Machiko KYO
 Actrice japonaise
Machiko Kyo a la particularité d’avoir joué trois des rôles féminins les plus mémorables de l’histoire du cinéma japonais à l’heure où le Japon d’après-guerre s’ouvre au marché de l’Occident avec une exigence artistique rare. Elle modifie considérablement l’image de la femme japonaise pour la faire entrer dans l’ère moderne.
Machiko Kyo est né Yano Motoko le 25 mars 1924 à Osaka. Elle soutient sa mère divorcée en travaillant en tant que danseuse dans la célèbre troupe Nihon Kagekidan à Osaka, une compagnie de théâtre et de danse entièrement composée de filles. Plus tard, elle travaille en tant que showgirl à Tokyo où elle est présentée comme la fille aux jambes parfaites.
L’étoile de la Daiei
En 1949, Machiko Kyo est découverte par un découvreur de talents des studios Daiei et signe rapidement un contrat. L’année suivante, elle atteint une renommée internationale avec le classique d’Akira Kurosawa, Rashomon. Reconstitution d’un viol et d’un meurtre par les trois protagonistes, elle fait assaut de sensualité avec un masque tragique qui crée une véritable passerelle entre le théâtre traditionnel et le cinéma moderne. Dans le film Les contes de la lune vague après la pluie de Kenji Mizoguchi, elle incarne Lady Wakasa, l’un des personnages les plus célèbres du cinéma japonais. Machiko Kyo est l’une des premières actrices japonaises à être vendue comme une pin-up à la hollywoodienne, l’accent étant mis sur son corps, ses jambes de danseuse et sa sensualité. Cela va à l’encontre des méthodes traditionnelles utilisées par les studios pour commercialiser leurs nouvelles starlettes, généralement typées comme des corps doux et agréables. Le look plus moderne et glamour de Kyo impose son profil en Occident. En 1953, les studios Daiei Masaichi Nagata lancent un plan sans précédent pour exporter le cinéma japonais dans le monde. Il fait équipe avec le distributeur américain Edward Harrison et produit trois films, Rashomon, Ugetsu et La Porte de l’Enfer aux États-Unis. Tous les trois sont devenus des sensations en Amérique, ainsi que des pierres angulaires de l’histoire et de la renommée de Machiko Kyo. Une tournée publicitaire américaine de 1955 la propulse dans la célébrité internationale soudaine. Les journalistes la comparent à Marilyn Monroe et Jane Russell. Elle est mise en lumière par le magazine Life et se voit même désignée comme l’une des sept plus belles femmes du monde.
Mizoguchi et les autres
En 1956, Machiko Kyo apparaît dans l’un de ses rôles les plus déterminants, en tant que prostituée américanisée machant du chewing-gum dans La Rue de la Honte de Mizoguchi. Elle montre également un talent dramatique hors norme dans L’étrange Obsession de Kon Ichikawa en 1959. Elle tourne une cinquantaine de films parmi lesquels Les Habits de la Vanité et Le Roman de Genji de Yoshimura, Le Dresseur de Chevaux de Kimura avec Toshiro Mifune, La Légende du grand Bouddha de Kinugasa, Le Fil de soie blanc de Nobuchi, Frère aîné, sœur cadette de Naruse, L’Impératrice Yang Kwei-Fei de Mizoguchi et Les Fleurs de l’Enfer de Daisuke Ito. Tous les grands cinéastes nippons font appel à elle comme Kaneto Shindo (La tristesse est aux femmes) ou Yasujiro Ozu (Herbes flottantes).
Petite escapade occidentale
Son seul rôle dans un film non japonais est celui de Fleur de Lotus, une jeune geisha, dans La petite maison de thé, aux côtés de Marlon Brando et de Glenn Ford. Pour son rôle dans ce film, elle a été nominée pour un Golden Globe, un événement inhabituel pour une actrice asiatique de l’époque. Machiko Kyo peaufine sa carrière dans les années soixante avec des seconds rôles stimulants, s’effaçant derrière son amie Ayako Wakao. Elle joue dans des films tels que Le visage d’un autre d’Hiroshi Teshigahara, et Mille crânes de Yasuzo Masumura. Ses apparitions se font plus rares après la faillite des studios Daiei en 1971. En 1995, elle voit l’ensemble de sa carrière récompensée par un prix de l’académie japonaise du cinéma. Elle remporte également le prix Kinema Junpo de la meilleure actrice pour Sueur douce de Shiro Toyoda en 1964. Mais au cours des décennies qui ont suivi, elle s’est diversifiée pour devenir une star du théâtre et de la télévision. À 80 ans, Kyo continue de se produire dans des productions théâtrales japonaises traditionnelles. Elle vit à Tokyo et est toujours considérée comme l’une des plus grandes actrices de l’histoire japonaise. Machiko Kyo est décédée d’une insuffisance cardiaque à Tokyo, le 12 mai 2019 à l’âge de 95 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Toshiro Mifune
et Akira Kurosawa
1944 : Trois générations de Danjuro (Danjuro sandai) de Kenji Mizoguchi
1949 : Hana kurabe tanuki-goten de Keigo Kimura
1949 : Un amour insensé (Chijin no ai) de Keigo Kimura
1950 : La Patrie très très loin (Harukanari haha no kun)i de Daisuke Ito
1950 : Fukkatsu d’Akira Nobuchi
1950 : Rashomon (Rashomon) d’Akira Kurosawa
1950 : Hi no tori de Shigeo Tanaka
1951 : Les Habits de la vanité (Itsuwareru seiso) de Kozaburo Yoshimura
1951 : Koi no Oranda-zaka de Hideo Suzuki
1951 : École gratuite (Jiuû gakkô) de Kozaburo Yoshimura
1951 : Joen no taboa de Kimiyoshi Yasuda
1951 : Bitch (Mesu inu) de Keigo Kimura
1951 : Le Roman de Genji (Genji monogatori) de Kozaburo Yoshimura
1951 : La vie d’un entraineur de chevaux (Bakuro ichidai) de Keigo Kimura
1952 : Le Gang d’Asakusa (Asakusa kurenaidan) de Seiji Hisamatsu
1952 : La Belle et le Voleur (Bijo to tozoku) de Keigo Kimura
1952 : La Légende du Grand Bouddha (Daibutsu kaigen) de Teinosuke Kinugasa
1952 : Le fil de soie blanc (Taki no Shiraito) d’Akira Nobuchi
1952 : Nagasaki no uta wa wasureji de Tomotaka Tasaka
1952 : Kanojo no tokudane de Shigeo Nakaki
1953 : La Porte de l'enfer (Jigokumon) de Teinosuke Kinugasa
1953 : Les Contes de la lune vague après la pluie (Ugetsu monogatori) de Kenji Mizoguchi
1953 : Frère aîné, sœur cadette (Ani imoto) de Mikio Naruse
1954 : Une certaine femme (Aru Onna) de Shiro Toyoda avfec Masayuki Mori
1954 : L’Histoire de Shunkin (Shunkin monogatari) de Daisuke Ito
1954 : Asasuka no yoru de Koji Shima
1954 : La Princesse Sen (Sen Hime) de Keigo Kimura
1954 : Bazoku geisha de Koji Shima
1954 : La fille délaissée (Bara Ikutabika) de Teinosuke Kinugasa
1955 : L'Impératrice Yang Kwei-Fei (Yokihi) de Kenji Mizoguchi
1955 : Tojuro no koi de Kazuo Mori
1956 : Shin, Heike monogatari de Teinosuke Kinugasa
1956 : Niji ikutabi de Koji Shima aec Ayako Wakao
1956 : La Rue de la honte (Akasen chitai) de Kenji Mizoguch
1956 : Tsukigata Hanpeita de Teinosuke Kinugasa
1956 : La Petite Maison de thé (The Teahouse of the August Moon) de Daniel Mann
1957 : Itohan monogatari de Daisuke Ito
1957 : Odoriko d’Hiroshi Shimizu
1957 : Les Fleurs de l’Enfer (Jigoku bana) de Daisuke Ito
1957 : Papillons de nuit (Yoru no chô) de Kozaburo Yoshimura
1957 : Le Trou (Ana) de Kon Ichikawa
1958 : Yûrakuchô de aimashô de Koji Shima
1958 : La Mère (Haha) de Shigeo Tanaka
1958 : La femme d’Osaka (Osaka no onna) de Teinosuke Kinugasa
1958 : La tristesse est aux femmes (Kanashimi wa onna dakeni) de Kaneto Shindo
1958 : La Vengeance des loyaux serviteurs (Chushingura) de Kunio Watanabe
1958 : Le feu ne s’éteint pas (Akasen no hi wa kiezu) de Shigeo Tanaka
1958 : Yoru no sugao de Kozaburo Yoshimura
1958 : Satsujin to kenjû de Tatsuo Asano
1958 : Yurakucho de aimasho de Koji Shima
1958 : Aventure d’une Fille (Musume no boken) de Koji Shima
1959 : Anata to watashi no aikotoba de Kon Ichikawa
1959 : Les Sœurs Makioka (Sasameyuki) de Koji Shima
1959 : La Femme et le Pirate (Onna to kaizoku) de Daisuke Ito
1959 : Yoru no togyo de Shigeo Tanaka
1959 : Jirochô Fuji de Kazuo Mori
1959 : L'Étrange Obsession (Kagi) de Kon Ichikawa
1959 : Herbes flottantes (Ukikusa) de Yasujiro Ozu
1960 : Testaments de femmes (Jokyô) de Kon Ichikawa (un sketch)
1960 : La Princesse errante (Ruten no ohi) de Kinuyo Tanaka
1960 : Le Fils de famille (Bonchi) de Kon Ichikawa
1960 : Sannin no kaoyaku d’Umetsugu Inoue
1960 : La Femme qui touchait les jambes (Ashi ni sawatta onna) d’Yasuzo Masumura
1960 : Assaut de l’Enfer (Oden Jigoku) de Keigo Kimura
1961 : L’Âge du mariage (Konki) de Kozaburo Yoshimura
1961 : Nuregami botan de Tokuzo Tanaka
1961 : Médaille féminine (Onna no kunsho) de Kozaburo Yoshimura
1961 : Kodachi o tsukau onna de Kazuo Ikehiro
1961 : Bouddha (Shaka) de Kenji Misumi
1962 : Kurotokage d’Umetsugu Inoue
1962 : La Grande Muraille (Shin shikotei) de Shigeo Tanaka
1962 : La vie d’une femme (Onna no issho) d’Yasuzo Masumura
1962 : Bouddha 2 (Budda) de Kenji Misumi
1963 : Famille de femmes (Nyokei kazoku) de Kenji Misumi
1964 : Sueur douce (Amai ase) de Shiro Toyoda
1964 : Gendai inchiki monogatari de Shigeo Tanaka
1966 : Le Visage d’un autre (Tanin no kao) d’Hiroshi Teshigahara
1966 : Jinchoge d’Yasuki Chiba
1966 : Chiisai tobosha de Teinosuke Kinugasa
1969 : Nuée d’oiseaux blancs (Senba zuru) de Yasuzo Masumura
1970 : Genkai yukyoden, yabure kabure de Masahiro Makino
1974 : Famille brillante (Karei-naru ichizoku) de Satsuo Yamamoto
1975 : Kinkanshoku de Satsuo Yamamoto
1976 : La Possédée (Yoba) de Tadashi Imai
1976 : Cœur d’or (Otoko wa tsurai yo) d'Yoji Yamada
1984 : Make-up (Kesho) de Kazuo Ikehiro


Filmographie de Machiko KYO
 
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