Giuletta MASINA
 Actrice italienne
Chanteuse, actrice, danseuse, musicienne, Giulietta Masina savait tout faire. Sa bouille lunaire et sa fragile silhouette font d'elle une actrice appréciée pour sa sincérité et ses compositions touchantes. Incontestablement, elle appartenait à cette famille de fantaisistes qui, comme Chaplin en Amérique et Pierre Étaix en France, vous arrachaient un rire là ou des larmes eussent été plus convenables.
Giulia Anna Masina vient au monde à San Giorgio di Pano, dans la région de Bologne, le 22 février 1920. Fille aînée des quatre enfants d’un professeur de littérature violoniste à ses heures et d’une mère institutrice, elle rencontre dans son enfance le dramaturge Luigi Pirandello qui fait naître un intérêt précoce pour la comédie. Elle rejoint une tante à Rome où elle suit des études de lettres puis de philosophie à l’Université. Elle prend des cours de chant, de piano et de danse et développe un grand sens artistique dans la troupe du théâtre universitaire.
Giulettta et Federico
Giuletta Masina entame sa carrière artistique en 1942, dans des sketches comiques radiophoniques, Cico et Palina écrits par un certain Federico Fellini. Littéralement fascinée par ce jeune scénariste, elle l’épouse le 30 octobre 1943, formant le couple le plus créatif du cinéma transalpin d’après-guerre. En 1944, la jeune femme fait une fausse couche consécutive à une chute dans un escalier. L'année suivante, elle met au monde Federichino, qui décèdera deux semaines après sa naissance des suites d'une pneumonie. Le sort en est jeté, les Fellini n'auront pas de descendance. En travaillant avec son mari, Giuletta Masina fait la transition vers le cinéma. La moitié de ses films italiens, les projets les plus réussis, ont été écrits ou réalisés par son mari. Elle fait ses débuts au cinéma dans un rôle non crédité dans Paisà de Roberto Rossellini, co-écrit par Fellini. Elle est encensée pour sa composition dans Sans pitié d'Alberto Lattuada auprès de Carla Del Poggio et John Kitzmiller. Elle participe aux Feux du Music-Hall réalisé conjointement par Lattuada et Fellini.
De Gelsomina à Cabiria
Pendant les années cinquante, Giuletta Masina est dirigée par les meilleurs cinéastes transalpins comme Luigi Comencini dans Volets clos, Roberto Rossellini dans Europe 51, Carlo Lizzani dans Dans les Faubourgs de la ville, Giuseppe Amato dans Femmes damnées, Giorgio Bianchi dans Monsieur Arthur, vierge et martyr et Bonjour Maître, Eduardo De Filippo dans Fortunella et Renato Castellani dans L’Enfer dans la Ville où elle partage l’affiche avec Anna Magnani. Mais c’est sous la coupe de son mari qu’elle accède à la renommée internationale. Elle est la petite Gelsomina, personnage lunaire maltraitée par son compagnon le briseur de chaînes Anthony Quinn dans La Strada. Elle est Iris qui accompagne le duo d’escrocs Broderick Crawford et Richard Basehart dans Il Bidone. Elle incarne une prostituée qui endure les tragédies et les déceptions de la vie avec à la fois innocence et résilience dans Les Nuits de Cabiria. Après les échecs en Allemagne d’Épouses coupables de Victor Vicas et La grande Vie de Julien Duvivier, elle se consacre presque entièrement à sa vie personnelle et à son mariage.
Giuletta et Marcello
En 1965, Federico Fellini livre ses fantasmes dans un film étrange et poétique Juliette des Esprits. La tradition veut que le maître ait fait ce film onirique comme un cadeau à sa femme. L’actrice fait des apparitions à la télévision et dans quelques productions européennes comme La Folle de Chailot, son premier film en anglais qui met également en vedette Katharine Hepburn ou La Dame des Neiges du slovaque Jeraj Jakubisko. Après presque deux décennies d’absence, Giuletta Masina revient au cinéma dans Ginger and Fred de Fellini avec Marcello Mastroianni. Les deux protagonistes, acteurs fétiches du Maestro incarnent les imitateurs italiens de Fred Astaire et Ginger Rogers pour une émission spéciale. Giuletta est une fois encore récompensée d’un Ruban d’Argent de la meilleure actrice. Elle rejette ensuite toute offre extérieure, s’occupant en priorité de la santé précaire de son mari. Elle tourne son dernier film Aujourd’hui peut-être de Jean-Louis Bertuccelli touchante évocation des souvenirs dramatiques et des conflits dans sa maison familiale. Elle livre deux performances pour la télévision dans Eleonora et Camilla. Giuletta Masina est décédée d'un cancer du poumon le 23 mars 1994 à l'âge de 73 ans, cinq mois après la mort de son mari le 31 octobre 1993. Pour ses funérailles, la musique de La Strada de Nino Rota est interprétée par le trompettiste Mauro Maur. Masina est enterrée avec Fellini et leur fils, Pierfederico, dans un sépulcre en bronze sculpté par Arnaldo Pomodoro au Cimetière Monumental de Rimini.


FILMOGRAPHIE :

Avec Federico Fellini
1946 : Païsa (Paisà) de Roberto Rossellini
1948 : Sans pitié (Senza pietà) d'Alberto Lattuada
1950 : Les Feux du music-hall (Luci del varietà) de Federico Fellini
1951 : Sette ore di guai de Vittorio Metz et Marcello Marchesi
1951 : Cameriera bella presenza offresi... de Giorgio Pàstina
1951 : Les Volets clos (Persiane chiuse) de Luigi Comencini
1952 : Wanda la pécheresse (Wanda la peccatrice) de Duilio Coletti
1952 : Le Roman de ma vie (Il romanzo della mia vita) de Lionello De Felice
1952 : Le Cheik blanc (Lo sceicco bianco) de Federico Fellini
1952 : Europe 51 (Europa '51) de Roberto Rossellini
1953 : Dans les faubourgs de la ville (Ai margini della metropoli) de Carlo Lizzani
1953 : L'Assassin de la rue Paradis (Lo scocciatore) de Giorgio Bianchi
1954 : Femmes damnées (Donne proibite) de Giuseppe Amato
1954 : Un siècle d'amour (Cento anni d'amore) de Lionello De Felice
1954 : La Strada (La strada) de Federico Fellini
1955 : Bonsoir Maître (Buonanotte... avvocato!) de Giorgio Bianchi
1955 : Il Bidone (Il bidone) de Federico Fellini
1957 : Les Nuits de Cabiria (Le notti di Cabiria) de Federico Fellini
1958 : Fortunella (Fortunella) d'Eduardo De Filippo
1958 : L'Enfer dans la ville (Nella città dell'inferno) de Renato Castellani
1959 : Épouse coupable (Jons und Erdme) de Victor Vicas
1960 : La Grande Vie (Das Kunstseidene Mädchen) de Julien Duvivier
1965 : Juliette des esprits (Giulietta degli spiriti) de Federico Fellini
1966 : Scusi, lei è favorevole o contrario ? d’Alberto Sordi
1967 : Non stuzzicate la zanzara de Lina Wertmüller
1969 : La Folle de Chaillot (The Madwoman of Chaillot) de Bryan Forbes
1973 : Eleonora (Eleonora) de Silverio Blasi (tv)
1976 : Camilla (Camilla) de Sandro Bolchi (tv)
1985 : Sogni e bisogni de Sergio Citti (tv)
1985 : Ginger et Fred (Ginger e Fred) de Federico Fellini
1986 : Perinbaba (Frau Holle) de Juraj Jakubisko
1991 : Aujourd'hui peut-être... de Jean-Louis Bertuccelli


Filmographie de Giuletta MASINA
 
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