Paul Wegener est né le 11 décembre 1874 à Arnoldsdorf en Prusse orientale, devenu Jarantowice en Pologne après la seconde guerre mondiale. Il passe son enfance dans le domaine de son père à Bischdorf avant d'être envoyé à Rössel puis à Königsberg pour suivre ses études. Il travaille comme figurant au Théâtre municipal de Königsberg alors qu'il est encore étudiant. Après son diplôme en 1894, il entreprend des études de droit à Fribourg et à Leipzig, mais les abandonne un an plus tard pour poursuivre une carrière d'acteur.
Carrière théâtrale avec Max Reinhardt
Paul Wegener prend des cours de théâtre et reçoit des engagements dans des petits rôles entre 1895 et 1903, notamment au Théâtre municipal de Rostock, à Aix-la-Chapelle et à Wiesbaden. Grâce à sa performance dans Refuge de Nuit de Gorki à Hambourg, Max Reinhardt le remarque et l’amène dans son théâtre de Berlin en 1906. Il fait rapidement des progrès et se produit dans Richard III ou Méphisto, devenant ainsi un des acteurs de théâtre les plus importants d'Allemagne. Il épouse successivement Ida Ahlers, Änny Hindermann avec laquelle il a un enfant et Lyda Salmonova, sa partenaire privilégiée. En 1914, il s'engage comme volontaire mais est renvoyé à Berlin en 1915 pour des raisons de santé. Il reprend ses activités théâtrales sous la direction de Reinhardt jusqu'en 1920. Sa notoriété grandit par des engagements sur de nombreuses scènes allemandes et des apparitions à l'étranger.
Un grand de l'expressionnisme allemand
Paul Wegener marque ses débuts au cinéma en 1913 dans L'Étudiant de Prague de Stellan Rye, dont il écrit le scénario avec l'auteur Hanns Heinz Ewers et le caméraman Guido Seeber et le coréalisise. La coexistence du réalisme de l'intrigue réelle et l'intégration d'éléments fantastiques dans l'histoire font de L’Étudiant de Prague le film le plus novateur de l’histoire du cinéma allemand et détermine les travaux ultérieurs de Wegener en tant que réalisateur et acteur, par exemple dans Les noces de Rübezahl, Le joueur de flûte d’Hamelin et surtout Le Golem qui obtient un succès international et reste toujours considéré comme l'un des grands classiques du cinéma muet allemand. L’acteur incarne à plusieurs reprises des personnages d'autres cultures et combine des fantasmes d'influence occidentale avec sa fascination très personnelle pour l'Extrême-Orient, par exemple dans Le Yogi et Les Bouddhas vivants. Il épouse Greta Schröder, sa partenaire du Golem et l’inoubliable Ellen de Nosferatu le Vampire. En 1926, il est engagé par le studio hollywoodien MGM pour le thriller mystérieux Le Magicien de Rex Ingram où il incarne un mystérieux mage dans l'adaptation de Somerset Maugham. Il reprend un rôle de scientiste dans Mandragore d’Henrik Galeen avec l’énigmatique Brigitte Helm.
Wegener et le troisième Reich
Avec l'introduction des films sonores et la montée au pouvoir des nationaux-socialistes, l'importance de Paul Wegener en tant que cinéaste décline. S'il reste l'un des acteurs de scène les plus en vue et les plus respectés, sous la direction notamment de Heinrich George, on le voit principalement dans des divertissements légers, mais aussi occasionnellement dans des films de propagande où il occupe le rôle antipathique comme le communiste dans Hans Westmar, à la gloire d’Horst Wessel, créateur de l’hymne nazi ou le commandant de la ville résistante aux troupes de Napoléon dans Kolberg de Veit Harlan. Il tourne également un certain nombre de films de guerre et incarne le général Tchernychev dans Le Grand Roi de Veit Harlan, exaltant le patriotisme de Frederic II. Malgré sa proximité avec les instances nazies, il reçoit après la libération de l'Allemagne de l'occupant soviétique, l'autorisation de se produire à nouveau. Dans les années qui suivent la guerre, Wegener joua un rôle de premier plan dans la fondation de l'Association culturelle pour le renouveau de l'Allemagne. Son interprétation de Nathan le Sage de Lessing est considérée comme le point de départ de la renaissance de la vie théâtrale en Allemagne. Il est vu pour la dernière fois sur grand écran en 1948 dans Le Grand Mandarin de Karl-Heinz Stroux. Paul Wegener est décédé à Berlin le 13 septembre 1948.
FILMOGRAPHIE :
Avec Ernst Lübitsch
1913 : L’Étudiant de Prague (Der Student von Prag) de Stellan Rye
1913 : Les Yeux d’Ole Brandis (Die Augen des Ole Brandis) de Stellan Rye
1913 : Evinrude, die Geschichte eines Abenteurers de Stellan Rye
1914 : Die Rache des Blutes d’Emil Albes & Paul Wegener
1914 : Le Golem (Der Golem) d’Henrik Galeen & Paul Wegener
1916 : Rübezahls Hochzeit de Paul Wegener & Rochus Gliese
1916 : Le Yogi (Der Yoghi) de Paul Wegener & Rochus Gliese
1917 : Le Golem et la Danseuse (Der Golem und die Tänzerin) de Paul Wegener & Rochus Gliese
1917 : Hans Trutz au Pays de Cocagne (Hans Trutz im Schlaraffenland) de Paul Wegener
1917 : Gegen den Bruderkrieg de Paul Wegener
1918 : Le Joueur de Flûte d’Hamelin (Der Rattenfänger von Hameln) de Paul Wegener
1918 : Der fremde Furst de Paul Wegener
1918 : Apocalypse (Apokalypse) de Rochus Gliese (cm)
1919 : Madame du Barry (Madame DuBarry) d’Ernst Lubitsch
1919 : Le Galérien (Der Galeerensträfling) de Rochus Gliese (en 2 parties)
1919 : Les Gens de la Nuit (Nachtgestalten) de Richard Oswald
1920 : Sumurun (Sumurun) d’Ernst Lubitsch
1920 : Le Golem (Der Golem, wie er in die Welt kam) de Carl Boese & Paul Wegener
1920 : Le Pilote Holk (Steuermann Holk) de Ludwig Wolff
1920 : L’Ombre perdue (Der verlorene Schatten) de Rochus Gliese
1921 : Die geliebte Roswolskys de Felix Basch
1921 : La Femme du Pharaon (Das Weib des Pharao) d’Ernst Lubitsch
1921 : La Fin du Duc de Ferrante (Herzog Ferrantes Ende) de Paul Wegener
1922 : Les Morts-vivants (Sterbende Völker) de Robert Reinert (en 2 parties)
1922 : La Noce au Pied de la Potence (Vanina) d’Arthur von Gerlach
1922 : Lucrèce Borgia (Lucrezia Borgia) de Richard Oswald
1922 : Monna Vanna de Richard Eichberg
1922 : Nid d’amour (Das liebensnest) de Rudolf Walther-Fein (en 2 parties)
1923 : Le Trésor de Gesine Jakobsen (Der Schatz der Gesine Jakobsen) de Rudolf Walther-Fein
1923 : SOS : L’Île des Pleurs (SOS : Die Insel des Tranen) de Lothar Mendes
1924 : Les Bouddhas vivants (Lebende Buddhas) de Paul Wegener
1925 : L’Homme de l’Au-delà (Der Mann aus dem Jenseits) de Manfred Noa
1926 : Le Magicien (The Magician) de Rex Ingram
1926 : Dagfin le Skieur (Dagfin, der Schneeschuhläufer) de Joe May
1926 : Les Tisserands (Die Weber) de Frederic Zelnik
1927 : Glanz und Elend der Kurtisanen de Manfred Noa
1927 : Pauvre petit Sif (Arme kleine Sif) d’Arthur Bergen
1927 : Svengali (Svengali) de Gennaro Righelli
1927 : L’Homme du Pôle (Ramper, der Tiermensch) de Max Reichmann
1927 : Un Monde sans Armes (Die Welt ohne Waffen) de Gernot Bock-Stieber
1928 : La Mandragore (Alraune) d’Henrik Gaalen
1930 : Les Pirates de la grande Ville (Fundvogel) de Wolfgang Hoffmann-Harnisch
1931 : Das verlorene Paradies de Philipp Lothar Mayring (cm)
1932 : Histoires extraordinaires (Unheimliche Geschichten) de Richard Oswald
1932 : Amour de Princesse (Das Geheimnis um Johann Orth) de Willi Wolff
1932 : Maréchal en Avant (Marschall Vorwärts) d’Heinz Paul
1933 : Hans Westmar (Hans Westmar, Einer von Vielen) de Franz Wenzler
1933 : Inge et ses Millions (Inge und die Millionen) d’Erich Engel
1934 : Un Homme veut l’Allemagne (Ein Mann will nach Deutschland) de Paul Wegener
1935 : Juste un Comédien (…nur ein Komödiant) d’Erich Engel
1935 : Un Homme à Poigne (Der Mann mit der Pranke) de Rudolph van der Noss
1938 : En Mission secrète (In geheimer Mission) de Jürgen von Alten
1938 : Stärker als die Liebe de Joe Stöckel
1939 : Le Cœur immortel (Das unsterbliche Herz) de Veit Harlan
1939 : Le Droit à l’Amour (Das Recht auf Liebe) de Joe Stöckel
1940 : Zwielicht de Rudolf van der Noss
1940 : La Tempête (Das Mädchen von Fanö) d’Hans Schweikart
1940 : Mein Leben für Irland de Max W. Kimmich
1941 : Hochzeit auf dem Bärenhof de Carl Froelich
1942 : Le grand Roi (Der große König) de Veit Harlan
1942 : Diesel de Gerhardt Lamprecht
1943 : Après la Pluie le beau Temps (Wenn die Sonne wieder scheint) de Boleslaw Barlog
1943 : Seinerzeit zu meiner Zeit de Boleslaw Barlog
1944 : Tierarzt Dr. Vlimmen de Boleslaw Barlog
1944 : Shiva und die Galgenblume d’Hans Steinhoff & Michaela Krützen (inachevé)
1944 : La Citadelle des Héros (Kolberg) de Veit Harlan
1944 : Les Yeux de l’Amour (Augen der Liebe) d’Alfred Braun
1945 : Le Cas Molander (Der Fall Molander) de Georg Wilhelm Pabst
1945 : Dr. Phil Doederlein de Werner Klinger
1948 : Le grand Mandarin (Der große Mandarin) de Karl-Heinz Stroux
Filmographie de Paul WEGENER