Bruno GANZ
 Acteur suisse
Bruno Ganz faisait partie de ces acteurs qui n'ont pas besoin d'en faire beaucoup, pour exister entièrement devant une caméra ou sur scène. Il savait comme personne rendre visible l'imperceptible, l'intériorité d'un personnage, ses peurs et ses failles. On regarde sa filmographie et on remarque qu'elle ne contient quasiment que des films marquants, des choix qui dessinent non seulement une époque, mais aussi par contre coup les différents aspects de sa personnalité.
Bruno Ganz voit le jour le 22 mars 1941 à Zurich d’un père helvétique et d’une mère d’Italie du Nord. Après son service militaire, il s’installe en Allemagne pour y suivre des cours de théâtre. Il entre alors dans la compagnie Berliner Schaubühne animée par Peter Stein et joue dans de nombreuses pièces aussi bien classiques que d’auteurs modernes.
Figure emblématique du jeune cinéma allemand
Bruno Ganz parle cinq langues, ce qui lui permet d’accéder à une prestigieuse carrière internationale. En 1965, il épouse Sabine Ganz, la mère de son unique enfant Daniel et sa compagne jusqu’à la fin de sa vie. Après quelques expériences peu concluantes au cinéma et à la télévision dans les années 60, c'est son complice de théâtre Peter Stein qui lui offre son premier rôle important à l'écran dans Les Estivants en 1975. Mais c'est Eric Rohmer, la même année, qui lui apporte la célébrité internationale avec le rôle du comte russe dans La Marquise d'O. Il obtient un rôle secondaire dans Lumière, la première réalisation de Jeanne Moreau et tourne pour la première fois avec Wim Wenders qui en fait le Tom Ripley de L'Ami américain. Il tourne aux États-Unis dans Ces garçons qui venaient du Brésil de Franklin J. Schaffner, impressionnant récit sur les traces du médecin nazi Josef Mengele. Il se met au service du jeune cinéma allemand endossant les rôles principaux dans La Femme gauchère de Peter Handke, Le Couteau dans la tête de Reinhard Hauff, Nosferatu, fantôme de la nuit de Werner Herzog où il est Jonathan Harker face au vampire incarné par Klaus Kinski, Le Faussaire de Volker Schlöndorff tourné au Liban.
L'ange sur Berlin
Bruno Ganz tourne en France Retour à la bien-amée de Jean-François Adam et 5% de risques de Jean Pourtalé et en Italie dans La Dame aux Camélias de Mauro Bolognini, où il joue le comte Perregaux face à Isabelle Huppert, et Une femme italienne de Giuseppe Bertolucci. Il apporte son soutien au cinéma suisse francophone en tournant dans La Provinciale de Claude Goretta avec Nathalie Baye ou errant dans Lisbonne pour Dans la ville blanche d’Alain Tanner. Il connaît la consécration internationale avec Les Ailes du Désir de Wim Wenders où il joue un ange amoureux d’une trapéziste, Solveig Dommartin. Récompensé partout dans le monde, il reprend ce rôle dans Si loin, si proche, centré cependant sur le personnage du deuxième ange incarné par Otto Sander. Avec son complice, il réalise le documentaire Gedächtnis (Mémoires), consacré aux vieux acteurs Curt Bois et Bernhard Minetti.
Des choix scrupuleux
Soucieux de se ménager du temps pour le théâtre, il se fait plus rare à l'écran. Il se produit sur scène dans Faust de Goethe et interprète les grands auteurs allemands comme Kleist ou Thomas Bernhard et internationaux comme Pinter ou Nabokov. Il retrouve un rôle à sa mesure, Alexandre, l'écrivain malade qui prend un petit garçon sans papiers sous son aile dans L'Eternité et un jour, la Palme d'Or de Theo Angelopoulos. Il retrouve le réalisateur grec pour La Poussière du temps en 2008. Très éclectique mais toujours aussi scrupuleux il campe aussi bien un serveur islandais dans la comédie romantique Pain, tulipes et comédie de Silvio Soldini pour lequel il reçoit un Donatello qu’un impressionnant Adolf Hitler enfermé dans son bunker dans La Chute d'Oliver Hirschbiegel. Il apporte un soin particulier même aux participations les plus fugaces dans de grosses productions internationales comme Un crime dans la tête de Jonathan Demme, L'Homme sans âge de Francis Ford Coppola, The Reader de Stephen Daldry ou dans des rôles principaux dans des films d'auteurs comme Vitus de Fredi M. Murer ou Sport de filles, Patricia Mazuy. Acteur aussi insaisissable que passionnant, il participe à de nombreux téléfilms et tient le rôle principal de la série Tassilo. Sa filmographie s’achève par deux réalisateurs prestigieux, Lars Von Trier dans The House that Jack built et Terrence Malick dans Radegund. Au cours de l’été 2018, il renonce à ses engagements professionnels lorsqu’on lui décèle un cancer. En dépit de signes d’amélioration, Bruno Ganz décède à l’âge de 77 ans des suites de cette maladie le 16 février 2019 à son domicile de Zurich.


FILMOGRAPHIE :

Avec Wim Wenders
et Solveig Dommartin
1960 : L’Homme au chapeau melon (Der Herr mit der schwarzen Melone) de Karl Suter
1962 : Un Toit sur la Tête (Es Dach überem Chopf) de Kurt Früh
1964 : Chikita (Chikita ihr klein Häuschen) de Karl Suter
1967 : Der sanfte Lauf de Haro Senft
1976 : Les Estivants (Sommergäste) de Peter Stein
1976 : Lumière de Jeanne Moreau
1976 : La Marquise d’O... d’Éric Rohmer
1976 : Le Canard sauvage (Die Wildente) de Hans W. Geißendörfer
1977 : L'Ami américain (Der Amerikanische Freund) de Wim Wenders
1978 : La Femme gauchère (Die linkshändige Frau) de Peter Handke
1978 : Le Couteau dans la tête (Messer im Kopf) de Reinhard Hauff
1978 : Ces garçons qui venaient du Brésil (The Boys from Brazil) de Franklin J. Schaffner
1978 : L'Échiquier de la passion (Schwarz und weiß wie Tage und Nächte ) de W. Petersen
1978 : Geschichte einer Liebe de Dagmar Damek
1979 : Nosferatu, fantôme de la nuit (Nosferatu: Phantom der Nacht ) de Werner Herzog
1979 : Retour à la bien-aimée de Jean-François Adam
1980 : Une femme italienne (Oggetti smarriti) de Giuseppe Bertolucci
1980 : 5 % de risque de Jean Pourtalé
1981 : La Provinciale de Claude Goretta
1981 : Le Vietnam nous appartient (Etwas wird sichtbar ) de Harun Farocki
1981 : La Dame aux camélias (La storia vera della signora delle camelie) de Mauro Bolognini
1981 : Le Faussaire (Die Fälschung) de Volker Schlöndorff
1981 : Haut les mains (Rece do góry) de Jerzy Skolimowski
1982 : Der Erfinder de Kurt Gloor
1982 : Logik des Gefühls d’Ingo Kratisch
1982 : Polenta de Maya Simon
1983 : Dans la ville blanche (In der weißen Stadt) d’Alain Tanner
1983 : La Main dans l'ombre (System ohne Schatten) de Rudolf Thome
1983 : Killer aus Florida de Klaus Schaffhauser
1985 : De ijssalon de Dimitri Frenkel Frank
1986 : El río de oro de Jaime Chávarri
1986 : La Pendule (Der Pendler) de Bernhard Giger
1987 : Les Ailes du désir (Der Himmel über Berlin) de Wim Wenders
1988 : Un amore di donna de Nelo Risi
1989 : Bankomatt de Villi Hermann
1989 : Strapless de David Hare
1989 : The Legendary Life of Ernest Hemingway de José María Sánchez
1991 : Erfolg de Franz Seitz Jr.
1991 : Le Dimanche de préférence de Giuseppe Bertolucci
1991 : Les Enfants de la nature (Börn náttúrunnar) de Friðrik Þór Friðriksson
1992 : L'Absence (Die Abwesenheit) de Peter Handke
1992 : Prague d’Ian Sellar
1992 : The Last Days of Chez Nous de Gillian Armstrong
1993 : Si loin, si proche ! (In weiter Ferne, so nah!) de Wim Wenders
1993 : Brandnacht de Markus Fischer
1994 : Heller Tag de Andre Nitzschke
1994 : Lumière et compagnie de Wim Wenders
1995 : Diario senza date de Roberto Andò
1996 : Saint-Ex d’Anand Tucker
1998 : L'Éternité et Un Jour (Mia eoniotika ke moi mera) de Théo Angelopoulos
2000 : Pain, Tulipes et Comédie (Pane e tulipani) de Silvio Soldini
2000 : WerAngstWolf de Clemens Klopfenstein
2002 : La Force du Passé (La forza del passato) de Piergiorgio Gay
2002 : La Nuit d’Epstein (Epsteins Nacht) d’Urs Egger
2003 : Luther (Luther) d’Eric Till
2004 : Un crime dans la tête (The Manchurian Candidate) de Jonathan Demme
2004 : La Chute (Der Untergang) de Oliver Hirschbiegel
2006 : Vitus (Vitus) de Fredi Murer
2006 : L’Ode de Joie (Baruto no gakuen) de Masanobu Deme
2007 : L'Homme sans âge (Youth Without Youth) de Francis Ford Coppola
2008 : La Bande à Baader (Der Baader Meinhof Komplex) d’Uli Edel
2008 : Stairway to Nowhere d’Ahmet Tas
2008 : La Poussière du temps (I sknoi tou hronou) de Théo Angelopoulos
2009 : The Reader (The Reader) de Stephen Daldry
2009 : La Disparition de Giulia (Giulias Verschwinden) de Christoph Schaub
2010 : Le Grand Voyage de la vie (Das Ende ist mein Anfang) de Jo Baier
2010 : Taxiphone, El Mektoub de Mohammed Soudani
2011 : Sans identité (Unknown) de Jaume Collet-Serra
2011 : Sport de filles de Patricia Mazuy
2013 : Un train de nuit pour Lisbonne (Night Train to Lisbon) de Bille August
2013 : Michael Kohlhaas d’Arnaud des Pallières
2013 : Cartel (The Counselor) de Ridley Scott
2014 : Refroidis (Kraftidioten) de Hans Petter Moland
2015 : Amnesia de Barbet Schroeder
2015 : Heidi d’Alain Gsponer
2016 : Remember d’Atom Egoyan
2016 : Un Juif pour l'exemple de Jacob Berger
2016 : Quand la lumière décline (In Zeiten des Abnehmenden Lichts) de Matti Geschonneck
2017 : The Party de Sally Potter
2017 : In Times of Fading Light de Matti Geschonneck
2018 : Fortuna de Germinal Roaux
2018 : The House That Jack Built de Lars von Trier
2018 : Der Trafikant de Nikolaus Leytner (de)
2019 : Une vie cachée (Hidden Life) de Terrence Malick
2019 : Vinterrejse d’Anders Ostergaard & Erzsebet Racz
2019 : The Witness de Mitko Panov

Télévision :
1987 : Les liens du sang (Väter und Söhne, eine deutsche Tragödie) de Bernhard Sinkel
1991 : Tassilo (Tassilo, ein Fall fûr sich) d’Hajo Gies
2001 : Faust (Johann Wolfgang von Goethe: Faust) de Peter Schönhofer
2005 : La Vie de Jean-Paul II (Have No Fear: The Life of Pope John Paul II) de Jeff Bleckner
2007 : Copacabana de Xavier Schwarzenberger
2008 : Le Grincheux de Rainer Kaufmann
2010 : Fondu au noir (Satte Farben vor Schwarz) de Sophie Heldmann
2012 : L'Homme-chat (Der grosse Kater) de Wolfgang Panzer
2013 : Le Vatican (The Vatican) de Ridley Scott


Filmographie de Bruno GANZ
 
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