José ISBERT
 Acteur espagnol
Peu d'acteurs du cinéma espagnol ont été aussi appréciés du public ou ont eu le poids emblématique de représenter une période historique comme José Isbert que l’on surnommait avec affection Pépé. Ce tout petit vieillard reconnaissable à sa voix rauque et à sa tête disproportionnée et burinée, franquiste par conviction, aura du attendre d’avoir dépassé la soixantaine pour devenir enfin une vedette incontournable du cinéma espagnol. Il obtient ses meilleurs rôles grâce à l'opposant Luis Garcia Berlanga et le turbulent Marco Ferreri de passage dans la péninsule.
José Isbert est né à Madrid le 3 mars 1886. Il débute dans la vie comme comptable, une tâche qui le passionne guère et travaille sur scène pendant de nombreuses années dans des tournées en Espagne et en Amérique latine avant de créer sa propre compagnie en 1935. Marié à Elvira Soriano, il devient en 1917 le père d’une petite Maria qui sera également actrice.
Le roi de la sainete
José Isbert se spécialise dans la sainete typiquement madrilène. Les Sainetes sont des pièces populaires basées sur un humour ouvrier très spécifique. L’acteur y explore les connotations intensément espagnoles de son personnage. Son corps petit et massif, sa voix rauque, ses rythmes de parole alambiqués ponctués d'un staccato efficace, ont donné vie à toute une tradition à l'écran, sans l'aide du scénariste. Il fait des apparitions occasionnelles dès 1912. Il incarne l’anarchiste Manuel Pardiñas Serrano qui vient d’assassiner en plein Madrid le président du Conseil espagnol. Mais José Isbert se montre peu attiré par le cinéma et attendra les débuts du cinéma sonore pour venir tourner dans les studios de la Paramount à Joinville auprès d’Imperio Argentina dans Cuando te suicidas, Antoñita Colomé dans Rien que la Vérité de Florian Rey ou Fernando Freyre de Andrade dans La bien Pagada d’Eusebio Fernandez Ardavin.
L'irrévérence de Berlanga et Ferreri
À partir des années quarante, José Isbert se produit régulièrement dans des petits rôles comiques, totalisant une centaine de films. Étant donné son âge, il est la plupart du temps le père ou le meilleur ami. On peut ainsi le voir dans Âme de Dieu d’Ignacio F. Iquino, Princesse des Ursins de Luis Lucia, Contes de l’Alhambra de Florian Rey, Capitaine Poison de Luis Marquina, Ciel Noir de Manuel Mur Oti, Lola la fille au Charbon de Luis Lucia, Après-midi taurin de Ladislao Vajda. Son statut change radicalement lorsqu’il tourne Bienvenue monsieur Marshall de Luis Garcia Berlanga (coécrit par Juan Antonio Bardem). Il y incarne le maire d’un village castillan qui s’apprête à recevoir une délégation américaine dans le cadre du plan Marshall. Cette comédie obtient un écho surprenant et unanime après sa présentation à Cannes et sonne le réveil du cinéma sous le franquisme en abordant des sujets audacieux dans lesquels José Isbert apporte sa touche irrévérencieuse. Il devient Don Ramon qui héberge un savant atomiste dans son village de Calabuig, puis Don José qui entreprend de fabriquer une apparition miraculeuse pour relancer la renommée de son village et de sa source dans Les Jeudis miraculeux. Mieux, il est le bourreau intrigant qui complote pour avoir à la fois sa fille mariée et un nouvel appartement en forçant un jeune entrepreneur de pompes funèbres à suivre ses traces professionnelles dans Le Bourreau. Parallèlement, il devient le vieillard qui tente de se faire passer pour invalide et n’hésite pas à exterminer sa famille pour acquérir un fauteuil roulant motorisé dans La petite Voiture de Marco Ferreri.
Un vieillard parfois émouvant
Son attitude caractéristique et sa voix sont les outils efficaces pour véhiculer l'image du petit homme grincheux, vaincu par le système mais jamais complètement écrasé. Il donne une profonde émotion à de petits rôles comme celui de l'inventeur d’Histoires de la Radio de José Luis Sáenz de Heredia ou le grand-père dans La Grande Famille de Fernando Palacios. Il tourne son dernier film à l’âge de 80 ans dans Opération Dalila en 1965. José Isbert succombe à une crise cardiaque à Madrid le 28 novembre 1966. Sa fille María Isbert perpétue la tradition en apparaissant au cours d’une longue carrière d'actrice dans Viridiana de Luis Buñuel, Le Bourreau de Luis Garcia Berlanga et Un, dos, tres d’Iván Zulueta.


FILMOGRAPHIE :

Avec Luis Garcia Berlanga
1919 : A la orden, mi coronel! de José Buchs & Julio Roesset
1924 : La mala ley de Manuel Noriega
1930 : 48 pesetas de taxi de Fernando Delgado
1930 : Cuándo te suicidas ? de Manuel Romero
1931 : Rien que la vérité (La pura verdad) de Florián Rey
1933 : La bien pagada d’Eusebio Fernández Ardavín
1934 : Vidas rotas d’Eusebio Fernández Ardavín
1936 : El bailarín y el trabajador de Luis Marquina
1941 : Alma de Dios d’Ignacio F. Inquino
1942 : El sobre lacrado de Francisco Gargallo
1942 : Aventura de Jerónimo Mihura
1943 : Una chica d’Opereta de Ramón Quadreny
1943 : Orosia de Florián Rey
1944 : Te quiero para mí de Ladislao Vajda
1944 : La vie commence à minuit (La vida empieza a medianoche) de Juan d’Orduña
1944 : El testamento del virrey de Ladislao Vajda
1944 : Ella, él y sus millones de Juan d’Orduña
1944 : Le fantôme et Dona Juanita (El fantasma y doña Juanita) de Rafael Gil
1945 : Un hombre de negocios de Luis Lucia
1947 : Confidencia de Jerónimo Mihura
1947 : La Princesse des Ursins (La princesa de los Ursinos) de Luis Lucia
1947 : Dos cuentos para dos de Luis Lucia
1947 : Mi enemigo el doctor de Juan d’Orduña
1948 : Et la fête continue (La fiesta sigue) d’Enrique Gómez
1949 : Pacto de silencio d’Antonio Román
1949 : Siempre vuelven de madrugada de Jerónimo Mihura
1949 : En un rincón d’España de Jerónimo Mihura
1949 : El señor Esteve d’Edgar Neville
1949 : La familia Vila d’Ignacio F. Iquino
1949 : Héros sans uniforme (Sin uniforme) de Ladislao Vajda
1950 : La septième page (Séptima página) de Ladislao Vajda
1950 : Mi adorado Juan de Jerónimo Mihura
1950 : Un soltero difícil de Manuel Tamayo
1950 : Contes de l’Alhambra (Cuentos de la Alhambra) de Florián Rey
1950 : Tres ladrones en la casa de Raúl Cancio
1950 : El capitán Veneno de Luis Marquina
1950 : Me quiero casar contigo de Jerónimo Mihura
1951 : Servicio en la mar de Luis Suárez de Lezo
1951 : Cielo negro de Manuel Mur Oti
1951 : Una cubana en España de Luis Bayón Herrera
1951 : Ronda española de Ladislao Vajda
1952 : Lola, la piconera de Luis Lucia
1952 : Cerca de la ciudad de Luis Lucia
1952 : L’orpheline de la sierra (La estrella de la Sierra Morena) de Ramón Torrado
1952 : Sœur Intrépide (Sor Intrépida) de Rafael Gil
1952 : Último día d’Antonio Román
1952 : Les amants de Tolède (El tirano de Toledo) d’Henri Decoin & F Palacios
1952 : Mascarade d’amour (Doña Francisquita) de Ladislao Vajda
1952 : Bienvenue M. Marshall (Bienvenido Mister Marshall !) de L Berlanga
1953 : Che, qué loco! de Ramón Torrado
1953 : Aeropuerto de Luis Lucia
1953 : Así es Madrid de Luis Marquina
1953 : La Charge infernale (Carne d’Horca) de Ladislas Vajda
1953 : Intriga en el escenario de Feliciano Catalán
1953 : Tout est possible à Grenade (Todo es posible en Grenada) de José Luis Sáenz d’Heredia
1953 : Nuits andalouses (Noches andaluzas) de M Cloche & Ricardo Blasco
1954 : Como la tierra d’Alfredo Hurtado
1954 : L’aventurier de Séville (aventuras del barbero de Sevilla) de Ladislao Vajda
1954 : Once pares de botas de Francisco Rovira Beleta
1954 : Amor sobre ruedas de Ramón Torrado
1954 : Un día perdido de José María Forqué
1954 : Un caballero andaluz de Luis Lucia
1954 : El guardián del paraíso d’Arturo Ruiz Castillo
1954 : Historias de la radio de José Luis Sáenz d’Heredia
1954 : Le Moulin des amours (La pícara molinera) de León Klimovsky
1955 : Rapto en la ciudad de Rafael J. Salvia
1955 : Congreso en Sevilla d’Antonio Román
1955 : Nubes de verano d’Arthur Duarte
1955 : El chica del barrio de Ricardo Núñez
1955 : Un après-midi taurin (Tarde de toros) de Ladislao Vajda
1955 : Calabuig (Calabuch) de Luis García Berlanga
1955 : Le Muchacho (Mi tío Jacinto) de Ladislao Vajda
1956 : Sucedió en mi aldea d’Antonio Santillán
1956 : Los ladrones somos gente honrada de Pedro Luis Ramírez
1956 : Manolo guardia urbano de Rafael J. Salvia
1956 : Un traje blanco de Rafael Gil
1956 : Dos novias para un torero d’Antonio Román
1956 : Faustina de José Luis Saénz d’Heredia
1956 : Les jeudis miraculeux (Los jueves milagro) de Luis Garcia Berlanga
1957 : Tremolina de Ricardo Núñez
1957 : Un abrigo a cuadros d’Alfredo Hurtado
1957 : Los ángeles del volante d’Ignacio F. Iquino
1957 : Un ange est passé sur la ville (Un ángel pasó por Brooklyn) de L Vajda
1957 : Lo que cuesta vivir de Ricardo Núñez
1958 : Villa Alegre d’Alejandro Perla
1958 : La vida por delante de Fernando Fernán Gómez
1958 : Vida sin risas de Rafael J. Salvia
1958 : Despedida de soltero d’Eugenio Martín
1959 : La casa de la Troya de Rafael Gil
1959 : Polycarpe maître calligraphe (Policarpo, ufficiale di scrittura) de Mario Soldati
1959 : Bombas para la paz d’Antonio Román
1959 : Fulano y Mengano de Joaquín Luis Romero Marchent
1960 : El litri y su sombra de Rafael Gil
1960 : Días de feria de Rafael J. Salvia
1960 : Nada menos que un arkángel d’Antonio del Amo
1960 : Don Lucio y el hermano pio de José Antonio Nieves Conde
1960 : Un Americano en Toledo de José Luis Monter & Carlos Arévalo
1960 : La petite voiture (El cochecito) de Marco Ferreri
1960 : Patricia mía d’Enrique Carreras
1960 : Vamos a contar mentiras d’Antonio Isasi-Isasmendi
1961 : Perro golfo de Domingo Viladomat
1961 : Don José, Pepe y Pepito de Clemente Pamplona
1961 : Margarita se llama mi amor de Ramón Fernández
1961 : Tú y yo somos tres de Rafael Gil
1961 : Racket sous la ville (La pandilla de los once) de Pedro Lazaga
1962 : Sabían demasiado de Pedro Lazaga
1962 : Cupido contrabandista d’Esteban Madruga
1962 : Une famille explosive (La gran familia) de Fernando Palacios
1962 : Los que no fuimos a la guerra de Julio Diamante
1963 : El sol en el espejo d’Antonio Román
1963 : Le Bourreau (El Verdugo) de Luis García Berlanga
1964 : Los dinamiteros de Juan García Atienza
1965 : La familia y... uno más de Fernando Palacios
1965 : Cristina de José María Argemí
1965 : Opération Dalila (Operción Delilah) de Luis de los Arcos


Filmographie de José ISBERT
 
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