Né à Vienne le 13 novembre 1922 sous le nom d’Oskar Josef Bschließmayer, Oskar Werner passe une grande partie de son enfance sous la garde de sa grand-mère, qui le divertit avec des histoires sur le Burgtheater, le théâtre national autrichien. Une vocation est née et le jeune homme entre à 18 ans dans la prestigieuse institution grâce à Lothar Müthel Il est le plus jeune comédien à recevoir cette reconnaissance. Il fait ses débuts au théâtre sous le nom de scène Oskar Werner en octobre 1941.
L'Ange à la trompette
En décembre 1941, Werner est enrôlé dans la Wehrmacht. En tant que pacifiste et farouche opposant au national-socialisme, il est déterminé à éviter l'avancement dans l'armée. Il s’arrange pour être expulsé du camp d’entraînement et passe son service à exécuter des corvées au lieu d’être envoyé sur le front de l’Est. Le 31 mai 1944, il épouse secrètement l’actrice Elisabeth Kallina, d’origine juive qui met au monde leur fille Elinor la même année. Il déserte la Wehrmacht et s'enfuit avec sa femme et sa fille dans le Wienerwald (bois de Vienne), où ils restèrent cachés jusqu'à la fin de la guerre. La guerre terminée, Oskar Werner retourne au Burgtheater et en 1948 fait ses débuts au cinéma dans L’Ange à la trompette de Karl Hartl. L'année suivante, il incarne le neveu de Ludwig van Beethoven, Karl dans Eroica. Avec sa chevelure blonde et ses grands yeux noirs, il incarne des jeunes gens romantiques et tourmentés. Il se rend au Royaume-Uni en 1950 pour une version de L’Ange à la Trompette par Anthony Bushell. Il divorce d’Elisabeth mais les deux acteurs resteront amis. Il tourne dans des productions allemandes comme Das gestohlene Jahr ou Ruf as dem Äther et incarne le sous-officier allemand idéaliste dans Le Traître d’Anatole Litvak. Il fait sensation dans La Fin d’Hitler de Georg Wilhelm Pabst. Il s’installe à Triesen au Liechtenstein, dans une maison qu'il a conçue et construite avec un ami. Il revient sur scène et joue dans Hamlet, La Mort de Danton, Henri IV, Henri V, Torquato Tasso et Becket. Après une période d'inactivité cinématographique, Werner apparaît dans cinq films en 1955, dont Mozart, dans lequel il joue le rôle-titre, et Lola Montès, réalisé par Max Ophüls où il campe un étudiant auprès de Martine Carol.
Héros de Truffaut
Ce n'est qu'en 1962, qu'il obtient la reconnaissance internationale avec Jules et Jim de François Truffaut. Il y est Jules écrivain autrichien timide qui se lie d’amitié avec le Français extraverti (Henri Serre) et vivent un ménage à trois avec Catherine (Jeanne Moreau) esprit libre et capricieux. Il décroche le Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle pour sa prestation de Fiedler dans L’Espion qui venait du froid de Martin Ritt avec Richard Burton. L'interprétation par Oskar Werner du philosophe Dr Schumann dans La Nef des fous lui vaut une nomination pour l'Oscar du meilleur acteur, le Golden Globe Award du meilleur acteur dans un film dramatique et le BAFTA Award du meilleur acteur étranger en Angleterre. En 1966, il incarne Guy Montag, un pompier autodidacte qui se rebelle contre une société contrôlée où le livre est interdit dans Fahrenheit 451 de François Truffaut d’après Ray Bradbury mais il se fâche avec le cinéaste. Il incarne un chef d'orchestre dans Interlude et un prêtre du Vatican librement inspiré de Pierre Teilhard de Chardin dans Les Souliers de Saint-Pierre de Michael Anderson.
Une vie de reclus
Au début des années 1970, Oskar Werner revient sur scène et voyage en Israël, en Italie, à Malte, en France et aux États-Unis. Il fait une dernière apparition remarquée dans Le Voyage des Damnés de Stuart Rosenberg au cinéma et interprète Le Prince de Homburg sur scène en 1983. De 1954 à 1968, il est marié avec Anne Power, fille d’Annabella et fille adoptive de Tyrone Power. De 1965 à 1969, Werner est en couple avec Diana Bennett Wanger, fille de l'actrice Joan Bennett, et ils ont eu un fils, Felix Florian Werner, né en 1966. Werner plonge ensuite dans l’alcoolisme , ce qui contribue fortement au déclin de sa santé et de sa carrière. Le 22 octobre 1984, il annule une lecture à l'hôtel Europäischer Hof à Marburg an der Lahn, en Allemagne, se sentant malade. Il est retrouvé mort d'une crise cardiaque le lendemain matin, à 61 ans. Il est enterré au Liechtenstein.
FILMOGRAPHIE :
Avec Julie Christie
et François Truffaut
1939 : Hotel Sacher de Willy Birgel
1939 : Les Rapaces (Leinen aus Irland) de Heinz Helbig
1948 : L'Ange à la trompette (Der Engel mit der Posaune) de Karl Hartl
1949 : Eroïca (Eroïca, biographie de Beethoven) de Walter Kolm-Veltée
1950 : L’Ange à la trompette (The Angel with the Trumpet) d’Anthony Bushell
1950 : Das gestohlene Jahr de Wilfried Fraß
1951 : Ruf aus dem Äther de Georg C. Klaren et Georg Wilhelm Pabst
1951 : Premières Vacances (The Wonder Kid) de Karl Hartl
1951 : Un Sourire dans la Tempête (Ein Lächeln in Sturm) de René Chanas
1951 : Le Traître (Decision Before Dawn) d'Anatole Litvak
1955 : La Fin d'Hitler (Der Letzte Akt) de Georg Wilhelm Pabst
1955 : Espion, colonel Redl (Spionage) de Franz Antel
1955 : Mozart (Reich mir die Hand, mein Leben) de Karl Hartl
1955 : Lola Montès de Max Ophüls
1957 : Bacchus de Josef Gielen (tv)
1958 : Ein gewisser Judas d’Oskar Werner (tv)
1962 : Jules et Jim de François Truffaut
1964 : Torquato Tasso de Rudolf Raepple (tv)
1965 : La Nef des fous (Ship of Fools) de Stanley Kramer
1965 : L'Espion qui venait du froid (The Spy Who Came in from the Cold) de Martin Ritt
1966 : Fahrenheit 451 de François Truffaut
1968 : Interlude (Interlude) de Kevin Billington
1968 : Les Souliers de Saint-Pierre (The Shoes of the Fisherman) de Michael Anderson
1976 : Le Voyage des damnés (Voyage of the Damned) de Stuart Rosenberg
Filmographie d'Oskar WERNER