Irène PAPAS
 Actrice grecque
Il y a des icones qui évoquent indubitablement leur pays. Il est ainsi difficile d’évoquer la Grèce sans penser à Irène Papas, sa tragédienne nationale. Pendant une carrière couvrant plus de cinq décennies, elle a tourné dans plus de soixante-dix films dans le monde entier tout en gardant l’âme de son pays d’origine.
Irène Papas est née sous le nom d’Irini Lelekou, le 3 septembre 1926 à Chiliomodi, aux alentours de Corinthe. Sa mère est enseignante et son père d’origine albanaise enseigne le drame classique. Elle est formée à l’École royale d’art dramatique d’Athènes, prenant des cours de danse et de chant. La débutante suit les cours de l’Institut dramatique du Théâtre national d’Athènes, où elle est l’élève de Dimítris Rondíris, un disciple de Max Reinhardt. Elle commence donc sa carrière dans des rôles ibséniens. Cependant, elle a finalement peu joué au théâtre, préférant le cinéma. Elle y fait ses premiers pas dans Les Anges perdus de Nikos Tsiforos et Cité morte de Frixos Iliadis sous son vrai nom. Ce n’est qu’en se rendant à Cinecitta pour Les Infidèles de Steno et Monicelli qu’elle adopte le pseudonyme d’Irène Papas. Interprète solide, dès ses débuts au cinéma, elle s’essaie au péplum italien avec Attila fléau de Dieu où elle a pour la première fois Anthony Quinn pour partenaire et Theodora impératrice de Byzance de Riccardo Freda, au western avec La Loi de la Prairie en épouse de James Cagney, au film noir américain avec Le Secret de la Casbah avec George Raft et au film de cape et d’épée avec L’Épée légendaire. Elle est la seule actrice grecque à avoir plus tourné à l’étranger que dans son pays.
Tragédienne nationale
En 1959 elle joue le rôle-titre de Bouboulina dans son pays puis acquiert une renommée internationale grâce à la superproduction de guerre Les Canons de Navarone et surtout aux tragédies Antigone et Électre, le second étant dirigé par Michael Cacoyannis qui devient son directeur préféré. Avec lui, elle tournera Zorba le Grec, Les Troyennes, Iphigénie, Sweet Country, Sens dessus dessous. Par la suite la vedette poursuit une riche carrière, européenne notamment. Elle retrouve Riccardo Freda et travaille avec Martin Ritt (Les frères Siciliens), Elio Petri (À chacun son dû), Costa-Gavras (Z), Moustapha Akkad (Le Message), Carlo Lizzani (Scandale à Rome), Alberto Lattuada (La Bambina), Francesco Rosi (Chronique d’une mort annoncée).
Une grande carrière internationale
Elle a pour partenaires au fil de sa carrière les comédiens internationaux les plus prestigieux, parmi lesquels Kirk Douglas, James Mason, Gregory Peck, Gian Maria Volonte et Katharine Hepburn. Outre Euripide et Sophocle, la comédienne sacrée tragédienne nationale joue dans des adaptations de Federico García Lorca (Noces de sang, Yerma), Gabriel García Márquez (Chronique d’une mort annoncée, Eréndira de Ruy Guerra), Carlo Levi (Le Christ s’est arrêté à Eboli) et Nikos Kazantzakis (Zorba le Grec). Elle a également, en tant que chanteuse, prêté sa voix dans quelques albums de Vangelis comme Odes et Rapsodies et sur la chanson de l’album 666 d’Aphrodite’s Child en 1971. Elle interprète aussi Míkis Theodorákis dans Songs of Théodorakis en 1968. À partir de 1990, Irene Papas reprend sa carrière théâtrale et travaille beaucoup pour la télévision où elle incarne Pénélope dans la superproduction européenne L’Odyssée au côté de Bekim Fehmiu, dirigée par Franco Rossi et Mario Bava et concentrée pour une sortie en salle, la mère de Linda de Suza dans La Valise en carton en 1988 et participe au Banquet mis en scène par Marco Ferreri d’après Platon l’année suivante.
Liaison secrète
À la fin de sa carrière, elle est dirigée par trois fois par le vétéran portugais Manoel d’Oliveira. La troisième fois dans Un film parlé en 2003, constitue aussi l’ultime apparition à l’écran d’Irène Papas. Elle reçoit en 2009 un Lion d’Or d’honneur à Venise pour l’ensemble de sa carrière. Souffrant depuis plusieurs années de la maladie d’Alzheimer, la vieille grande dame du cinéma grec s’est retirée à Athènes. Elle ne se sera mariée qu’une fois avec Alkis Papas entre 1943 et 1947. Celui qui aura au moins contribué à lui léguer son nom la dirigera en 1957 dans Psit koritsia. Elle avouera sur le tard avoir entretenu une très longue liaison avec Marlon Brando qui n’aura jamais évoqué cette grande histoire d’amour de son vivant. Irène Papas décède à Chiliomodi en Grèce, le 14 septembre 2022 peu après l'anniversaire de ses 96 ans.


FILMOGRAPHIE :

Avec Michael Cacoyannis
1948 : Les anges perdus (Hamenoi ageloi) de Nikos Tsiforos
1951 : Cité morte (Nekri politeia) de Frixos Iliadis
1952 : Une de celles là (Una di quelle) d’Aldo Fabrizi
1952 : Les Infidèles (Le Infideli) de Steno & Mario Monicelli
1953 : Le secret de la casbah (Dramma nella Kasbah) de Ray Enright
1953 : Angoisse d’une mère (Vortice) de Raffaello Matarazzo
1953 : Théodora, l’impératrice de Byzance (Teodora, imperatrice di Bisanzio) de Riccardo Freda
1954 : Attila, fléau de dieu (Attila) de Pietro Francisci
1954 : The missing Scientists de Steve Sekely
1955 : La loi de la prairie (Tribute to a bad Man) de Robert Wise
1955 : L’épée légendaire (La spada imbattibile) d’Hugo Fregonese
1956 : Les aventures des 3 Mousquetaires (Le avventure dei tre moschettieri) de J. Lerner
1957 : Psit... koritsia ! / Koritsia tis pantreias d’Alkis Papas
1958 : Le lac des soupirs (I limni ton stenagmon) de Grigoris Grigoriou
1958 : Bouboulina de Kostas Andritsos
1960 : Les canons de Navarone (The Guns of Navarone) de Jack Lee Thompson
1961 : Antigone (Antigoni) d’Yorgos Javellas
1961 : Electre (Elektra) de Michael Cacoyannis
1963 : La baie aux émeraudes (The Moon-Spinners) de James Neilson
1963 : Zorba le Grec (Zorba the Greek) de Michael Cacoyannis
1964 : Témoin de l’enfer (Zeugin aus der Hölle) de Zivorad Zika Mitrovic
1964 : Ta skalopatia de Leonard Hirschfield
1965 : Roger la honte Ttrappola per l’assassino) de Riccardo Freda
1965 : Ecce homo de Bruno Gaburro
1966 : À chacun son dû (a ciascuno il suo) d’Elio Petri
1967 : The desperate Ones d’Alexander Ramati
1968 : Les frères Siciliens (The Brotherhood) de Martin Ritt
1968 : Z de Costa-Gavras
1968 : L’Odyssée (L’Odissea) de Franco Rossi, Piero Schivazappa & Mario Bava
1969 : A Dream of Kings de Daniel Mann
1969 : Anne des mille jours (Anne of the thousand days) de Charles Jarrott
1970 : Les Troyennes (the Trojan Women) de Michael Cacoyannis
1970 : Meurtre par intérim (Un posto ideale per uccidere) de Umberto Lenzi
1971 : Scandale à Rome (Roma Bene) de Carlo Lizzani
1971 : L’effroyable machine de l’industriel N.P. (N.P. il segretto) de Silvano Agosti
1972 : Piazza Pulita (1931: Once upon a time in New York) de Luigi Vanzi
1972 : La longue Buit de l’exorcisme (Non si sevizia un paperino) de Lucio Fulci
1972 : La cinquième Offensive (Sutjeska) de Stipe Delic
1973 : La Bambina (le Farò da Padre) d’Alberto Lattuada
1974 : Moïse (Moses) de Gianfranco de Boscio
1975 : Le Message (The Message) de Mustapha Akkad
1976 : Iphigénie (Ifigeneia) de Michael Cacoyannis
1976 : Noces de sang (Urs al-dam) de Souheil Ben-Barka
1977 : L’homme de Corleone (L’uomo di Corleone) de Duilio Coletti
1977 : Les Vierges damnées (Un ombra nell’ombra) de Pier Carpi
1978 : Le Christ s’est arrêté à Eboli (Cristo si è fermato a Eboli) de Francesco Rosi
1979 : Liés par le sang (Bloodline) de Terence Young
1979 : Le Lion du désert (Lion of the Desert) de Mustapha Akkad
1980 : L’assistente sociale tutta pepe e tutta sale de Nando Cicero
1981 : La ballade de Mamelouk (Sarâb) d’Abdelhafidh Bouassida
1982 : Eréndira de Ruy Guerra
1982 : Le Déserteur (Il disertore) de Giuliana Berlinguer
1983 : Afghanistan pourquoi ? d’Abdellah Masbahi
1983 : Le Sex-symbol (Melvin, Son of Alvin) de Jon Eastway
1984 : Série noire pour une nuit blanche (Into the Night) de John Landis
1984 : The Assisi Undergroung d’Alexander Ramati
1986 : Sweet Country (Glykeia patrida) de Michael Cacoyannis
1986 : Chronique d’une mort annoncée (Cronaca di una morte annunciata) de Francesco Rosi
1987 : Soleil grec (High Season) de Clare Peploe
1988 : Oceano de Ruggero Deodato
1989 : Island (Island) de Paul Cox
1990 : Nirvana Street murder d’Aleksi Vellis
1991 : Lettre de Paris (Lettera da Parigi) de Ugo Fabrizio Giordani
1992 : Sens dessus dessous (Pano kato ke plagios) de Michael Cacoyannis
1995 : Party de Manoel de Oliveira
1997 : Inquiétude (Inquietude) de Manoel de Oliveira
1998 : Yerma (Yerma) de Pilar Távora
2000 : Capitaine Corelli (Captain Corelli’s Mandolin) de John Madden
2000 : Retour à l’Automne (Podzimní návrat) de Georgis Agathonikiadis
2001 : Et le Train va au ciel (…Kai to treno pai ston ourano) d’Yannis Ioannou
2002 : Un film parlé (Um Filme falado) de Manoel deOliveira


Filmographie d'Irène PAPAS
 
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