Ann SAVAGE
 Actrice américaine
Son rôle de femme fatale machiavélique tirant sur un porte-cigarette dans le film Detour, d'Edgar G. Ulmer, fit d'Ann Savage une grande icône cinématographique. Le réalisateur allemand Wim Wenders avoue avoir été impressionné pour toujours par son incroyable talent, qu'il disait d'au moins quinze ans en avance sur son temps.
Ann Savage est née Bernice Maxine Lyon le 19 février 1921, à Columbia en Caroline du Sud. Fille unique d’un officier de l’armée américaine et d’une négociante en joaillerie, elle est ballottée pendant toute son enfance de base en base au gré des affectations de son père. Le couple se fixe à Jackson en Floride mais son père décède alors que Bernice n’a que quatre ans. Sa mère déménage à Los Angeles.
Rencontre décisive avec Bert d'Armand
Pendant sa scolarité californienne, Bernice fait ses premiers pas sur scène dans des spectacles de fin d’année. Elle intègre l’école de comédiens de la MGM aux côtés de Lana Turner, Judy Garland ou Deanna Durbin et y rencontre Bert d’Armand qui devient son agent et change son nom en Ann Savage. Elle l’épouse en 1946, après avoir connu deux bref mariages avec un certain Clark Bewley Tennyson, entre 1938 et 1941 et Douglas Worthington entre 1944 et 1945. Tout en travaillant dans un bowling, elle se produit dans des pièces de théâtre dès la fin des années trente. Fin 1942, son nouveau mari lui décroche un contrat avec la Columbia et Ann fait ses premières apparitions dans les film noirs La Nuit dangereuse et Passport to Suez, deux épisodes de la série policière des Lone Wolf avec Warren William.
La femme fatale de série B
En 1943, Ann Savage apparaît dans douze films et joue des petits rôles dans Plus on est de fou de George Stevens avec Jean Arthur et Joel McCrea et dans Une femme pas comme les autres d’Irving Cummings avec Rosalind Russell. À l’époque, les vedettes de la Columbia sont dans le moule de Rita Hayworth alors qu’Ann Savage ferait plutôt écho à Ann Sheridan. Trop sophistiquée pour jouer les ingénues, le directeur du studio Leon Fromkess décide de l’employer dans des rôles de femmes fatales dans les films noirs et des westerns de série B. Elle est teinte en rousse pour Footlight Glamour pour se démarquer de la vedette blonde Penny Singleton. Elle est alors la partenaire de Chester Morris dans After midnight with Boston Blackie, un volet des aventures du très populaire détective Boston Blackie inspiré de l’œuvre de Jack Boyle. Toujours en 1943, elle partage l’affiche pour la première fois avec Tom Neal dans le western Klondike Kate.
La fille qui vaut le Détour
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la starlette est aussi l’une des plus populaires pin-ups. Sa photo publiée dans le magazine Esquirre en 1944 est en bonne place dans les chambrées des troupes américaines auprès de celles de Rita Hayworth et Betty Grable. En 1944, l’actrice retrouve Tom Neal dans deux films de guerre Two-man submarine et The unwritten code et l’année suivante, dans Détour, film-noir réalisé par Edgar G. Ulmer tourné en quelques jours pour une poignée de dollars. Un musicien de jazz crasseux, Tom Neal, rencontre une prédatrice vicieuse et sexuellement agressive, Ann Savage, qui le pousse vers la déchéance et le meurtre. Le point culminant de ce thriller s’achève dans une chambre de motel sordide, où Ann est étranglée avec le fil du téléphone après un corps-à-corps inoubliable. Cette petite production va vite devenir culte et faire entrée définitivement Ann Savage dans la catégorie des femmes fatales de son époque.
Retraitée à 34 ans
Par la suite, Ann savage est encore la vedette de productions à petits budget comme L’Assassin rôde toujours, Pier 23 ou La Femme qui faillit être lynchée. À nouveau blonde, elle fait quelques apparitions à la télévision, puis s’éloigne des plateaux de tournage, en 1955, pour se consacrer à sa vie de famille et suivre Bert d’Armand à Manhattan où il travaille à Wall Street. Bert décède en 1969. Lorsque Détour est redécouvert dans les années quatre-vingts, Ann connaît alors un regain de notoriété et se voit invitée dans plusieurs festivals et manifestations. Le cinéaste canadien Guy Maddin l’engage pour jouer sa mère dans My Winnipeg, un documentaire-fiction de 2007. Après une série d’attaques cérébrales, Ann Savage meurt dans son sommeil le jour de Noël 2008, à l’âge de quatre-vingt-sept ans. Elle repose auprès de son mari au cimetière Hollywood Forever de Los Angeles.


FILMOGRAPHIE :

Avec Tom Neal
1942 : La Nuit dangereuse (Lone Wolf goes to a Party) de Michael Gordon
1943 : Passport to Suez d’André De Toth
1943 : After Midnight with Boston Blackie de Lew Landers
1943 : Plus on est de fou (The More the Merrier) de George Stevens
1943 : Murder in Times Square de Lew Landers
1943 : Saddles and Sagebrush de William A. Berke
1943 : Deux Senoritas de Chicago (Two Señoritas from Chicago) de Frank Woodruff
1943 : Dangerous Blondes de Leigh Jason
1943 : Footlight Glamour de Frank R. Strayer
1943 : Klondike Kate de William Castle
1943 : Une Femme pas comme les autres (What a Woman !) d’Irving Cummings
1944 : The unwritten Code d’Herman Rotsten
1944 : Two-man Submarine de Lew Landers
1944 : The last Horseman de William A. Berke
1944 : Ever since Venus d’Arthur Dreifuss
1944 : Dancing in Manhattan d’Henry Levin
1945 : Scared stiff de Frank McDonald
1945 : Midnight Manhunt de William C. Thomas
1945 : Apology for murder de Sam Newfield
1945 : Détour (Detour) d’Edgar G. Ulmer
1945 : L’assassin rôde toujours (The Spider) de Robert D. Webb
1946 : The Dark hHrse de Will Jason
1946 : The last Crooked Mile de Philip Ford
1946 : Lady Chaser de Sam Newfield
1946 : Renegade Girl de William A. Berke
1947 : Jungle Flight de Sam Newfield
1949 : Satan’s Craddle de Ford Beebe
1950 : L’Île des Pygmées (Jungle Jim in Pygmy Island) de William A. Berke
1951 : Pier 23 de William A. Berke
1953 : La Femme qui faillit être lynchée (The Woman they almost lynched) d’Allan Dwan
1985 : Fire with Fire de Duncan Gibbins
2007 : My Winnipeg de Guy Maddin


Filmographie d'Ann SAVAGE
 
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