Thelma RITTER
 Actrice américaine
New-yorkaise type, Thelma Ritter naît à Brooklyn le 14 février 1905. Dans sa famille de comptable, la comédie est une seconde nature. À onze ans, au sein d’une troupe d’amateurs, elle joue le facétieux Puck dans Le songe d’une nuit d’été. Elle étudie le théâtre à l’American Academy of Dramatic Arts et débute officiellement à Broadway en 1926. Au cours d’une tournée, elle sympathise avec un camarade, Joe Moran, qu’elle épouse en 1927.
La crise de 1929 pousse son mari à changer de métier. Thelma interrompt sa carrière pour élever leurs deux enfants, Monica et Joseph Anthony. Au fond d’elle-même, elle n’a pas renoncé à l’envie de jouer. C’est la radio qui lui permet de renouer avec le métier. Tout au long des années 40, elle enregistre des sketches avec Fred Allen et participe à des feuilletons populaires comme Big Town ou The Aldrich Family.
Débuts tardifs au cinéma
Son amie Phyllis Seaton suggère son nom à son cinéaste de mari pour un petit rôle dans Miracle sur la 34e rue. Bluffé par son naturel, le producteur Darryl Zanuck demande à George Seaton que son personnage soit développé… C’est ainsi que Thelma débute à 42 ans sa belle carrière cinématographique. Joseph Mankiewicz la repère à son tour et lui propose un galop d’essai dans Chaînes conjugales en improbable soubrette qui fait capoter le dîner mondain offert par Ann Sothern à sa patronne. Le réalisateur, reconnaissant, lui offre le rôle de l’habilleuse de Margo Channing dans Eve. Sa clope au bec, son franc-parler et son bon sens valent à Thelma une nomination à l’oscar du meilleur second rôle féminin. Joseph L. Mankiewicz disait d’elle : «Thelma était une femme authentique, une personne merveilleuse et une actrice d’une grande finesse».
Une truculente voleuse de scènes
Thelma sera nommée six fois dans la catégorie sans jamais obtenir le trophée. Pourtant, Thelma incarne le personnage inoubliable de Moe dans le chef d’œuvre de Samuel Fuller, Le port de la drogue. En 1954, elle n’est même pas nommée pour Fenêtre sur cour, son rôle le plus célèbre de l’intarissable pipelette Stella, infirmière de James Stewart. C’est au théâtre qu’elle obtiendra sa seule récompense, le Tony Award de la meilleure comédienne pour New Girl in Town en 1958. Connue pour son talent de “voleuse de scènes”, elle dame le pion aux vedettes qui l’entourent, comme dans Gene Tierney dans La mère du marié, en vendeuse d’hot-dogs contrainte de jouer les domestiques ou par ses interventions cocasses dans Confidences pour l’oreiller, auprès de Rock Hudson et Doris Day. Porte-bonheur des comédiens les plus prestigieux, elle joue la secrétaire fleur bleue de Fred Astaire dans Papa longues jambes, l’épouse d’Edward G. Robinson dans Un trou dans la tête de Frank Capra avant d’incarner la mère mal-aimante de Burt Lancaster dans Le prisonnier d’Alcatraz, alors qu’elle n’a que huit ans de plus que lui.
Simplicité et naturel.
Une fois n’est pas coutume, elle apparaît en vedette dans Agence Cupidon où George Cukor met en valeur son accent de Brooklyn dans ce rôle de marieuse professionnelle à la langue bien pendue. Mais à cette exception près, les seconds rôles seront la règle. Thelma Ritter va multiplier les apparitions à la télévision avec The Catered Affair de Paddy Chayefsky ou la commère sentimentale de The Baby-Sitter pour la série Alfred Hitchcock présente. Co-vedette du Titanic de Jean Negulesco où elle échappe au naufrage, elle accompagne Clark Gable, Marilyn Monroe et Montgomery Clift dans Les Désaxés de John Huston. Pourtant, les années 60 lui seront moins favorables et sa carrière semble marquer le pas. Trois filles à marier, Pousse-toi, chérie ! ou Boeing Boeing sont autant de comédies qui n’ont pas marqué les esprits. Trop de rôles à la brièveté frustrante la ramènent au théâtre, où elle paraît avec sa fille, Monica Moran, dans Bye Bye Birdie en 1966. C’est George Seaton, son premier metteur en scène qui sera également le dernier avec L’intrus magnifique en 1968. Thelma Ritter meurt peu après, d’une crise cardiaque, à quelques jours de son 64e anniversaire, le 5 février 1969. Vingt ans plus tard, elle reparaît en héroïne d’une BD de Ted Benoît, mettant en scène une femme de ménage à la langue bien pendue, Les mémoires de Thelma Ritter.


FILMOGRAPHIE :

Avec Montgomery Clift
et Marilyn Monroe
1947 : Le Miracle de la 34e rue (Miracle on 34th Street) de George Seaton
1947 : Appelez nord 777 (Call Northside 777) d’Henry Hathaway
1949 : Chaînes conjugales (A Letter to Three Wives) de Joseph L. Mankiewicz
1949 : Graine de faubourg (City Across the River) de Maxwell Shane
1949 : Father Was a Fullback de John M. Stahl
1950 : Le Verdict de l’Amour (Perfect Strangers) de Bretaigne Windust
1950 : Parade du rythme (I'll Get By) de Richard Sale
1950 : Ève (All About Eve) de Joseph L. Mankiewicz
1951 : La Mère du marié (The Mating Season) de Mitchell Leisen
1951 : Rendez-moi ma femme (As Young as You Feel) d’Harmon Jones
1951 : Agence Cupidon (The Model and the Marriage Broker) de George Cukor
1952 : Un refrain dans mon cœur (With a Song in My Heart) de Walter Lang
1953 : Titanic (Titanic) de Jean Negulesco
1953 : La Jolie Batelière (The Farmer Takes a Wife) d'Henry Levin
1953 : Le Port de la drogue (Pickup on South Street) de Samuel Fuller
1954 : Fenêtre sur cour (Rear Window) d’Alfred Hitchcock
1955 : Papa longues jambes (Daddy Long Legs) de Jean Negulesco
1955 : Une femme extraordinaire (Lucy Gallant) de Robert Parrish
1956 : Un magnifique salaud (The Proud and Profane) de George Seaton
1959 : Un trou dans la tête (A Hole in the Head) de Frank Capra
1959 : Confidences sur l'oreiller (Pillow Talk) de Michael Gordon
1961 : Les Désaxés (The Misfits) de John Huston
1961 : La Coqueluche de l'Arizona (The Second Time Around) de Vincent Sherman
1962 : Le Prisonnier d'Alcatraz (Birdman of Alcatraz) de John Frankenheimer
1962 : La Conquête de l'Ouest (How the West Was Won) d’Henry Hathaway
1963 : Trois Filles à marier (For Love or Money) de Michael Gordon
1963 : La Fille à la casquette (A New Kind of Love) de Melville Shavelson
1963 : Pousse-toi, chérie (Move Over, Darling) de Michael Gordon
1965 : Boeing Boeing (Boeing Boeing) de John Rich
1967 : L'Incident (en) (The Incident) de Larry Peerce
1968 : L'Intrus magnifique (What's So Bad About Feeling Good?) de George Seaton


Filmographie de Thelma RITTER
 
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