George Henry Sanders est né le 3 juillet 1906 à Saint-Pétersbourg dans une famille britannique aisée. Lorsque la Révolution soviétique éclate, la famille Sanders s’installe en Angleterre. Comme son frère, le comédien Tom Conway, il fréquente une école privée pour garçons à Brighton puis un collège à Manchester. Il commence à travailler dans le textile, part gérer une plantation de tabac en Amérique du Sud avant de revenir en Angleterre au moment de la Grande Dépression pour travailler dans une agence de publicité. La secrétaire de la société, l’apprentie actrice Greer Garson le convainc de tenter sa chance dans le spectacle.
Britannique élégant et raffiné
Grâce à son talent de baryton, George Sanders débute sur scène dans Ballyhoo, un succès éphémère qui l’établit néanmoins comme acteur. Il apparaît à plusieurs reprises auprès d’Edna Best, partage l’affiche de The Command Performance avec Dennis King et fait ses vrais débuts à Broadway dans Conversation Piece de Noel Coward. Il fait des apparitions au cinéma dans Caprices de Prince de Maurice Elvey, Strange Cargo de Lawrence Huntington, La Vie future, le classique de SF de William Cameron Menzies et L’Homme qui faisait des miracles de Lothar Mendes. Par chance, ces productions anglaises sont distribuées aux États-Unis par la 20th Century Fox et les studios qui cherchaient un méchant au raffinement britanique pour l’opposer à Tyrone Power le choisit pour le rôle de Lord Everett Stacy dans Le Pacte d’Henry King. Le grand succès du film lui permet de signer un contrat de sept ans. Il retrouve Tyrone Power dans L’Amour en première page de Tay Garnett et multiplie les odieux personnages dans Le dernier Négrier, Quatre Hommes et une prière de John Ford, M. Moto au Music-Hall avec Peter Lorre ou le capitaine Heinrichs dans Edith Cavell avec Anna Neagle. Il endosse pour la RKO la grâce subtile de Simon Templar dans Le Saint à New York, un rôle qu’il reprend dans Le Saint contre-attaque et Le Saint à Londres. Il reprend un autre personnage créé par Leslie Charteris, Le Faucon pour quatre films avant d’être remplacé par son frère Tom Conway.
La canaille perfide
En 1940, George Sanders joue Jack Favell dans Rebecca d' Alfred Hitchcock, face à Laurence Olivier et Joan Fontaine. Il passe de l’épouvantable Jaffrey Pyncheon dans La Maison aux sept Pignons face à Margaret Lindsay, à Gauguin dans A Moon and six Pence d’après Somerset Maugham, de Vidocq dans Scandale à Paris de Douglas Sirk au général Gurko dans Le Fils de Monte-Cristo, du major Quive-Smith dans Chasse à l’Homme de Fritz Lang au roi Charles II dans la somptueuse production Ambre d’Otto Preminger. En 1950, George Sanders remporte l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour le personnage acerbe et flegmatique Addison De Witt dans Ève de Joseph L. Mankiewicz. S’il occupe quelques rôles principaux comme Black Jack de Julien Duvivier ou Les Amours d’une Canaille auprès d’une de ses épouses Zsa Zsa Gabor, l’acteur incarne le plus souvent le fourbe et la canaille de service dans Miracle à Tunis, Ivanhoé, Les Contrebandiers de Monfleet, Duel d’espions, Le Voleur du roi (où il est à nouveau Charles II) ou La cinquième Victime. Il tourne en Italie aux côtés d’Ingrid Bergman dans Voyage en Italie de Roberto Rossellini. Il tourne une dernière scène de duel dans Salomon et la Reine de Saba face à Tyrone Power qui succombe d’une crise cardiaque au terme de la séquence.
Des mémoires pleines d'humour désabusé
Tout en incarnant des crapules, George Sanders use plus fréquemment de l’humour dans Quand l’Inspecteur s’en mêle avec Peter Sellers ou le drag-queen dans La Lettre de Kremlin de John Huston. Misogyne provocateur, Sanders déclarait volontiers qu’il fallait « être marié plusieurs fois pour goûter aux joies du célibat. » Aussi, il a été marié à Elise Poole connue sous le nom de Susan Larson de 1940 à 1949, Zsa Zsa Gabor de 1949 à 1954, Benita Hume, veuve de Ronald Colman de 1959 à 1967 lorsque l’actrice succombe à un cancer des os et enfin avec Magda Gabor, la sœur aînée de sa seconde épouse. Ce mariage a duré 32 jours et s'est soldé par une annulation. George Sanders publie en 1960 son autobiographie, Mémoires d'une fripouille professionnelle. Le 23 avril 1972, il se suicide dans un hôtel de Castelldefels, une ville côtière près de Barcelone avec une absorption massive de Nembutal et de vodka. Il souffrait depuis des années de dépression et laisse ce mot : « Cher Monde, je pars parce que je m'ennuie. J'ai l'impression d'avoir vécu assez longtemps. Je vous laisse avec vos soucis dans cette douce fosse d’aisance. Bonne chance. »
FILMOGRAPHIE :
Avec Linda Darnell
1936 : Les Mondes futurs (Things to come) de William Cameron Menzies
1936 : L'Homme qui trompait la mort (The Man Who Could Work Miracles) de Lothar Mendes
1936 : Dishonour Bright de Tom Walls
1936 : Find the Lady de Roland Grillette
1936 : Strange Cargo de Lawrence Huntington
1936 : Le Pacte (Lloyd's of London) de Henry King
1937 : L'Amour en première page (Love Is News) de Tay Garnett
1937 : Le Dernier Négrier (Slave Ship) de Tay Garnett
1937 : The Lady Escapes d’Eugene Forde
1937 : Amour d'espionne (Lancer Spy) de Gregory Ratoff
1938 : Quatre Hommes et une prière (Four Men and a Prayer) de John Ford
1938 : Concession Internationale (International Settlement) d'Eugene Forde
1939 : Monsieur Moto au Music-Hall (Mr. Moto's Last Warning) de Norman Foster
1939 : So This is London de Thornton Freeland
1939 : Le Triomphe de l'amour (The Outsider) de Paul L. Stein
1939 : Le Saint contre-attaque (The Saint Strikes Back) de John Farrow
1939 : Le Saint à Londres (The Saint in London) de John Paddy Carstairs
1939 : Edith Cavell (Nurse Edith Cavell) d’Herbert Wilcox
1939 : Le Premier Rebelle (Allegheny Uprising) de William A. Seiter
1939 : Les Aveux d'un espion nazi (Confessions of a Nazi Spy) d'Anatole Litvak
1940 : L'Enfer vert (Green Hell) de James Whale
1940 : The Saint's Double Trouble de Jack Hively
1940 : Le Saint reprend du Service (The Saint Takes Over) de Jack Hively
1940 : Chante mon amour (Bitter Sweet) de W. S. Van Dyke
1940 : Le Fils de Monte-Cristo (The Son of Monte Cristo) de Rowland V. Lee
1940 : La Maison aux sept pignons (The House of the Seven Gables) de Joe May
1940 : Rebecca (Rebecca) d'Alfred Hitchcock
1940 : Correspondant 17 (Foreign Correspondant) d'Alfred Hitchcock
1941 : Le Saint à Palm Springs (The Saint in Palm Springs) de Jack Hively
1941 : Le Faucon gentleman détective (The Gay Falcon) d'Irving Reis
1941 : Chasse à l'homme (Man Hunt) de Fritz Lang
1941 : La Proie du mort (Rage in Heaven) de W. S. Van Dyke
1941 : Crépuscule (Sundown) de Henry Hathaway
1942 : Le Faucon mène l'enquête (A Date With the Falcon) d'Irving Reis
1942 : Le Retour du Faucon (The Falcon Takes Over) d'Irving Reis
1942 : La Relève du Faucon (The Falcon's Brother) de Stanley Logan
1942 : Le Chevalier de la vengeance (Son of Fury) de John Cromwell
1942 : Le Cygne noir (The Black Swan) d'Henry King
1942 : Six Destins (Tales of Manhattan) de Julien Duvivier
1942 : Her Cardboard Lover de George Cukor
1942 : L’Envoûté (The Moon and Sixpence) d’Albert Lewin
1942 : Quiet Please, Murder de John Larkin
1943 : They came to blow up America d’Edward Ludwig
1943 : Paris à l'aube (Paris After Dark) de Léonide Moguy
1943 : Rendez-vous à Berlin (Appointment in Berlin) d'Alfred Green
1943 : Vivre libre (This Land is mine) de Jean Renoir
1944 : Jack l'Éventreur (The Lodger) de John Brahm
1944 : Intrigue ou Sabotage à Damas (Action in Arabia) de Léonide Moguy
1944 : L'Aveu (Summer storm) de Douglas Sirk
1945 : Hangover Square (Hangover Square) de John Brahm
1945 : L'Oncle Harry (The Strange Affair of Uncle Harry) de Robert Siodmak
1945 : Le Portrait de Dorian Gray (The Picture of Dorian Gray) d'Albert Lewin
1946 : Scandale à Paris (A Scandal in Paris) de Douglas Sirk
1946 : Le Démon de la chair (The Strange Woman) d'Edgar G. Ulmer
1947 : Bel-Ami (The Private Affairs of Bel Ami) d'Albert Lewin
1947 : Des filles disparaissent (Lured) de Douglas Sirk
1947 : L'Aventure de madame Muir (The Ghost and Mrs Muir) de Joseph L. Mankiewicz
1947 : Ambre (Forever Amber) d'Otto Preminger
1949 : L'Éventail de Lady Windermere (The Fan) d'Otto Preminger
1949 : Samson et Dalila (Samson and Delilah) de Cecil B. DeMille
1950 : Ève (All about Eve) de Joseph L. Mankiewicz
1950 : Dernier témoin (Black Jack) de Julien Duvivier et José Antonio Nieves Conde
1951 : Vendeur pour dames (I Can Get it For You Wholesale) de Michael Gordon
1952 : Miracle à Tunis (The Light Touch) de Richard Brooks
1952 : Ivanhoé (Ivanhoe) de Richard Thorpe
1952 : Aveux spontanés (Assignment Paris) de Robert Parrish
1953 : Appelez-moi Madame (Call Me Madam) de Walter Lang
1954 : Voyage en Italie (Viaggio in Italia) de Roberto Rossellini
1954 : Témoin de ce meurtre (Witness to Murder) de Roy Rowland
1954 : Richard Cœur de Lion (King Richard and the Crusaders) de David Butler
1955 : La Chérie de Jupiter (Jupiter's Darling) de George Sidney
1955 : Les Contrebandiers de Moonfleet (Moonfleet) de Fritz Lang
1955 : Duel d'espions (The Scarlet Coat) de John Sturges
1955 : Le Voleur du Roi (The King's Thief) de Robert Z. Leonard
1956 : Si j'épousais ma femme (That certain feeling) de Melvin Frank et Norman Panama
1956 : Ne dites jamais adieu (Never Say Goodbye) de Jerry Hopper
1956 : La Cinquième Victime (While the City Sleeps) de Fritz Lang
1956 : Les Amours d’une Canaille (Death of a Scoundrel) de Charles Martin
1957 : La Passe dangereuse (The Seventh Sin) de Ronald Neame
1958 : Le Crime était signé (The Whole Truth) de Dan Cohen et John Guillermin
1958 : De la Terre à la Lune (From the Earth to the Moon) de Byron Haskin
1959 : Salomon et la Reine de Saba (Solomon and Sheba) de King Vidor
1959 : Une espèce de garce (That Kind of Woman) de Sidney Lumet
1959 : Un brin d'escroquerie (A Touch of Larceny) de Guy Hamilton
1960 : La Dixième femme de Barbe-Bleue (Bluebeard's Ten Honeymoons) de W. Lee Wilder
1960 : Panique à bord (The Last Voyage) d'Andrew L. Stone
1960 : Le Village des damnés (Village of the Damned) de Wolf Rilla
1961 : Cone of Silence de Charles Frend
1961 : Five Golden Hours de Mario Zampi
1961 : The Rebel de Robert Day
1961 : Le Rendez-vous de Jean Delannoy
1962 : L'Agent secret de Churchill (Operation Snatch) de Robert Day
1962 : Les Enfants du Capitaine Grant (In search of the Castaways) de Robert Stevenson
1963 : Les Bijoux du Pharaon (Cairo) de Wolf Rilla
1963 : Monde de nuit (Il mondo di notte numero 3) de Gianni Proia
1963 : The Cracksman de Peter Graham Scott
1964 : Meurtre par accident (L'Intrigo) de George Marshall et Vittorio Sala
1964 : Quand l'inspecteur s'emmêle (A Shot in the Dark) de Blake Edwards
1964 : The Golden Head de Richard Thorpe et James Hill
1964 : Dernier avion pour Baalbeck (F.B.I. operazione Baalbeck) d’ Hugo Fregonese
1965 : Moll Flanders (The Amorous Adventures of Moll Flanders) de Terence Young
1965 : La Malle du Caire (Einer spielt Falsch) de Menahem Golan
1966 : Le Secret du rapport Quiller (The Quiller Memorandum) de Michael Anderson
1967 : L’Assassin est-il coupable ? (Warning shot) de Buzz Kulik
1967 : Caccia ai violenti de Nino Scolaro
1969 : The Candy Man d’Herbert J. Leder
1969 : Les Kidnappeurs (The Body Stealers) de Gerry Levy
1969 : Le Club des libertins (The best house in London) de Philip Saville
1969 : Sumuru, la cité sans hommes (The Girl from Rio) de Jesús Franco
1970 : La Lettre du Kremlin (The Kremlin Letter) de John Huston
1970 : Rendez-vous avec le déshonneur (Appuntamento col disonore) d'Adriano Bolzoni
1971 : Doomwatch de Peter Sasdy
1972 : La Nuit qui ne finit pas (Endless Night) de Sidney Gilliat
1973 : Psychomania (The Death Wheelers) de Don Sharp
Télévision :
1955 : A Portrait of a Murder de John Brahm
1956 : Autumn Fever d’Anton Leader
1956 : The Dream d’Hugo Haas
1956 : The Bitter Waters de John Brahm
1956 : Le Charlatan ( The Charlatan) de John Brahm
1958 : Night of the Stranger de John Brahm
1958 : The Fabulous Oliver Chantry de Roy Del Ruth
1962 : Echec et mat (Checkmate, The Sound of Nervous Laughter) de Paul Stewart
1965 : A Daring Step Backward de Lewis Allen
1965 : Voyage au fond des mers (Voyage to the Bottom of the Sea) de Sobey Martin
1966 : Daniel Boone (Daniel Boone, Crisis by Fire) d’H. Bruce Humberstone
1966 : Batman (Batman) de Robert Butler
Filmographie de George SANDERS