Daniela Rocca est née le 12 septembre 1937 à Acireale en Sicile. Adolescente d’une beauté remarquable, elle est élue à seize ans Miss Catane en 1953. Elle fait une apparition remarquée dans Le Patron c’est moi de Franco Brusati et se fait connaître en France avec le rôle de Bettina dans Marchands de filles de Maurice Cloche aux côtés de Georges Marchal.
L'une des reines du péplum
Daniela Rocca devient la maîtresse du producteur Lionello Santi qui l'impose dans Caltiki, le monstre immortel de Riccardo Freda et Mario Bava, un des premiers films de science-fiction italien. En 1959, le metteur en scène Fernando Cerchio lui donne un rôle important dans le film Judith et Holopherne, qui inaugure une série de péplum auxquels elle participe pendant deux ans, illustrée par La Bataille de Marathon, Les Légions de Cléopâtre, Esther et le Roi, La Reine des Amazones et La Vengeance des Barbares. Elle interprète également Caroline Bonaparte dans Austerlitz d’Abel Gance auprès des belles italiennes Claudia Cardinale et Anna-Maria Ferrero.
La métamorphose de Rosalia
Daniela Rocca connaît la consécration avec Divorce à l'italienne de Pietro Germi où elle tient le rôle de Rosalia, l’épouse irritable et grottesque de Marcello Mastroianni. Pour la première fois, elle n'est pas choisie pour son physique mais pour ses qualités d'actrice transformée par un maquillage qui la rend méconnaissable, elle réalise une grande performance qui la consacre comme vedette internationale. Elle entame une liaison amoureuse compliquée avec le réalisateur Pietro Germi déjà marié, qui contribue à ébranler profondément son psychisme fragile et l’amène à plusieurs tentatives de suicide. Elle décide de réaliser, produire et interpréter Il peso del corpo, un film autobiographique qui engloutit tous ses biens mais ne verra jamais le jour. Elle quitte sa belle maison de Monte Mario pour le sixième étage de la via Isabella Aragona où s’entassent les factures impayées.
Des compositions personnelles déstabilisantes
En 1962, Daniela Rocca est choisie par Gianni Puccini pour interpréter le rôle principal de L'Appartement du dernier étage, un film semi-autobiographique dans lequel les délires de la protagoniste, une jeune provinciale à Rome, ainsi que certaines références subtiles mais claires, font écho à la vie privée de l’actrice. La même année, elle tourne le film de guerre américain L’Arsenal de la peur de Joseph Anthony qui relate l’avancée des Alliés en Grèce et en Italie. En 1963, elle joue dans L'Ennui et sa diversion, l'érotisme de Damiano Damiani d'après l'œuvre de Moravia avec Horst Buchholz et Bette Davis. En France, elle joue Geneviève dans Les Don Juan de la Côte d'Azur avec Martine Carol, Hélène Valoti dans Symphonie pour un massacre avec Jean Rochefort et le petit rôle de la manucure dans Le Corniaud de Gérard Oury avec Bourvil.
Le réconfort dans l'écriture
Après 1967, des troubles graves la contraignent à être suivie dans une maison de soins pour malades mentaux mettant fin à sa carrière. En 1977, Marco Bellocchio, réalisateur attiré par l'analyse des aspects pathologiques de la psyché, la rappelle pour jouer son propre rôle dans le film La macchina cinema tourné avec Silvano Agosti. Pendant sa longue convalescence, Daniela Rocca écrit des poèmes, dont certains (Poeta sono, Una suora, È estate, Strade di Roma, Alla mia donna) ont été enregistrés sur disque par le chanteur Armando Stula. Elle est l’auteure de romans, dont Chiamatemi per le lune, qui sont aujourd’hui introuvables. Selon le journaliste palermitain Franz Maria d'Asaro dans son essai C'era una volta la Sicilia en 1979, l'actrice aurait passé ses dernières années à Rome, travaillant dans un salon de coiffure pour femmes et enfants. C’est dans l’anonymat le plus complet que Daniela Rocca est décédée le 29 mai 1995, dans une maison de retraite de Milo, dans la province de Catane, en raison de l'aggravation de son état de santé et sa détresse mentale. Elle n’avait que 57 ans.
FILMOGRAPHIE :
Avec Pietro Germi
1955 : Notre Champion (Il nostro campione) de Vittorio Duse
1955 : Le Patron c’est moi (Il padrone sono me) de Franco Brusati
1956 : Hélène de Troie (Elena di Troia) de Robert Wise
1957 : L’Affaire Mirella (Addio sogni di gloria) de Giuseppe Vari
1957 : Le Ciel brûle (Il cielo brucia) de Giuseppe Masini
1957 : Marchands de filles de Maurice Cloche
1959 : Judith et Holopherne (Giudetta e Oloferne) de Fernando Cerchio
1959 : Non perdiamo la testa de Mario Mattoli
1959 : La Bataille de Marathon (La battaglia di Maratona) de Jacques Tourneur
1959 : Les Légions de Cléopâtre (Le legioni di Cleopatra) de Vittorio Cottafavi
1959 : Caltiki, le monstre immortel (Caltiki, il mostro immortale) de Riccardo Freda et Mario Bava
1960 : La Vengeance des Barbares (La vendetta dei barbari) de Giuseppe Vari
1960 : Austerlitz d’Abel Gance
1960 : La Reine des Amazones (La regina delle Amazzoni) de Vittorio Sala
1960 : Esther et le Roi (Esther and the King) de Raoul Walsh et Mario Bava
1961 : Les Brigands (I masnadieri) de Mario Bonnard
1961 : Divorce à l'italienne (Divorzio all'italiana) de Pietro Germi
1962 : L'Arsenal de la peur (La citta prigionera) de Joseph Anthony
1962 : Les Don Juan de la Côte d'Azur (I Dongiovanni della Costa Azzurra) de Vittorio Sala
1962 : Peccati d'estate de Giorgio Bianchi
1963 : L'Appartement du dernier étage (L'attico) de Gianni Puccini
1963 : L'Ennui et sa diversion, l'érotisme (La noia) de Damiano Damiani
1963 : Symphonie pour un massacre de Jacques Deray
1964 : Et vint le jour de la vengeance (Behold the Pale Horse) de Fred Zinnemann
1965 : Le Corniaud de Gérard Oury
1967 : Assicurasi vergine de Giorgio Bianchi
1970 : Un giorno, una vita d’Albino Principe
Filmographie de Daniela ROCCA