Yvonne SANSON
 Actrice italienne
Les origines et la vie privée d’Yvonne Sanson, pourtant rivale à ses plus hautes heures de Sophia Loren et Gina Lollobrigida, restent entourées de pas mal de mystères difficilement accessibles. Née d’un militaire français d’origine russe et d’une mère grecque ayant des racines turques et polonaises, la jeune fille passe sa petite enfance dans les casernes où son père est successivement affecté. En 1943, la guerre civile faisant rage en pays héllène, la famille s’installe en Italie où l’adolescente termine ses études dans un institut tenu par des religieuses. L’atmosphère ne plaît guère à l’ingénue qui se montre fugueuse. Rendue au monde vivant, elle travaille alors comme mannequin pour une maison de couture. Sa silhouette méditerranéenne avec ses cheveux bruns, ses courbes pulpeuses et son regard hautain ne tarde pas à attirer l’attention des dénicheurs de talents et c’est tout naturellement qu’elle pénètre à Cinecittà. Elle fait quelques figurations dont L’aigle noir de Riccardo Freda. Plus intéressant, son rôle dans La grande Aurore nous permet de découvrir ses deux petits grains de beauté en bas de la joue droite qu’elle s’attachera, le temps venu, de mettre davantage en valeur.
La reine du mélo
Mais c’est Alberto Lattuada, conseillé par Federico Fellini, qui lui offre sa grande chance, lui donnant la vedette féminine dans Le crime de Giovanni Episcopo en épouse plantureuse du timide Aldo Fabrizi. Impériale dans Le cavalier mystérieux qui n’est autre que Vittorio Gassman, elle se permet une parenthèse blonde dans L’imperatore di Capri avec Totò et Le tocsin aux côtés de Gina Lollobrigida. La même année 1949, Raffaello Matarazzo, cinéaste populaire, l’associe à Amedeo Nazzari dans son mélodrame réaliste Le mensonge d’une mère. Cette histoire d’une épouse qui sacrifie son honneur pour sauver son mari fait pleurer toute l’Italie et remporte un succès inattendu. Dès lors, le réalisateur récidive dans les excitations des glandes lacrymales dans des succédanés aux titres évocateurs, réunissant le même couple dans Bannie du foyer, Le fils de personne, Qui est sans péché ?, Lettres d’amour, La femme aux deux visages et Malinconico autunno. Il serait toutefois injuste de résumer la carrière de l’actrice à ce duo sentimental et ses compositions dans Le manteau d’Alberto Lattuada, Wanda la pécheresse de Duilio Coletti ou Nous les coupables lui permettent d’affirmer sa présence sensuelle dans un registre de plus grande ampleur.
La plongée dans l’oubli
Au rang des curiosités, rappelons qu’Yvonne Sanson reprit le personnage d’Yvonne Le Guen, sœur de Mouloudji, l’un des condamnés à mort dans la version italienne de Nous sommes tous des assassins d’André Cayatte. Ses autres apparitions dans le cinéma français se résument à Quand tu liras cette lettre de Jean-Pierre Melville et Les trois mousquetaires d’André Hunebelle en Milady de Winter aux charmes suffisamment appétissants pour détourner de son assiette ce fin gourmet de D’Artagnan. Improbable Messaline dans Néron, tyran de Rome tant elle fut plus souvent victime que manipulatrice, fugitive dans Pain, amour et Jalousie, on la voit encore dans Barrage contre le Pacifique le film cosmopolite de René Clément, laissant libre cours à ses problèmes d’embonpoint qui ne vont pas tarder à entraver son avenir artistique. En effet, les sixties se montrent moins généreuses. Si Roberto Rossellini l’emploie avantageusement dans Âme noire, elle ne tourne que des rôles mineurs jusqu’au rôle marquant de la mère de Stefania Sandrelli dans Le conformiste de Bertolucci. Rattrapée par le fisc au milieu des années soixante, tenue de reprendre des activités plus conventionnelles de traductrice, elle se retire à Bologne auprès de sa fille Gianna, née d’une liaison avec un cavalier servant aussi mystérieux que celui qui l’emporta, un quart de siècle plus tôt. Yvonne Sanson meurt le 23 juillet 2003 dans l’indifférence générale, à Bologne, seulement vénérée par quelques nostalgiques de l’apogée du cinéma italien.


FILMOGRAPHIE :

Avec Steve Barclay
1946 : La grande aurore (La grande aurora) de Giuseppe Maria Scotese
1946 : L’Aigle noir (Aquila nera) de Riccardo Freda
1947 : Le crime de Giovanni Episcopo (Il delitto di Giovanni Episcopo) d’Alberto Lattuada
1948 : Le chevalier mystérieux (Il cavaliere misterioso) de Riccardo Freda
1948 : Néron, tyran de Rome (Nerone e Massalina) de Primo Zeglio
1948 : Le tocsin (Campane a martello) de Luigi Zampa
1949 : L’empereur de Capri (L’imperatore di Capri) de Luigi Comencini
1949 : La ceinture de chasteté (Cintura di castità) de Camillo Mastrocinque
1949 : Le mensonge d’une mère (Catene) de Raffaello Matarazzo
1950 : Bannie du foyer (Tormento) de Raffaello Matarazzo
1951 : L’île des passions (Menzogna) d’Ubaldo Del Colle
1951 : Le fils de personne (I figli di nessuno) de Raffaello Matarazzo
1951 : Qui est sans péché ? (Chi è senza peccato) de Raffaello Matarazzo
1952 : Nous sommes tous des assassins d’André Cayatte
1952 : Wanda, la pécheresse (Wanda la peccatrice) de Duilio Coletti
1952 : Nous… les coupables (noi peccatori) de Guido Brignone
1952 : Le manteau (Il cappotto) d’Alberto Lattuada
1953 : Quand tu liras cette lettre de Jean-Pierre Melville
1953 : Les trois mousquetaires d’André Hunebelle
1953 : Larmes d’amour (Torna !) de Raffaello Matarazzo
1953 : L’étoile des Indes (Star of India) d’Arthur Lubin
1954 : Pain, amour et jalousie (Pane, amore e… gelosia) de Luigi Comencini
1954 : La moglie è uguale per tutti de Giorgio Simonelli
1954 : La Cloche d’Or (Il campanile d’oro) de Giorgio Simonelli
1955 : Prisonnier de la Montagne (Prigioniero della montagna) de Luis Trenker
1955 : Par-dessus les moulins (La bella mugnaia) de Mario Camerini
1955 : La femme aux deux visages (Angelo bianco) de Raffaello Matarazzo
1956 : L’ultima violenza de Raffaello Matarazzo & Silvio Amadio
1957 : Barrage contre le Pacifique (This angry age) de René Clément
1957 : Mia zoi tin echome de Yorgos Tsavellas
1958 : Malinconico autunno de Raffaello Matarazzo
1959 : I mondo dei miracoli de Luigi Capuano
1960 : Les brigands (I masnadieri) de Mario Bonnard
1961 : Le roi des truands (Il re di poggioreale) de Duilio Coletti
1961 : L’amnésique de Collegno (Lo smemorato di Collegno) de Sergio Corbucci
1962 : Âme noire (Anima nera) de Roberto Rossellini
1962 : Le jour le plus court (Il giorno più corto) de Sergio Corbucci
1966 : La bande à César (The biggest bundle of them all) de Ken Annakin
1967 : Le dernier jour de la colère (I giorni dell’ira) de Tonino Valerii
1967 : Il profeta de Dino Risi
1968 : Don Franco e Don Ciccio nell’anno della contestazione) de Marino Girolami
1968 : Il ragazzo che sorride d’Aldo Grimaldi
1969 : En pensant à toi (Pensando a te) d’Aldo Grimaldi
1970 : Le conformiste (Il conformista) de Bernardo Bertolucci
1971 : Un apprezzato professionista di sicuro avvenire de Giuseppe De Santis
1972 : Caresses à domicile (A.A.A. Massaggiatrice bella presenza offresi...) de Demofilo Fidani


Filmographie d'Yvonne SANSON
 
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