Nathalie LISSENKO
 Actrice d'origine russe
Star du cinéma muet, Nathalie Lissenko est une des meilleures représentantes des Russes blancs installés à Paris avec son époux Ivan Mosjoukine, Nicolas Rimsky ou Nicolas Koline. Son aura de jeune femme passionnée et d’aventurière perfide perd de son éclat avec l’arrivée du parlant.
Anatalia Andrianovna Lissenko est née le 10 août 1884, à Mykolaiv, ville du sud de l’Ukraine. D’autres sources la font naître à Moscou et l’actrice prétendra avoir vu le jour à Kiev ou à Odessa en 1889. Elle est formée au théâtre de Moscou et diplômée, elle commence à se produire au Théâtre artistique, puis au Théâtre Korch où elle interprète Hamlet de Shakespeare et des pièces modernes d’Oscar Wilde (Un mari idéal), George Bernard Shaw (Pygmalion), Henry Bataille (La Vierge folle, La Femme nue), Henri Bernstein (Le Secret) ou Henrik Ibsen (Maison de Poupées).
L'exil après la Révolution russe
Nathalie Lissenko, entre deux saisons théâtrales, débute au cinéma en 1915 dans Katioucha Maslova de Piotr Chardynine, d’après Résurrection de Léon Tolstoï où elle campe une jeune fille au destin tragique aux cotés de son premier mari Nikolai Radin. Après son divorce, elle épouse le célèbre acteur Ivan Mosjoukine dont elle devient la partenaire pour des reconstitutions historiques et des mélodrames sous la direction de Yakov Protazanov (La Mouette, Le Père Serge, Le Péché), Alexandre Volkoff (La Danse de Mort). Dans Satan triomphant de Yakov Protazanov, elle a un enfant de sa relation adultère avec le pasteur Talnoks, interprété par Ivan Mosjoukine. Après la révolution d’octobre 1917 elle quitte Moscou avec son mari pour rejoindre les studios du producteur Iossif Ermolieff à Yalta, en Crimée. Mais les autorités la rattrapent et Nathalie Lissenko raconte qu’elle a failli être fusillée par les bolchéviks. En 1920, toute la troupe émigre vers la France, via Marseille et Paris. Pendant le trajet, Yakov Protazanov dirige le couple Lissenko-Mosjoukine dans L’angoissante Aventure terminé en France. Iossif Ermolieff crée la société Albatros Films qui réunit les interprètes russes en exil et distribue Tempêtes de Robert Boudrioz où elle a pour partenaires Ivan Mosjoukine et Charles Vanel puis le sérial en douze épisodes La Fille sauvage où l’actrice joue avec conviction les victimes. Avec une classe évidente, Nathalie Lissenko joue les grandes amoureuses dans Nuit et Carnaval et La Riposte de Victor Tourjanski ou Kean d’Alexandre Volkoff où elle est une épatante comtesse de Koefeld auprès de Mosjoukine en célèbre acteur shakespearien.
Madame Ivan Mosjoukine
En 1923, Ivan Mosjoukine met en scène son épouse dans Le brasier ardent. Traumatisée par un cauchemar, la jeune héroïne est jetée dans un brasier auprès d’un inconnu multiforme dont elle ne parvient pas à se libérer de son image. Louis Delluc décrit Nathalie Lissenko en écrivant : « Chatte et poupée à la fois, elle rit et sourit à pleine vie.» Le couple jouit alors d’une grande notoriété et mène grand train dans des limousines et les appartements de luxe. Elle joue les femmes fatales dans Les Ombres qui passent de Volkoff, les mystérieuses comédiennes dans Le Lion des Mongols de Jean Epstein qui la dirige dans L’Affiche et Le double Amour. Elle occupe un rôle d'aristocrate dans Casanova. Mais Ivan Mosjoukine est un mari instable qui peut se montrer violent. Le divorce devient inévitable La séparation fait perdre de son lustre à la brillante comédienne. Après En rade d’Alberto Cavalcanti où elle se montre glaciale et tourmentée, elle tourne trois films en Allemagne qui n’apportent rien à sa gloire et un rôle très secondaire dans le dernier film muet de Marcel L’Herbier, Nuit de Princes.
Le déclin et l'oubli
L’avènement du parlant lui porte un coup fatal. Handicapée par un fort accent russe difficile à faire admettre, elle ne fait que des apparitions discrètes dans Ce cochon de Morin de Georges Lacombe, La mille et deuxième nuit d’Alexandre Volkoff avec pour la dernière fois Ivan Mosjoukine et Le Veau gras de Serge de Poligny avec Elvire Popesco. En 1932, le journaliste Roger Régent la décrit vivant modestement avec sa vieille mère et sa fille. Nathalie Lissenko, souffrant depuis les années trente de rhumatismes, meurt complètement oubliée le 7 janvier 1969 à Paris à l’âge de 84 ans. Son corps repose aux cotés de celui de son mari Ivan Mosjoukine, disparu 30 ans plus tôt, au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois.


FILMOGRAPHIE :

Avec Ivan Mosjoukine
1915 : Résurrection (Katioucha Maslova) de Piotr Chardynine
1915 : Le dernier Raid (Slava nam smert v ragam) de Yevgeni Bauer
1915 : Léon Drey (Pokoritel, Zhenskikh Serdets) de Yevgeni Bauer
1915 : Nicolas Stavroguine (Nikolaj Stavrogin) de Yakov Protazanov
1915 : La mouette (Cajka) de Yakov Protazanov
1916 : Le péché (Grekh) de Yakov Protazanov & Georgi Azagarov
1916 : Sans culpabilité (Bez vinyvino vatye) de Cheslav Sabinsky
1916 : Sur la grande route (Na boikon meste) de Cheslav Sabinsky
1916 : La mendiante (Nishchaya) de Yakov Protazanov
1916 : Le Nid de Faucon (Yastrebinoe gnedzo) de Cheslav Sabinsky
1916 : Les coulisses de l’écran (Kulisy ekrana) de Georgi Azagarov & Alexandre Volkoff
1916 : La danse de mort (Tanietz smerti) d’Alexandre Volkoff
1916 : Le carillonneur muet (Nemoy strazh) de Yakov Protazanov (cm)
1917 : Le père Serge (Otyets Sergei) de Yakov Protazanov
1917 : Satan triomphant (Satana likuyushchij) de Yakov Protazanov
1917 : L’accusateur public (Prokuror) de Yakov Protazanov
1918 : Un héros de l’esprit (Bogatyr dukha) de Yakov Protazanov
1918 : La petite Elli (Maliutka Elli) de Yakov Protazanov
1918 : Mystère autour d’une reine (Taina korolevy) de Yakov Protazanov
1918 : La Horde noire (Cherna yastaya) de Yakov Protazanov
1919 : Le parlementaire (Chlen parlamenta) d’Alexandre Volkoff
1918 : Morphine (Morfij) de Yakov Protazanov
1918 : Le calvaire des femmes (Golgofa zhenschiny) de Yakov Protazanov (cm)
1920 : Justice d’abord de Yakov Protazanov
1920 : L’angoissante aventure de Yakov Protazanov
1921 : L’enfant du carnaval d’Ivan Mosjoukine
1921 : Tempêtes de Robert Boudrioz
1922 : La riposte de Victor Tourjansky
1922 : La fille sauvage d’Henri Étiévant
1922 : Nuit de carnaval de Victor Tourjansky
1923 : Le brasier ardent d’Ivan Mosjoukine & Alexandre Volkoff
1923 : Calvaire d’amour de Victor Tourjansky
1923 : Kean d’Alexandre Volkoff
1924 : Les ombres qui passent d’Alexandre Volkoff
1924 : Le lion des Mogols de Jean Epstein
1924 : L’affiche de Jean Epstein
1925 : Michel Strogoff de Victor Tourjansky
1925 : Le double amour de Jean Epstein
1926 : L’exil (Die selige Exzellenz) de Wilhelm Thiele & Adolf E. Licho
1926 : Casanova d’Alexandre Volkoff
1927 : Kinderseelen klagen euch an de Curtis Bernhardt
1927 : En rade d’Alberto Cavalcanti
1928 : Heures d’angoisse (Fünf bange Tage) de Gennaro Righelli
1928 : L’homme aux yeux verts (Rasputins Liebesabenteuer) de Martin Berger
1928 : Vive la vie (Hurra ! Ich lebe) de Wilhelm Thiele
1929 : Nuit de prince de Marcel L’Herbier
1932 : Ce cochon de Morin de Georges Lacombe
1933 : La mille et deuxième nuit d’Alexandre Volkoff
1939 : Le veau gras de Serge de Poligny


Filmographie de Nathalie LISSENKO
 
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