Conrad VEIDT
 Acteur allemand
Juste par ses cils, ses sourcils, les muscles visibles du visage, un mouvement léger des ailes du nez et de la commissure des lèvres, Conrad Veidt indique d'une manière très suggestive l'éveil contrôlé du médium somnambule, mais aussi un désir d'érotomane sadique dans Le Cabinet du Docteur Caligari. Une autre astuce de son jeu artificiel et intense est le ralentissement évident des mouvements du corps et des détails d'expression, et les contorsions d'un corps dirigé par les mouvements d'épaules. Un grand acteur vient de naître avec cette composition quasi animale.
Hans Walter Conrad Veidt est né le 22 janvier 1893 à Berlin. Élève médiocre, il abandonne ses études secondaires en 1912. Un an plus tard seulement, il s’inscrit à l'école de théâtre de Max Reinhardt au Théâtre allemand, ce qui constitue une véritable révolution pour sa carrière. Avant que Conrad Veidt puisse terminer sa formation d'art dramatique, il est enrôlé pour le service militaire pendant la Première Guerre mondiale et envoyé sur le front de l'Est en 1915. En 1916, il est libéré pour cause de jaunisse. Au cours des mois suivants, il joue dans différents théâtres du front et retourne à Berlin en septembre 1916, où on lui propose un poste d'acteur au Théâtre allemand. De 1919 à 1921, il se produit dans les tournées Barnofsky et au Théâtre de la Renaissance.
Les débuts avec Richard Oswald
Parallèlement à son travail théâtral, Veidt entame une carrière cinématographique. Il joue le rôle d'amant d'une comtesse dans le drame La route de la mort. En raison de sa silhouette grande et décharnée, ses joues étroites, son front expressif, sa bouche distinctive et de grands yeux au regard perçant, il joue souvent des personnages mystérieux et démoniaques, comme le prêtre indien dans Peur de Robert Wiene ou le docteur Armstrong dans Opium de Robert Dinesen. Il entame une coopération durable avec le réalisateur Richard Oswald pour plus de 20 films aux thèmes moraux et éducatifs comme Le journal d'une fille perdue, Prostitution, Cauchemars et Hallucinations, La Ronde et Lady Hamilton qui font de Veidt l'une des stars les plus populaires et, avec Emil Jannings, l'une des stars les mieux payées du cinéma allemand. Il incarne fréquemment des marginaux sociaux, des personnages négatifs élégants ou des héros brisés, comme un violoniste homosexuel qui se suicide après avoir été victime de chantage dans Différents des autres. Il épouse l’actrice Gussy Holl en 1918 mais divorce en 1922 pour épouser l’aristocrate Felicitas Radke de 1923 à 1932. Gussy Holl se remariera avec Emil Jannings.
Acteur expressionniste
Grâce à son langage corporel bizarre, Veidt s’impose comme un acteur expressionniste idéal et fondateur. Friedrich Wilhelm Murnau le choisit pour La Tête de Janus, adapté de Dr. Jekyll et Mr. Hyde et Satanas. Robert Wiene lui attribue le rôle du médium hypnotisé et meurtrier Cesare dans son chef-d'œuvre Le Cabinet du Dr Caligari, puis le pianiste de génie à qui on a transplanté les mains d’un meurtrier dans Les mains d'Orlac. Il endosse d’autres rôles importants dans Mystères de l'Inde de Joey May, Le Cabinet des Figures de Cire de Paul Leni, L’Étudiant de Prague d’Henrik Galeen et le père aimant dans Jeunesse impétueuse de Paul Czinner. Il vient tourner quatre films à Hollywood entre 1927 et 1929 mais son jeu expressif se marie mal aux exigences du studio. Il fait cependant une composition mémorable dans L’Homme qui rit de Paul Leni.
Antinazi en exil
Conrad Veidt revient tourner les premiers films sonores allemands comme Le Congrès s’amuse d’Eric Charell, Le hussard noir de Gerhard Lamprecht et FP 1 ne répond pas de Karl Hartl. Après le rôle d’Herman Gessler dans Guillaume Tell en 1933 et la prise du pouvoir des nazis, l’acteur récemment marié à une épouse juive, Ilona Prager dite Lily, s’exile en Grande Bretagne. Il joue le rôle principal du Juif Süss de Lothar Mender au contenu diamétralement opposé au film de propagande de Veit Harlan. Il joue plusieurs films d’espionnage comme L’Espion de la section 8, L’Espion noir, Contrebande sous la direction de Victor Saville ou Michael Powell. Il tourne son seul film en couleur, Le Voleur de Bagdad de Michael Powell avec le jeune indien Sabu et la belle June Duprez. En 1940, il retourne à Hollywood, où il s'engage activement contre le fascisme, tant en privé que dans ses fonctions. Ainsi, il joue dans L'Agent nazi de Jules Dassin, le major nazi Heinrich Strasser dans Casablanca de Michael Curtiz et un dernier film d’espionnage, Un Espion a disparu de Richard Thorpe avec Joan Crawford et Fred MacMurray. Conrad et Lily envoient la majeure partie des fabuleux cachets de l’acteur pour soutenir la lutte alliée contre les nazis. Le 3 avril 1943, Conrad Veidt décède d'une crise cardiaque sur un parcours de golf à Hollywood. Il n’avait que 50 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Constance Talmadge
1916 : Le chemin de la mort (Der Weg des Todes) de Robert Dinesen
1917 : Quand la mort parle (Wenn Tote sprechen) de Robert Dinesen
1917 : Le mystère de Bangalore (Das Rätsel von Bangalor) de Paul Leni
1917 : L’espion (Der Spion) de Karl Heiland
1917 : Peur (Furcht) de Robert Wiene
1918 : Die Serenyi d’Alfred Halm
1918 : Le journald’une fille perdue (Das Tagebuch einer Verlorenen) de Richard Oswald
1918 : La Maison des trois filles (Das Dreimäderlhaus) de Richard Oswald
1918 : Que la lumière soit (Es werde licht !) de Richard Oswald
1918 : Colomba d’Arzén von Cserépy
1918 : L’histoire de Dida Ibsen (Dida Ibsens Geschichte) de Richard Oswald
1918 : L’histoire de Jettchen Gebert (Jettchen Geberts Geschichte) de Richard Oswald
1918 : Prostitution (Die Prostitution) de Richard Oswald
1918 : Peer Gynt (Peer Gynt) de Victor Barnowsky
1918 : Opium (Opium) de Robert Dinesen
1918 : Le tour du monde en 80 jours (Die Reise um die Erde in 80 Tagen) de Richard Oswald
1918 : Chopin (nocturno der liebe) de Carl Boese
1918 : La Japonaise (Die Japanerin) d’Ewald André Dupont
1918 : Opfer der Gesellschaft de Willy Grunwald
1918 : La Mexicaine (Die Mexikanerin) de Ferdinand Braun
1919 : Différent des autres (Anders als die Andern) de Richard Oswald
1919 : Die Okarina d’Uwe Jens Krafft
1919 : Prinz Kuckuck : Die Höllenfahrt eines Wollüstlings de Paul Leni
1919 : Cauchemars et Hallucinations (Umheimliche Geschicthen) de Richard Oswald (5 parties)
1919 : Satanas (Satanas) de Friedrich Wilhelm Murnau (3 parties)
1919 : Le cabinet du docteur Caligari (Das Kabinett des Doktor Caligari) de Robert Wiene
1919 : Die Nacht auf Goldenhall de Conrad Veidt
1919 : Folie (Wahnsinn) de Conrad Veidt
1919 : Les Gens de la nuit (Nachtgestalten) de Richard Oswald
1920 : Sehnsucht de Friedrich Wilhelm Murnau
1920 : Patience (Patience, Die Karten des Todes) de Paul Leni & Felix Basch
1920 : Boulevard de la mode (Kurfürstendamm) de Richard Oswald
1920 : La Ronde (Der Reigen Ein Werdegang) de Richard Oswald
1920 : Les Yeux du monde (Die Augen der Welt) de Carl Wilhelm
1920 : La Tête de Janus (Der Januskopf) de Friedrich Wilhelm Murnau
1920 : L’émeraude fatale (Abend… Nacht…Morgen) de F W Murnau
1920 : Promenade dans la nuit (Der Gang in die Nacht) de Friedrich Wilhelm Murnau
1920 : Moriturus de Carl Hagen
1920 : Les mémoires de Manolesco (Manolescus Memoiren) de Richard Oswald
1920 : Lubies d’artistes (Künstlerlaunen) de Paul Otto
1920 : Amour et passion (Liebestaumel) de Martin Hartwig
1920 : Le comte de Cagliostro (Der Graf von Cagliostro) de Reinhold Schünzel
1920 : Le mystère de Bombay (Das Geheimnis von Bombay) d’Arthur Holz
1920 : Menschen im Rausch de Julius Geissendörfer
1920 : Le Bossu et la Danseuse (Der Bucklige und die Tänzerin) de F W Murnau
1920 : Christian WahnschaffE (Christian Wahnschaffe) d’Urban Gad
1921 : Le calvaire d´Inge Krafft (Der Leidensweg der Inge Krafft) de R Dinesen
1921 : Les amours d’Hector Dalmore (Die Liebschaften des Hektor Dalmore) de Richard Oswald
1921 : Le Tombeau hindou (Das indische Grabmal) de Joe May
1921 : Le Tigre du Bengale (Das indische Grabmal) de Joe May
1921 : Autoroute et grande ville (Landstraße und Großstadt) de Carl Wilhelm
1921 : Lady Hamilton (Lady Hamilton de Richard Oswald
1922 : Lucrèce Borgia (Lucrezia Borgia) de Richard Oswald
1922 : Le Cabinet des figures de cire (Das Wachsfigurenkabinett) de Paul Leni
1922 : Guillaume Tell (Wilhelm Tell) de Rudolf Dworsky & Rudolf Walther-Fein
1923 : Or et chance (Glanz gegen Glück / G.G.G.) d’Adolf Trotz
1923 : Les mains d’Orlac (Orlacs Hände) de Robert Wiene
1923 : Paganini (Paganini) d’Heinz Goldberg
1924 : Les Maudits (Ingmarsarvet) de Gustaf Molander
1924 : Sous l’inquisition (Carlos und Elisabeth, eine Herrscher Tragödie) de Richard Oswald
1924 : À qui la faute ? (Nju) de Paul Czinner
1924 : Schicksal de Felix Basch
1924 : Le comte Kostia de Jacques Robert
1925 : L’amour est aveugle (Liebe macht blind) de Lothar Mendes
1925 : Vers l’Orient (Till Österland) de Gustaf Molander
1925 : Pouvons-nous rester silencieux ? (Dürfen wir schweigen ?) de R Oswald
1925 : Les frères Schellenberg (Die Brüder Schellenberg) de Karl Grune
1926 : L’étudiant de Prague (Des Student von Prag) d’Henrik Galeen
1926 : Le violoniste de Florence (Der Geiger von Florenz) de Paul Czinner
1926 : Croisade de femme (Kreuzzug des Weibes) de Martin Berger
1926 : Henri IV (DieFlucht in die Nacht / Enrico IV) d’Amleto Palermi
1926 : Le Vagabond bien aimé (the Beloved Rogue) d’Alan Crosland
1927 : A Man’s Past de George Melford
1927 : Gesetze der Liebe de Magnus Hirschfeld & Richard Oswald
1927 : Éric le grand (The Last Performance) de Paul Fejos
1928 : L’homme qui rit (the Man who laughs) de Paul Leni
1928 : Terre sans femme (Das Land ohne Frauen) de Carmine Gallone
1929 : Terra senza donne de Carmine Gallone
1929 : La dernière Compagnie (Die letzte Kompanie) de Curtis Bernhardt
1930 : Vedettes (Die große Sehnsucht) de Steve Sekely
1930 : Les hommes en cage (Menschen im Käfig) d’Ewald André Dupont
1930 : Raspoutine (Rasputin, Dämon der Frauen) d’Adolf Trotz
1930 : L’homme qui assassina (Der Mann, der den Mord beging) de Kurt Bernhardt
1930 : Le Rebelle (Virtuous Sins) de George Cukor & Louis J. Gasnier
1931 : Die Nacht der Entscheidung de Dimitri Buchowetzki
1931 : L’autre côté (Die andere Seite) d’Heinz Paul
1931 : Le Congrès s’amuse (Der Kongreß tanzt) d’Erik Charell
1932 : Le Hussard noir (Der schwarze Husar) de Gerhard Lamprecht
1932 : Rome Express (Rome Express) de Walter Forde
1932 : Moi et l’impératrice (Ich und die Kaiserin) de Frederick Hollander
1933 : I.F.1 ne répond plus (F.P.1) de Karl Hartl
1933 : J’étais une espionne (I was a Spy) de Victor Saville
1933 : Le Juif errant (The Wandering Jew) de Maurice Elvey
1933 : Guillaume Tell (Wilhelm Tell) d’Heinz Paul
1934 : Bella Donna de Robert Milton
1934 : Le Juif Süss (Jew Suess) de Lothar Mendes
1935 : Le locataire du 3e sur la cour (The Passing of the third Floor back) de Bernard Viertel
1935 : Les Damnés de Santa Maria (King of the Damned) de Walter Forde
1936 : L’espion de la section 8 (Dark Journey) de Victor Saville
1937 : Sous la robe rouge (Under the red Robe) de Victor Sjöström
1938 : Tempête sur l’Asie de Richard Oswald
1938 : Le Joueur d’Échecs de Jean Dréville
1939 : L’Espion noir (the Spy in black) de Michael Powell
1939 : Espionne à bord (Contraband) de Michael Powell
1940 : Evasion (Escape) de Mervyn LeRoy
1940 : Le Voleur de Bagdad (The Thief of Bagdad) de M Powell, L Berger & T Whelan
1940 : Il était une fois (A Woman’s Face) de George Cukor
1941 : Alerte sur les Ondes (Whistling in the Dark) de S. Sylvan Simon
1941 : La Rose blanche (The Men in her Life) de Gregory Ratoff
1942 : Échec à la Gestapo (All throught the Night) de Vincent Sherman
1942 : Nazi Agent de Jules Dassin
1942 : Casablanca (Casablanca) de Michael Curtiz
1943 : Un Espion a disparu (Above Suspicion) de Richard Thorpe


Filmographie de Conrad VEIDT
 
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