Agnes MOOREHEAD
 Actrice américaine
Agnes Moorehead fut l’une des actrices de caractère les plus appréciées par ses pairs avant de devenir une vedette excentrique de sitcom grâce au personnage d’Endora, la mère d’Elizabeth Montgomery dans Ma sorcière bien-aimée. Selon son “gendre”, Dick Sargent, elle débarquait sur le plateau armée du scénario et de sa Bible ! Il faut dire qu’Agnes était fille de pasteur.
Agnes Robertson Moorehead voit le jour à Clinton, le 6 décembre 1900. Dès l’enfance, elle développe ses dons de comédienne en observant les ouailles paternelles. Malgré son désir de devenir comédienne, elle poursuivit ses études, se lance dans l’enseignement, tout en jouant en amateur et en participant à des programmes radiophoniques. Sur les ondes, son interprétation de Mrs Danvers, la redoutable gouvernante de Rebecca, ou celle de l’héroïne terrifiée de Raccrochez, c’est une erreur marqueront les auditeurs. La rencontre d’Orson Welles met sa carrière en orbite. Co-fondatrice du Mercury Theater, elle participe à l’invasion martienne sur les ondes dans La Guerre des Mondes et surtout aux deux premiers films du génial cinéaste Citizen Kane où elle joue la mère de Welles et La splendeur des Amberson pour un premier rôle de femme aigrie qui lui vaut le prix de la meilleure actrice attribué par la critique new-yorkaise.
Lancée par Orson Welles
«Donnez le rôle à Agnes : elle peut tout jouer !». Forte de ce sésame signé Welles, Miss Moorehead voit s’ouvrir les portes d’Hollywood où, après un Voyage au pays de la peur, elle quitte le sillage d’Orson pour s’imposer en second rôle hollywoodien de haute tenue comme en témoigne la baronne d’Aspasia Conti dans Mrs Parkington. Bon nombre de ses personnages manifestent un caractère peu amène, la tante acariâtre de la petite Jane Eyre, celle de Jane Wyman dans Johnny Belinda ou l’ennemie élégante et farouche d’Humphrey Bogart dans Les passagers de la nuit. Totalement méconnaissable dans Moment perdu, elle incarne une momie de 105 ans recluse dans un palais vénitien.
De grands seconds rôles de femmes acariâtres
Sur sa lancée, elle s’enlaidit à plaisir dans Passion fatale de Robert Siodmak. Lorsqu’elle tourne Femmes en cage avec Eleanor Parker, on l’attend en matonne sadique, mais c’est au contraire en superintendante des prisons des plus compréhensives qu’elle apparaît. Comme il faut bien se montrer aimable de temps en temps, elle s’attendrit devant la petite Margaret O’Brien, sa fille dans Nos vignes ont de tendres grappes. Frank Morgan lui fait du gringue sur l’escarpolette de Belle jeunesse et Joe E. Brown, son époux dans Show Boat, adore cette maîtresse-femme qui mène sa barque avec bon sens et affection. De grandes fresques romanesques comme Tant que soufflera la tempête, L’arbre de vie et La tempête comptent sur son jeu efficace, de même que Douglas Sirk qui la retient pour seconder Rock Hudson et Jane Wyman dans deux chefs-d’œuvre, Le secret magnifique et Tout ce que le ciel permet.
L'extravagante Endora
Réconciliée avec Bogart dans La main gauche du seigneur, Agnes Moorehead peut incarner la mère aimante de James Stewart dans Un homme change son destin ou celle de Robert Wagner, alias Jesse James dans Le brigand bien-aimé, mais elle n’oublie pas pour autant ses rôles fétiches de marâtre dans Le cygne ou Pollyanna. Cette rousse altière est toute désignée pour le rôle d’Elizabeth Ire dans The Story of Mankind. Sur le tard, elle fréquente même le film horrifique pour Le Masque avec Vincent Price et Chut…Chut…Chère Charlotte. Après cette date, elle troque définitivement son austère chignon de vieille fille coincée pour les perruques extravagantes et les sortilèges d’Endora dans 147 épisodes de Ma Sorcière bien aimée.
Vaincue par la maladie
Alors qu’elle joue Tante Alicia dans Gigi à Broadway, Agnes Moorehead doit interrompre les représentations. Elle meurt quelques mois plus tard, le 30 avril 1974, à Rochester, victime d’un cancer, regrettant amèrement d’avoir tourné Le conquérant en Utah, sur un site d’essais nucléaires toujours radioactif… Pourtant réputée coriace, celle que l’on surnommait «Tough Old Bird» ne put que baisser les bras dans ce combat perdu d’avance. Son dernier film portait le titre prémonitoire de Dear Dead Delilah. Agnes Moorehead avait épousé en 1930 le comédien John Griffin Lee, le couple adoptant un enfant, Sean. En secondes noces, elle fut, de 1953 à 1958, la conjointe du réalisateur Robert Gist.


FILMOGRAPHIE :

Avec Orson Welles
1941 : Citizen Kane (Citizen Kane) d’Orson Welles
1942 : La Splendeur des Amberson (The Magnificent Ambersons) d’Orson Welles
1942 : La Poupée brisée (The big Street) d’Irving Reis
1942 : The youngest Profession d’Edward Buzzell
1943 : Voyage au pays de la peur (Journey into Fear) de Norman Foster
1943 : L’exubérante Smokey (Government Girl) de Dudley Nichols
1944 : Madame Parkington (Mrs. Parkington) de Tay Garnett
1944 : La septième croix (The seventh Cross) de Fred Zinnemann
1944 : Les fils du dragon (Dragon Seed) d’Harold S. Bucquet & Jack Conway
1944 : Depuis ton départ (Since you went away) de John Cromwell
1944 : Les hommes de demain (Tomorrow, the World !) de Leslie Fenton
1944 : Jane Eyre (Jane Eyre) de Robert Stevenson
1945 : La Princesse et le Groom (Her Highness and the Bellboy) de Richard Thorpe
1945 : L’amour s’en va-t-en guerre (Keep your Powder dry) d’Edward Buzzell
1945 : Nos Vignes ont de tendres grappes (Our Vines have tender Grapes) de Roy Rowland
1946 : Les Passagers de la nuit (Dark Passage) de Delmer Daves
1947 : Moments perdus (The lost Moment) de Martin Gabel
1947 : Belle jeunesse (Summer Holiday) de Rouben Mamoulian
1948 : La femme en blanc (The Woman in White) de Peter Godfrey
1948 : Johnny Belinda, l’enfant du silence (Johnny Belinda) de Jean Negulesco
1948 : La Cité de la peur (Station West) de Sidney Lanfield
1949 : Passion fatale (The great Sinner) de Robert Siodmak
1949 : Crépuscule (Without Honor) d’Irving Pichel
1949 : Un homme change son destin (The Stratton Story) de Sam Wood
1950 : Black Jack (Captain Blackjack) de Julien Duvivier
1950 : La Taverne de New Orleans (Adventures of Captain Fabian) de W Marshall
1950 : Femmes en cage (Caged) de John Cromwell
1951 : Quatorze heures (Fourteen Hours) d’Henry Hathaway
1951 : Show Boat (Show Boat) de George Sidney
1951 : La Femme au voile bleu (The blue Veil) de Curtiz Bernhardt
1952 : Histoire de trois Amours (The Story of three Loves) de Vincente Minnelli
1952 : La Forêt en feu (The blazing Forest) d’Edward Ludwig
1952 : Vicky (Scandal at Scourie) de Jean Negulesco
1953 : Main Street to Broadway de Tay Garnett
1953 : Les belles Rouquines (Those Redheads from Seattle) de Lewis R. Foster
1954 : Tant que soufflera la tempête (Untamed) d’Henry King
1954 : Le Secret magnifique (Magnificent Obsession) de Douglas Sirk
1955 : La Main gauche du Seigneur (The left Hand of God) d’Edward Dmytryk
1955 : Tout ce que le ciel permet (All that Heaven allows) de Douglas Sirk
1955 : Viva Las Vegas ! (Meet me in Las Vegas) de Roy Rowland
1955 : Le sexe opposé (The opposite Sex) de David Miller
1956 : Le Conquérant (The Conqueror) de Dick Powell
1956 : Le Cygne (The Swan) de Charles Vidor
1956 : Bungalow pour femmes (The Revolt of Mamie Stover) de Raoul Walsh
1956 : Le Trouillard du Far West (Pardners) de Norman Taurog
1957 : Le Brigand bien-aimé (The true Story of Jesse James) de Nicholas Ray
1957 : Un seul amour (Jeanne Eagels) de George Sidney
1957 : L’Histoire de l’humanité (The Story of Mankind) d’Irwin Allen
1958 : L’Arbre de vie (Raintree County) d’Edward Dmytryk
1958 : La Tempête (La Tempesta) d’Alberto Lattuada
1958 : The Dungeon de David Swift (tv)
1958 : Le dernier Damier (Night of the Quarter Moon) d’Hugo Haas
1958 : Protégé (Protégé) de Jules Bricken (tv)
1959 : Deed of Mercy de James Neilson (tv)
1959 : Le Masque (The Bat) de Crane Wilbur
1960 : Pollyanna (Pollyanna) de David Swift
1960 : La Sage-femme, le Curé et le bon Dieu (Jessica) de Jean Negulesco
1961 : Twenty plus two de Joseph M. Newman
1962 : L’américaine et l’Amour (Bachelor in Paradise) de Jack Arnold
1962 : Pauvre Monsieur Campbell (Poor Mr Campbell) de David Swift (tv)
1962 : La Conquête de l’Ouest (How the West was won) d’Henry Hathaway
1963 : Un Chef de rayon explosif (Who’s minding the Store ?) de Frank Tashlin
1964 : Chut… chut… chère Charlotte (Hush…hush, sweet Charlotte) de R Aldrich
1966 : Alice through the Looking Glass d’Alan Handley (tv)
1966 : Dominique (The singing Nun) d’Henry Koster
1969 : The Ballad of Andy Crocker de George McCowan (tv)
1971 : Marriage, Year One de William A. Graham (tv)
1971 : Suddenly Single de Jud Taylor (tv)
1971 : What’s the matter with Ellen ? de Curtis Harrington
1972 : Frankenstein (Frankenstein : The true story) de Jack Smight
1972 : Dear dead Deliah de John Farris


Filmographie d'Agnes MOOREHEAD
 
Sommaire Acteurs > Sommaire Acteurs M > Contact