Ivan MOSJOUKINE
 Acteur et réalisateur russe
Ivan Mosjoukine fut l’un des membres de la communauté cinématographique des «Russes Blancs» qui émigrèrent en France lors de la Révolution d’Octobre. Fuyant le bolchevisme, le grand acteur ramène en France, avec ses compagnons d’exil, outre quelques films russes qui y seront distribués comme Le père Serge d’Yacob Protozanoff, son allure slave et ses personnages d’amants passionnés.
Issu de la petite noblesse russe, Ivan Mosjoukine est né le 26 septembre 1889 dans la propriété familiale du village de Kondol, dans la province de Petrovsky, comté de Saratov où il passe toute son enfance et son adolescence. Il grandit au sein d’une famille férue de culture, son frère Alexandre deviendra chanteur d’opéra, Ivan se produit très jeune en amateur dans des pièces présentées au théâtre de Penza. Après ses études secondaires, il entre à la faculté de droit de Moscou. Après deux années universitaires chaotiques, il décide de devenir comédien. Fâché avec sa famille, il joue dans plusieurs théâtres de province avec d’intégrer la troupe du Théâtre Populaire Vvedenski de Moscou.
Première star du cinéma russe
En 1911, Ivan Mosjoukine commence sa carrière au cinéma en interprétant l’Amiral Kornilov dans La défense de Sébastopol sous la direction d’Aleksandr Khanzhonkov et Vasili Goncharov. La même année, il incarne le violoncelliste Trukhachevski dans la première adaptation du roman de Léon Tolstoï La sonate à Kreutzer par Piotr Tchardynine, un de ses cinéastes attitrés. De rôle en rôle, il s’impose très vite comme le plus grand acteur du cinéma russe du début du XXe siècle. Sa prestance et sa facilité à interpréter des personnages différents, aussi bien dans le drame, la comédie, la romance ou les fresques historiques, attire le public en masse lors des projections de ses films. Il excelle dans des réalisations d’Yevgeni Bauer et Yakov Protazanov. Avec plus de 120 films tournés en Russie entre 1911 et 1918, il est une immense vedette, des pays Baltes jusqu’aux portes de la Chine.
L’exil
La Révolution puis l’abdication de Nicolas II en 1917, incite Ivan Mosjoukine à signer un contrat avec Josef Ermolief et de s’installer en Crimée, région pas encore sous la botte soviétique. La progression des Russes Rouges oblige Ivan, sa femme Nathalie Lissenko, avec d’autres acteurs, réalisateurs, techniciens, à émigrer vers la France, via Constantinople, en 1920, à bord du bateau grec La Panthère. Pendant le voyage, la troupe commence le tournage de L’angoissante aventure sous la direction d’Yakov Protazanov, qui sera terminé en France. La troupe d’Ermolief pose ses bagages à Montreuil, aux portes de Paris, créant les studios Albatros dans les anciens locaux de Georges Méliès. Ivan Mosjoukine y est l’interprète de son premier film français Tempête de Robert Boudrioz, avec Charles Vanel et Nathalie Lissenko.
Le Russe blanc mythique
Il devient immédiatement une vedette dont on loue la présence de feu dont Louis Delluc dira : "Je suppose que cet homme a vécu car il a un sens précis et mesuré de la passion, de toutes les passions." Il écrit, réalise et interprète ensuite L’enfant du carnaval, toujours avec Charles Vanel, et Le brasier Ardent avec Nathalie Lissenko et Nicolas Koline. Il apparaît également dans La maison du mystère, un sérial en dix épisodes dirigé par Alexandre Volkoff. Il travaille avec Jean Epstein dans Le Lion des Mongols, Marcel L’Herbier dans Feu Mathias Pascal, Victor Tourjansky dans Michel Strogoff remportant un succès considérable, confirmant son statut de star. Mais c’est avec Alexandre Volkoff qu’Ivan connaît la plus fructueuse collaboration incarnant Kean et surtout Casanova à l’univers baroque et décadent qui l’installe au rang d’acteur mythique. Il part alors tenter sa chance à Hollywood où il tourne L’otage auprès de Mary Philbin, mais le film commencé par son ami Victor Tourjansky est finalement signé Edward Sloman et connaît un gros échec.
Victime de ses excès
Il revient en Europe, tourne encore une dizaine de films en France et en Allemagne parmi lesquels Le Sergent X, La Mille et deuxième nuit et deux versions parlantes de Casanova et L’Enfant du Carnaval. Il donne la réplique dans Le rouge et le noir, à celle qui deviendra sa seconde épouse Agnes Petersen. Il renoue un temps avec le succès, mais son jeu démodé et son accent prononcé provoquent son déclin et son accoutumance à l’alcool. Il tourne un dernier film Nitchevo de Jacques de Baroncelli en 1936. Ruiné et malade, Ivan Mosjoukine passe le reste de sa vie, reclus dans son petit appartement. Phtisique, il meurt le 17 janvier 1939 dans une clinique de Neuilly-sur-Seine. Le romancier Romain Gary affirmera qu'il était un fils naturel d'Ivan Mosjoukine mais l'écrivain n'en était pas à une imposture près.


FILMOGRAPHIE :

Avec Victor Tourjansky
Courts métrages :
1911 : Ma vie pour le tsar (Jiszn na tzaria) de Vasili Goncharov
1911 : La sonate de Kreutzer (Kreitzerova sonata) de Piotr Chardynine
1911 : Un endroit mal famé (Na boykom meste) de Piotr Chardynine
1911 : La coupe de la vie et de la mort (koubok jiszni i smerti) de Kai Hansen
1911 : L’arrivée du printemps (Vesenniy potok) de Piotr Chardynine
1911 : Dans un lieu animé (Na boykom meste) de Piotr Chardynine
1912 : Les Frères brigands (Bietja rabotchniki) de Vasili Goncharov
1912 : Les Frères (Bratja) de Piotr Chardynine
1912 : Le sort du paysan (Krejstjanskaia dolia) de Vasili Goncharov
1912 : Terrible vengeance (Strashnaya mest) de Ladislas Starewitch
1912 : Le Quartier ouvrier (Rabotchaya slobodka) de Piotr Chardynine
1912 : Guerre et paix (Vojna i mir) de Piotr Chardynine
1912 : La Bru (Snotchack) d’Aleksandr Ivanov-Gai
1912 : Le Défunt redouté (Strasnie pokojnik) de Boris Youriev
1912 : Drame actuel (Chelovek, drama nachidnya) de Piotr Chardynine
1912 : Mireles efros d’Aleksandr Ivanov-Gai
1912 : Le cadavre vivant (Givoj troup) de Piotr Chardynine
1912 : Le vertige (Dourman) de Piotr Chardynine
1913 : La nuit qui précéda Noël (Noch pered rozhdestvom) de Ladislas Starewitch
1913 : L’appartement de l’oncle (Djadjarskina kvartira) de Piotr Chardynine
1913 : Le malheur de Sarah (Gore Sarri) d’Aleksandr Arkatov
1913 : Le précipice (Obryv) de Piotr Chardynine
1913 : Khaz Boulat (Xaz Boulat) de Vasili Goncharov
1913 : Le faux billet (Falchivi koupon) de Piotr Chardynine
1913 : Une nuit terrifiante (Zlatcha notch) d’Yevgeni Bauer
1913 : Troïka (Vot mchitza troikapotchovaria) d’Yevgeni Bauer
1914 : La vie dans la mort (Zhizn v smerti) d’Yevgeni Bauer
1914 : Les Chrysanthèmes (Krizantemi) de Piotr Chardynine
1914 : Femmes de demain (Zhenshchina zavtrashnego dnya) de Piotr Chardynine
1914 : T’en souviens-tu ? (Ty pomis li ?) de Piotr Chardynine
1914 : Entre les mains de la destinée (V roukatch bespotchanogo roka) de Piotr Chardynine
1914 : Jalousie (Revnost) de Piotr Chardynine
1914 : La Princesse endormie (Shaska o spiatcheck) d’Yevgeni Bauer
1914 : Digne de la patrie (Ej gerotchsky prodvig) d’Yevgeni Bauer
1914 : Les secrets de l’ambassade (Tajna germanskovo posolstva) d’Yevgeni Bauer
1914 : Rouslan et Ludmilla (Ruslan i Lyudmilla) de Ladislas Starewitch
1914 : La voix de la conscience (V polnotch na kladbische) d’Yevgeni Bauer & Vasili Goncharov
1914 : L’homme mystérieux (Tainstvennie nekto) de Piotr Chardynine
1914 : Enfants de la cité (Ditja bolchogo goroda) d’Yevgeni Bauer
1915 : Mystère à Novgorod (Taina Niegorodskoi yamarki) de Yakov Protazanov
1915 : La mouette (Cajka) de Yakov Protazanov
1915 : Natasha Rostova (Natasha Rostova) de Piotr Chardynine
1915 : Le déluge (Potop) de Piotr Chardynine
1915 : L’infirmière (Sestra Miloserdja) de Piotr Chardynine
1915 : La puissance des ténèbres (Vlast tmy) de Piotr Chardynine
1915 : L’autre amour (Vot ispynoulo outro) de Cheslav Sabinsky
1915 : La vie derrière le masque (Vsiou jisznpod maskoi) de Cheslav Sabinsky
1915 : La petite Roques (Deti Vaniousina) de Yakov Protazanov
1915 : La maison des morts (Smerti doma) de Yakov Protazanov
1915 : La comédie de la mort (Komediasmerti) de Piotr Chardynine
1915 : Le journal d’un fou (Para gnedych) de Yakov Protazanov
1915 : Nid de vautours (Rozdennie polzat utatne mozet) d’Yevgeni Bauer
1915 : Le club des suicidés (Klub nravstvennosti) d’Yevgeni Bauer
1915 : Résurrection (Vozrojdennia) de Piotr Chardynine
1915 : Moi et ma conscience (Ya i moya sovest) de Yakov Protazanov
1915 : Ne pas aborder la question (Ne podkhodite k ney s voprosami) de Yakov Protazanov
1916 : L’étrange passion (Lioubov silna ne strastjov postelvuja) de Cheslav Sabinsky
1916 : Sous le joug du péché (Vo slati gretcha) de Yakov Protazanov
1916 : Les chrysanthèmes fanés (Otchveli ovjdavno kristan temi v sadou) d’Aleksandr Arkatov
1916 : Le bonheur est possible (A stchastie bylo tak vosmotozno) de Georgi Azagarov
1916 : Au sommet de la gloire (Na vierchine slavy) d’Alexandre Volkoff
1916 : Rafale (Chkval) d’Alexandre Volkoff & Yakov Protazanov
1916 : Le Carillonneur muet (Nemoy strazh) de Yakov Protazanov
1916 : L’art est éternel (Jszn mig iskartvo vetchno) de Cheslav Sabinsky
1916 : Amour aveugle (V boujoi slepote strastej) de Cheslav Sabinsky
1916 : Le jugement de Dieu (Sud bozhiy) de Yakov Protazanov
1916 : Ne pozhelay zheny blizhnego tvoyego de Y. Protazanov
1916 : Et la chanson est restée méconnue (I pesn' ostalas' nedopetoy) de Yakov Protazanov

Longs métrages :
1911 : La défense Sebastopol (Oborona Sevastopolya) de Vasili Goncharov
1913 : La petite maison de Kolomna (Domik v kolomne) de P Chardynine av Praskovia Maksimova
1913 : L’avènement des Romanov (Votsareniye doma Romanovikh) de Vasili Goncharov
1913 : L’alcoolisme et ses conséquences (Pyanstvo i yevo posledstviya) d’A. Dvoretski
1914 : Le dernier raid (Slava nam smert v ragam) d’Yevgeni Bauer
1914 : Mazeppa (Mazeppa) de Piotr Chardynine
1914 : La ballade (Sorvanetch) de Piotr Chardynine
1915 : Nicolas Stavroguine (Nikolaj Stavrogin) de Yakov Protazanov
1915 : Les idoles (Kumiry) d’Yevgeni Bauer & Viktor Tourjansky
1915 : Les bas-fonds de Saint-Petersbourg (Petersbourgskie trachhkoby) de Yakov Protazanov
1916 : La dame de pique (Pikovaya Dama) de Yakov Protazanov
1916 : Le péché (Grekh) de Yakov Protazanov & Georgi Azagarov
1916 : La danse de mort (Tanietz smerti) d’Alexandre Volkoff
1916 : La mendiante (Nishchaya) de Yakov Protazanov
1916 : La femme avec un poignard (Zhenshchina s kinzhalom) de Yakov Protazanov
1916 : Les coulisses de l’écran (Kulisy ekrana) de Georgi Azagarov & AVolkoff
1916 : Un bon coin (Ugolok) de Cheslav Sabinsky
1917 : Le père Serge (Otyets Sergei) de Yakov Protazanov
1917 : Satan triomphant (Satana likuyushchij) de Yakov Protazanov
1917 : Assez de sang (Ni nado krowi) d’Alexandre Volkoff & Yakov Protazanov
1917 : Andrei Kozhukhov (Andrey Kozhuhov) de Yakov Protazanov
1917 : L’accusateur public (Prokuror) de Yakov Protazanov
1917 : Père et fils (Otietz i syn) d’Ivan Perestiani
1917 : Or rouge (Proktalie millioni) de Yakov Protazanov
1917 : Karski et compagnie (Torgorwi dom karski) de Cheslaw Sabinsky
1918 : Un héros de l’esprit (Bogatyr dukha) de Yakov Protazanov
1918 : La petite Elli (Maliutka Elli) de Yakov Protazanov
1918 : Mystère autour d’une reine (Taina korolevy) de Yakov Protazanov
1918 : La Horde noire (Cherna yastaya) de Yakov Protazanov
1919 : Le Parlementaire (Chlen parlamenta) d’Alexandre Volkoff
1919 : Morphine (morfij) de Yakov Protazanov
1919 : La nuit du onze septembre de Yakov Protazanov
1920 : L’angoissante aventure de Yakov Protazanov
1920 : Justice d’abord de Yakov Protazanov
1921 : Tempêtes de Robert Boudrioz
1921 : L’enfant du carnaval d’Ivan Mosjoukine
1922 : La maison du mystère d’Alexandre Volkoff
1923 : Le brasier ardent d’Ivan Mosjoukine & Alexandre Volkoff
1923 : Kean d’Alexandre Volkoff
1924 : Les ombres qui passent d’Alexandre Volkoff
1924 : Le lion des Mogols de Jean Epstein
1925 : Feu Mathias Pascal de Marcel L’Herbier
1926 : Michel Strogoff de Victor Tourjansky
1926 : Casanova d’Alexandre Volkoff
1927 : L’otage (Surrender) d’Edward Sloman
1927 : Le président (Der Präsident) de Gennaro Righelli
1927 : Le rouge et le noir (der geheime kurier) de Gennaro Righelli
1928 : Au service du tsar (Der Adjutant des Zaren) de Vladimir Strizhevsky
1929 : Manolesco roi des voleurs (Manolescu) de Victor Tourjansky
1930 : Le diable blanc (Der weiße Teufel) d’Alexandre Volkoff
1931 : Le sergent X de Vladimir Strizhevsky
1931 : Le sergent X (Das geheimnis des Fremdenlegionärs) de V Strizhevsky
1932 : La mille et deuxième nuit d’Alexandre Volkoff
1933 : Casanova de René Barberis
1934 : L’enfant du carnaval d’Alexandre Volkoff
1936 : Nitchevo de Jacques de Baroncelli


Filmographie d'Ivan MOSJOUKINE
 
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