Michael REDGRAVE
 Acteur britannique
À l’instar des grands comédiens britanniques de sa génération ou de ceux qui furent quelque peu plus âgés que lui comme Laurence Olivier, Ralph Richardson ou John Gielgud, Michael Redgrave se sera ingénié à exprimer sur les scènes londoniennes l’intériorité de personnages démesurés et à extirper toute la petitesse, l’angoisse et la faiblesse de la destinée humaine. Le théâtre qu’il a défendu, celui de Shakespeare, O’Neill, Tolstoï et surtout Tchékhov a magnifiquement servi son propos. Adepte de la méthode mise en place par Stanislavski, il aura exprimé bien avant l’Actors Studio l’état de torture « morale » enduré par des héros ou anti-héros déplacés dans leur univers.
Michael Scudamore Redgrave naît le 20 mars 1908 à Bristol, dans une famille de gens de théâtre. Après avoir fait ses études à Cambridge, il entre dans l’enseignement comme professeur de langues dans une école publique mais abandonne rapidement cette voie pour s’orienter vers le théâtre. Il débute sur les planches en 1934 dans une troupe de répertoire classique. Disciple de Stanislavski, l’acteur compose ses personnages de l’intérieur. Il y fait carrière toute sa vie comme acteur, metteur en scène et dramaturge dans plusieurs grandes troupes anglaises comme l’Old Vic Theater, le British National Theatre et le Royal Shakespeare. C’est à partir de 1936 qu’il aborde le cinéma. C’est Alfred Hitchcock qui lui offre sa première apparition dans Quatre de l’Espionnage et lui donne son premier grand rôle dans Une Femme disparaît en 1938.
Des personnages tourmentés
Comédien de composition, Michael Redgrave surprend par sa capacité de transformation. Il passe de l’héritier mal aimé Kipps à l’universitaire venu des bassins miniers dans Sous le regard des étoiles, l’ambitieux armateur dans Attantic Ferry au militaire de nombreux films de guerre (Le Chemin des étoiles, Le grand blocus). On retient son extraordinaire composition du ventriloque névrosé possédé par sa marionnette dans un sketch du film Au cœur de la nuit réalisé par Alberto Cavalcanti. Fidèle au cinéma anglais, l’acteur se rend cependant à Hollywood pour tourner Le deuil sied à Electre de Dudley Nichols et Le secret derrière la porte de Fritz Lang où il incarne un schizophrène. Puis il revient en Angleterre et tourne dans L’ombre d’un homme d’Anthony Asquith où il atteint le sommet de son art en incarnant avec minutie un professeur incompris. Sa performance est récompensée d’un prix d’interprétation à Cannes. Il démontre sa capacité de passer de la comédie au drame en incarnant le personnage de Jack Worthing dans Il importe d’être Constant d’Anthony Asquith d’après Oscar Wilde. En 1955, Orson Welles fait appel à lui pour interpréter un antiquaire excentrique dans Mr Arkadin. Joseph Losey lui confie le rôle de David Graham, le père acharné à prouver l’innocence de son fils condamné dans Temps sans pitié.
Second rôle de prestige
Dans les années 1960, l’acteur se démultiplie même s’il ne tient plus le plus souvent que des rôles assez secondaires. Sir Michael Redgrave, anobli par Elisabeth II en 1959, compose aussi bien le directeur d’un centre de redressement dans La solitude du coureur de fond de Tony Richardson que le poète irlandais Yeats dans Le jeune Cassidy de John Ford et Jack Cardiff et surprend le public par l’exemplaire régularité dont il fait preuve dans son jeu. Comme ses compatriotes prestigieux, il complète la distribution de superproductions comme Ah, dieu que la guerre est jolie, La Bataille d’Angleterre ou Nicolas et Alexandra. Dans l’un de ses derniers films, Le messager de Joseph Losey en 1971, il interprète le rôle le plus marquant de sa carrière, celui d’un homme qui revoit son enfance.
Chef de tribu
Côté vie privée, Michael Redgrave cultive son ambiguité. Bisexuel, il connaît des liaisons avec Noel Coward ou son voisin l’acteur Bob Mitchell. Mais lorsque sa partenaire de théâtre Rachel Kempson le demande en mariage, il la met en garde mais accepte. Le couple s’unit en 1935 et de leur union naîtront trois enfants, tous futurs comédiens, Vanessa, Lynn et Corin. Rachel restera à ses côtés jusqu’au bout. Avec la descendance de Natasha Richardson, Joely Richardson et Carlo Nero, c’est en patriarche d’une grande tribu de comédiens qu’il termine sa vie. Atteint d’une forme de maladie de Parkinson, il cesse toute activité professionnelle au milieu des années 1970, et meurt le lendemain de son 77e anniversaire, le 21 mars 1985 dans sa propriété de Denham.


FILMOGRAPHIE :

Avec Margaret Lockwood
et Alfred Hitchcock
1936 : Quatre de l’espionnage (Secret Agent) d’Alfred Hitchcock
1938 : Une femme disparaît (The Lady vanishes) d’Alfred Hitchcock
1938 : Robin des bois d’Ecosse (Climbing high) de Carol Reed
1938 : La vie d’une autre (A stolen Life) de Paul Czinner
1939 : Sous le regard des étoiles (The Stars look down) de Carol Reed
1940 : Meurtre à l’aube (A Window in London) d’Herbert Mason
1940 : Atlantic Ferry (Atlantic Ferry) de Walter Forde
1941 : Kipps (The remarkable Mr. Kipps) de Carol Reed
1941 : Jeannie (Girl in Distress) d’Harold French
1941 : Le grand Blocus (The big Blockade) de Charles Frend
1942 : Le rocher du tonnerre (Thunder Rock) de Roy Boulting
1944 : Le chemin des étoiles (The Way to the Stars) d’Anthony Asquith
1945 : Au cœur de la nuit (Dead of Night) d’Alberto Cavalcanti
1945 : Cœur captif (The captive Heart) de Basil Dearden
1946 : The Years between de Compton Bennett
1947 : Les Pirates de la Manche (The Man within) de Bernard Knowles
1947 : Fame is the Spur de Roy Boulting
1947 : Le Deuil sied à Electre (Mourning becomes Electra) de Dudley Nichols
1947 : Le Secret derrière la porte (Secret beyond the Door) de Fritz Lang
1951 : L’ombre d’un homme (The Browning Version) d’Anthony Asquith
1951 : La Boite magique (The magic Box) de John Boulting
1952 : Il importe d’être constant (The Importance of being earnest) d’A Asquith
1954 : Le Foulard vert (The green Scarf) de George More O’Ferrall
1954 : The sea shall not have them de Lewis Gilbert
1954 : Le treizième passager (The Night my Number came up) de Leslie Norman
1955 : Monsieur Arkadin (Confidential Report) d’Orson Welles
1955 : Les Briseurs de barrages (The Dam Busters) de Michael Anderson
1955 : Oh… Rosalinda !! (Fledermaus’55) d’Emeric Pressburger & Michael Powell
1955 : 1984 (1984) de Michael Anderson
1956 : Temps sans pitié (Time without Pity) de Joseph Losey
1957 : La Route joyeuse (The happy Road) de Gene Kelly
1957 : Un Américain bien tranquille (The quiet American) de Joseph L. Mankiewicz
1958 : L’habit fait le moine (Law and Disorder) de Charles Crichton
1958 : Behind the Mask de Brian Desmond Hurst
1958 : L’Épopée dans l’ombre (Shake Hands with the Devil) de M Anderson
1959 : Cargaison dangereuse (The Wreck of the Mary Dare) de Michael Anderson
1960 : Non, ma fille non ! (No my Darling Daughter) de Ralph Thomas
1961 : Les Innocents (The Innocents) de Jack Clayton
1962 : La Solitude du coureur de fond (... The long Distance Runner) de T Richardson
1963 : Oncle Vanya (Uncle Vanya) de Stuart Burge
1964 : Le jeune Cassidy (Young Cassidy) de John Ford & Jack Cardiff
1965 : La colline des hommes perdus (The Hill) de Sidney Lumet
1965 : Les héros de Telemark (The Heroes of Telemark) d’Anthony Mann
1966 : La vingt-cinquième heure (The twenty-fifth Hour) d’Henri Verneuil
1967 : Services spéciaux, division K (Assignment K) de Val Guest
1968 : Ah ! Dieu que la guerre est jolie (oh ! what a lovely War) de Richard Attenborough
1969 : La bataille d’Angleterre (Battle of Britain) de Guy Hamilton
1969 : Au revoir, monsieur Chips (Goodbye, Mr. Chips) d’Herbert Ross
1969 : Chambres communicantes (Connecting Rooms) de Franklin Gollings
1970 : Goodbye Gemini d’Alan Gibson
1970 : Le Messager (The Go-between) de Joseph Losey
1971 : Nicolas et Alexandra (Nicholas and Alexandra) de Franklin J. Schaffner
1975 : Rime of the ancient Mariner de Raul DaSilva


Filmographie de Michael REDGRAVE
 
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