Virna Pieralisi naquit le 8 novembre 1936 à Ancona, un grand port de l’Adriatique face à la Croatie. Son père Dario, propriétaire d’une société d’exportation de marbre, s’installe à Rome avec Giordana, sa fille aînée Virna, son cadet Ubaldo et Esperia, la benjamine.
Brune ou blonde
L’adolescente suit des cours de comptabilité qui ne l’attirent guère. Dotée d’un physique avantageux, elle fait à 17 ans son apparition au sein des studios de Cinecittà où elle tourne son premier film E Napoli canta. Encore brunette et sans la moindre expérience de l’art dramatique, elle enchaîne avec L’Amour d’une mère auprès d’une gamine de 7 ans Brigitte Fossey et quelques rôles mineurs, parfois mélodramatiques, tel Le destin d’une mère, parfois plus légers, en ingénue dans trois films de Giorgio Pastina, dont Le cardinal Lambertini. À 19 ans, elle fait son entrée dans les studios français de Boulogne pour Les Hussards incarnés par Bourvil et Bernard Blier. Elle apparaît pour la première fois en blonde dans La donna del giorno.
Jeune sex-symbol des sixties
Virna Lisi aborde les sixties avec la fraîcheur juvénile que lui autorise son quart de siècle. En mars 1960, elle tourne pour la télévision Cieli alti de Daniela D’Anza. Le mois suivant, le 25 avril, elle prend pour époux, en sa belle ville de Rome, un bel et brillant architecte romain, Franco Pesci qui deviendra le père de leur unique enfant Corrado né en juillet 1962. Elle passe du péplum comme Romulus et Rémus sous les traits de la blonde Julia, la fille du roi des Sabins aux drames comme Les Bonnes Causes où elle retrouve Bourvil ou Eva où elle est l’épouse bafouée et frustrée de Stanley Baker que les déceptions pousseront au suicide. Heureusement La tulipe noire de Christian-Jaque vient remettre un peu de couleurs dans ce sombre parcours. Allègrement menée par un Delon bondissant, l’œuvrette nous dessine un justicier à deux visages pendant la Révolution Française. La notoriété de l’actrice transalpine a franchi l’océan et Hollywood en fait une strip-teaseuse d’origine italienne dans Comment tuer votre femme. Rentrée en Italie, l’émigrante succombe au Casanova 70 de Mario Monicelli avec Marcello Mastroianni, puis devient une charmante caissière à la chevelure assombrie dans Ces messieurs-dames de Pietro Germi, palme d’or à Cannes en 1966.
Les années glorieuses…
Virna Lisi est à son apogée. Elle navigue de part et d’autre de l’Atlantique, passant de Vittorio Gassman (Une Vierge pour le Prince) à Frank Sinatra (Le Hold-up du Siècle) ou Rod Steiger (La Fille et le Général) en passant par les grosses productions d’Henri Verneuil (La 25e Heure, Le Serpent), de Terence Young (L’Arbre de Noël) et de Stanley Kramer (Le Secret de Santa Vittoria). Elle fait confiance à Sergio Gobbi qui la dirige dans Le Temps des Loups, Un beau Monstre et Les Galets d’Étretat. Au tournant des années 90, Virna Lisi se fait rare au cinéma italien, préférant mener une vie ordinaire et profiter de ses enfants. C’est alors que Patrice Chéreau en fait sa Catherine de Médicis, la mère de La reine Margot, parfaitement enlaidie, manipulatrice et monstre de méchanceté et de froideur. Cette prestation mémorable lui vaut le Prix d’Interprétation du Festival Cannes et, quelques mois plus tard, le César de la meilleure actrice de composition, sa fille de cinéma (Isabelle Adjani) recevant celui de la meilleure actrice. Plus tard Cristina Comencini clôt une carrière dorée par trois beaux films dont Va où le coeur te porte et Le plus beau jour de ma vie.
Une retraite dorée
Virna Lisi a travaillé à maintes reprises pour le petit écran, depuis 1957 jusqu’à ses derniers jours. Vedette de la mini-série Ottocento en comtesse Castiglione, elle tourne notamment Et la vie continue de Dino Risi, Balzac de Josée Dayan en Mme de Berny, première maîtresse et éducatrice du grand écrivain incarné par Gérard Depardieu. Moins active sur les scènes de théâtre, elle foule une première fois les planches en 1956 en interprétant Lucie Desmoulins aux côtés de Vittorio Gassman. En 2011, le festival de Venise l’honore pour l’ensemble de sa contribution au cinéma transalpin, l’élevant au rang des plus nobles représentantes nationales de cet art, comme Anna Magnani, Silvana Mangano, Sophia Loren ou Gina Lollobrigida. Franco Pesci, son mari, décéde le 26 septembre 2013, au terme d’une histoire d’amour de 53 ans, nourrie d’une éternelle passion. Virna Lisi s’éteint à son tour pendant son sommeil, le 18 décembre 2014, des suites d’une maladie incurable.
FILMOGRAPHIE :
Avec Richard Quine
et Jack Lemmon
1953 : L’amour d’une mère (La corda d’acciaio) de Carlo Borghesio
1953 : Le voiturier du Mont Cenis (Il vetturale del Moncenicio) de Guido Brignone
1954 : Désir ardent sous le soleil de Naples (Desiderio’e sole) de Giorgio Pastina
1954 : Violence sur la plage (Violenza sul lago) de Leonardo Cortese
1954 : Le destin d’une mère (Ripudiata) de Giorgio Walter Chili
1954 : Piccola santa de Roberto Bianchi Montero
1954 : Lettera napoletana de Giorgio Pastina
1954 : Cardinal Lambertini (Il cardinale Lambertini) de Giorgio Pastina
1954 : Addio Napoli ! de Roberto Bianchi Montero
1955 : Les hussards d’Alex Joffé
1955 : La vengeance du destin (Vendicata !) de Giuseppe Vari
1955 : La rossa de Luigi Capuano
1955 : Je t’attendais (Luna nova) de Luigi Capuano
1955 : Les dix-huit ans (Le diciottenni) de Mario Mattoli
1955 : Le célibataire (Lo scapolo) d’Antonio Pietrangeli
1956 : La femme du jour (La donna del giorno) de Francesco Maselli
1957 : Sous les griffes du tyran (Il conte di Matera) de Luigi Capuano
1957 : Un seul survivra (Vite perdute) d’Adelchi Bianchi & Roberto Mauri
1958 : Seule contre les Borgia (Caterina Sforza, leonessa di Romana) de Giorgio Walter Chili
1958 : Totò, Peppino et les fanatiques (Totò, Peppino e le fanatiche) de Mario Mattoli
1958 : Le Maître des forges (Il padrone delle ferriere) d’Anton Guilio Majano
1959 : Un de la réserve (Un militare e mezzo) de Steno
1959 : I mondo dei miracoli de Luigi Capuano
1960 : Son excellence s’est arrêté pour dîner (Sua eccellenza fermò a mangiare) de M Mattoli
1960 : Cinque marines per cento ragazze de Mario Mattoli
1961 : Romulus et Remus (Romolo e Remo) de Sergio Corbucci
1961 : Les bonnes causes de Christian-Jaque
1962 : Eva (Eva, the devil’s woman) de Joseph Losey
1962 : Le jour le plus court (Il giorno più corto) de Sergio Corbucci
1963 : Coplan prend des risques de Maurice Labro
1963 : La Tulipe noire de Christian-Jaque
1964 : Comment tuer votre femme ? (How to murder your Wife) de Richard Quine
1964 : Les poupées (Le bambole) de Luigi Comencini
1964 : Casanova 70 de Mario Monicelli
1964 : Une vierge pour le prince (Una vergine per il principe) de Pasquale Festa Campanile
1965 : Le hold-up du siècle (Assault on a Queen) de Jack Donohue
1965 : Les complexés (I complessi) de Dino Risi,
1965 : Un cheikh pas comme les autres (Oggi, domani, dopodomani) d’Edouardo De Filippo
1965 : La donna del lago de Luigi Bezzoni & Franco Rossellini
1965 : Ces messieurs dames (Signore & signori) de Pierto Germi
1966 : La vingt-cinquième heure (The twenty-fifth Hour) d’Henri Verneuil
1966 : Deux minets pour Juliette (Not with my Wife, don’t you !) de Norman Panama
1966 : À l’italienne (Made in Italy) de Nanni Loy
1966 : La fille et le général (La ragazza e il generale) de Pasquale Festa Campanile
1967 : Pas folles les mignonnes (Le dolci signore) de Luigi Zampa
1967 : Arabella (Ragazza del Charleston) de Mauro Bolognini
1968 : Une veuve dans le vent (Meglio vadova) de Duccio Tessari
1968 : Le secret de Santa Vittoria (The secret of Santa Vittoria) de Stanley Kramer
1968 : Tenderly (The Girl who couln’t say no) de Franco Brusati
1969 : L’arbre de Noël (The Christmas Tree) de Terence Young
1969 : Mardi, c’est donc la Belgique (If it’s Tuesday, this must be Belgium) de Mel Stuart
1969 : Le temps des loups de Sergio Gobbi
1970 : Un beau monstre de Sergio Gobbi
1970 : Le voyeur (Giochi particolari) de Franco Indovina
1970 : Le Plaisir des Dames (The Statue) de Rodney Amateau
1971 : Scandale à Rome (Roma bene) de Carlo Lizzani
1971 : Les Galets d’Étretat de Sergio Gobbi
1972 : Barbe Bleue (Barbablù) d’Edward Dmytryk
1971 : Croc-Blanc (Zanna Bianca) de Lucio Fulci
1973 : Le serpent (The Serpent) d’Henri Verneuil
1974 : Le retour de Buck le loup (Il ritorno di Zanna Bianca) de Lucio Fulci
1976 : Au-delà du bien et du mal (Al di là del Bene e del Male) de Liliana Cavani
1978 : Ernesto de Salvatore Samperi
1979 : La Cigale (La Cicala) d’Alberto Lattuada
1980 : Bugie bianche de Stefano Rolla
1981 : Miss Right (La Donna giusta) de Paul Williams
1982 : Sapore di mare de Carlo Vanzina
1982 : Et la vie continue (È la vita continua) de Dino Risi
1984 : Amarsi un po’ de Carlo Vanzina
1987 : I ragazzi di via Panisperna de Gianni Amelio
1988 : I love N.Y. de Gianni Bozzacchi
1988 : E se poi se ne vanno ? de Giorgio Capitani
1989 : Joyeux Noël, bonne année (Buon natale… buon anno) de Luigi Comencini
1993 : Les cent et une nuits de Simon Cinéma d’Agnès Varda
1993 : La Reine Margot de Patrice Chéreau
1996 : Va où ton cœur te porte (Va’ dove ti porta il cuore) de Cristina Comencini
2001 : Le plus beau jour de ma vie (Il più bel giorno della mia vita) de Cristina Comencini
2008 : Boogie Woogie d’Andrea Frezza
2014 : Latin Lover de Cristina Comencini
Télévision :
1957 : Orgueil et Préjugés (Orgoglio e pregiudizio) de Daniele D’Anza
1958 : Donne in ermellino de Daniele D’Anza
1958 : La chère Ombre (La cara ombra) de Daniele D’Anza
1958 : Formiche, Ferragosto iin città de Giacomo Vaccari
1958 : Leocadia de Mario Ferrero
1958 : Come le foglie d’Anton Giulio Majano
1959 : I masnadieri d’Anton Giulio Majano
1959 : Ottocento d’Anton Giulio Majano
1960 : Les hauts cieux (Cieli alti) de Daniele D’Anza
1960 : Cenerentola de Stefano De Stefani
1961 : L’Affaire Maurizius (Il caso Maurizius) d’Anton Giulio Majano
1962 : Une tragédie américaine (Una tragedia americana) d’Anton Giulio Majano
1974 : Philo Vance (Philo Vance, la canarina assassinata) de Marco Leto
1984 : Et la Vie continue (… e la vita continua) de Dino Risi
1985 : Christophe Colomb (Christopher Columbus) d’Alberto Lattuada
1986 : Si un jour tu frappes à ma porte (Se un giorno busserai alla mia porta) de Luigi Perelli
1988 : Ils ne veulent pas partir (E non se ne vogliono andare!) de Giorgio Capitani
1989 : Cinéma (Cinema) de Luigi Magni
1989 : Et quand ils partent (E se poi se ne vanno?) de Giorgio Capitani
1991 : Les Mystères de la Jungle noire (I misteri della giungla nera) de Kevin Connor
1996 : Un Coin de Soleil (Uno di noi) de Fabrizio Costa
1997 : Le Désert de Feu (Il deserto di fuoco) d’Enzo G. Castellari
1999 : Balzac de Josée Dayan
1999 : Cristal de Roche (Cristallo di rocca, una storia di Natale) de Maurizio Zaccaro
2000 : Les Ailes de la Vie (Le ali della vita) de Stefano Reali
2000 : Un dono semplice de Maurizio Zaccaro
2001 : Piccolo Mondo antico de Cinzia Th. Torrini
2001 : Occhi verde veleno de Luigi Parisi
2001 : La Mémoire et le Pardon (La memoria e il perdono) de Giorgio Capitani
2001 : Les Ailes de la Vie 2 (Le ali della vita 2) de Stefano Reali
2003 : Les Garçons de la rue Pal (I ragazzi della via Pál) de Maurizio Zaccaro
2003 : Beauty Centre (Il bello delle donne) de Maurizio Ponzi
2004 : A casa di Anna d’Enrico Oldoini
2005 : Catherine et ses Fils (Caterina e le sue figlie) de Fabio Jephcott
2006 : Honneur et Respect (L’onore e il rispetto) de Luigi Parisi & Salvatore Samperi
2007 : Mauvaises Femmes (Donne sbagliate) de Monica Vullo
2008 : Fais-moi confiance (Fidati di me) de Gianni Lepre
2008 : Le Sang et la Rose (Il sangue e la rosa) de Valentina Capecci
2011 : La Femme qui revient (La donna che ritorna) de Gianni Lepre
2013 : Baise-main (Baciamo le mani, Palermo-New York 1958) d’Eros Puglielli
2014 : Maman, aide-moi (Madre, aiutami) de Gianni Lepre
Filmographie de Virna LISI