Tomas MILIAN
 Acteur italien
Jeune bourgeois révolté, lanceur de couteaux dans l’ouest ou Serpico trash, il faut croire qu’il y a eu autant de Tomas Milian que de genres cinématographiques italiens. Tomas Milian fut une figure d’Héros populaire, un totem du lumpenprolétariat révolté, une pure force anarchisante, parfois nihiliste, celui auquel les déshérités de la terre pouvaient s’identifier, dans l’espoir ou la rage.
De son vrai nom Tomas Quintin Rodriguez Milian, il voit le jour à La Havane le 3 mars 1933. Son père, un général de l’armée cubaine, se suicide sous ses yeux après avoir tenté de participer à un coup d’État. C’est en découvrant James Dean dans À l’Est d’Eden que naît sa vocation d’acteur. Il s’installe à New York pour y suivre les cours de l’Actor’s Studio et monte sur les planches en 1958, puis est invité au festival de Spolete où il apparaît dans une pièce de Jean Cocteau. Il débute au cinéma en Italie dans les films précieux et littéraires de Mauro Bolognini, Les Garçons d’après un scénario de Pasolini et Le Bel Antonio, puis des œuvres représentatives d’une forme de Nouvelle Vague italienne avec Les Dauphins de Francesco Maselli, Le Désordre de Franco Brusati, ainsi que dans quelques productions plus lourdes comme Mademoiselle de Maupin de Bolognini ou L’Extase et l’Agonie de Carol Reed.
Le peon révolté
C’est en 1966 que tout commence vraiment, avec le western de Sergio Sollima, Colorado. Il y incarne Cuchillo, peon mexicain soupçonné à tort de meurtre et de viol, traqué par un chasseur de prime incarné par Lee Van Cleef. Il y fait une composition extraordinaire. Se roulant dans la boue, grimaçant, implorant, fuyant perpétuellement les cavaliers surarmés lancés à ses trousses, il est l’homme du peuple qui échappe à tout pour porter l’espoir d’un bouleversement social. Il devient une magnifique figure carnavalesque en reprenant ce type de rôles dans des films où la révolution mexicaine sert de métaphore anti-impérialiste dans un cinéma transalpin populaire attaché à dissimuler, derrière les postures du divertissement, toutes sortes de considérations politiques. On le retrouve ainsi dans Le Dernier Face à face et Saludos Hombre, toujours de Sergio Sollima, Compañeros de Sergio Corbucci, Tepepa de Giulio Petroni, où son rôle de leader révolutionnaire est soudain plus ambigu.
Le Serpico trash
L’extraversion de son jeu se manifeste à nouveau spectaculairement, à partir du début des années 1970, dans un autre genre qui va prendre la relève du western, le poliziottesco ou film policier urbain. Il se délecte à incarner des personnages de gangsters sadiques dans Brigade spéciale d’Umberto Lenzi ou de psychopathe pervers dans La Rançon de la peur du même réalisateur. Dans L’Accusé, Sergio Martino lui offre à l’inverse de l’histrionisme habituel de son jeu, le rôle d’un froid chef des services secrets citant Mao Zedong, à la tête d’un complot d’extrême droite. C’est pourtant la figure du prolétaire romain qu’il continue d’incarner dans Échec au gang, Le cave sort de sa planque ou L’exécuteur vous salue bien. Il fait quelques incursions dans le cinéma français comme Folle à tuer d’Yves Boisset avec Marlène Jobert ou Folies bourgeoises de Claude Chabrol. A partir de 1976, il incarne le policier Nico Giraldi, flic débraillé aux méthodes peu orthodoxes, version trash du Serpico de Sidney Lumet. Pour toutes ses compositions « romaines », sa voix est doublée par l’acteur italien Ferruccio Amendola contribuant à créer cette créature obscène et dionysiaque.
Des fourbes pour de grands cinéastes
Le cinéma italien populaire commence pourtant à décliner. Bertolucci l’engage dans La Luna et Antonioni lui confie le rôle de Niccolo, cinéaste abandonné par son épouse dans son Identification d’une femme. Le cinéma hollywoodien l’emploiera à nouveau, souvent dans les rôles de fourbes ou de latinos suspects dans Cat Chaser d’Abel Ferrara, JFK d’Oliver Stone, Traffic de Steven Soderbergh ou The Yards de James Gray. Marié à partir de 1964 avec Rita Valletti dont il a eu un fils Tomaso, il est découvert dans son domicile de Miami le 22 mars 2017, victime d’un hémorragie cérébrale. Ainsi s’éteint une légende, un pur mythe cinématographique d’un cinéma populaire oublié.


FILMOGRAPHIE :

Avec Sergio Corbucci
1959 : Les garçons (La notte brava) de Mauro Bolognini
1959 : Le bel Antonio (Il bell’Antonio) de Mauro Bolognini
1960 : Les Dauphins (I delfini) de Francesco Maselli
1960 : L’imprévu (L’imprevisto) d’Alberto Lattuada
1960 : Laura nue (Laura nuda) de Nicolò Ferrari
1961 : Les partisans attaquent à l’aube (Un giorno da leoni) de Nanni Loy
1961 : Jour après jour (Giorno per giorno disparamente) d’Alfredo Giannetti
1961 : Boccace 70 (Boccacio 70) Segment « Il lavoro » de Luchino Visconti
1961 : Le Désordre (Il desordine) de Franco Brusatti
1962 : L’appartement du dernier étage (L’attico) de Gianni Puccini
1962 : La banda Casaroli de Florestano Vancini
1962 : Le jour le plus court (Il giorno più corto) de Sergio Corbucci
1963 : La mer à boire (Mare matto) de Renato Castellani
1963 : Ro-Go-Pa-G (Laviamoci il cervello), La ricotta de Pier Paolo Pasolini
1964 : Les deux rivales (Gli indifferenti) de Francesco Maselli
1964 : Un doigt sur la gâchette (Io uccido, tu uccidi) de Gianni Puccini
1965 : Des filles pour l’armée (Le soldatesse) de Valerio Zurlini
1965 : L’extase et l’agonie (The agony and the ecstasy) de Carol Reed
1965 : L'Argent (I soldi) de Gianni Puccini
1965 : Le chevalier de Maupin (Madamigella di Maupin) de Mauro Bolognini
1966 : Les tueurs de l’Ouest (El precio de un hombre) d’Eugenio Martín
1966 : Colorado, un maudit de plus (La resa dei conti) de Sergio Sollima
1967 : Tire encore si tu peux (Se sei vivo spara) de Giulio Questi
1967 : Le dernier face à face (Faccia a faccia) de Sergio Sollima
1967 : Sentence de mort (Sentenza di morte) de Mario Lanfranchi
1967 : La nuit du grand massacre (Crónica de un atroco) de Jaime Jesús Balcázar
1967 : Bandits à Milan (Banditi a Milano) de Carlo Lizzani
1968 : Saludos hombre (Corri, uomo, corri) de Sergio Sollima
1968 : Un couple pas ordinaire (Ruba al prossimo tuo) de Francesco Maselli
1968 : Trois pour un massacre (Tepepa...viva la revolución) de Giulio Petroni
1969 : Dove vai tutta nuda ? de Pasquale Festa Campanile
1969 : Liens d’amour et de sang (Beatrice Cenci) de Lucio Fulci
1969 : Les Cannibales (I cannibali) de Liliana Cavani
1969 : O’cangaçeiro de Giovanni Fago
1970 : L’amore conjugale de Dacia Maraini
1970 : Les Compagneros (Vamos a matar, compañeros !) de Sergio Corbucci
1970 : The Last Movie (The Last Movie) de Dennis Hopper
1971 : La victime désignée (La vittima designata) de Maurizio Lucidi
1971 : Le Coriace (L’uomo dalla pelle dura) de Franco Prosperi
1971 : Far West story (J. and S. Storia criminale del far West) de Sergio Corbucci
1972 : La longue nuit de l’exorcisme (Non si sevizia un paperino) de Lucio Fulci
1972 : On m’appelle Providence (Vero Provvidenza ?) de Giulio Petroni
1973 : Le Conseiller (Il consigliori) d’Alberto De Martino
1973 : On remet ça, pas vrai Providence ? (Ci risiamo, vero Provvidenza ?) d’A. De Martino
1973 : Brigade volante (Squadra volante) de Stelvio Massi
1974 : La rançon de la peur (Milano odia) d’Umberto Lenzi
1974 : Le blanc, le jaune et le noir (Il bianco, il gallo, il nero) de Sergio Corbucci
1974 : La ville accuse (La polizia accusa) de Sergio Martino
1974 : Les quatre de l’Apocalypse (I quattro dell’apocalisse) de Lucio Fulci
1975 : Bracelets de sang (Il giustiziere sfida la città) d’Umberto Lenzi
1975 : Folle à tuer d’Yves Boisset
1975 : Sexycon (40 gradi all’ombra del lenzuolo) « La cavallona » de Sergio Martino
1975 : Brigade spéciale (Roma a mano armato) d’Umberto Lenzi
1975 : Flics en jeans (Squadra antiscippo) de Bruno Corbucci
1975 : Le truand sort de sa planque (Il trucido e lo sbirro) d’Umberto Lenzi
1976 : Folies bourgeoises de Claude Chabrol
1976 : Un flic très spécial (Squadra antitruffa) de Bruno Corbucci
1976 : Les Féroces (Liberi armati pericolosi) de Romolo Guerrieri
1976 : Le cinique, l’infâme, le violent (Il cinico, l’infame, il violento) d’Umberto Lenzi
1976 : L’exécuteur vous salue bien (La banda del trucido) de Stelvio Massi
1977 : Messalina, Messalina ! (Messalina, Messalina) de Bruno Corbucci
1977 : Nico, l’arnaqueur (Squadra antifurta) de Bruno Corbucci
1977 : Il figlio dello sceicco de Bruno Corbucci
1978 : Échec au gang (La banda del gobbo) d’Umberto Lenzi
1978 : Brigade anti-mafia (Squadra antimafia) de Bruno Corbucci
1978 : La Luna (La Luna) de Bernardo Bertolucci
1978 : Brigade anti-gangster (Squadra antigangsters) de Bruno Corbucci
1978 : Qui a tué le président ? (Winter kills) de William Richert
1979 : Meurtre sur le Tibre (Assassinio sul Tevere) de Bruno Corbucci
1979 : Le coucou (Il lupo è l’agnello) de Francesco Massaro
1980 : Le Crime de la Puerta Romana (Delitto a Porta Romana) de Bruno Corbucci
1980 : Manolesta de Pasquale Festa Campanile
1980 : Uno contro l’altro, praticamente amici de Bruno Corbucci
1981 : Delitto al ristorante cinese de Bruno Corbucci
1981 : Identification d’une femme (Identificazione di una donna) de Michelangelo Antonioni
1982 : Delitto sul’autostrada de Bruno Corbucci
1982 : Monsignore (Monsignor) de Frank Perry
1982 : Escroc, macho et gigolo (Cane e gatto) de Bruno Corbucci
1983 : Il diavolo e l’acquasanta de Bruno Corbucci
1983 : Delitto in formula uno de Bruno Corbucci
1984 : Pas folle le flic ! (Delitto al Blue Gay) de Bruno Corbucci
1984 : Le roi David (King David) de Bruce Beresford
1985 : Salomé (Salome) de Claude d’Anna
1987 : Luci lontane d’Aurelio Chiesa
1988 : Cat chaser (Cat Chaser) d’Abel Ferrara
1988 : Le Roi blessé (Gioco al massacro) de Damiano Damiani
1989 : Revenge (Revenge) de Tony Scott
1990 : Havana (Havana) de Sydney Pollack
1990 : Money (Money) de Steven H. Stern
1991 : JFK (JFK) d’Oliver Stone
1993 : Deux cowboys à New York (The Cowboy Way) de Gregg Champion
1996 : Coup de foudre et conséquences (Fools rush in) d’Andy Tennant
1997 : Amistad (Amistad) de Steven Spielberg
1999 : The Yards (The Yards) de James Gray
1999 : Traffic (Traffic) de Steven Soderberg
2001 : Washington Heights d’Alfredo Rodriguez De Villa
2004 : Adieu Cuba (The lost city) d’Andy Garcia
2005 : La fiesta del Chivo de Luis Llosa
2013 : Fugly ! d’Alfredo Rodriguez De Villa


Filmographie de Tomas MILIAN
 
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