Nikolaï TCHERKASSOV
 Acteur soviétique
Nikolaï Tcherkassov, immense acteur soviétique, par le talent comme par la taille, aurait eu tort de ne pas se lancer dans un métier du spectacle. Car, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il avait un physique ! Véritable force de la nature, le visage marqué très jeune et une voix de baryton, il était assurément fait pour ça.
Nikolai Konstantinovitch Tcherkassov voit le jour à Saint-Pétersbourg, le 27 juillet 1903 d’un père employé des chemins de fer. Il se passionne très tôt pour le théâtre lyrique, la danse acrobatique, la pantomime, le music-hall et finalement pour le cinéma, qu’il pratique dès 1927. Mobilisé à l’âge de 16 ans pour participer à des travaux de défense de sa ville natale rebaptisée Petrograd, il s’inscrit quelques mois plus tard en médecine à l’Académie militaire. Parallèlement, il suit les cours de mime au théâtre Marie, ancêtre du théâtre Kirov. À partir de 1919, il suit des cours à l’Institut des Arts scéniques dont il devient diplômé en 1926. Acteur au théâtre Tiouz de Leningrad, troisième nom de sa ville natale, il fait du music-hall à Moscou et à Leningrad.
Plus grand que nature
Nikolaï arrive donc pour la première fois devant une caméra pour Le Poète et le Tsar de Vladimir Gardine avec un impressionnant bagage d’expériences aussi diverses qu’enrichissantes et on comprend pourquoi le succès ne tarde pas à arriver. À peine dix ans plus tard, le monde entier applaudit son admirable composition dans Le Député de la Baltique où il incarne Poléjaiev, un vieux professeur de soixante-dix ans, alors qu’il a seulement la trentaine ! Il démontre alors qu’il n’est pas seulement un acteur de comédie mais qu’il dispose de larges possibilités d’interprétation. Sa composition du rôle de Pierre le Grand dans le film de Vladimir Petrov est remarquable. En 1936, Eisenstein lui confie le rôle d’Alexandre Nevski, défenseur légendaire de la patrie dans une fresque grandiose. Nikolai rencontre pendant l’été 1929 la jeune actrice Nina Nikolaev-na Weitbrecht qu’il épouse l’année suivante. Le couple a une fille née en 1931 et après une autre fille mort-née en 1939, la famille s’agrandit avec un garçon Andrei en 1941. Leur fille aînée meurt dans le blocus de Léningrad en 1942. Bien qu’il poursuive une carrière théâtrale en parallèle, l’acteur n’en demeure pas moins très actif au cinéma. Les plus grands réalisateurs soviétiques font appel à lui, le plus souvent pour jouer d’importants personnages historiques, comme Maxime Gorki dans Lénine en 1918 de Mikhail Romm, des chirurgiens célèbres dans Pirogov de Grigori Kozintsev ou Au Nom de la Vie d’Iossif Kheifits et Alexandre Zarkhi.
Nikolai le terrible
Sergei M. Eisenstein lui confie le rôle titre d’Ivan le Terrible qui lui donne l’occasion de mettre en valeur l’incroyable générosité de son jeu en incarnant le tsar de ses 17 ans jusqu’à l’âge de 53 ans. Si par son regard perçant et sa voix sonore, il sait si bien traduire l’autorité du tsar, par le même regard devenu inquiet et interrogateur et par sa voix devenue hésitante, Nikolai Tcherkassov sait communiquer toute sa dimension spirituelle et son angoisse devant la solitude. Nikolai est proclamé Artiste du peuple de l’URSS en 1947. Il met pourtant fin à ses activités artistiques en 1957 après le puissant Don Quichotte de Grigori Kozintsev pour se consacrer totalement à la politique. Une autre forme de spectacle qu’il avait déjà pratiquée vingt ans plus tôt en devenant député au Soviet suprême à quatre reprises entre 1950 et 1958. Il publie en 1952 des Notes de l’acteur soviétique. L’acteur réapparaît épisodiquement dans les années soixante en incarnant l’académicien Dronov en médecin condamné qui ira jusqu’au bout de ses forces pour créer un moteur révolutionnaire dans Tout reste aux hommes qui lui vaut le prix Lénine en 1964, ainsi qu’un rôle secondaire dans la biographie du danseur Marius Petipa dans La Nuit des Adieux de Jean Dréville. Mais sa santé se détériore. Il effectue un dernier voyage à Londres et doit être hospitalisé en août 1966. Nikolai Tcherkassov succombe à une attaque cardiaque à Moscou, le 14 septembre 1966. Inhumé dans le cimetière Alexandre Nevski à Saint-Petersbourg, son monument funéraire, statue monumentale, le représente assis dans la posture d’Ivan le Terrible.


FILMOGRAPHIE :

Avec Serguei M. Eisenstein
1927 : Le Poète et le tsar (Poet i tsar) de Vladimir Gardine
1927 : Son Excellence (Yego prevoskhoditelstvo) de Grigori Rochal
1928 : Frère (Rodnoy brat) de Gueorgui Kroll
1928 : La Lune à gauche (Luna sleva) d’Alexandre Ivanov
1928 : L’enfant d’un autre (Moy syn) d’Evgueni Tcherviakov
1930 : Les Cavaliers du vent (Vsadniki vetra) de V. Zhemchoujnikov
1932 : Vstrechnyi de Fridrikh Ermler et Serge Youtkevich
1932 : Le Bonheur (Schaste) d’Alexandre Medvedkine
1934 : Est-ce que je t’aime ? (Lyublyu li tebya ?) de Sergueï Guerassimov
1934 : Naslednyy prints respubliki d’Eduard Ioganson
1934 : Qui est ton ami ? (Kto tvoy drug) de Mikhail Averbakh
1935 : Chaudes journées (Goryachie denyochki) de Iossif Kheifits, Alexandre Zarkhi
1935 : La Frontière (Granitsa) de Mikhail Dubson
1935 : Le Mariage de Jan Knukke (Zhenitba zhana Knukke) d’Alexandre Ivanov
1935 : Les Amies (Podrugi) de Leo Arnchtam
1936 : Le Député de la Baltique (Deputat Baltiki) d’Iossif Kheifits , Alexandre Zarkhi
1936 : Les Enfants du capitaine Grant (Deti kapitana Granta) de Vladimir Vainstock
1937 : L'Ile au trésor (Ostrov sokrovitch) de Vladimir Vainstock
1937 : Pierre le Grand (Pyotr pervyy) de Vladimir Petrov en deux parties
1937 : Pour la mère patrie (Za sovetskuyu rodinu) de Rafail et Youri Muzykant
1938 : Alexandre Nevski (Aleksandr Nevskiy) de Sergueï Eisenstein
1938 : L'Homme au fusil (Chelovyek s ruzhyem) de Sergueï Youtkevitch
1939 : Les Amis (Druzya) de Lev Arnchtam
1939 : Lénine en 1918 (Lenin v 1918 godu) de Mikhaïl Romm
1940 : Concert sur écran (Contsert na ekrane) de Semion Timochenko
1941 : Oborona Tsaritsyna de Sergey et Georgi Vasiliev
1942 : On l’appelle Soukhe-Bator (Yego zovut Sukhe-Bator) d’Iossif Kheifits, Alexandre Zarkhi
1943 : Soixante jours (Shestdesyat dney) de Mikhail Shapiro
1944 : Ivan le Terrible (Ivan Groznyy) de Sergueï Eisenstein (en deux parties)
1946 : Au nom de la vie (Vo imya zhizni) d’Iossif Kheifits, Alexandre Zarkhi
1947 : Le Printemps (Vesna) de Grigori Alexandrov
1947 : Novyy dom de Vladimir Korsh
1947 : Pirogov (Pirogov) de Grigori Kozintsev
1949 : Aleksandr Popov (Aleksandr Popov) de Viktor Eissymont et Gerbert Rappaport
1949 : Bon voyage (Schastlivogo plavaniya !) de Nikolaï Lebedev
1949 : La Bataille de Stalingrad (Stalingradskaya bitva) de Vladimir Petrov
1949 : L'Académicien Pavlov (Akademik Ivan Pavlov) de Grigori Rochal
1950 : Moussorgski (Musorgskiy) de Grigori Rochal
1952 : Rimski-Korsakov (Rimskiy-Korsakov) de Guennadi Kazanski, Grigori Rochal
1957 : Don Quichotte (Don Kikhot) de Grigori Kozintsev
1963 : Les Mélodies de Dounaevski (Melodii Dunayevskogo) de Erik Pyriev
1963 : Tout reste aux hommes (Vsyo ostayotsya lyudyam) de Gueorgui Natanson
1965 : La Nuit des adieux (Tretya molodost) de Jean Dréville et Isaak Menaker


Filmographie de Nikolaï TCHERKASSOV
 
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