Laura BETTI
 Actrice italienne
Le dramaturge italien Tullio Kezich a écrit à son sujet après sa prestation dans le récital Tour à vide en 1960 : « Voilà Laura Betti, frivole, effrontée, intellectuelle, nymphe égérie des écrivains, amante indiscrète d'hommes fabuleux… Laura parlant au téléphone en italien, français, anglais, bolonais avec, ici et là, une incursion dans le romanesco canaille de son ami Pasolini. » Diva immuable du cinéma italien intello, Laura Betti n’aura eu de cesse de brouiller les pistes.
Laura Betti de son vrai nom Laura Trombetti voit le jour le 1er mai 1927 à Casalecchio di Reno d’un avocat Ettore Trombetti. Elle fait ses débuts dans le monde du spectacle comme chanteuse de jazz et pour une incursion brève comme chanteuse de cabaret en 1954, en partageant l'affiche avec Walter Chiari. L’année suivante, elle débute au théâtre dans Les Sorcières de Salem d'Arthur Miller, mis en scène par Luchino Visconti. Elle poursuit son parcours scénique avec Le Cid de Corneille aux côtés d'Enrico Maria Salerno et dans Les Sept Péchés capitaux de Bertolt Brecht et Kurt Weill.
Début comme chanteuse
Pour un récital de chansons en 1960, Laura Betti s’attache la collaboration des plus grands talents littéraires de l'époque tels que Mario Soldati, Alberto Moravia et Pier Paolo Pasolini. Le récital, intitulé Tour à vide fait l'objet d'une tournée débutée au Teatro Gerolamo de Milan qui la conduira à Paris. Après sa première expérience d'actrice en 1956 dans Ces sacrés étudiants de Luigi Filippo D'Amico, elle obtient ses premiers rôles importants dans Les Fausses Ingénues de Giuseppe Bennati, Les Évadés de la nuit de Roberto Rossellini et surtout dans La dolce vita de Federico Fellini, où elle joue le rôle de Laura, une jeune femme qui se fait jeter un verre d'eau au visage par Marcello dans la scène finale de la fête.
L'égérie de Pier Paolo Pasolini
Sa carrière cinématographique prend un tournant lorsqu'elle rencontre Pier Paolo Pasolini, qui la dirige dans La ricotta, un sketch du film RoGoPaG avec Orson Welles puis dans la pièce Orgia. Laura Betti remporte la Coupe Volpi à la Mostra de Venise pour sa performance dans Theorème dans le rôle de la servante Emilia. Toujours sous la direction de Pasolini, elle incarne la Bourgeoise de Bath dans un des Contes de Canterbury, la bonne de Jocaste dans Œdipe roi, Desdemone dans le sketch Caprice à l’italienne avec Totò. Cataloguée comme actrice érotico-intellectuelle, elle est dirigée par Marco Bellocchio dans Viol en première page et Au Nom du Père, les frères Taviani dans Allonsanfan, Juan Luis Buñuel dans La Femme aux bottes rouges, Mauro Bolognini dans La grande Bourgeoise et Bernardo Bertolucci dans 1900 où elle est Regina, la cousine sadique d'Alfredo (Robert De Niro). Elle joue également Miss Blandish auprès de Marlon Brando dans Le Dernier Tango à Paris mais la scène a été coupée au montage.
Dans des films d'épouvante de Mario Bava
Après plusieurs films d'auteurs, Laura Betti aborde le film de genre, comme les gialli Une hache pour la lune de miel et La Baie sanglante de Mario Bava. L’actrice a commenté : « En Italie, on m'a toujours considérée comme une actrice intellectuelle. Bava, à mon avis, était un réalisateur fantastique, mais il était aussi le contraire, disons, d'un cinéaste intellectuel. Après ma victoire à Venise, j'ai appelé Bava et lui ai dit : "Le voici, mon Oscar, mon prix, et maintenant je veux tourner quelque chose avec vous !". C'était le début de notre amitié. ».
Une galerie de femmes maléfiques
À partir des années 1970, au fur et à mesure que son physique devient enveloppé et sa voix de plus en plus grave, elle se spécialise dans l'interprétation de personnages négatifs, le plus souvent dans des rôles de caractère qui finissent par voler la vedette aux protagonistes grâce à un tempérament sanguin. C’est le cas de Vices privés, vertus publiques de Miklós Jancsó, Voyage avec Anita de Mario Monicelli ou le téléfilm Il piccolo Archimede de Gianni Amelio. Dans la décennie suivante, elle s’empare de rôles désagréables, comme dans La Grande Citrouille et Les Yeux fermés de Francesca Archibugi, et Un héros ordinaire de Michele Placido. Parfaitement polylingue, Laura Betti tourne de nombreux films français chez Jacques Deray (Le Gang, Un papillon sur l’épaule), André Téchiné (Paulina s’en va), Agnès Varda (Jane B. par Agnès V.), Jean-Claude Biette (Le Champignon des Carpathes) ou Catherine Breillat (À ma sœur ! où elle apparaît obèse).
La mémoire de Pasolini
La riche filmographie de Laura Betti comprend presque exclusivement des films artistiquement exigeants et souvent importants. Elle a poursuivi sa carrière sur scène, mais de manière nettement moins intensive que pour le grand écran. Très occasionnellement, elle a travaillé pour la télévision et comme comédienne de doublage. Dans un de ses derniers rôles, elle campe une religieuse dans film La Felicita, le bonheur ne coûte rien de Mimmo Calopresti. À partir de 1983, elle est la créatrice et la directrice du Fonds Pier Paolo Pasolini qu’elle dirige pendant plus de vingt ans. En 2002 sort le film documentaire Pier Paolo Pasolini et la Raison d'un rêve, qu'elle coréalise avec Paolo Costella. Laura Betti est décédée le 31 juillet 2004 à l’âge de 77 ans. Depuis novembre 2015, le théâtre municipal de Casalecchio di Reno, sa ville natale porte son nom.


FILMOGRAPHIE :

Avec Pier Paolo
Pasolini
1957 : Ces sacrés étudiants (Noi siamo le colonne) de Luigi Filippo D'Amico
1959 : La Dolce Vita (La dolce vita) de Federico Fellini
1960 : Tout est à refaire, pauvre homme (Tutto da rifare pover'uomo) d’Eros Macchi (tv)
1960 : Les Fausses Ingénues (Labbra rosse) de Giuseppe Bennati
1960 : Les Évadés de la nuit (Era notte a Roma) de Roberto Rossellini
1963 : RoGoPaG, « La ricotta » de Pier Paolo Pasolini
1967 : Œdipe roi (Edipo re) de Pier Paolo Pasolini
1968 : Théorème (Teorema) de Pier Paolo Pasolini
1968 : Caprice à l'italienne (Capriccio all’italiana), « Che cosa sono le nuvole? » de P P Pasolini
1970 : Une hache pour la lune de miel (Il rosso segno della follia) de Mario Bava
1970 : Un homme nommé Sledge (Sledge) de Vic Morrow
1970 : Fermate il mondo... voglio scendere! de Giancarlo Cobelli
1971 : La Baie sanglante (Reazione a catena) de Mario Bava
1972 : Les Contes de Canterbury (I racconti di Canterbury) de Pier Paolo Pasolini
1972 : Viol en première page (Sbatti il mostro in prima pagina) de Marco Bellocchio
1972 : Au nom du père (Nel nome del padre) de Marco Bellocchio
1972 : Far West Story (La banda J. & S. - Cronaca criminale del Far West) de Sergio Corbucci
1973 : Retour (Ritorno) de Gianni Amico (tv)
1973 : Allonsanfan (Allonsanfàn) des Frères Taviani
1973 : La Tour du désespoir (Sepolta viva) d'Aldo Lado
1974 : La Femme aux bottes rouges de Juan Luis Buñuel
1974 : La Grande Bourgeoise (Fatti di gente perbene) de Mauro Bolognini
1974 : La Cousine (La cugina) d'Aldo Lado
1975 : Paulina s'en va d’André Téchiné
1975 : L'ultimo giorno di scuola prima delle vacanze di Natale de Gian Vittorio Baldi
1976 : Le Héros (L’eroe) de Manuel De Sica (tv)
1976 : 1900 (Novecento) de Bernardo Bertolucci
1976 : Le Gang de Jacques Deray
1976 : Vices privés, vertus publiques (Vizi privati, pubbliche virtù) de Miklós Jancsó
1977 : La nuit, tous les chats sont gris de Gérard Zingg
1978 : Un papillon sur l'épaule de Jacques Deray
1978 : The Word (The Word) de Richard Lang (tv)
1979 : Le petit Archimede (Il piccolo Archimede) de Gianni Amelio
1979 : La Luna (La luna) de Bernardo Bertolucci
1979 : Voyage avec Anita (Viaggio con Anita) de Mario Monicelli
1979 : Chambre simple (Einzelzimmer) de Wolfgang Panzer
1980 : Un Mariage en Province (Un matrimonio in provincia) de Gianni Bongioanni (tv)
1981 : Les Ailes de la Colombe (Le ali della colomba) de Gianluigi Calderone (tv)
1981 : La Chartreuse de Parme (La Certosa di Parma) de Mauro Bolognini (tv)
1982 : Le Voyage à Goldonia (Viaggio a Goldonia) d’Ugo Gregoretti (tv)
1982 : La Nuit de Varennes (Il mondo nuovo) d'Ettore Scola
1982 : Loin de Manhattan de Jean-Claude Biette
1983 : Retenez-moi... ou je fais un malheur ! de Michel Gérard
1983 : Rue Pia (Strada Pia) de Georg Brintrup (tv)
1983 : L'Art d'aimer (Ars amandi) de Walerian Borowczyk
1984 : Amerika, rapports de classe (Klassenverhältnisse) de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet
1985 : Tutta colpa del paradiso de Francesco Nuti
1985 : La Chambre d'ami de Caroline Huppert (tv)
1985 : Mamma Ebe (Mamma Ebe) de Carlo Lizzani
1986 : Corps et biens de Benoît Jacquot
1987 : Caramel d’un inconnu (Caramelle da uno sconosciuto) de Franco Ferrini
1987 : Noyade interdite de Pierre Granier-Deferre
1987 : Jenatsch de Daniel Schmid
1987 : Jane B. par Agnès V. d’Agnès Varda
1988 : I cammelli de Giuseppe Bertolucci
1989 : Le rose blu d’Anna Gasco, Tiziana Pellerano et Emanuela Piovano
1989 : Le Champignon des Carpathes de Jean-Claude Biette
1990 : Heidi, le Sentier du courage (Courage Mountain) de Christopher Leitch
1990 : Dames galantes de Jean-Charles Tacchella
1991 : Signe de feu (Segno di fuoco) de Nino Bizzarri
1991 : Chaleur suffocante (Caldo soffocante) de Giovanna Gagliardo
1991 : Bonjour la Galère, « Les Enfants d'abord » de Caroline Huppert (tv)
1993 : La Grande Citrouille (Il grande cocomero) de Francesca Archibugi
1993 : La Rebelle (La ribelle) d’Aurelio Grimaldi
1993 : Mario, Maria et Mario (Mario, Maria e Mario) d'Ettore Scola
1994 : Les Yeux fermés (Con gli occhi chiusi) de Francesca Archibugi
1995 : Un héros ordinaire (Un eroe borghese) de Michele Placido
1995 : La Vie silencieuse de Marianna Ucria (Marianna Ucrìa) de Roberto Faenza
1996 : Un air si pur... d’Yves Angelo
1996 : Les Mages errants (I magi randagi) de Sergio Citti
1998 : La vie ne me fait pas peur de Noémie Lvovsky
1999 : Les Protagonistes (The Protagonists) de Luca Guadagnino
1999 : E insieme vivremo tutte le stagioni de Gianni Minello
2001 : À ma sœur ! de Catherine Breillat
2002 : Le Journal de Mathilde Manzoni (Il diario di Matilde Manzoni) de Lino Capolicchio
2002 : Les Astronomes (Gli astronomi) de Diego Ronsisvalle
2003 : La Felicita, le bonheur ne coûte rien (La felicità non costa niente) de Mimmo Calopresti
2003 : Le Carnet de Courses (Il quaderno della spesa) de Tonino Cervi
2004 : Fratella e sorello de Sergio Citti
2004 : Raul - Diritto di uccidere d’Andrea Bolognini


Filmographie de Laura BETTI
 
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