Setsuko HARA | ||
Actrice japonaise | ||
Véritable mythe au Japon, Setsuko Hara restera pour la postérité la femme japonaise vertueuse des films d’Ozu. La légende veut qu’elle se soit arrêtée à 42 ans à cause du décès de son mentor. D’après son biographe Ishii Taeko, la réalité est différente. L’actrice était peu satisfaite d’être associée à l’œuvre du maître et ne trouvait pas que ses rôles correspondaient à sa vraie personnalité. Les films qu’elle citait était éloignés de son image de la femme idéale. Masae Aida est née le 17 juin 1920 à Yokohama, ville de la préfecture japonaise de Kanagawa. Benjamine d’une famille nombreuse, elle a trois frères et quatre sœurs. Son beau-frère, le futur réalisateur Hisatora Kumagai, alors assistant du cinéaste Tomotaka Tasaka, l’incite à quitter l’école et à se lancer dans une carrière au cinéma. Elle n’a pas encore 15 ans, quand le studio Nikkatsu lui fait signer un contrat. Elle débute dans N’hésitez pas jeunes gens de Tetsu Taguchi, sous le pseudonyme de Setsuko Hara. Jusque là, les rôles féminins muets étaient tenus par des hommes. L’année suivante, Setsuko Hara est engagée dans un film de propagande censé sceller l’amitié entre le Japon et l’Allemagne, La fille du samouraï, dirigé par Arnold Fanck et Mansaku Itami, où elle est la partenaire de Sessue Hayakawa. Vedette de la Nikkatsu Dans ces années 30, elle tourne beaucoup, mais peu de films traversent les frontières et beaucoup seront détruits pendant la Seconde Guerre mondiale. Dans la décennie suivante, bien que les hostilités ralentissent considérablement sa carrière, ses rôles sont souvent axés vers le nationalisme et l’impérialisme. Dès la capitulation du Japon, elle montre les souffrances d’un peuple victime de la politique de ses dirigeants et incarne des rôles de femmes sacrificielles, fatalistes mais combatives qu’elle que soit la tragédie qu’elle doit affronter. Son beau-frère Hisatora Kumagai qui dirigeait de façon autoritaire sa carrière est écarté des milieux du cinéma. Akira Kurosawa lui confie un personnage héroïque et rebelle dans Je ne regrette rien de ma jeunesse. Dans Le bal de la famille Anjo de Kôzaburô Yoshimura, elle incarne la fille, qui après la défaite de l’Empire, alors que la famille Anjo doit abandonner leur maison et leur mode de vie, tente d’empêcher son père de se suicider et de trouver une place dans le pays détruit. Belle femme juste et pure, elle incarne une professeure d’anglais vertueuse dans La Montagne bleue de Tadashi Imai. La muse d’Ozu Sa carrière prend un tournant décisif sous la direction de Yasujiro Ozu. Ce dernier va lui façonner sa filmographie et lui faire connaître une postérité méritée. Au travers de sa beauté expressive, le cinéaste met en valeur les vertus de la femme japonaise traditionnelle, la loyauté, le sacrifice de soi, la souffrance silencieuse, ou encore la fille parfaite, comme en témoigne Printemps tardif où, pour leur première collaboration, Ozu lui donne le rôle de Noriko, qui après le décès prématuré de sa mère, vit heureuse avec son père, Chishû Ryû et refuse de le quitter quand celui-ci souhaite qu’elle se marie. Dans le film d’Ozu sur le comportement humain Voyage à Tokyo, elle prend en charge ses beaux-parents délaissés par leurs propres enfants. Cette belle-fille dévouée, veuve de leur fils mort à la guerre, les emmène faire une visite guidée en bus dans Tokyo. Sur le même thème, pour Mikio Naruse, dans Le grondement de la montagne, Setsuko Hara campe une épouse trompée et méprisée. Elle retrouve Kurosawa pour L’Idiot mais le film est un gros échec. Dans Crépuscule à Tokyo, elle retrouve Yasujiro Ozu qui signe un drame familial, où elle quitte son mari alcoolique et grossier, pour revenir dans la maison familiale, avec sa jeune sœur enceinte et abandonnée. Elle tourne encore avec Ozu Fin d’automne et Dernier caprice qui marquent leur dernière collaboration. Le décès de son pygmalion affecte l’actrice qui se retire en 1962. En réalité, l’actrice est de santé fragile et regrette que le cinéma ne soit pas prêt à investir pour des femmes de son âge. Après sa retraite anticipée à 42 ans, Setsuko Hara refuse toute photo et interview, ce qui la fait appeler dans la presse la Greta Garbo du Japon. Après un demi-siècle de discrétion, celle qui fut surnommée la reine Vierge du cinéma japonais, décède d’une pneumonie à Kanagawa, le 5 septembre 2015 à l’âge de 95 ans. Jamais mariée et sans enfant, la star japonaise passe ces dernières années à lire et ne sort que rarement de chez elle. Elle demeure cependant la star incontestée de l’après-guerre, couverte de nombreux prix. FILMOGRAPHIE : | ||
Avec Yazujiro Ozu |
1935 : N’hésitez pas jeunes gens (Tamerau nakare wakodo yo) de Tetsu Taguchi 1935 : Le soleil de minuit (Shin'ya no taiyo) de Fumindo Kurata 1935 : Tama o nagero de Fumindo Kurata 1935 : Les verts horizons (Midori no chiheisen) de Yutaka Abe 1935 : Une belle femme dans un manteau blanc (Hakui no kajin) de Yutaka Abe 1936 : Le prêtre des ténèbres (Kôchiyama sôshun) de Sadao Yamanaka 1936 : Le procureur et sa sœur (Kenji to sono imôto) de Kunio Watanabe 1936 : La fille du samouraï (Atarashiki tsuchi) d’Arnold Fanck & Mansaku Itami 1936 : Les filles avant le mariage (Yomeiri mae no musume-tachi) de Ren Yoshimura 1936 : Le sacre de la vie (Seimei no kanmuri) de Tomu Uchida 1936 : La lumière du soleil (Tange Sazen: Nikko no maki) de Kunio Watanabe 1937 : Tôkai bijoden de Tamizo Ishida 1937 : La Légende du Géant (Kyojin-den) de Mansaku Itami 1937 : Le Chant de ma mère (Haha no kyoku kohen) de Satsuo Yamamoto 1938 : La Symphonie pastorale (Den’en kôkyôgaku) de Satsuo Yamamoto 1938 : L’Auberge de l’hiver (Fuyu no yado) de Shirô Toyoda 1938 : Beau Départ (Uruwashiki shuppatsu) de Satsuo Yamamoto 1938 : Les 47 Ronins (Chûshingura) de Kajirô Yamamoto 1939 : Les petits-enfants du Shogun (Shogun no mago) de Kunio Watanabe 1939 : Romance à Tokyo (Tokyo no josei) d’Osamu Fushimizu 1939 : La brigade de Shanghai (Shanhai rikusentai) de Hisatora Kumagaya 1939 : Les 7 images (Onna no kyôshitsu, Gakkô no maki : Nanatsu no omokage) de Yutaka Abe 1939 : La Classe des Femmes (Onna no kyôshitsu, Kohen) de Yutaka Abe 1939 : Toyuki de Toshio Otani 1939 : Jusqu'au jour du mariage (Totsugu hi made) de Yasujirô Shimazu 1939 : La Princesse Serpent (Hebihimesama) de Teinosuke Kinugasa 1940 : La Lumière et l'Ombre (Hikari to kage) de Yasujirô Shimazu 1940 : La Ville (Machi) de Satsuo Yamamoto 1940 : Quartier de Femmes (Onna no machi) de Tadashi Imai 1940 : Un monde à deux (Futari no sekai) de Yasujirô Shimazu 1940 : Shidô monogatari d’Hisatora Kumagaya 1940 : Voyage en Orient (Toyuki) de Toshio Otani 1940 : Promesse de sœur (Shimai no yakusoku) de Satsuo Yamamoto 1941 : Le ciel bleu de l’espérance (Kibo no aozora) de Kajirô Yamamoto 1941 : Courants sauvages de la jeunesse (Seishun no kiryu) d’O Fushimizu 1941 : La jeune institutrice (Wakai sensei) de Takeshi Sato 1941 : Le frère de la mariée (Ani no hana yome) de Yasujirô Shimazu 1941 : La grande émotion (Oinaru kanjo) de Junichi Fujita 1941 : Le mariage de la nature (Kekkon no seitai) de Tadashi Imai 1942 : Une carte pour ma mère (Haha no chizu) de Yasujirô Shimazu 1942 : Les volontaires de la mort (Hawai Marê oki kaisen) de Kajirô Yamamoto 1942 : Les kamikazes de la tour de guet (Bôrô no kesshitai) de Tadashi Imai 1942 : La Guerre de l’Opium (Ahen senso) de Masahiro Makino 1942 : Terre verte (Midori no daichi) de Yasujirô Shimazu 1943 : La joie des jeunes (Wakaki hi no yorokobi) de Takeshi Sato 1943 : Pour la bataille décisive du ciel (Kessen no ozorahe) de Kunio Watanabe 1943 : Vent chaud (Neppu) de Satsuo Yamamoto 1944 : La colère de la mer (Ikari no umi) de Tadashi Imai 1944 : Jusqu’au jour de la victoire (Shôri no hi made) de Mikio Naruse 1945 : Trois femmes du nord (Kita no san-nin) de Kiyoshi Saeki 1946 : Je ne regrette rien de ma jeunesse (Waga seishun ni kuinashi) d’Akira Kurosawa 1946 : La Maison verte (Midori no furusato) de Kunio Watanabe 1946 : Beauté (Reijin) de Kunio Watanabe 1947 : Le Bal de la famille Anjo (Anjô-ke no) de Kôzaburô Yoshimura 1947 : L’homme aux trois doigts (Sanbon yubi no otoko) de Sadatsugu Matsuda 1947 : Tentation (Yuwaku) de Kôzaburô Yoshimura 1947 : La Femme dans la zone du typhon (Taifuken no onna) de Hideo Ôba 1947 : La grande époque (Kake-dashi jidai) de Kiyoshi Saeki 1947 : Femme seule dans la nuit (Onna dake no yoru) de Fumito Kurata 1948 : Tonosama Hotel de Fumindo Kurata 1948 : Voici pour les filles (Ojôsan kanpai) de Keisuke Kinoshita 1948 : Le Temps de la chasteté (Toki no teiso) de Ren Yoshimura 1948 : La limite du bonheur (Kofuku no genkai) de Kimura Megumiware 1948 : Au sommet du Mont Fuji (Fuji Sanchô) de Kiyoshi Saeki 1949 : La Montagne bleue (Aoi sanmyaku) de Tadashi Imai 1949 : La Montagne bleue 2e partie (Zoku aoi sanmyaku) de Tadashi Imai 1949 : Printemps tardif (Banshun) de Yasujiro Ozu 1949 : Shirayuki sensei to kodomo tachi de Ren Yoshimura 1949 : Mademoiselle à votre santé (Ojosan kanpai) de Keisuke Kinoshita 1950 : Salle d’examens d’une femme médecin (Joi no Shinsatsushitsu) de Ren Yoshimura 1950 : L’arc-en-ciel de fleurs (Nanairo no hana) de Masahisa Sunohara 1950 : Histoire sauvage (Arupusu monogatari yasei) de Tsutomu Sawamura 1951 : L’idiot (Hakuchi) d’Akira Kurosawa 1951 : Eté précoce (Bakushû) de Yasujiro Ozu 1951 : La Marche nuptiale (Kekkon koshinkyoku) de Kon Ichikawa 1951 : Le Repas (Meshi) de Mikio Naruse 1952 : Golden girl (Kin no tamago: Golden girl) de Yasuki Chiba 1952 : Les amoureux de Tokyo (Tokyo no koibito) de Yasuki Chiba 1952 : Vent nouveau (Kaze futa bi) de Shirô Toyoda 1953 : Le Poisson des glaces (Shirauo) de Hisatora Kumagai 1953 : Voyage à Tokyo (Tôkyô monogatari) de Yasujiro Ozu 1953 : L’Aventurier chanceux de l’amour (Koi no fuunji) de Kajirô Yamamoto 1954 : Le Grondement de la montagne (Yama no oto) de Mikio Naruse 1954 : Promenades dans les nuages (Non-chan kumo ni noru) de Fumindo Kurata 1955 : Une Mère merveilleuse (Utsukushiki haha) de Hisatora Kumagai 1955 : Règlement de compte de l’amour (Aijô no kessan) de Shin Saburi 1956 : Pluie soudaine (Shu-u) de Mikio Naruse 1956 : Les prisonnières (Jôshû to tomo ni) de Seiji Hisamatsu 1956 : Frère et sœur (Ani to sono musume) de Shûe Matsubayashi 1956 : Ôban (Oban) de Yasuki Chiba 1956 : Trio de fiançailles (Kon'yaku sanbagarasu) de Sugie Toshio 1957 : Crépuscule à Tokyo (Tôkyô boshoku) de Yasujiro Ozu 1957 : Zoku Ôban: Fûun hen de Yasuki Chiba 1957 : La dernière évasion (Saigo no dasso) de Senkichi Taniguchi 1957 : Zokuzoku Ôban: Dôto uhen de Yasuki Chiba 1957 : Chieko-sho (Chieko sho) de Hisatora Kumagaya 1957 : Etre une femme (Onna de Aru koto) de Yûzô Kawashima 1958 : Vacances à Tokyo (Tokyo no kyujitsu) de Kajiro Yamamoto 1958 : Cœur de Femme (Onna gokoro) de Seiji Maruyama 1958 : Zoku Ôban: Kanketsuhen de Yasuki Chiba 1959 : Naissance du Japon (Nippon tanjo) d’Hiroshi Inagaki 1959 : Filles, épouses et une mère (Musume tsuma haha) de Mikio Naruse 1960 : Une pierre au bord du chemin (Robo no ishi) de Seiji Hisamatsu 1960 : Fin d’automne (Akibiyori) de Yasujiro Ozu 1961 : La vie d’un médecin de campagne (Fundoshi isha) de Hiroshi Inagaki 1961 : Dernier caprice (Kohayagawa-ke no aki ) de Yasujiro Ozu 1961 : Ma fille et moi (Musume to watashi) de Hiromichi Horikawa 1961 : Affection humaine (Bojo no hito) de Seiji Maruyama 1962 : Les 47 ronins (Chushingura : Hana no maki yuki no maki) d’Hiroshi Inagaki Filmographie de Setsuko HARA | |
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