naturel, opposé à sa partenaire, l’immense Lillian Gish, qui a le tort pour Mayer de manquer de spontanéité. Mayer torpille l’image de sa star la plus prestigieuse, poussant en avant la nouvelle favorite, Barbara La Marr, actrice et scénariste au sex appeal ravageur. Sur le tournage de La Bohème, Gilbert et le metteur en scène King Vidor tombent tous les deux amoureux de Lillian Gish, ce qui prouve qu’ils avaient meilleur goût que Mayer.
De Barbara La Marr à Greta Garbo
John Gilbert est associé dans plusieurs films à l’érotique Barbara La Marr (Arabian Love, référence au Cheik de Valentino) et à la juvénile Norma Shearer, maîtresse puis épouse du producteur Irving Thalberg, bras droit de Mayer. Quand le suédois Mauritz Stiller apporte sur un plateau une nouvelle bombe sexuelle, Greta Garbo, John Gilbert et elle deviendront, sous la férule de leur tyrannique producteur, «les amants du siècle». Le bouillant Américain et la vamp européenne jouent dans trois classiques du cinéma muet : le sulfureux La Chair et le Diable et Intrigues de Clarence Brown, Love d’après Anna Karénine réalisé par Edmund Goulding. Dans les trois, Gilbert est éclipsé par sa partenaire, qui devient la plus grande étoile d’Hollywood. Il poursuit sa carrière de son côté avec, par exemple La Morsure de Tod Browning, où il retrouve Renée Adorée, et Le Bateau ivre avec la jeune et sémillante Joan Crawford. Quant à la véritable histoire d’amour de Gilbert et Garbo, elle n’ira pas jusqu’au mariage puisque la fantasque Suédoise «plantera» son amant devant l’autel...
La chute du parlant
Gilbert tourne son premier film parlant, His Glorious Night, sous la direction de Lionel Barrymore. Mayer lance la rumeur selon laquelle la «voix de fausset» de Gilbert est incompatible avec son image virile. Plus tard, la fille de l’acteur, Leatrice issue de son premier mariage, avec Leatrice Joy, révélera que Mayer a privé son père des meilleurs rôles qui s’offrirent à lui au début du parlant, par exemple dans La Patrouille de l’aube d'Howard Hawks, où il est remplacé par Richard Barthelmess. John Gilbert a été marié à trois actrices, Leatrice Joy, avec qui il a une fille Leatrice Joy Gilbert Fountain, Virginia Bruce avec qui il a une fille, Susan Ann Gilbert, puis Ina Claire. La star sur le déclin est imposée par Garbo pour La Reine Christine de Rouben Mamoulian à la place de Laurence Olivier. De l’avis général, Gilbert n’est plus que l’ombre de lui-même. Plongeant dans la dépression et l’alcoolisme, il meurt d’une crise cardiaque, à Los Angeles le 10 janvier 1936. Le film The Artist, largement inspiré de son histoire, montre un acteur brillant joué par Dujardin dépassé au moment du parlant, Garbo étant évoquée par Bérénice Béjo. Une façon de résusciter un des acteurs phare du muet qui montra dans quelques films qu’il était mieux que le chevalier servant de la Divine pour offrir des compositions beaucoup plus subtiles, attachantes et modernes.


FILMOGRAPHIE :

Avec Greta Garbo
1915 : Un lâche (The Coward) de Thomas H. Ince et Reginald Barker
1915 : Matrimony de Scott Sidney
1915 : Aloha Oe de Richard Stanton et Charles Swickard
1916 : The Corner de Walter Edwards
1916 : Bullets and Brown Eyes de Scott Sidney
1916 : The Last Act de Walter Edwards
1916 : Le Justicier (Hell's Hinges) de Charles Swickard
1916 : Pour sauver sa race (The Aryan) de Reginald Barker, William S. Hart et Clifford Smith
1916 : Civilisation (Civilization) de Thomas H. Ince
1916 : The Phantom de Charles Giblyn
1916 : L’Apôtre de la Vengeance (The Apostle of Vengeance) de William S. Hart et Clifford Smith
1916 : Eye of the Night de Walter Edwards
1916 : Shell 43 (Shell forty three) de Reginald Barker
1916 : Le Défenseur (The Sin Ye Do) de Walter Edwards
1917 : Le Sexe faible (The Weaker Sex) de Raymond B. West
1917 : La Fiancée de la haine (The Bride of Hate) de Walter Edwards
1917 : Princess of the Dark de Charles Miller
1917 : La Route de l'honneur (The Dark Road) de Charles Miller
1917 : Happiness de Reginald Barker
1917 : The Millionaire Vagrant de Victor Schertzinger
1917 : The Hater of Men de Charles Miller
1917 : The Mother Instinct de Roy William Neill
1917 : Golden Rule Kate de Reginald Barker
1917 : The Devil Dodger de Clifford Smith
1917 : Up or Down? de Lynn Reynolds
1918 : Nancy Comes Home de John Francis Dillon
1918 : Shackled de Reginald Barker
1918 : Un garçon parfait (More Trouble) d’Ernest C. Warde
1918 : One Dollar Bid d’Ernest C. Warde
1918 : Wedlock de Wallace Worsley
1918 : Doing Their Bit de Kenean Buel
1918 : The Mask de Thomas N. Heffron
1918 : Three X Gordon d’Ernest C. Warde
1918 : The Dawn of Understanding de Charles R. Seeling et David Smith
1919 : La Bruyère blanche (The White Heather) de Maurice Tourneur
1919 : Le Champion (The Busher) de Jerome Storm
1919 : Âme hindoue (The Man Beneath) de William Worthington
1919 : La Séductrice (A Little Brother of the Rich) de Lynn Reynolds
1919 : The Red Viper de Jacques Tyrol
1919 : For a Woman's Honor de Park Frame
1919 : Widow by Proxy de Walter Edwards
1919 : La Fille des monts (The Heart o'the Hills), de Sidney Franklin
1919 : La Rose messagère (Should a Woman Tell?) de John Ince
1920 : Le Cercle blanc (The White Circle) de Maurice Tourneur
1920 : Un lâche (The Great Redeemer) de Clarence Brown et Maurice Tourneur
1920 : Au fond de l'océan (Deep Waters) de Maurice Tourneur
1921 : The Servant in the House de Jack Conway
1921 : La Tare (Shame) de Emmett J. Flynn
1921 : Ladies Must Live de George Loane Tucker
1922 : Héritage de haine (Gleam O'Dawn) de John Francis Dillon
1922 : Arabian Love de Jerome Storm
1922 : The Yellow Stain de John Francis Dillon
1922 : Honor First de Jerome Storm
1922 : Monte Cristo d’Emmett J. Flynn
1922 : Calvert's Valley de John Francis Dillon
1922 : The Love Gambler de Joseph Franz
1922 : A California Romance de Jerome Storm
1923 : Dans la ville endormie (While Paris Sleeps) de Maurice Tourneur
1923 : Truxton King de Jerome Storm
1923 : Javalie le mystérieux (Madness of Youth) de Jerome Storm
1923 : La Petite Fée (St. Elmo) de Jerome Storm
1923 : La Justice du monde (The Exiles) d’Edmund Mortimer
1923 : Cameo Kirby de John Ford
1924 : Just Off Broadway d’Edmund Mortimer
1924 : The Wolf Man d’Edmund Mortimer
1924 : A Man's Mate d’Edmund Mortimer
1924 : The Lone Chance de Howard M. Mitchell
1924 : Romance Ranch de Howard M. Mitchell
1924 : Son heure (His Hour) de King Vidor
1924 : Larmes de clown (He who gets slapped) de Victor Sjöström
1924 : Un pleutre de Monta Bell
1924 : La Femme de Don Juan (The Wife of the Centaur) de King Vidor
1925 : La Veuve joyeuse (The Merry Widow) d’Erich von Stroheim
1925 : La Grande Parade (The Big Parade) de King Vidor
1925 : Ben-Hur de Fred Niblo
1926 : La Bohème (La boheme) de King Vidor
1926 : Bardelys le magnifique (Bardelys the Magnificent) de King Vidor
1926 : La Chair et le Diable (Flesh and the Devil) de Clarence Brown
1927 : La Morsure (The Show) de Tod Browning
1927 : Le Bateau ivre (Twelve Miles Out) de Jack Conway
1927 : Man, Woman and Sin de Monta Bell
1927 : Anna Karénine (Love) d’Edmund Goulding
1928 : Les Cosaques de George W. Hill et Clarence Brown
1928 : La Prison du cœur (Four Walls) de William Nigh
1928 : Mirages (Show People) de King Vidor
1928 : Intrigues (A Woman of Affairs) de Clarence Brown
1929 : Les Nuits du désert (Desert Nights) de William Nigh
1929 : His Glorious Night de Lionel Barrymore
1929 : Hollywood chante et danse (The Hollywood Revue of 1929) de Charles Reisner
1930 : Les Masques de Satan (The Masks of Satan) de Victor Sjöström
1930 : Rédemption (Redemption) de Fred Niblo
1930 : Way for a Sailor de Sam Wood
1931 : Wir schalten um auf Hollywood de Frank Reicher
1931 : Gentleman's Fate de Mervyn LeRoy
1931 : The Phantom of Paris de John S. Robertson
1931 : West of Broadway de Harry Beaumont
1932 : Le nouveau Chauffeur (Downstairs) de Monta Bell
1933 : Fast Workers de Tod Browning
1933 : La Reine Christine (Queen Christina) de Rouben Mamoulian
1934 : Le Capitaine déteste la mer (The Captain Hates the Sea) de Lewis Milestone


Filmographie de John GILBERT
 
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