Vivi GIOI
 Actrice italienne
Si tout au long des années 1930 les actrices italiennes se dépeuplent dans le cinéma autarcique, à la fin de la décennie le public est avide de visages à saveur internationale. Grâce au blocage des importations de films américains sanctionné par la loi Alfieri, les nouvelles stars italiennes se retrouvent soudain à devoir remplacer celles d’Hollywood dans le cœur des spectateurs. L’une d’entre elles est certainement Vivi Gioi, l’une des interprètes les plus intéressantes des années 40, qui s’est retrouvée prématurément dans l’oubli après son excellente prestation dans Chasse tragique de Giuseppe De Santis.
Née à Livourne en Toscane, le 2 janvier 1914, la jeune actrice fait sa première apparition sur grand écran dans Mais ce n’est pas une chose sérieuse de Mario Camerini. A l’époque, elle s’appelle Vivian Diesca, anagramme du nom de son partenaire et amant Vittorio De Sica. L’année suivante, elle retrouve le séducteur romain dans Monsieur Max mais son rôle est presque complètement éliminé dans la phase de montage. Après l’interruption de la relation avec De Sica, qui épousa la même année sa collègue Giuditta Rissone, suivent deux années d’inactivité, au cours desquelles Gioi affirme s’être soutenue en jouant au Casino.
La Lombard de Toscane
En 1939 elle revient à Cinecittà et profite de l’euphorie de l’époque, dite des téléphones blancs, pour apparaître dans de nombreuses comédies et drames sous le nouveau pseudonyme de Vivi Gioi. Elle obtient le rôle principal d’Annetta dans La blonde sous clé de Camillo Mastrocinque. Le film, conçu et écrit par Cesare Zavattini, est une comédie basée sur des quiproquos, dans laquelle la secrétaire d’un magazine se retrouve soudain à faire la couverture, déclenchant la jalousie de son petit ami. Grâce à son interprétation malicieusement auto-ironique, Gioi s’impose d’emblée comme l’équivalent italien de Carole Lombard. Des rôles similaires suivront dans Cent lettres d’amour de Max Neufeld et Alexandre tu es Grand de Carlo Ludovico Bragaglia ou La Maîtresse secrète de Carmine Gallone. Bien qu’elle occupe les têtes d’affiche, elle ne dédaigne pas les emplois secondaires. En effet, elle apparaît dans Roses écarlates, le premier film de l’ancien amant De Sica et offre une performance convaincante dans Ensuite nous divorçons de Nunzio Malasomma, aux côtés d’Amedeo Nazzari et Lilia Silvi.
Le tournant dramatique
En 1942, l’actrice décide de changer de registre sur la suggestion de son mentor Nunzio Malasomma, qui la dirige dans Traqués dans la Jungle. Elle y est un médecin spécialiste des maladies tropicales, dont deux collègues tombent amoureux. La même année, elle joue aux côtés d’Amedeo Nazzari dans le drame de guerre Bengasi d’Augusto Genina. En 1943, elle se rend en France pour tourner Service de nuit, où elle fournit une prestation convaincante en tant que jeune adultère, sauvée à la dernière minute par un standardiste. Grâce à son aspect nordique, Vivi incarne souvent des personnages étrangers, comme cela arrive par exemple dans Harlem de Carmine Gallone. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le cinéma néoréaliste fait table rase de toutes les vedettes de la période précédente, condamnant à l’oubli prématuré de nombreuses actrices célèbres du temps du fascisme. Au départ, cela ne semble pas être le cas de Vivi Gioi, qui interprète en 1947 son rôle le plus convaincant, celui de Daniela surnommée Lili Marlene dans Chasse tragique de Giuseppe De Santis. Elle renonce à ses cheveux blonds et flottants, marque de fabrique de son charme, pour se glisser dans la peau d’une ancienne collaboratrice à la tête d’une armée de brigands.
L'injuste oubli
Malgré le ruban d’argent de la meilleure interprétation féminine reçu en 1948, l’actrice est reléguée à des rôles de plus en plus marginaux et sporadiques. Entre les années 1950 et 1960, elle se consacre également au théâtre avec une certaine continuité, jouant aux côtés de De Sica, Carlo Ninchi et Aroldo Tieri, sous la direction d’importants metteurs en scène comme Luchino Visconti. En 1963, elle interprète le rôle de Rachele Guidi, la femme de Benito Mussolini dans le film Le Procès de Vérone de Carlo Lizzani puis termine sa carrière cinématographique par deux apparitions dans des films de série B. Elle travaille aussi de temps à autre pour la télévision. Vivi Gioi est décédée à Fregene le 12 juillet 1975, d’une crise cardiaque à l’âge de 61 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Vivi Gioi
1936 : Mais ça n’est pas une chose sérieuse (Ma non è una cosa seria) de Mario Camerini
1937 : Monsieur Max (Il signor Max) de Mario Camerini
1938 : Frénésie (Frenesia) de Mario Bonnard
1939 : La blonde sous clé (Bionda sotto chiave) de Camillo Mastrocinque
1939 : Mille kilomètres à la minute (Mille chilometri al minuto) de Mario Mattoli
1939 : Vento di milioni de Dino Falconi
1939 : Roses écarlates (Rose scarlatte) de Vittorio De Sica & Giuseppe Amato
1940 : Alexandre, tu es grand (Alessandro sei grande) de Carlo L Bragaglia
1940 : Cent lettres d’amour (Cento lettere d’amore) de Max Neufeld
1940 : Ensuite, nous divorçons (Dopo divorzieremo) de Nunzio Malasomma
1940 : La canzone rubata de Max Neufeld
1940 : Le Puits des miracles (Il pozzo dei miracoli) de Gennaro Righelli
1941 : L’Acteur disparu (L’attore scomparso) de Luigi Zampa
1941 : La maitresse secrète (L’amante segreta) de Carmine Gallone
1941 : Le premier amour (Primo amore) de Carmine Gallone
1941 : La Jungle (Giungla) de Nunzio Malasomma
1942 : Piazza San Sepolcro de Giovacchino Forzano
1942 : Benghazi (Bengasi) d’Augusto Genina
1942 : Sept ans de félicité (Sette anni di felicità) d’Ernst Marischka
1942 : Laisser chanter votre cœur (Lascia cantare il cuore) de Carl Boese
1942 : Harlem (Knock out) de Carmine Gallone
1942 : Saison à Salzbourg (...Und die Musik spielt dazu) de Carl Boese
1943 : Court-circuit (Cortocircuito) de Giacomo Gentilomo
1943 : Service de nuit de Jean Faurez
1944 : Toute la ville chante (Tutta la città canta) de Riccardo Freda
1944 : La casa senza tempo d’Andrea Forzano
1945 : Pauvre mari (Il marito povero) de Gaetano Amata
1947 : La chasse tragique (Caccia tragica) de Guiseppe De Santis
1948 : Gian le contrebandier (Gente così) de Fernando Cerchio
1949 : Terre Promise (Il grido della terra) de Duilio Coletti
1949 : Femmes sans nom (Donne senza nome) de Géza von Radványi
1949 : La porteuse de pain (La portatrice di pane) de Maurice Cloche
1950 : Senza bandiera de Lionello de Felice
1955 : La Fille de la rizière (La Rasaia) de Raffaello Matarazzo
1962 : Le Procès de Vérone (Il processo di Verona) de Carlo Lizzani
1966 : Dieu ne paie pas le samedi (Dio non papa il sabato) de Tonio Boccia
1973 : Il baco da seta de Mario Sequi


Filmographie de Vivi GIOI
 
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