Margaret RUTHERFORD
 Actrice britannique
Truculente Miss Marple à cinq reprises, Margaret Rutherford a dessiné des pures anglaises comme la duchesse de Brighton dans Hôtel International qui lui valut un oscar. Une carrière récompensé par le titre de dame de l'Ordre de l'Empire Britannique par sa grâcieuse majesté Elisabeth II en 1967.
Margaret Benn naît à Londres le 11 mai 1892. Le contexte familial est particulièrement chargé. Souffrant de dépression chronique, son père, William Benn connaît l’internement dès le début de son mariage et tue son pasteur dans une crise de folie avec un pot de chambre. Considéré comme irresponsable, il est à nouveau hospitalisé pour de nombreuses années avant de retrouver son épouse, Florence Rutherford. Peu après la naissance de leur fille unique, le couple décide de s’installer aux Indes. Margaret y vivra jusqu’à l’âge de trois ans, date d’une nouvelle tragédie. Enceinte, sa mère se suicide et son père sombre de nouveau dans une dépression dont il ne sortira plus.
Joyeuse commère shakespearienne
Margaret retrouve l’Angleterre et une tante installée à Wimbledon. Devenue adulte, elle connaîtra à son tour les affres de la dépression qui la contraignent à de nombreuses cures de repos. Fascinée dès l’enfance par l’univers du théâtre, Margaret prend des cours de diction et de piano et à 30 ans passés, prend des cours à l’Old Vic. Elle explore le répertoire de Shakespeare, comme La mégère apprivoisée, Le marchand de Venise ou Roméo et Juliette. Margaret s’affirme comme une redoutable voleuse de scènes, au grand dam de certaines de ses partenaires. Elle déclenche l’hilarité générale dans Il importe d’être constant dirigé par John Gielgud.
Un Michel Simon en jupons
Margaret Rutherford aborde le cinéma dès 1936. Une douzaine de films plus tard, elle n’a pas encore trouvé le chemin du succès jusqu’à ce que Noël Coward écrive à son intention le rôle de Madame Arcati, l’extravagante medium de L’esprit s’amuse. La pièce triomphe à Londres pendant deux ans. Lorsque David Lean porte la pièce au cinéma en 1944, Margaret crève enfin l’écran. Dès lors, les caméras ne lâcheront plus Margaret Rutherford. Elle est une mémorable professeur Hatton-Jones, spécialiste d’histoire médiévale, dans Passeport pour Pimlico d’Henry Cornelius. Elle côtoie les plus grands comédiens anglais, comme Robert Donat dans La Boîte magique, Michael Redgrave dans Il importe d’être Constant et les rois de l’humour british, comme Alastair Sim, Terry-Thomas ou Peter Sellers. Mais elle ne se laisse pas démonter face à des partenaires plus étonnants, aussi imperturbable devant Glynis Johns en sirène dans Miranda qu’en spécialiste du langage animalier confrontée à Un alligator nommé Daisy.
Miss Marple or not
Si l’on excepte L’esprit s’amuse, le rôle le plus célèbre de Margaret Rutherford lui est donné par un ancien assistant de David Lean, George Pollock, qui la dirigera à quatre reprises en Miss Marple dans Le train de 16h50, Meurtre au galop, Lady détective entre en scène et Passage à tabac. Agatha Christie se montre réservée sur le traitement comique proposé par les scénaristes des quatre films. Quoiqu’il en soit, le rôle de Lady Detective ouvre à Margaret une carrière internationale dans les années 60, lui permettant de croiser Danny Kaye en Doublure du général, Sophia Loren en Comtesse de Hong Kong, le dernier Chaplin et de remporter l’Oscar en 1964 pour Hôtel International avec Elisabeth Taylor, Richard Burton et Orson Welles, ce dernier lui donnant l’opportunité de renouer avec le répertoire shakespearien grâce au personnage de Mistress Quickly dans son Falstaff. Parmi les infidélités à l’œuvre d’Agatha Christie, la présence aux côtés de Miss Marple d’un vieil ami bibliothécaire, Mr Stringer, ne manque pas de surprendre. L’explication était toute simple, l’actrice exigeait à ses côtés la présence de son mari, Stringer Davis.
Toute une vie avec Stringer
Après de longues fiançailles, le couple s’était uni en 1945. Comédien obscur, Stringer Davis fut tout à la fois le partenaire occasionnel, le secrétaire particulier, le confident et l’infirmier de son épouse, tout particulièrement lors des phases dépressives récurrentes. Lorsqu’en 1966, peu après le tournage d’Arabella de Mauro Bolognini, Margaret doit renoncer à sa carrière pour cause de maladie d’Alzheimer, le couple se retire dans le Buckinghamshire où Stringer prend soin d’elle jusqu’au bout. Ce duo improbable adopte au début des années 60 le jeune écrivain Gordon Langley Hall, rencontré lors d’une tournée américaine. Celui-ci décidera plus tard de changer de sexe et de se marier. Officier de l’Ordre de l’Empire Britannique en 1961, anoblie par la Reine en 1967, Dame Margaret Rutherford a le temps d’écrire son autobiographie en collaboration avec Gwen Robyns avant de décéder le 22 mai 1972, à l’âge de 80 ans. Toute la crème des comédiens britanniques assiste aux obsèques, soulignant le caractère enthousiaste d’une actrice toujours désireuse de jouer, d’une partenaire irréprochable qui n’avait jamais médit de personne.


FILMOGRAPHIE :

Avec Virna Lisi
et Mauro Bolognini
1936 : Troubled Waters d’Albert Parker
1936 : Escapade dans les Alpes (Dusty Ermine) de Bernard Vorhaus
1936 : La Voix de Satan (Talk to the devil) de Carol Reed
1936 : Beauty and the Barge d’Henry Edwards
1937 : Big Fella de James Elder Wills
1937 : Catch as catch can de Roy Kellino
1937 : Missing, believed married de John Paddy Carstairs
1940 : Mariage sans histoire (Quiet Wedding) d’Anthony Asquith
1940 : Spring meeting de Walter C. Mycroft
1943 : Le Canari jaune (The yellow canary) d’Herbert Wilcox
1943 : L’Étranger (The Demi-Paradise) d’Anthony Asquith
1944 : En Français, Messieurs (English without Tears) d’Harold French
1945 : L’Esprit s’amuse (Blithe Spirit) de David Lean
1946 : Le tTeur (Meet me at Dawn) de Thornton Freeland & Peter Creswell
1946 : Erreurs amoureuses (While the Sun shines) d’Anthony Asquith
1948 : Miranda la sirène (Miranda) de Ken Annakin
1949 : Passeport pour Pimlico (Passport to Pimlico) d’Henry Cornelius
1949 : Cette sacrée Jeunesse (The happiest Days of your Life) de Frank Launder
1949 : Héros et brigands (Quel bandito sono io) de Mario Soldati
1951 : La Boîte magique (The magic Box) de Roy Boulting
1951 : Castle in the Air d’Henry Cass
1952 : Curtain up de Ralph Smart
1952 : Il importe d’être constant (The Importance of being earnest) d’A Asquith
1952 : Miss Robin Hood de John Guillermin
1953 : Week-end à Paris (Innocents in Paris) de Gordon Paris
1953 : Le Roi de la pagaille (Trouble in Store) de John Paddy Carstairs
1953 : The Runaway Bus de Val Guest
1954 : Folle des Hommes (Mad about Men) de Ralph Thomas
1954 : Tante Clara (Aunt Clara) d’Anthony Kimmins
1955 : Un Alligator nommé Daisy (An Alligator named Daisy) de Jack Lee Thompson
1956 : Sous le plus petit chapiteau du monde (The smallest Show on Earth) de Basil Dearden
1957 : C’est bien ma Veine ! (Just my lLck) de John Paddy Carstairs
1958 : Après moi le Déluge (I’m all right Jack) de John Boulting
1960 : The Day after Tomorrow de Frank Baker
1960 : La Doublure du Général (On the Double) de Melville Shavelson
1961 : Le Train de 16 heures 50 (Murder, she said) de George Pollock
1962 : Une Souris sur la Lune (The Mouse on the Moon) de Richard Lester
1963 : Hôtel International (The V.I.P’s) d’Anthony Asquith
1963 : Meurtre au Galop (Murder at the Gallop) de George Pollock
1964 : Lady Détective entre en scène (Murder most foul) de George Pollock
1964 : Passage à tabac (Murder Ahoy) de George Pollock
1965 : A.B.C. contre Hercule Poirot (The Alphabet Murders) de Frank Tashlin
1965 : Falstaff (Campanadas a medianoche) d’Orson Welles
1966 : La Comtesse de Hong Kong (A Countess from Hong Kong) de Charles Chaplin
1967 : Arabella (Ragazza del Charleston) de Mauro Bolognini


Filmographie de Margaret RUTHERFORD
 
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