Valentina CORTESE
 Actrice italienne
Née d’une relation illégitime, Valentina Elena Cortese (Cortese étant le nom de sa mère) voit le jour le premier janvier 1923 à Milan. Confiée à mamma Rina, sa nourrice, et à papa Giovanni, elle grandit près de Crémone. À l’âge de sept ans, son grand-père ayant découvert son existence, l’amena dans la famille maternelle à Turin et la confia à Elena, sa grand-mère. Ce n’est que bien plus tard que Valentina apprendra que son père est le comte Napoleon Rossi di Coenzo et sa mère une pianiste de concert.
La petite Valentina rêve de planches, de tirades et de déguisements. À seize ans, elle quitte la Lombardie pour Rome, afin de s’intégrer le plus rapidement possible dans la vie artistique. Trop jeune pour être admise à l’Académie d’Art Dramatique, elle est provisoirement accueillie à l’École de diction de la Scalera Films dirigée entre autres par Guido Salvani qui lui confie son premier rôle certes court, dans L’orizzonte di pinto. Sans attendre, elle enchaîne avec Le grand homme de Venise, un film de cape et d’épée auprès de Rossano Brazzi. En parfaite ingénue, blonde et diaphane, elle est séduite et abandonnée par le fougueux Amedeo Nazzari dans La Farce tragique d’Alessandro Blasetti et tourne seize films, en priorité des mélodrames larmoyants, très prisés par le pouvoir mais tombés rapidement dans l’oubli.
En route vers Hollywood
La guerre achevée, Valentina Cortese, lassée des rôles de pleurnicheuse, tourne son talent et son énergie vers le théâtre. Elle s’y montre dans des pièces comme Mademoiselle de Jacques Deval, Les mal-aimés de François Mauriac ou Strange interlude d’Eugène O’Neill. Elle revient prudemment vers le septième art dans La nuit porte conseil, en péripatéticienne auprès de Vittorio De Sica, Le Juif errant avec Vittorio Gassman, L’Évadé du bagne, version italienne des Misérables où elle est Fantine puis Cosette, Le Rouge et le noir où elle incarne une héroïne stendhalienne naïve et bafouée, Cagliostro en impétueuse bohémienne, Dans l’Ombre de l’Aigle où est la rivale de Catherine II de Russie, Femmes sans nom en jeune Yougoslave enceinte derrière les barbelés d’un camp italien et La montagne de verre en paysanne des Dolomites sauvant un pilote de la RAF. Darryl F. Zanuck l’invite à Hollywood où elle tourne Les bas-fonds de Frisco de Jules Dassin, Malaya auprès de Spencer Tracy et James Stewart et surtout La Maison sur la Colline, où elle a le coup de foudre pour son partenaire Richard Basehart. Richard et Valentina, radieux, prennent le premier avion pour Londres où ils se marient le 24 mars 1951. Elle revient à Santa Monica pour mettre au monde Jack en 1952. Ils resteront unis jusqu’en 1971.
Le retour de la diva
Mécontente d’un Hollywood trop éloigné de son rêve américain, affirmant sans doute une personnalité un peu trop affranchie (elle jette un verre de whisky à la figure de Zanuck), l’actrice retrouve sa mère patrie. Joseph L. Mankiewicz l’invite à le rejoindre à Cinecittà pour compléter l’éclatante distribution de La comtesse aux pieds nus en sœur et confidente de Rossano Brazzi. D’autres films suivent. On la retrouve céramiste de talent dans Femmes entre elles de Michelangelo Antonioni, qui lui offre là un des meilleurs rôles de sa carrière, Barabbas tout en élégance, Le livre de San Michele avec O.W. Fischer, et La Rancune où elle incarne la grande tragédienne Eleonora Duse. Dans Juliette des esprits elle plonge dans les visions oniriques féminines de Federico Fellini. Valentina multiplie les rôles de fofolles comme dans Les caprices de Marie. Elle est l’épouse du révolutionnaire dans L’assassinat de Trotsky. Enfin, avec La nuit américaine François Truffaut lui cisèle la plus belle composition de sa carrière, celle d’une diva italienne dépressive et confrontée à des problèmes de mémoire et d’alcoolisme.
La Cortese
Valentina démonte tout son talent de tragédienne au théâtre sous la direction de Giorgio Strehler. Elle joue Tchekhov, Shakespeare, Goldoni, Pirandello, Pinder, Brecht. Sa rencontre avec Franco Zeffirelli est tout aussi bénéfique. Il la dirige dans Jésus de Nazareth jusqu’à son dernier film Mémoire d’un sourire. Le reste du temps, elle paufine son personnage de diva excentrique dans Le grand Escogriffe avec Yves Montand ou Les aventures du Baron Munchausen. Elle annonce l’arrêt de sa carrière, se remarie avec un industriel pharmaceutique Carlo De Angeli, son ultime coup de cœur. En 2012, elle publie son autobiographie Quanti sono i domani passati. Si elle avoue partager des moments de sa vie avec ses amis et ses admirateurs, elle reconnaît en conserver certains, plus intimes, qu’elle tient à protéger. Qu’il en soit fait selon ses voeux. Inconsolable après la perte de son fils Jackie en 2015, elle cesse toute apparition publique. Malade depuis un certain temps, Valentina Cortese décède à son domicile de Milan le 10 juillet 2019 à l'âge respectable de 96 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec François Truffaut
1940 : L’Orizzonte dipinto de Guido Salvini
1940 : L’acteur disparu (L’attore scomparso) de Luigi Zampa
1941 : Le grand homme de Venise (Il bravo di Venezia) de Carlo Campogalliani
1941 : Le premier Amour (Primo amore) de Carmine Gallone
1941 : La farce tragique (La cena delle beffe) d’Alessandro Blasetti
1941 : La dame de l’Ouest (Signora dell’ovest) de Carl Koch
1941 : La Reine de Navarre (Le regina di Navarra) de Carmine Gallone
1942 : Seulement un baiser (Soltanto un bacio) de Giorgio Simonelli
1942 : Horizon de Sang (Orizzonte di sangue) de Gennaro Righelli
1942 : Quarta pagina de Nicola Manzari
1942 : La folle journée (Giorni felici) de Gianni Franciolini
1943 : La carica degli eroi d’Oreste Biancoli & Anton Giulio Majano
1943 : Quattro ragazze sognano de Guglielmo Giannini
1943 : Chi l’ha visto ? de Goffredo Alessandrini
1944 : On ne peut pas revenir en arrière (nessumo torna in dietro) d’A Blasetti
1945 : I dieci comandamenti (Non nominare il nome di Dio invano) de Giorgio Walter Chili
1945 : La nuit porte conseil (Roma città libera) de Marcello Pagliero
1946 : Un Américain en vacances (Un Americano in vacanza) de Luigi Zampa
1947 : Brigand par Amour (Il passatore) de Duilio Coletti
1947 : Le rouge et le noir (Il corriere del Re) de Gennaro Righelli
1947 : L’évadé du bagne (I Miserabili) de Riccardo Freda
1947 : Le juif errant (L’ebreo errante) de Goffredo Alessandrini
1947 : Le carrefour des passions (Gli uomini somo nemici) d’Ettore Giannini
1948 : La montagne de verre (The Glass Mountain) d’Henry Cass
1948 : Cagliostro (Black Magic) de Gregory Ratoff
1949 : Les bas-fonds de Frisco (Thieve’s Highway) de Jules Dassin
1949 : Malaya (Malaya) de Richard Thorpe
1949 : Femmes sans nom (Donne senza nome) de Géza von Radványi
1950 : À l’ombre de l’aigle (Shadow of the Eagle) de Sidney Salkow
1950 : La rivale de l’impératrice (La rivale dell’Imperatrice) de Sidney Salkow
1950 : La maison sur la colline (The House of Telegraph Hill) de Robert Wise
1951 : The secret people de Thorold Dickinson
1952 : La Passagère (La Passeggiata) de Renato Rascel
1952 : Lulù de Fernando Cerchio
1953 : Femmes damnées (Donne proibite) de Giuseppe Amato
1953 : Le Mariage (Il matrimonio) d’Antonio Petrucci
1954 : Repris de justice (Avanzi di galera) de Vittorio Cottafavi
1954 : La Comtesse aux pieds nus (The Barefoot Contessa) de Joseph L. Mankiewicz
1954 : Il conte Aquila de Guido Salvini
1954 : Wagner et les femmes (Magic Fire) de William Dieterle
1955 : Adrienne Lecouvreur (Adriana Lecouvreur) de Guido Salvini
1955 : Femmes entre elles (Le amiche) de Michelangelo Antonioni
1955 : Faccia da mascalzone de Raffaelle Andreassi & Lance Comfort
1956 : Kean (Kean, genio e sregolatezza) de Vittorio Gassman
1956 : Calabuig (Calabuch) de Luis García Berlanga
1956 : Oublié mon passé (Río Guadalquivir) de Primo Zeglio & Eduardo Manzanos Brochero
1957 : Amore e prima vista de Franco Rossi
1958 : Amour et ennuis (Amore e guai) d’Angelo Dorigo
1960 : La Nuit des otages (Square of violence) de Leonardo Bercovici
1961 : Barabbas (Barabba) de Richard Fleischer
1962 : L’odyssée du docteur Munthe (Axel Munthe) de Rudolf Jugert
1962 : La fille qui en savait trop (La ragazza che sapeva troppo) de Mario Bava
1963 : La Rancune (The Visit) de Bernhard Wicki
1965 : La Donna del lago de Luigi Bazzoni & Franco Rossellini
1965 : Juliette des esprits (Giulietta degli spiriti) de Federico Fellini
1966 : Soleil noir de Denys de La Patellière
1967 : Et si l’on faisait l’amour ? (Scusi, facciamo l’amore ?) de Vittorio Caprioli
1968 : Le démon des femmes (The legend of Lylah Clare) de Robert Aldrich
1969 : Toh, è morta la nonna ! de Mario Monicelli
1969 : Les caprices de Marie de Philippe de Broca
1969 : Madly de Roger Kahane
1970 : Premier amour (Erste liebe) de Maximilian Schell
1970 : Le Bateau sur l’herbe de Gérard Brach
1971 : L’iguane à la langue de feu (L’iguana dalla lingua di fuoco) de Riccardo Freda
1971 : François et le chemin du soleil (Brother Sun, Sister Moon) de Franco Zeffirelli
1971 : Chronique d’un homicide (Imputazione di un omicidio per uno studente) de M Bolognini
1971 : L’assassinat de Trotsky (The Assassination of Trotsky) de Joseph Losey
1973 : La Nuit américaine de François Truffaut
1973 : Les Passionnés (Appassionata) de Gianluigi Calderone
1973 : Amore mio non farmi male de Vittorio Sindoni
1973 : Tendre Dracula (Tender Dracula) de Pierre Grustein
1974 : Colère noire (La città sconvolta : Caccia spetata ai rapitori) de Fernando Di Leo
1974 : Il bacio de Mario Lanfranchi
1974 : Gli amici di Nick Hazard de Fernando Di Leo
1975 : Il cav. Costante Nicosia demoniaco ovvero Dracula in Brianza de Lucio Fulci
1975 : Son tornate a fiorire le rose de Vittorio Sindoni
1976 : Le grand escogriffe de Claude Pinoteau
1976 : Jésus de Nazareth (Gesù di Nazareth) de Franco Zeffirelli
1977 : Widow’s nest / Nido de viudas de Tony Navarro
1978 : Tanto va la gatta al lardo… de Marco Aleandri
1978 : Les Vierges damnées (Un ombra nell’ombra) de Pier Carpi
1979 : Le jour de la fin du monde (The Day the world ended) de James Goldstone
1981 : La Ferdinanda (La Ferdinanda : Sonate für eine Medici-Villa) de Rebecca Horn
1986 : Monte Napoleone de Carlo Vanzina
1987 : Tango blu d’Alberto Bevilacqua
1987 : Toscanini (Il giovane Toscanini) de Franco Zeffirelli
1988 : Les Aventures du baron Münchaüsen (Baron Munchausen) de Terry Gilliam
1989 : Buster’s Bedroom de Rebecca Horn
1992 : Mémoire d’un sourire (Storia di una capinera) de Franco Zeffirelli


Filmographie de Valentina CORTESE
 
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