Melina MERCOURI
 Actrice et chanteuse grecque
Melina Mercouri est l'une des figures marquantes de la culture grecque du XXe siècle. Après des débuts de comédienne de théâtre, elle découvre le cinéma en 1955 et connaît la renommée grâce à Jules Dassin, cinéaste blacklisté en exil. Après une brillante carrière, elle va occuper une place de premier rang dans la politique de son pays.
Maria Amalia Merkouris est née à Athènes, le 18 octobre 1920 dans une famille de la grande bourgeoisie athénienne. Son père Stamatis a été député royaliste pour finir dans les rangs de la Gauche démocratique unifiée (EDA) et son grand-père Spryidon Merkouris maire d’Athènes. Elle connaît très jeune une attirance pour les planches mais s’oppose à l’interdiction familiale. Pour surmonter cet obstacle, elle se marie à quinze ans à un riche propriétaire terrien. Elle divorce trois ans plus tard et s’inscrit à l'école d'art dramatique du Théâtre national d'Athènes dont elle sort diplômée.
Avec Jules Dassin
Alors que son pays est ravagé par la guerre civile dans l’immédiat après-guerre, Melina Mercouri commence sa carrière théâtrale dans la capitale en jouant dans Le deuil sied à Électre d'Eugene O'Neill et Un tramway nommé Désir de Tennessee Williams. Remarquée par Marcel Achard, elle débarque à Paris en 1950 et joue dans Le Moulin de la Galette et Les Compagnons de la marjolaine. De retour en Grèce, elle se tourne vers le cinéma, sans pour autant abandonner ses premières amours. Et c'est le cinéma qui va lui donner une renommée internationale. En 1953, elle tourne Stella, femme libre de Michalis Cacoyannis où elle campe une chanteuse de rebetiko dans un cabaret où tous les hommes tombent amoureux d’elle. Elle devient le symbole de la femme grecque libre et sexy qui croque la vie à belles dents, véritable passionaria d’un pays enfermé dans sa tradition machiste. Jules Dassin, cinéaste américain chassé par le maccarthysme la remarque et la fait jouer la belle veuve Katerina chargée d’incarner Marie-Madeleine lors de la fête de la passion dans Celui qui doit mourir en 1957. Dès lors, l'actrice et le metteur en scène ne se quitteront plus, et se marieront en 1966. Onze films vont sceller leur association artistique. Tour à tour objet sexuel, femme de caractère, femme passionnée au destin cruel, Melina est Donna Lucrezia dans La Loi avec Yves Montand et Marcello Mastroianni, la prostituée Ilya dans Jamais le Dimanche où elle crée la chanson Les Enfants du Pirée et décroche le prix d'interprétation à Cannes, Phèdre dans Phaedra adapté d’Euripide, la grande amatrice de pierres précieuses Elizabeth Lipp dans Topkapi, la touriste grecque en Espagne dans 10 h et demie du soir en été, la mère de Romain Gary, ancienne actrice juive dans La Promesse de l’Aube et l’actrice qui se prend de sympathie pour une meurtrière dans Cris de Femmes. Autant de compositions saisissantes qui en font une des plus grandes artistes grecques.
Une belle carrière internationale
En dehors des films de Jules Dassin, Melina Mercouri peaufine son personnage, tout à la fois gouailleur et plein de fierté. Elle est dirigée par Joseph Losey dans Gypsy, Vittorio De Sica dans Le Jugement dernier, Claude Autant-Lara dans Vive Henri IV, Vive l'amour ! où elle est Marie de Médicis, Carl Foreman dans la grande fresque guerrière Les Vainqueurs, Juan Antonio Bardem dans Les Pianos mécaniques en propriétaire d’un bar espagnol branché, Ronald Neame dans un double rôle dans D pour Danger avec Anthony Franciosa et Norman Jewison dans la comédie musicale Chicago, Chicago.
Femme politique en résistance
La politique va fortement restreindre cette abondante production. En 1967, alors qu’elle interprète une comédie musicale à Broadway, elle apprend le coup d'État des Colonels. Alors qu’elle s’était toujours tenue éloignée de la politique, elle s’exile en France et devient le chantre de la Résistance grecque à la dictature en participant à des tournées internationales, notamment avec son compatriote Mikis Theodorakis. Les militaires confisquent ses biens et lui retirent sa nationalité. Elle leur répond par un livre cinglant, Je suis née grecque en 1971. Son retour en Grèce, en juillet 1974, est marqué par un accueil délirant de la part de la foule athénienne. Elle remonte sur les planches à Athènes pour L'Opéra de quat' sous de Bertolt Brecht, Médée d'Euripide, Doux Oiseau de la jeunesse de Tennessee Williams et L'Orestie d'Eschyle. Membre du Mouvement socialiste panhellénique, elle occupe les fonctions de ministre de la culture de 1981 à 1989. Elle crée la Fondation Melina Mercouri qui s’occupe de la préservation des monuments grecs antiques. Grande fumeuse, Melina Mercouri meurt d’un cancer du poumon à 73 ans, le 6 mars 1994 au Memorial Hospital de New York. Une semaine de deuil national est décrétée en Grèce.


FILMOGRAPHIE :

Avec Jules Dassin
1955 : Stella, femme libre (Stella) de Michael Cacoyannis
1957 : Celui qui doit mourir de Jules Dassin
1958 : Gipsy (The Gypsy and the Gentleman) de Joseph Losey
1959 : La Loi (La legge) de Jules Dassin
1960 : Jamais le dimanche (Pote tin kyriaki) de Jules Dassin
1961 : Le Jugement dernier (Il giudizio universale) de Vittorio De Sica
1961 : Vive Henri IV, vive l’amour ! de Claude Autant-Lara
1962 : Phaedra (Phaedra) de Jules Dassin
1963 : Les Vainqueurs (The Victors) de Carl Foreman
1964 : Topkapi (Topkapi) de Jules Dassin
1965 : Les Pianos mécaniques (Los pianos mecánicos) de Juan Antonio Bardem
1966 : D pour danger (A Man Could Get Killed) de Ronald Neame et Cliff Owen
1966 : Dix heures et demie du soir en été (10:30 P.M. Summer) de Jules Dassin
1969 : Chicago, Chicago (Gaily, Gaily) de Norman Jewison
1970 : La Promesse de l'aube (Promise at Dawn) de Jules Dassin
1974 : The Rehearsal (I dokimi) de Jules Dassin
1975 : Une Fois ne suffit pas (Once Is Not Enough) de Guy Green
1975 : Les Chants du Feu (Tragoudia tis fotias) de Nikos Koundouros
1977 : Drôles de manières (Nasty Habits) de Michael Lindsay-Hogg
1978 : Cri de femmes (Kravyi yinekon) de Jules Dassin


Filmographie de Melina MERCOURI
 
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