Ingrid THULIN
 Actrice suédoise
Ingrid Thulin est surtout connue pour être une des muses d’Ingmar Bergman. Pour lui, elle n’a pas hésité à s’enlaidir, lassée de son image de belle fille de ferme grandie au lait cru dans laquelle l’avaient cantonnée les cinéastes de ses débuts. Le public finira par en vouloir au maître de « gâcher » une aussi belle personne. Mais L’audace est payante puisqu’elle va poursuivre une grande carrière internationale marquée par ses rencontres avec Luchino Visconti, Alain Resnais ou Vincente Minnelli.
Ingrid Thulin voit le jour le 27 janvier 1926, dans le petit village lapon de Solleftea, au Nord de la Suède. Elle se rend à Stockholm pour entamer des études commerciales, trouve un petit boulot d’employée de bureau et utilise son salaire pour s’offrir des leçons d’art dramatique et de danse. Elle passe avec succès le concours d’entrée au Dramaten de Stockholm et débute sur scène dans Ardèle ou la Marguerite de Jean Anouilh. Elle vient à Paris suivre l’enseignement d’Étienne Decroux pour la pantomine.
La muse d'Ingmar Bergman
Ingrid Thulin décroche son premier rôle important au cinéma dans Le Fils de la Mer de Rolf Husberg et est remarquée dès le second dans L'Amour est vainqueur de Gustav Molander où elle incarne la jolie Margit Dahlman. Ces rôles secondaires marquent sa reconnaissance mais ne suffisent pas pour réellement percer. La jolie blonde poursuit son ascension auprès des meilleurs réalisateurs du cinéma nordique comme Hasse Ekman pour Le voleur de cœurs, Stig Olin pour Hopla !, Arne Mattsson pour Quand l’amour arrive au village et Rolf Husberg pour Deux beaux Bijoux. Elle vient à Hollywood donner la réplique à Robert Mitchum dans L’énigmatique monsieur D. de Sheldon Reynolds. Elle rencontre le jeune metteur en scène de huit ans son aîné Ingmar Bergman et travaille avec lui dans la compagnie du théâtre de Malmö. Bergman la fascine par sa conception très intellectualisée du théâtre. Mais soyons justes, Ingrid le fascine tout autant. Il fait d’elle une de ses interprètes fétiches, pour ne pas dire une de ses muses. C’est une chance d’autant plus grande pour la belle Ingrid qu’Ingmar Bergman s’intéresse de plus en plus au point de vue des personnages féminins de ses films. Les actrices y auront désormais la part belle, les acteurs se contenteront de personnages plus typés, presque anecdotiques. Pour le géant du cinéma scandinave, Ingrid joue la bru de Victor Sjöstrom dans Les fraises sauvages, Cécilia victime d’une fausse couche dans Au seuil de la vie avec Bibi Andersson et Eva Dahlbeck (les trois actrices sont récompensées au Festival de Cannes), et la jeune femme qui prend l’apparence d’un jeune garçon dans Le visage, toujours aux côtés de Bibi Andersson.
Des névrosées dans le monde entier
Après Le Juge d’Alf Sjöberg, Ingrid Thulin quitte la Suède pour les États-Unis. Vincente Minnelli lui confie le premier rôle féminin dans Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, face à une pléiade de stars dont Charles Boyer et Glenn Ford. De retour en Suède, elle retrouve Ingmar Bergman pour Les communiants avec Gunnar Björnstrand où elle apparaît pauvre et laide, Le silence avec Gunnel Lindblom où elle fait scandale en jouant une scène de masturbation, L’heure du loup avec Max von Sydow et Le rite avec Anders Ek. Sa carrière s’internationalise dans des films souvent très déshabillés notamment en Italie pour Mauro Bolognini dans Agostino, Luchino Visconti dans Les Damnés auprès d’Helmut Berger et Dirk Bogarde et Tito Brass pour le sulfureux Salon Kitty, en Angleterre pour Jack Lee Thompson dans Le démon est mauvais joueur et en France pour Alain Resnais dans La guerre est finie aux côtés d’Yves Montand et Pierre Granier-Deferre dans La Cage avec Lino Ventura. Bergman la dirige dans le stylisé et pesant Cris et Chuchotements avec Harriett Andersson.
Des essais peu concluants derrière la caméra
Ingrid Thulin s’éloigne progressivement des plateaux de cinéma, se consacrant de plus en plus à l’écriture. En 1977, elle co-réalise Un et un en compagnie de ses compatriotes Erland Josephson et Sven Nykvist. En 1982, elle signe Ciel brisé adapté d’un de ses scénaris mais le film est un échec. Ingrid Thulin apparaît encore dans quelques productions italiennes sans intérêt, excepté le film de Marco Ferreri, La maison du sourire en 1988 et tourne Après la Répétition, sa dernière collaboration avec Ingmar Bergman. Au début des années quatre-vingt-dix, elle se retire définitivement de la vie publique. Ingrid Thulin s’est mariée deux fois, avec l’acteur Claes Sylwander de 1952 à 1955 et avec Harry Schein, cofondateur de l’Institut suédois du film de 1959 à 1969. La grande actrice suédoise meurt le 7 janvier 2004, à Stockholm, vaincue par un cancer. Ingrid avait beau avoir fêté ses 77 ans, son insolente beauté de robuste fille de ferme nourrie au bon lait cru faisait qu’on ne lui en donnait que la moitié!


FILMOGRAPHIE :

Avec Alain Resnais
1948 : D’où vient le Vent (Dit vindarna bär) d'Åke Ohberg
1948 : Känn dej som hemma d’Egil Holmsen
1949 : Fils de la mer (Havets son) de Rolf Husberg
1949 : L’Amour est Vainqueur (Kärleken segrar) de Gustaf Molander
1950 : Voleurs de Cœurs (Hjärter Knekt) de Hasse Ekman
1950 : Quand l’Amour arrive au Village (När kärleken kom till byn) d'Arne Mattsson
1951 : L'espoir fait vivre (Leva på 'Hoppet') de Göran Gentele
1952 : Rencontre avec la vie (Möte med livet) de Gösta Werner
1952 : Kalle Karlsson från Jularbo d'Ivar Johansson
1953 : Nuit d'amour sur le lac (En skärgårdsnatt) de Bengt Logardt
1953 : Göingehövdingen d’Åke Ohberg
1954 : I rök och dans d’Yngve Gamlin et Bengt Blomgren
1954 : Foreign Intrigue de Sheldon Reynolds (tv)
1954 : Deux beaux Bijoux (Två sköna juveler) de Rolf Husberg
1955 : Salon de Danse (Danssalongen) de Börje Larsson
1955 : Hopla ! (Hoppsan!) de Stig Olin
1956 : L'Énigmatique Monsieur D (Foreign Intrigue) de Sheldon Reynolds
1956 : Pettersson i Annorlunda de Per Gunvall
1957 : Les Enfants du vice (Det händer i natt) d'Arne Ragneborn
1957 : Les Fraises sauvages (Smultronstället) d’Ingmar Bergman
1958 : Au seuil de la vie (Nära livet) d’Ingmar Bergman
1958 : Le Visage (Ansiktet) d’Ingmar Bergman
1959 : Aimez-les (Älska) d’Hans Abramson (tv)
1959 : Notre Fils à naître (Vår ofödde son) d’Hans Abramson (tv)
1960 : Le Juge (Domaren) d'Alf Sjöberg
1961 : Frères et Sœurs (Syskon) d’Hans Abramson (tv)
1962 : Intermezzo (Intermezzo) de Ron Winston (tv)
1962 : Les 4 Cavaliers de l'Apocalypse (The Four Horsemen of the Apocalypse) de V. Minnelli
1962 : Les Communiants (Nattvärdgästerna) d’Ingmar Bergman
1962 : Agostino (Agostino) de Mauro Bolognini
1963 : Le Silence (Tystnaden) d'Ingmar Bergman
1963 : Espionage, The Incurable One de Stuart Rosenberg (tv)
1963 : Sextet (Sekstet) de Annelise Hovmand
1963 : Le Songe (Ett drömspel) d'Ingmar Bergman (tv)
1964 : Un certain Désir (Die Lady) de Hans Albin et Peter Berneis
1965 : Le démon est mauvais joueur (Return from the Ashes) de J. Lee Thompson
1966 : Jeux de nuit (Nattlek) de Mai Zetterling
1966 : La guerre est finie d’Alain Resnais
1967 : L'Heure du loup (Vargtimmen) d’Ingmar Bergman
1967 : Demain nous ne serons plus là (Domani non siamo più qui) de Brunello Rondi
1968 : Le Diable sous l'oreiller (Un diablo bajo la almohada) de José María Forqué
1968 : Les Baigneurs (Badarna) de Yngve Gamlin
1968 : Adélaïde de Jean-Daniel Simon
1968 : O.K. Yevtuchensko de José Luis Madrid
1969 : Les Damnés (La caduta degli dei) de Luchino Visconti
1969 : Le Rite (Riten) d'Ingmar Bergman
1971 : Je suis vivant ! (La corta notte delle bambole di vetro) d'Aldo Lado
1971 : L'Effroyable Machine de l'industriel NP (N.P. Il segreto) de Silvano Agosti
1972 : Cris et Chuchotements (Viskningar Och Rop) d'Ingmar Bergman
1973 : La Sainte Famille de Pierre Koralnik
1973 : Puccini (Puccini) de Sandro Bolchi (tv)
1974 : Une Poignée d’Amour (En handfull kärlek) de Vilgot Sjöman
1974 : E cominciò il viaggio nella vertigine de Toni De Gregorio (it)
1974 : Moïse (Mosè) de Gianfranco De Bosio
1975 : Monismanien 1995 de Kenne Fant
1975 : La Cage de Pierre Granier-Deferre
1976 : Salon Kitty (Salon Kitty) de Tinto Brass: Kitty Kellermann
1976 : L’Agneau va mourir (L’Agnese va a morire) de Giuliano Montaldo
1977 : Le Pont de Cassandra (The Cassandra Crossing) de George Pan Cosmatos
1978 : Un et un (En och en) d'Erland Josephson, Sven Nykvist et Ingrid Thulin
1983 : Après la répétition (Efter repetitionen/After the Rehearsal) d’Ingmar Bergman
1985 : Le Corsaire (Il Corsaro) de Franco Giraldi (tv)
1987 : Contrôle (Il giorno prima) de Giuliano Montaldo
1987 : Orn de Fred de Fooko
1988 : Cœur de Mamma (Cuore di mamma) de Gioia Benelli (tv)
1989 : Faccia di lepre de Liliana Ginanneschi
1991 : La Maison du sourire (La casa del sorriso) de Marco Ferreri


Filmographie d'Ingrid THULIN
 
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