De brillantes études (à Brest, à Sainte-Barbe à Paris, École Navale, Sciences Po) le conduisent au journalisme. Dans les années trente, il adapte plusieurs pièces, réalise un court-métrage, devient assistant et écrit une opérette (La belle Histoire). Son séjour dans un sanatorium lui inspire Le Mur de l'Ouest que Jouvet égare. Il signe plusieurs scénarios pour Fresnay (Le Duel), Lacombe (Le dernier des Six), Decoin (Les Inconnus dans la Maison), et réalise son premier film : L'Assassin habite au 21, d'après Steeman. Noirceur et fantaisie, humour et désespoir, toute l'œuvre de Clouzot est déjà contenue dans ce premier opus. Le Corbeau, dont la noirceur, l'ambiguïté morale est si preignante, provoque un malentendu. Certains y voient un appel à la délation, d'autres une dénonciation des mauvais instincts. Le film mécontente tout le monde et vaut à Clouzot un purgatoire très injuste. Il ne retourne sur les plateaux qu'en 1947 avec Quai des Orfèvres, troisième chef-d'œuvre, avec un Jouvet au sommet de son art. Il retrouve Jouvet deux ans plus tard pour un sketch de Retour à la Vie, dans lequel l'acteur, ancien déporté, retrouve son tortionnaire : un bijou noir. Manon, adaptation curieuse du roman de l'abbé Prévost, dont l'action va du maquis à la Palestine, surprend. Miquette et sa mère déçoit. Par contre Le Salaire de la Peur, superbement adapté d'un roman de Georges Arnaud, reçoit un accueil triomphal et lance définitivement Yves Montand comme grand acteur. Charles Vanel, reçoit quant à lui le prix d'interprétation à Cannes. Malgré cela, Clouzot en raison de son exigence, a du mal à monter ses projets. Les Diaboliques constitue un sommet du film policier à suspense. Le Mystère Picasso est une œuvre passionnante sur la création artistique. En revanche, Les Espions et La Vérité, ce dernier malgré la seule performance acceptable de Madame Bardot, sont loin des chefs-d'œuvre antérieurs. En 1960, sa femme Vera (actrice argentine vue dans trois de ses films) meurt. C'est aussi le déclin pour Clouzot qui ne peut achever L'Enfer et ne réalise que La Prisonnière, curieux labyrinthe pour voyeurs, qui ne rencontre aucun succès. Malgré sa faculté de créer un monde à lui et le bonheur narcissique de signer le plan marquant, son pessimisme a fini par le desservir.
Henri-Georges Clouzot est décédé d'une crise cardiaque, à Paris, le 12 janvier 1977.
FILMOGRAPHIE :
LE CORBEAU
(1943)
QUAI DES ORFÈVRES
(1949)
LE SALAIRE DE LA PEUR
(1953)
1943 :
1947 :
1949 :
1949 :
1950 :
1953 :
1954 :
1956 :
1957 :
1960 :
1963 :
1968 :
avec Pierre Fresnay, Suzy Delair, Jean Tissier, Noël Rocquevert, Pierre Larquey
LE CORBEAU
avec Pierre Fresnay, Pierre Larquey, Ginette Leclerc, Sylvie, M Francey, L Seigner
QUAI DES ORFÈVRES
avec Louis Jouvet, Bernard Blier, Suzy Delair, S. Renant, Ch. Dullin, R. Bussières
MANON
avec Michel Auclair, Cécile Aubry, S. Reggiani, G. Dorziat, R. Souplex, H. Vilbert
RETOUR À LA VIE (sketch LE RETOUR DE JEAN), coréalisation Jean Dréville, André Cayatte
avec Louis Jouvet, Jo Dest, Louis Lapara, Jean Brochard, Noël Rocquevert
MIQUETTE ET SA MÈRE
avec Louis Jouvet, Bourvil, Danièle Delorme, Saturnin Fabre, Pauline Carton
LE SALAIRE DE LA PEUR
avec Yves Montand, Ch. Vanel, Folco Lulli, Peter Van Eyck, Vera Clouzot, Dario Moréno
LES DIABOLIQUES
avec Simone Signoret, P. Meurisse, V. Clouzot, P. Larquey, Ch. Vanel, M. Serrault
LE MYSTÈRE PICASSO, documentaire
avec Pablo Picasso
LES ESPIONS
avec Curd Jürgens, Véra Clouzot, Gérard Séty, B. Lajarrige, P. Ustinov, OE Hasse
LA VÉRITÉ
avec Brigitte Bardot, Sami Frey, M-José Nat, P. Meurisse, Ch. Vanel, F. Ledoux
L'ENFER, (inachevé)
avec Serge Reggiani, Romy Schneider, André Luguet, Dany Carrel, B. Brunoy
LA PRISONNIÈRE
avec Laurent Terzieff, Elisabeth Wiener, Bernard Fresson, Dany Carrel