Peter LORRE
 Acteur allemand
Une ombre menaçante qui se découpe sur un avis de recherche, un air de Peer Gynt siffloté, la lettre "M" marquée sur l’épaule, avec M le maudit de Fritz Lang, Peter Lorre a fait une entrée fracassante dans l’histoire du cinéma. Visage lunaire, yeux exorbités et voix chuchotée, il y campait un meurtrier d’enfants aussi odieux que pitoyable. De Berlin à Hollywood, il participa à un grand nombre de films fameux qui déçurent pourtant ses espérances car il ne fut le plus souvent qu’un excellent faire-valoir alors qu’il se rêvait en tête d’affiche.
Peter Lorre est né László Löwenstein le 26 juin 1904 à Rosenberg dans l'Empire austro-hongrois (aujourd’hui Ružomberok en Slovaquie). Ses parents, juifs germanophones, Alajos Löwenstein et son épouse Elvira Freischberger s’y sont récemment installés quand son père, ancien militaire de réserve, est nommé comptable en chef dans une usine de textile. Sa mère décède quand il a quatre ans et Alajos père de trois jeunes fils, se remarie avec la meilleure amie de sa femme, Mélanie Klein mais le jeune Laszlo ne s’entendra jamais bien avec sa belle-mère.
M le Maudit
Peter Lorre débute sur scène à Vienne à l’âge de 17 ans avec le marionnettiste Richard Teschner. À la fin des années 1920, il s'installe à Berlin, où il travaille avec Bertolt Brecht pour Homme contre Homme et la comédie musicale Happy End où il joue le docteur Nakamura. Il connaît la renommée dès son premier film, quand Fritz Lang lui confie la composition hallucinée du tueur d'enfants Hans Beckert, inspirée de l'affaire Peter Kürten dans M le Maudit. Avec sa voix rauque, ses yeux exorbités et son jeu surexpressif, Peter Lorre rentre dans la mémoire collective. Lorsque les nazis arrivent au pouvoir en Allemagne en 1933, Peter Lorre se réfugie d'abord à Paris puis à Londres, où il est remarqué par Ivor Montagu producteur associé de L'Homme qui en savait trop d’Alfred Hitchcock. Malgré sa maîtrise limitée de l'anglais à l'époque, l’acteur surmonte ce handicap en apprenant une grande partie de son rôle phonétiquement. Il tourne deux films américains, Les Mains d’Orlac de Karl Freund, histoire d’un pianiste à qui on a greffé les mains d’un assassin et Remords de Josef von Sternberg adapté de Crime et Châtiment de Dostoievski. Il revient retrouver Hitchcock en Angleterre pour Quatre de l'Espionnage et se rend à New York avec sa première épouse, l'actrice Celia Lovsky.
Associé à Sidney Greenstreet
Après quelques rôles de meurtriers dans Sous le masque, Nancy Steele a disparu ou Amour d’Espionne, il se voit confier le personnage de Monsieur Moto, un détective japonais dans Thank you Mr Moto. Il joue huit aventures du japonais à l’accent allemand puis un rôle énigmatique dans Le Cargo maudit de Frank Borzage auprès de Clark Gable. Il signe pour la Warner et trouve pendant la seconde guerre mondiale ses rôles les plus marquants. Il fait pour la première fois équipe avec Sidney Greenstreet, colosse britannique qui tranche avec la petite taille de Lorre dans Le Faucon maltais de John Huston. Voué aux personnages de fourbes, il tourne neuf films avec Greenstreet, beaucoup de classiques du cinéma comme Casablanca et Cap sur Marseille de Michael Curtiz avec Humphrey Bogart, Les Conspirateurs, Le Masque de Dimitrios et Trois Étrangers de Jean Negulesco. Il est le docteur Einstein dans Arsenic et vieilles dentelles de Frank Capra et Toady dans La Corde de sable avec Burt Lancaster.
Des silhouettes inquiétantes
En 1951, il doit comparaître comme témoin devant le comité des activités anti-américaines en raison de son amitié avec Berthold Brecht et Humphrey Bogart. Il retourne en Allemagne écrire et réaliser L’Homme perdu, une œuvre marquée par le nazisme et le film noir. Souvent présenté comme un sinistre étranger, sa carrière ultérieure est irrégulière. Il est le premier méchant, Le Chiffre opposé à James Bond dans une version télévisée de Casino Royale. Il est aussi bien un agent russe dans La Belle de Moscou avec Fred Astaire et Cyd Charisse que des personnages pittoresques imaginés par Jules Verne dans 20000 lieues sous les mers de Richard Fleischer, Le tour du monde en 80 jours, Cinq semaines en ballon. Tournant beaucoup pour la télévision, il trouve de bons rôles chez Roger Corman auprès de Vincent Price et Boris Karloff dans L’Empire de la Terreur ou Le Corbeau. Peter Lorre s'est mariée trois fois, avec Celia Lovsky de 1934 à 1945, Kaaren Verne de 1945 à 1950 et Anne Marie Brenning de 1953 à son décès. Cette dernière donne naissance à la seule enfant de Lorre, Catharine qui sera victime d’une tentative d’enlèvement et mourra du diabète à 32 ans. Suite à troubles chroniques de la vésicule biliaire, Peter Lorre devient dépendant de la morphine. Peter Lorre est décédé à Los Angeles le 23 mars 1964 des suites d'un accident vasculaire cérébral à 59 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Fritz Lang
1929 : Le Diable blanc (Der weiße Teufel) d’Alexandre Volkoff
1929 : Die Verschwundene Frau de Karl Leiter
1931 : Homme pour homme (Mann ist Mann) de Bertolt Brecht
1931 : M le Maudit (M) de Fritz Lang
1931 : Bombes sur Monte-Carlo (Bomben auf Monte Carlo) de Hanns Schwarz
1931 : Les Treize Malles de monsieur O. F. (Die Koffer des Herrn O.F.) d’Alexis Granowsky
1932 : Fünf von der Jazzband d’Erich Engel
1932 : Schuß im Morgengrauen d’Alfred Zeisler
1932 : Stupéfiants (Der weiße Dämon) de Kurt Gerron
1932 : Stupéfiants de Kurt Gerron et Roger Lion
1932 : I.F.1 ne répond plus (F.P.1 antwortet nicht) de Karl Hartl
1933 : Les Requins du pétrole (Unsichtbare Gegner) de Henri Decoin
1933 : Du haut en bas de Georg Wilhelm Pabst
1933 : Ce que femme rêve (Was Frauen träumen) de Géza von Bolváry
1933 : Unsichtbare Gegner de Rudolph Cartier
1934 : L'Homme qui en savait trop (The Man Who Knew Too Much) d’Alfred Hitchcock
1935 : Les Mains d’Orlac (Mad Love) de Karl Freund
1935 : Crime et Châtiment (Crime and Punishment) de Josef von Sternberg
1936 : Quatre de l'espionnage (The Secret Agent) d’Alfred Hitchcock
1936 : Sous le masque (Crack-up) de Samuel G. Engel
1937 : Nancy Steele a disparu (Nancy Steele Is Missing!) de George Marshall
1937 : L'Énigmatique Monsieur Moto (Think Fast, Mr. Moto) de Norman Foster
1937 : Amour d’espionne (Lancer Spy) de Gregory Ratoff
1937 : Le Serment de Monsieur Moto (Thank You, Mr. Moto) de Norman Foster
1938 : Monsieur Moto sur le ring (Mr. Moto's Gamble) de James Tinling
1938 : Monsieur Moto court sa chance (Mr. Moto Takes a Chance) de Norman Foster
1938 : Pour un million (I'll Give a Million) de Walter Lang
1938 : Monsieur Moto dans les bas-fonds (Mysterious Mr. Moto) de Norman Foster
1939 : Monsieur Moto au music-hall (Mr. Moto's Last Warning) de Norman Foster
1939 : Monsieur Moto en péril (Mr. Moto in Danger Island) d’Herbert I. Leeds
1939 : Les Vacances de Monsieur Moto (Mr. Moto Takes a Vacation) de Norman Foster
1940 : Le Cargo maudit (Strange cargo) de Frank Borzage
1940 : Tanya l'aventurière (I Was an Adventuress) de Gregory Ratoff
1940 : L'Île des damnés (Island of Doomed Men) de Charles Barton
1940 : L'Inconnu du 3e étage (Stranger on the Third Floor) de Boris Ingster
1940 : La Villa des piqués (You'll find out) de David Butler
1940 : Le Péril juif (Der Ewige Jude) de Fritz Hippler
1941 : The Face Behind the Mask de Robert Florey
1941 : J'accuse cette femme (Mr. District Attorney) de William Morgan
1941 : L'Aventure commence à Bombay (They met in Bombay) de Clarence Brown
1941 : Le Faucon maltais (The Maltese falcon) de John Huston
1941 : Échec à la Gestapo (All Through the Night) de Vincent Sherman
1942 : L'Agent invisible contre la Gestapo (Invisible Agent) d’Edwin L. Marin
1942 : The Boogie Man Will Get You de Lew Landers
1942 : Casablanca de Michael Curtiz
1943 : Tessa, la nymphe au cœur fidèle (The Constant Nymph) d’Edmund Goulding
1943 : Intrigues en Orient (Background to danger) de Raoul Walsh
1943 : La Croix de Lorraine (The Cross of Lorraine) de Tay Garnett
1944 : Le Masque de Dimitrios (The Mask of Dimitrios) de Jean Negulesco
1944 : Passage to Marseille de Michael Curtiz
1944 : Arsenic et Vieilles Dentelles (Arsenic and Old Lace) de Frank Capra
1944 : Les Conspirateurs (The Conspirators) de Jean Negulesco
1944 : Hollywood Canteen de Delmer Daves
1945 : Hôtel Berlin (Hotel Berlin) de Peter Godfrey
1945 : Agent secret (Confidential Agent) d’Herman Shumlin
1946 : Trois Étrangers (Three Strangers) de Jean Negulesco
1946 : L'Ange noir (Black Angel) de Roy William Neill
1946 : L'Évadée (The Chase) d’Arthur Ripley
1946 : La Sentence (The Verdict) de Don Siegel
1946 : La Bête aux cinq doigts (Beast with Five Fingers) de Robert Florey
1947 : La Brune de mes rêves (My Favorite Brunette) de Elliott Nugent
1948 : Casbah (Casbah) de John Berry
1949 : La Corde de sable (Rope of sand) de William Dieterle
1950 : Sables mouvants (Quicksand) d’Irving Pichel
1950 : Double Confession de Ken Annakin
1951 : L'Homme perdu (Der Verlorene) de Peter Lorre
1953 : Plus fort que le diable (Beat the Devil) de John Huston
1954 : Casino Royale (Casino Royale) de William H. Brown (tv)
1954 : Vingt Mille Lieues sous les mers (20,000 Leagues Under the Sea) de Richard Fleischer
1955 : L’Affaire Cicéron (Opération Cicero) d’Hubert Cornfield (tv)
1956 : Le Tour du monde en 80 jours (Around the World in Eighty Days) de Michael Anderson
1956 : Viva Las Vegas (Meet Me in Las Vegas) de Roy Rowland
1956 : Intrigue au Congo (Congo Crossing) de Joseph Pevney
1957 : L'Homme qui n'a jamais ri (The Buster Keaton Story) de Sidney Sheldon
1957 : La Belle de Moscou (Silk stockings) de Rouben Mamoulian
1957 : L'Histoire de l'humanité (The story of Mankind) d’Irwin Allen
1957 : P'tite Tête de troufion (The Sad sack) de George Marshall
1957 : Hell Ship Mutiny de Lee Sholem et Elmo Williams
1959 : Le Cirque fantastique (The Big Circus) de Joseph M. Newman
1960 : Scent of Mystery de Jack Cardiff
1961 : Le Sous-marin de l'apocalypse (Voyage to the bottom of the sea) d’Irwin Allen
1962 : L'Empire de la Terreur (Tales of terror) de Roger Corman
1963 : Cinq semaines en ballon (Five weeks in a balloon) d’Irwin Allen
1963 : Le Corbeau (The Raven) de Roger Corman
1964 : Le croque-mort s'en mêle (The Comedy of Terrors) de Jacques Tourneur
1964 : Muscle Beach Party de William Asher
1964 : Jerry Souffre-douleur (The Patsy) de Jerry Lewis


Filmographie de Peter LORRE
 
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