Maria DENIS
 Actrice italienne
Véritable icône du cinéma de l’Italie fasciste, Maria Denis, dont les personnages sont voués à une mort certaine ou à l’abandon de leur amoureux a fait couler beaucoup de larmes dans les chaumières transalpines.
María Esther Beomonte, connue sous le nom de scène María Denis voit le jour à Buenos Aires, le 22 novembre 1916. Née de parents italiens, elle passe son enfance en Argentine avant que sa famille ne s’installe en Italie en 1931. La jeune fille de seize ans est remarquée par Mario Camerini qui lui confie un petit rôle dans Les Hommes, quels mufles ! au côté d'un autre débutant, Vittorio De Sica.
Vedette aux côtés de Vittorio De Sica
La belle brune adopte le nom de Maria Denis et obtient le rôle principal de Treno popolare de Raffaello Matarazzo, comédie typique de la période des Téléphones blancs. La belle brune devient rapidement une grande vedette et enchaînent les succès avec Alessandro Blasetti (L’impiegata di papà, 1860, La Comtesse de Parme), Gennaro Righelli (Il signora desidera ?), Guido Brignone (Laurent de Médicis le bâtard de Florence), Amleto Palermi (Les deux Misanthropes) ou Mario Camerini (Il documento). D’allure altière, elle joue à la perfection les bourgeoises romaines et les femmes fatales. Elle est Conchita Alvarez qui côtoie le colonel Moscardo, phalangiste sauvé par les troupes de Franco dans Les Cadets de l’Alcazar d’Augusto Genina. Elle est vouée à l’abandon du bellâtre de service comme dans Adieu Jeunesse de Ferdinando Maria Poggioli où Adriano Rimoldi lui préfère Clara Calamai ou Maria dans L’Intruse de Mario Mattoli où Georges Rigaud l’abandonne pour Corinne Luchaire. Sa sœur Michela Beomonte tentera brièvement une carrière au cinéma sous le nom de Michela Belmonte.
Une liaison infamante
Alors qu’elle est l’une des plus grandes stars du régime fasciste, Maria Denis devient la maîtresse du chef de la police romaine nazie Pietro Koch. Très proche de Luchino Visconti dont elle est amoureuse sans espoir, Maria Denis lui sauvera la vie durant la République de Salò lorsque le cinéaste est arrêté en lui fournissant de l’argent et des papiers. Elle joue de sa liaison avec Koch pour permettre la libération d’anti-fascistes car cet homme d’une cruauté sans égale, même redouté par le Duce, était fou amoureux de sa vedette et ne pouvait rien lui refuser. Si ces actions plaideront en sa faveur au moment de la Libération, le doute demeurera quant à son action véritable pendant la guerre. Ses derniers films pendant l’Occupation n’ont plus de contenu idéologique et surfent sur la vague du mélodrame classique comme Oui Madame ou Les Deux Orphelines.
La disgrâce
Maria Denis est arrêtée en 1946 et internée pendant 14 jours à la Questure de Rome pour faits de collaboration. Visconti lui fournit un avocat de renom mais refuse de témoigner en sa faveur. Libérée faute de preuves suffisantes, l'actrice est cependant brisée. Pietro Koch sera arrêté et fusillé à la libération en 1945. Son exécution sera filmée par Luchino Visconti. Elle tourne encore quelques films avec des réalisateurs français comme Marcel L’Herbier (La Vie de Bohème) ou Marcel Cravenne (Danse de Mort), des espagnols comme Edgar Neville (Nada) ou Antonio del Amo (Quatre Femmes), voire anglais comme Peter Ustinov et Michael Anderson (Private Angelo).
Une vie mondaine
Maria Denis se retire du métier pour se consacrer à sa famille et à la poésie dans sa superbe villa de la Via Appia à Rome. Elle devient une décoratrice d’intérieur très prisée de la jet-set de la capitale italienne. Elle revient devant les écrans en 1953 pour un sketch de Quelques Pas dans la Vie de son ami Alessandro Blasetti avec Alberto Sordi. Elle publie son autobiographie en 1995 et revient sur son amitié avec Luchino Visconti en écrivant : «Visconti ne fit jamais la moindre allusion au fait que je lui aie sauvé la vie. Son ingratitude fut ma déception la plus grande.» Malgré les sollicitations pour son retour, elle ne fera plus aucune apparition et refusera d’apparaître dans le documentaire que Gianfranco Mingozzi souhaite lui consacrer. Elle meurt à Rome, le 15 avril 2004 à l’âge de 87 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Ferdinando
Maria Poggioli
1932 : Les Hommes, quels Mufles ! (Gli uomini, che mascalzoni...) de Mario Camerini
1932 : La Fille du Téléphone (La telefonista) de Nunzio Malasomma
1933 : Créature de la Nuit (Creature della notte) d’Amleto Palermi
1933 : Treno popolare de Raffaello Matarazzo
1933 : On n’a pas besoin d’argent (Non c'è bisogno di denaro) d’Amleto Palermi
1933 : Villafranca de Giovacchino Forzano
1933 : Piccola mia d’Eugenio De Liguoro
1933 : L'impiegata di papà d’Alessandro Blasetti
1933 : La Nuit imprévue (Il signore desidera?) de Gennaro Righelli
1934 : 1860 (Sicilia 1860) d’Alessandro Blasetti
1934 : Il paraninfo d’Amleto Palermi
1934 : Seconda B de Goffredo Alessandrini
1935 : La mia vita sei tu de Pietro Francisci
1935 : Il re Burlone d’Enrico Guazzoni
1935 : Le Bâtard de Florence (Lorenzino de' Medici) de Guido Brignone
1935 : Fiat voluntas Dei d’Amleto Palermi
1936 : Re di denari d’Enrico Guazzoni
1936 : Joe il rosso de Raffaello Matarazzo
1936 : Ballerine (Ballerine) de Gustav Machatý
1937 : La Comtesse de Parme (La Contessa di Parma) d’Alessandro Blasetti
1937 : Napoli d'altri tempi d’Amleto Palermi
1937 : Les deux Misanthropes (I due misantropi) d’Amleto Palermi
1937 : Lasciate ogni speranza de Gennaro Righelli
1938 : On a kidnappé un Homme (Hanno rapito un uomo) de Gennaro Righelli
1938 : Le due madri d’Amleto Palermi
1938 : Partir (Partire) d’Amleto Palermi
1938 : L'ultima nemica d’Umberto Barbaro
1939 : Belle o brutte si sposan tutte... de Carlo Ludovico Bragaglia
1939 : Le Document fatal (Il documento) de Mario Camerini
1939 : Chi sei tu? de Gino Valori
1940 : Fortuna (Lluvia de millones) de Max Neufeld
1940 : Les Cadets de l'Alcazar (L'Assedio dell'Alcazar) d’Augusto Genina
1940 : Pazza di gioia de Carlo Ludovico Bragaglia
1940 : Adieu Jeunesse ! (Addio giovinezza!) de Ferdinando Maria Poggioli
1940 : L'Intruse (Abbandono) de Mario Mattoli
1941 : La compagnia della teppa de Corrado D'Errico
1941 : L’Amour chante (L'amore canta) de Ferdinando Maria Poggioli
1942 : Oui madame (Sissignora) de Ferdinando Maria Poggioli
1942 : I sette peccati de László Kiss
1942 : Les deux Orphelines (Le due orfanelle) de Carmine Gallone
1942 : La maestrina de Giorgio Bianchi
1943 : Canal Grande d’Andrea Di Robilant
1945 : La Vie de Bohème de Marcel L'Herbier
1945 : Sept femmes, sept destins (Nessuno torna indietro) d'Alessandro Blasetti
1946 : Malia de Giuseppe Amato
1947 : Les Hommes perdus (Cronaca nera) de Giorgio Bianchi
1947 : Danse de Mort (La prigioniera dell'isola) de Marcel Cravenne
1947 : Quatre Femmes (Cuatro mujeres) d’Antonio Del Amo Algara
1948 : Private Angelo de Peter Ustinov et Michael Anderson
1948 : Voragine (Nada) d’Edgar Neville
1949 : La fiamma che non si spegne de Vittorio Cottafavi
1954 : Quelques Pas dans la Vie (Tempi nostri) d’Alessandro Blasetti


Filmographie de Maria DENIS
 
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