Né Pierre Laudenbach, ce fils d'un professeur de philosophie et d'une mère alsacienne, monte pour la première fois sur une scène à 14 ans. Il entre au conservatoire en 1914 et devient l'année suivante sociétaire de la Comédie-Française où il sera un bondissant Cyrano. S'il interprète quelques rôles de jeunes premiers avant la venue du parlant, c'est le cinéma sonore qui lui apporte la notoriété avec la trilogie marseillaise, Marius, Fanny, César. Avec sa diction si particulière, Fresnay excelle dans les personnages flegmatiques (L'Assassin habite au 21, Le Dernier des Six), les aristocrates (La Grande Illusion) et en élément perturbant et moralisateur dans la société bien-pensante (Le Corbeau, Chéri-Bibi, Les Vieux de la Vieille). Il passe pour la seule fois derrière la caméra en 1939 avec Le Duel. Dans ce sombre mélodrame inspiré de Henri Lavedan où une veuve, aimée d'un médecin entre au couvent sur l'insistance de son "beau-frère" écclésiastique, on retrouve les obsessions de l'artiste sur la passion amoureuse, l'humanisme et le dévouement médical, les méandres de la foi et la droiture. Il y joue le prêtre aux côtés de son épouse Yvonne Printemps depuis 1932 et qui sera sa partenaire dans plusieurs films (Les Trois Valses, Valses de Paris). Dans les années cinquante, le cinéma de Fresnay devient passablement réactionnaire (Les Œufs de l'Autruche, L'Homme aux clés d'Or, Les Aristocrates) avec l'évocation de grandes figures françaises (Monsieur Fabre, Il est minuit Dr Schweitzer, Monsieur Vincent, Offenbach) et un sentimentalisme saint-sulpicien (Le Défroqué, Dieu a besoin des Hommes). Il demeure un des monstres sacrés du cinéma français des années 30 à 60.
Pierre Fresnay est décédé à Neuilly-sur-Seine, le 9 janvier 1975.
FILMOGRAPHIE :
LE DUEL
(1939)
avec Pierre Fresnay, Raimu, Yvonne Printemps, Raymond Rouleau, François Périer