Hattie McDANIEL
 Actrice américaine
Fille d’un pasteur baptiste de Virginie et d’une chanteuse de gospel, Hattie McDaniel naît à Wichita dans le Kansas, le 10 juin 1895. C’est la benjamine d’une famille de treize enfants (dont Sam et Etta, qui se feront également connaître au cinéma), tous destinés par leurs parents à intégrer les chœurs religieux. Dès l’âge de quinze ans, elle quitte l’école pour se produire sur scène aux côtés de son frère Otis. Elle connaît pendant une vingtaine d’années une carrière de chanteuse, de danseuse et de comédienne, tant au théâtre que sur les ondes radiophoniques où elle acquiert un début de notoriété sous le pseudonyme de Hi-Hat-Hattie en écrivant elle-même des chansons. En revanche, sa vie privée n’est guère heureuse. Mariée une première fois à dix-huit ans, elle est veuve quatre ans plus tard. Un second mariage la laisse de nouveau veuve en 1922, son mari ayant été tué par balle. La crise de 1929 met un frein à sa carrière et Hattie doit se résoudre à travailler comme femme de chambre ou hôtesse d’accueil pour joindre les deux bouts. Au début des années trente, elle rejoint son frère Sam à Los Angeles.
Une silhouette pittoresque
Lorsqu’elle débute au cinéma en 1931, Hollywood ne lui réserve que des silhouettes conventionnelles comme en témoignent ses apparitions en servante de Marlene Dietrich dans Venus Blonde ou de Mae West dans Je ne suis pas un ange, réduite la plupart du temps au rang de figurante dans une quarantaine de films, tournés entre 1931 et 1936. Domestique ou cuisinière, elle tire enfin son épingle du jeu dans Judge Priest de John Ford et surtout la comédie musicale Show Boat aux côtés d’Irene Dunne et Paul Robeson. Elle finit par imposer son personnage débonnaire au rire sonore et au franc parler qui parvient à voler la vedette aux plus aguerris, tels Jean Harlow et Clark Gable dans La malle de Singapour ou la crispante Shirley Temple dans Le petit colonel. Sa placidité ironique fait merveille dans Alice Adams avec une Katharine Hepburn snobinarde. Elle asperge d’eau Henry Fonda amoureux de Barbara Stanwyck dans Miss Manton est folle avant d’arbitrer les démêlés sentimentaux de Ginger Rogers face à Fred Astaire dans Amanda ou James Stewart dans Mariage incognito. Son nom n’est pourtant pas toujours cité au générique.
La première Noire oscarisée
La consécration arrive en 1939 lors de la sortie du film le plus attendu de toute l’histoire du cinéma, Autant en emporte le vent. Grâce au soutien de Clark Gable, Hattie emporte haut la main le rôle de Mammy. Tout le monde garde en mémoire ses réparties pleines de bon sens, son ironie affectueuse à l’égard de la capricieuse Scarlett O’Hara et son jupon de satin rouge, cadeau de Rhett Butler… Comme tous les acteurs noirs du film, elle est interdite de projection lors de la première à Atlanta en 1939. Clark Gable, scandalisé, menace de ne pas s’y rendre mais Hattie l’en dissuade et deux mois plus tard, tient sa revanche, le 29 février 1940, en devenant la première actrice noire à remporter un oscar, celui du meilleur second rôle féminin. Sobre et émouvante, elle se contente de déclarer : « C’est un des moments les plus heureux de ma vie ». Lors de la cérémonie, Hattie et son compagnon sont relégués en fond de salle et David O’Selznick lui-même est intervenu pour qu’une chambre lui soit réservée dans un hôtel interdit aux “personnes de couleur”… Curieusement, l’oscar n’amènera pas un afflux de rôles intéressants. Bien sûr, elle côtoie nombre de stars qui sauront l’apprécier comme Errol Flynn et Olivia de Havilland dans La charge fantastique, Bette Davis dans Le grand mensonge, James Cagney dans Johnny le vagabond, ou Claudette Colbert dans Depuis ton départ. Elle est parodiée en Mammy Sleepers dans les Tom et Jerry.
Une fin de carrière discrète
En dix ans on ne la verra qu’une vingtaine de fois jusqu’au Grand Départ en servante sans même un gros plan. En 1950, une crise cardiaque contraint Hattie à renoncer à la version télévisée du Beulah show, remplacée par Ethel Waters. Quelques mois plus tard, elle retrouve son rôle pour six épisodes. Un cancer du sein met un terme définitif à sa carrière. Hospitalisée, elle meurt quelques mois plus tard, le 26 octobre 1952, à San Fernando Valley. Malgré l’éclat de sa carrière et l’émotion suscitée par sa disparition, elle devait être encore victime de la ségrégation puisque Hollywood Memorial Park, le cimetière des stars, lui fut refusé. Modeste, elle avait déclaré : « Pourquoi devrais-je me plaindre de gagner sept mille dollars par semaine en jouant à une femme de chambre? Je gagnerais seulement sept dollars par semaine si j’en étais une.»


FILMOGRAPHIE :

Avec Bette Davis
1931 : Impatient Maiden de James Whale
1932 : The Golden West de David Howard
1932 : Love Bound de Robert F. Hill
1932 : Are you listening ? d’Harry Beaumont
1932 : La Griffe (Washington Masquerade) de Charles Brabin
1932 : Blonde Vénus (Blonde Venus) de Josef von Sternberg
1932 : Crooner de Lloyd Bacon
1932 : The Boiling Point de George Melford
1933 : Hpnotized de Mack Sennett
1933 : En descendant Broadway (Hello Sister) d’Erich von Stroheim, Alfred L. Werker
1933 : Our Gang (Our Gang) de Leo McCarey
1933 : Je ne suis pas un ange (I'm No Angel) de Wesley Ruggles
1933 : Goodbye Love d’H. Bruce Humberstone
1934 : Mickey Rescue de Jesse Duffy (cm)
1934 : Merry Wives to Reno d’H. Bruce Humberstone
1934 : L’Agent Numéro 13 (Operator 13) de Richard Boleslawski
1934 : Fate’s Fathead de Charley Chase (cm)
1934 : The Chases of Pimple Street de Charley Chase (cm)
1934 : Le Chanteur de Broadway (King Kelle of the USA) de Leonard Fields
1934 : Judge Priest de John Ford
1934 : Flirtation de Leo Birinsky
1934 : Perdus dans la Stratosphère (Lost in the Stratosphre) de Melville W. Brown
1934 : Babbitt de William Keighley
1934 : Little Men de Phil Rosen
1934 : Mirage de la Vie (Imitation of Life) de John M. Stahl
1935 : Le Petit Colonel (The Little Colonel) de David Butler
1935 : Transient Lady d’Edward Buzzell
1935 : Traveling Saleslady de Ray Enright
1935 : La Malle de Singapour (China Seas) de Tay Garnett
1935 : Désirs secrets (Alice Adams) de George Stevens
1935 : Anniversary Trouble de Gus Meins (cm)
1935 : Murder by Television de Clifford Sandforth
1935 : Harmony Lane de Joseph Santley
1935 : Okay Toots ! de Charley Chase (cm)
1935 : Music is Magic de George Marshall
1935 : Wig-Wag de Sam White (cm)
1935 : Sa dernière Grimace (Another Face) de Christy Cabanne
1935 : The Four-Star Boarder de Charley Chase (cm)
1935 : Sa première Angoisse (We’re only human) de James Flood
1936 : Can this be Dixie . de George Marshall
1936 : Le premier Né (The first Baby) de Lewis Seiler
1936 : Épreuves (Next Time We Love) de Edward H. Griffith
1936 : The Singing Kid de William Keighley
1936 : Gentle Julia de John G. Blystone
1936 : Show Boat (Show Boat) de James Whale
1936 : Carolyn veut divorcer (The Bride Walks Out) de Leigh Jason
1936 : Haute Tension (High Tension) d’Allan Dwan
1936 : Postal Inspector d’Otto Brower
1936 : Star for a Night de Lewis Seiler
1936 : Héroïque Mensonge (Valiant is the World for Carrie) de Wesley Ruggles
1936 : Une fine Mouche (Libeled Lady) de Jack Conway
1936 : Réunion (Reunion) de Norman Taurog
1936 : Racing Lady de Wallace Fox
1936 : Ne le dites pas à ma Femme (Don’t tell the Wife) de Christy Cabanne
1937 : Mississippi Moods de Leslie Goodwins
1937 : Le Crime que personne n’a vue (The Crime Nobody saw) de Charles Barton
1937 : The Wildcatter de Lewis D. Collins
1937 : La Joyeuse Suicidée (Nothing sacred) de William A. Wellman
1937 : Saratoga (Saratoga) de Jack Conway
1937 : Place aux Jeunes (Make way for tomorrow) de Leo McCarey
1937 : Stella Dallas (Stella Dallas) de King Vidor
1937 : Sky Racket de Sam Katzman & Robert F. Hill
1937 : Over the Goal de Noel M. Smith
1937 : Merry go round of 1938 d’Irving Cummings
1937 : Quarante-cinq Papas (Forty-five Fathers) de James Tinling
1937 : Quick Money d’Edward Killy
1937 : La Folle Confession (True Confession) de Wesley Ruggles
1938 : Les deux Bagarreurs (Battle of Broadway) de George Marshall
1938 : Amanda (Carefree) de Mark Sandrich
1938 : Miss Manton est folle (The Mad Miss Manton) de Leigh Jason
1938 : Mariage incognito (Vivacious Lady) de George Stevens
1938 : L'Ange impur (The Shopworn Angel) de H.C. Potter
1938 : L'Ensorceleuse (The Shining Hour) de Frank Borzage
1939 : Everybody’s Baby de Malcolm St. Clair
1939 : Deux bons copains (Zenobia) de Gordon Douglas
1939 : Autant en emporte le vent (Gone with the wind) de Victor Fleming
1940 : Maryland (Maryland) de Henry King
1941 : Le Grand Mensonge (The Great Lie) d'Edmund Goulding
1941 : La Charge fantastique (They Died with Their Boots On) de Raoul Walsh
1941 : Si Adam avait su… (The Male Animal) d’Elliott Nugent
1941 : Ma Femme se marie demain (Affectionately Yours) de Lloyd Bacon
1941 : La Reine des Rebelles (Belle Star) d’Irving Cummings
1942 : L'amour n'est pas en jeu (In This Our Life) de John Huston
1942 : La Maison de mes rêves (George Washington Slept Here) de William Keighley
1943 : Johnny le Vagabond (Johnny come lately) de William K. Howard
1943 : Remerciez votre bonne étoile (Thank Your Lucky Stars) de David Butler
1944 : Depuis ton départ (Since You Went Away) de John Cromwell
1944 : Trois c’est une Famille (Three Is a Family) d'Edward Ludwig
1944 : Janie (Janie) de Michael Curtiz
1944 : Hi, Beautiful de Leslie Goodwins
1946 : Janie Gets Married de Vincent Sherman
1946 : Margie (Margie) d'Henry King
1946 : Ne dites jamais adieu (Never Say Goodbye) de James V. Kern
1946 : Mélodie du Sud (Song of the South) de Harve Foster et Wilfred Jackson
1947 : L'Homme que j'ai choisi (The Flame) de John H. Auer
1947 : Mickey de Ralph Murphy
1948 : Ma femme et ses enfants (Family Honeymoon) de Claude Binyon
1948 : Le grand Départ (The big Wheel) d’Edward Ludwig


Filmographie d'Hattie McDANIEL
 
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