Aldo FABRIZI
 Acteur, scénariste et réalisateur italien
Aldo Fabrizi est une des personnalités les plus importantes du cinéma italien d’après-guerre. Avec son crâne dégarni et sa silhouette ronde, il a imposé un personnage typé de Romain sympathique et naïf qui lui a valu beaucoup de succès dans la péninsule Italienne. Mais son talent excédait de beaucoup le seul registre de la comédie, comme l’a prouvé son rôle tragique de curé résistant dans Rome, ville ouverte de Roberto Rossellini.
Aldo Fabrizi est né à Rome le 1er novembre 1905. De famille modeste, orphelin de son père Giuseppe à l’âge de onze ans, il débute comme poète et caricaturiste. Il se fait connaître, dans les années 1930, par ses prestations dans les cabarets de Rome. Au cinéma, il débute comme co-scénariste et interprète du film de Mario Bonnard Avanti, c’è posto... en 1942, l’histoire d’un receveur d’autobus qui tombe amoureux d’une femme de chambre. Déjà, il impose son personnage de Romain, grassouillet et naïf, qui vit les mille et une aventures de la vie quotidienne.
Le Romain gras et naïf
Aldo Fabrizi reste associé avant tout à la comédie à l’italienne, un genre qui participe du génie propre de la péninsule, équilibre miraculeux entre le rire et les larmes. Après Avanti c’e posto, le voilà concierge dans Mon fils professeur où il se saigne aux quatre veines pour offrir de bonnes études à son fils. Il revêt aussi la défroque d’un riche confiseur dans Sa Majesté M. Dupont d’Alessandro Blasetti, où il connaît des mésaventures avec la robe de communion de sa fille et dans Rome Paris Rome, il emprunte l’identité d’un cheminot partagé entre sa femme, Vera Nandi et sa maîtresse Sophie Desmarets. Il donne de nombreuses variations comiques, dont une belle composition dans l’émouvant Le Diamant mystérieux, réalisé par Mario Mattoli en 1943 et qu’il avait lui-même écrit en compagnie d’un jeune débutant nommé Federico Fellini. Fleuron de la comédie italienne, il rencontre à plusieurs reprises le grand Totò. Les voilà donc ensemble dans Fripouillard et compagnie de Steno, où contrôleur fiscal, il épluche les comptes du commerçant Totò, dans Totò, Fabrizi et les jeunes d’aujourd’hui de Mario Mattoli ou dans Totò contre les quatre de Steno. Il s’associe à Peppino Di Filippo ou Renato Rascel. Mais Aldo Fabrizi a d’autres cordes à son arc. C’est un scénariste réputé, qui participe, parfois avec la grande scénariste Suso Cecchi d’Amico, à l’écriture de nombre de ses films, mais aussi, et surtout, un réalisateur et un producteur, très méconnu en France. On lui doit notamment une trilogie qui, sur le mode de la comédie italienne, conte les mésaventures d’une famille romaine ordinaire, La famiglia Passagai avec Peppino De Filippo et Ave Ninchi, La famiglia Passagai la fortuna et Papa diventa mamma avec Giovanna Ralli.
Un bouffon tragique
La figure débonnaire d'Aldo Fabrizi cache parfois un masque tragique comme avant tout celui de Don Pietro, dans Rome ville ouverte de Roberto Rossellini, ce prêtre résistant, arrêté par la Gestapo puis fusillé devant les enfants de sa paroisse. Un rôle qui va le consacrer sur le plan international. Celui aussi de ce fermier, dans Vivre en paix de Luigi Zampa, qui, pendant la guerre, héberge des soldats américains, et qui finit sous les balles allemandes. On lui confie d’autres emplois dramatiques, comme celui de cet ancien brigadier de police dans Tombolo, paradis noir de Giorgio Ferroni, qui a perdu sa femme dans un bombardement ou encore celui du tyran de Viterbe dans l’admirable film de Roberto Rossellini, Les onze fioretti de François d’Assise. Il est tout aussi convaincant en victime humiliée dans Le crime de Giovanni Episcopo d’Alberto Lattuada.
Une personnalité attachante
L’âge venant, Aldo Fabrizi incarne le père sympathique mais inconséquent d’une jeune lycéenne nommée Marina Vlady dans L’âge de l’amour de Lionello De Felice, qui, dans Un siècle d’amour propose à Aldo Fabrizi le rôle d’un prêtre qui, durant le Risorgimento, doit abriter, malgré sa sympathie pour les soldats du pape, deux garibaldiens. Et comment oublier l’arriviste fruste et grossier, boursouflé et presque monstrueux, de Nous nous sommes tant aimés d’ Ettore Scola ? Amateur de bonne chère, ce que trahissait sa silhouette rebondie, Aldo Fabrizi écrit, à la fin de sa vie, plusieurs livres de cuisine. Il décède le 2 avril 1990 à Rome. De cet homme jovial et corpulent, qui aime croquer des silhouettes de Romains naïfs et débrouillards, de cet acteur immensément populaire en Italie et très aimé de ses compatriotes, on retient une personnalité particulièrement attachante.


FILMOGRAPHIE :

Avec Roberto Rossellini
et Ingrid Bergman
1942 : Avanti, c'è posto... de Mario Bonnard
1943 : Campo de' fiori de Mario Bonnard
1943 : Le Diamant mystérieux (L'ultima carrozzella) de Mario Mattoli
1944 : Circo equestre Za-Bum, « Dalla finestra et Il postino » de Mario Mattoli
1945 : Rome, ville ouverte (Roma città aperta) de Roberto Rossellini
1946 : Mon fils professeur (Mio figlio professore) de Renato Castellani
1947 : Vivre en paix (Vivere en pace), de Luigi Zampa
1947 : Le crime de Giovanni Episcopo (Il delitto di Giovanni Episcopo) d’Alberto Lattuada
1947 : Noël au camp 119 (Natale al campo 119) de Pietro Francisci
1947 : Tombolo, paradis noir (Tombolo, paradiso nero) de Giorgio Ferroni
1948 : Emigrantes d’Aldo Fabrizi
1949 : Saint Antoine de Padoue (Antonio di Padova) de Pietro Francisci
1949 : Bienvenue Révérend (Benvenuto, reverendo !) d’Aldo Fabrizi
1950 : Dans les Coulisses (Vita da cani) de Steno et Mario Monicelli
1950 : Sa Majesté monsieur Dupont (Prima comunione) d’Alessandro Blasetti
1950 : Trois Pas au Nord (Three Steps North) de W. Lee Wilder
1950 : Les Onze fioretti de François d’Assise (Francesco, giullare di Dio) de Roberto Rossellini
1951 : Paris est toujours Paris (Parigi è sempre Parigi), de Luciano Emmer
1951 : Rome-Paris-Rome (Signori, in carrozza!), de Luigi Zampa
1951 : La famiglia Passaguai d’Aldo Fabrizi
1951 : Gendarmes et Voleurs (Guardie e ladri), de Mario Monicelli et Steno
1951 : Cameriera bella presenza offresi... de Giorgio Pàstina
1951 : Fiorenzo il terzo uomo de Stefano Canzio
1952 : Heureuse époque (Altri tempi), « Il carrettino dei libri vecchi » d’Alessandro Blasetti
1952 : La famiglia Passaguai fa fortuna d’Aldo Fabrizi
1952 : Cinque poveri in automobile de Mario Mattoli
1952 : Papà diventa mamma d’Aldo Fabrizi
1952 : La Maison du Silence (La voce del silenzio) de Georg Wilhelm Pabst
1953 : Une de celles-là (Una di quelle) d’Aldo Fabrizi
1953 : L’Âge de l’amour (L'età dell'amore) de Lionello De Felice
1953 : Siamo tutti inquilini de Mario Mattoli
1953 : Affaires de fou (Cose da pazzi) de Georg Wilhelm Pabst
1953 : Un siècle d’amour (Cento anni d’amore) « Garibaldina » de Lionello De Felice
1954 : C’est la vie (Questa è la vita), « Marsina stretta » d’Aldo Fabrizi
1954 : Café chantant (Cafè Chantant) de Camillo Mastrocinque
1954 : Le Voleur (Hanno rubato un tram) d’Aldo Fabrizi
1955 : Accadde al penitenziario de Giorgio Bianchi
1955 : Carrousel des variétés (Carosello di varietà) d’Aldo Quinti et A. Bonaldi
1955 : Io piaccio de Giorgio Bianchi
1955 : I due Compari de Carlo Borghesio
1956 : Donatella (Donatella) de Mario Monicelli
1956 : I pappagalli de Bruno Paolinelli
1956 : Les Amours de Capri (Un po' di cielo) de Giorgio Moser
1956 : Guardia, guardia scelta, brigadiere e maresciallo, de Mauro Bolognini
1957 : Le Destin d’un Enfant (Il maestro) d’Aldo Fabrizi
1958 : Premier mai de Luis Saslavsky
1958 : I prepotenti de Mario Amendola
1959 : Les croulants terribles (Prepotenti più di prima) de Mario Mattoli
1959 : Ferdinand Ier roi de Naples (Ferdinando I re di Napoli) de Gianni Franciolini
1959 : Fripouillard et compagnie (I tartassati) de Steno
1959 : Un de la Réserve (Un militare e mezzo) de Steno
1960 : L’Ange pourpre (The Angel Wore Red) de Nunnally Johnson
1960 : Toto, Fabrizi et les jeunes d’aujourd’hui (Totò, Fabrizi e i giovani d’oggi) de Mario Mattoli
1960 : Fra' Manisco cerca guai d’Armando W. Tamburella
1961 : Gerarchi si muore de Giorgio Simonelli
1961 : Les Mille et Une Nuits (Le meraviglie di Aladino) de Mario Bava et Henry Levin
1962 : Twist, Lolitas et jeunes provinciaux (Twist, lolite e vitelloni) de Marino Girolami
1962 : I quattro monaci de Carlo Ludovico Bragaglia
1962 : Gli italiani e le donne (épisode Chi la fa, l'aspetti) de Marino Girolami
1963 : Le Jour le plus court (Il giorno più corto) de Sergio Corbucci
1963 : Toto contre les quatre (Totò contro i quattro) de Steno
1963 : Le Quatrième Mousquetaire (I quattro moschettieri) de Carlo Ludovico Bragaglia
1963 : I quattro tassisti, « L'uomo in bleu » de Giorgio Bianchi
1963 : Das Feuerschiff de Ladislao Vajda
1965 : À l’italienne (Made in Italy), « Il Lavoro » de Nanni Loy
1966 : Sette monaci d’oro de Marino Girolami
1967 : La Belle et le Serpent (Three Bites of the Apple) d’Alvin Ganzer
1970 : Le Vengeur de la Mafia (Cose di Cosa Nostra) de Steno
1973 : Une Tosca pas comme les autres (La Tosca) de Luigi Magni
1974 : Nous nous sommes tant aimés (C'eravamo tanto amati) d’Ettore Scola
1975 : I baroni de Giampaolo Lomi
1977 : Nerone de Mario Castellacci et Pier Francesco Pingitore
1977 : Le Gynécologue de ces dames (Il ginecologo della mutua) d’Aristide Massaccesi
1985 : Giovanni l’insouciant (Giovanni Senzapensieri) de Marco Colli


Filmographie d'Aldo FABRIZI
 
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