Fils d'un bijoutier russe, il débute au théâtre Mercury dans les années trente. C'est cependant à sa voix qu'il doit sa célébrité. Il fait grosse impression en étant en 1945 l'animateur radiophonique de Note of Triumph de Norman Corwin qui relate la fin du régime nazi. Fidèle à la radio, il anime et réalise de nombreuses pièces et épouse l'actrice Arlene Francis, une familière des ondes. En 1947, il se voit confier par le grand producteur indépendant Walter Wanger la réalisation de Moment perdus, adapté par Leonardo Bercovici des Papiers d'Aspern de Henry James (le film est distribué par Universal). Avec un beau mélange d'expressionnisme, de fantastique et de romantisme, il signe une des belles raretés du cinéma d'après-guerre, comparables aux réussites de Max Ophüls (Lettre d'une inconnue), Jacques Tourneur (La Féline), Joseph Mankiewicz (L'Aventure de Madame Muir) ou de Charles Laughton (La Nuit du Chasseur). On peut supposer que c'est l'absence de prestige du cinéaste et l'interprétation imparfaite de Susan Hayward et Robert Cummings en dépit d'excellents moments, qui ont conduit cette œuvre singulière à l'échec public et à l'ignorance critique (Tavernier et Coursodon cite cependant Gabel dans leur ouvrage). Martin Gabel ne confirmera pas les belles promesses, sa carrière de réalisateur se résumant à ce seul film. En dehors de réussites théâtrales comme Baker Street ou de productions radiophoniques comme Les Misérables, il apparaît dans des rôles de composition courts mais marquants dans M le Maudit de Joseph Losey, Bas les Masques de Richard Brooks aux côtés de Humphrey Bogart, Pas de printemps pour Marnie d'Alfred Hitchcock, La Femme en Ciment de Gordon Douglas avec Frank Sinatra et Spéciale première de Billy Wilder. Il succombe à une crise cardiaque à 73 ans.
Martin Gabel est décédé à New York, le 22 mai 1986.
FILMOGRAPHIE :
MOMENTS PERDUS
(1947)
avec Robert Cummings, Susan Hayward, Agnes Moorehead, Joan Lorring, Minerva Urecal