Tadeusz Lomnicki est né à Podhajce, le 18 juillet 1927. Fils d’un employé des postes et d’une institutrice, il obtient en 1942 son diplôme de l'école secondaire commerciale de Debica. Il s’installe à Cracovie, où il obtient ses premiers boulots comme cheminot ou employé de banque.Pendant la Seconde guerre mondiale, il entre en Résistance au sein de l’Armia Krajowa. Il sert pendant un an la milice à la libération de Cracovie en 1944.
Grand serviteur du théâtre moderne
Attiré par l’art, il apprend le violon et prend des cours de théâtre. Son frère Jan Lomnicki devient directeur de la photographie et cinéaste. Diplômé du Studio d’art dramatique du Vieux Théâtre de Cracovie, ile se produit au Théâtre Juliusz Slowack et au Théâtre municipal de Katowice. ll fait ses débuts en tant qu'auteur dramatique avec la pièce Noé et sa ménagerie. Il fait sa première apparition au cinéma dans Deux Heures en 1946 et interprète un mineur dans Cœur d’Acier. À partir de 1949, il joue à Varsovie et s'engage dans le théâtre contemporain dirigé par Erwin Axer. En 1951, il devient membre du Parti ouvrier unifié polonais et à partir de l’année suivante, il fait partie de l'ensemble du Théâtre National. Grand interprète d’auteurs contemporains de 1957 à 1974, il fait ses débuts de metteur en scène en 1965.
Figure de proue de la Nouvelle Vague polonaise
Tadeusz Lomnicki est repéré par Aleksander Ford dans un petit rôle des Cinq de la Rue Barska et lui donne le rôle principal du lieutenant Jan, ancien prisonnier de guerre dans Le Premier Jour de la Liberté et celui du docteur Manfred Mauerer dans Le Docteur constate. Il apporte sa solidité dans des films classiques de guerre de Jerzy Passendorfer (Varsovie contre Gestapo, Le Pont détruit) ou de Wanda Jakobowska (Le Soldat de la Victoire) mais rompt rapidement avec le réalisme socialiste. Il devient une figure importante de la Nouvelle Vague polonaise illustrée par Janusz Morgenstern (Une nouvelle Vie, Ensuite c’est le Silence), Andrzej Munk (Eroica), Jerzy Skolimowski (La Barrière, Haut les Mains), Krzysztof Zanussi (Le Contrat) et surtout Andrzej Wajda dans Une Fille a parlé avec le débutant Roman Polanski, Kanal, Les Innocents Charmeurs, Macbeth, L’Homme de Marbre et Chronique des événements amoureux. Il accompagne le maestro polonais en France pour l’adaptation des Possédés de Dostoïevski où il interprète un capitaine.
Une grande polyvalence
Après l’instauration de la loi martiale par Jaruzelski en 1981, Tadeusz Lomnicki quitte le parti. Après avoir dirigé pendant 5 ans le théâtre na Woli, il est victime d’un malaise cardiaque et doit subir une opération chirurgicale à Londres qui provoque une interruption dans sa vie professionnelle pendant près de 2 ans. À partir de 1988, libre de tout engagement avec les institutions, il continue à se produire en tant qu'invité aux théâtres Dramatyczny, Powszechny et Wspólczesny. Il écrit des poèmes, des nouvelles, des essais et des mémoires, Theatre Meetings en 1984. Au cinéma, il fait confiance à de nouveaux venus comme Filip Bajon pour 1901, les Enfants en Grève, Le Consul ou Pension Sonnenschein, Marek Nowicki pour L’Amour dans les Charts, Marek Koterski pour Maison de Fous. Il apparaît dans plusieurs séries télévisées (Les Aventures de Monsieur Michal, Napoléon et l'Europe, Staline). Avec Krzysztof Kieslowski, il incarne un vieux militant communiste dans Le Hasard et un professeur de philo qui va aider une jeune fille juive pendant l’occupation dans Le 8e Commandement du Décalogue pour la télévision polonaise.
Cinq épouses et un fils
Tadeusz Lomnicki a été marié cinq fois. Son fils Jacek, né en 1951 a joué notamment dans L'Homme de Marbre. Il est décédé le 30 novembre 2009. Sa dernière épouse Maria Bojarska est une critique et historienne du théâtre. Alors qu’il s’apprête à jouer Le Roi Lear au Nouveau Théâtre de Poznan, Tadeusz Lomnicki succombe à un infarctus de myocarde, le 22 février 1992. L’acteur n’avait que 64 ans. Maria Bojarska le rejoint en 2023 et repose à ses côtés au cimetière militaire de Powazki. En 1996, à l'occasion du 20e anniversaire de l'ouverture du Théâtre de Wola, une plaque commémorative est baptisée du nom de l'artiste. À partir de 2024, la Grande Scène du Nouveau Théâtre de Poznan dont il fut le patron, porte son nom.
FILMOGRAPHIE :
Avec Jerzy Hoffman
1948 : Cœur d’Acier (Stalowe serca) de Stanislaw Urbanowicz
1950 : Deux Brigades (Dwie brygady) de Wadim Berestowki, Janusz Nasfeter
1952 : Action (Zaloga) de Jan Fethke
1953 : Le Soldat de la Victoire (Zolnierz zwyciestwa) de Wanda Jakubowska
1954 : Les Cinq de la rue Barska (Piatka z ulicy Barskiej) d’Aleksander Ford
1955 : Une fille a parlé (Pokolenie) d’Andrzej Wajda
1957 : Ils aimaient la Vie (Kanal) d’Andzej Wajda
1957 : Trois Femmes (Trzy kobiety) de Stanislaw Rozewicz
1958 : Eroica (Eroica) d’Andrzej Munk
1958 : Huitième Jour de la Semaine (Osmy dzien tygodnia) d’Aleksander Ford
1959 : Varsovie contre Gestapo (Zamach) de Jerzy Passendorfer
1959 : Les Voies maudites (Baza ludzi umarwych) de Czeslaw Petelski
1959 : Ciel de Pierre (Kamienne niebo) d’Ewa Petelska & Czeslaw Petelski
1960 : Les Innocents charmeurs (Niewinni czarodzieje) d’Andrzej Wajda
1961 : Passé composé (Czas przeszly) de Leonard Buczkowski
1962 : Le Pont détruit (Zerwany most) de Jerzy Passendorfer
1963 : Mansarda de Konrad Nalecki
1964 : Wiano de Jan Lomnicki
1964 : Le Premier Jour de la liberté (Pierwszy dzien wolnosci) d’Aleksander Ford
1965 : Une nouvelle Vie (Zycie raz jeszcze) de Janusz Morgenstern
1965 : Le Procureur a la parole (Glos ma prokurator) de Wlodzimierz Haupe
1966 : Ensuite c’est le Silence (Potem nastapi cisza) de Janusz Morgenstern
1966 : Un Médecin constate (Der Arzt stellt fest) d’Aleksander Ford
1966 : La Barrière (Bariera) de Jerzy Skolimowski
1967 : Contribution (Kontrybucja) de Jan Lomnicki
1967 : Stajnia na Salvatorze de Pawel Komorowski
1967 : Haut les mains (Rece do gory) de Jerzy Skolimowski
1968 : Colonel Wolodyjowsky (Pan Wolodyjowsky) de Jerzy Hoffman
1969 : Macbeth (Makbet) d’Andrzej Wajda
1971 : Pan Dodek (Pan Dodek) de Jan Lomnicki
1973 : Prix et distinctions (Nagrody i odznaczenia) de Jan Lomnicki
1974 : Plus fort que la tempête/Le Déluge (Potop) de Jerzy Hoffman
1977 : L'Homme de marbre (Cziowiek z marmuru) d’Andrzej Wajda
1977 : Le Faucon dansant (Tanczacy jastrzab) de Grzegorz Krolikiewicz
1978 : Granica (Granica) de Jan Rybkowski
1978 : Akcja pod Arsenalem de Jan Lomnicki
1979 : Gdziekolwiek jestes, panie prezydencie... d’Andrzej Trzos-Rastawiecki
1980 : Le Contrat (Kontrakt) de Krzysztof Zanussi
1981 : 1901 Les Enfants en Grève (Wizja lokalna 1901) de Filip Bajon
1981 : Le Hasard (Przypadek) de Krzysztof Kieslowski
1982 : Le Consul (Limuzyna Daimler-Benz) de Filip Bajon
1985 : L’Amour dans les Charts (Milosc z listy przebojów) de Marek Nowicki
1985 : Maison de Fous (Dom wariatów) de Marek Koterski
1986 : Chronique des événements amoureux (Kronika wypadkow milosnych) d’Andrzej Wajda
1988 : Les Possédés d’Andrzej Wajda
1989 : L’Histoire d’Adam Mickiewicz (Lawa) de Tadeusz Konwicki
1989 : Le Décalogue, Le 8e Commandement (Dekalog, Osiem) de Krzysztof Kieslowski
1989 : Pension Sonnenschein de Filip Bajon
1990 : All of Me de Bettina Wilhelm
1991 : Ferdydurke (30 Door Key) de Jerzy Skolimowski
Télévision :
1966 : Trois Histoires (Trzy opowiadania) de Georgi Tovstonogov
1967 : Zabijaka de Stanislaw Lenartowicz
1967 : Kartoteka de Konrad Swinarski & Irena Sobierajska
1969 : Les Aventures de Monsieur Michal (Przygody pana Michala) de Pawel Komorowski
1971 : L’Étoile de persévérance (Gwiazda wytrwalosci) de Pawel Komorowski
1973 : Les Lettres de nos Lecteurs (Listy naszych czytelników) de Stanislaw Latallo
1980 : L’Intendant (Klucznik) de Wojciech Marczewski
1990 : Modrzejewska de Jan Lomnicki
1991 : Napoléon et l'Europe de Pierre Lary, Krzysztof Zanussi, Janusz Majewski
Filmographie de Tadeusz LOMNICKI