Victor MATURE
 Acteur américain
Jean-Pierre Coursodon et Bertrand Tavernier le décrivent dans leur monumental Trente ans de Cinéma américain comme un «pithécanthrope devenu par erreur un symbole de la virilité et de la séduction». Si le jugement est un peu sévère, il faut reconnaître que Victor Mature n’avait aucun atout pour devenir un sex-symbol. Il régnera cependant pendant vingt ans sur le péplum à l’américaine et le film de gangster.
Victor Mature est né le 29 janvier 1913 à Louisville dans le Kentucky d’une famille italienne originaire de l’ancien Tyrol. Son père Marcello Gelindo Maturi, est coutelier, sa mère descendante d’une famille d’émigrés suisses installés dans le Kentucky. Un frère aîné, Paul Marcellus est décédé à l’âge de 11 ans. Le jeune Vittorio Maturi fait ses études dans les écoles paroissiales, le Kentucky Military Institute et le Spencerian Business School. Il a brièvement vendu des bonbons et travaillé dans le restaurant de son père avant d’aller en Californie.
Les débuts à la Fox
Découvert alors dans un petit théâtre de Pasadena, il obtient un rôle minuscule dans Le Mystère de la Péniche aux côtés de Joan Bennett. Il décroche son premier vrai rôle comme homme des cavernes vêtu de peau de bêtes dans One Million BC en 1940. Il signe aussitôt un contrat avec la 20th Century Fox. Il y donne la réplique à Betty Grable dans Qui a tué Vicky Lynn ? et Le Chant des Îles et à Rita Hayworth dans Mon Amie Sally. Il obtient un rôle plus ambigu dans Shanghai gesture de Joseph von Sternberg avec Gene Tierney.
Un vrai baroudeur
En Juillet 1942, il tente de s’enrôler dans l’US Navy, mais il est exempté pour daltonisme. Il refait un test le même jour et rejoint la Garde côtière des États-Unis. Il est affecté à une unité qui fait un travail de patrouille au Groënland. Après 14 mois à bord du patrouilleur, il est promu au rang de manœuvrier. En 1944, il participe à une tournée en vue de remonter le moral des troupes. En mai 1945, il est à nouveau affecté à la Garde côtière pour le transfert de troupes de la Guerre du Pacifique. Il quitte la Garde côtière en novembre 1945 et reprend sa carrière d’acteur. Après la guerre, il obtient son rôle le plus marquant, celui de Doc Holliday dans La Poursuite infernale de John Ford, inspiré de la célèbre bataille à OK Corral de Wyatt Earp.
Le roi du péplum en Technicolor
La décennie suivante est marquée par de nombreux péplums. La série commencée avec Samson et Dalila de Cecil B. De Mille, se poursuit avec l’utilisation du Technicolor dans La Tunique. Mature reprend le rôle de Demetrius dans Les gladiateurs, avec Susan Hayward. À noter également L’Égyptien avec Jean Simmons et Gene Tierney. Son deuxième emploi est dans le polar où son physique inquiétant donne de l’épaisseur à ses personnages de gangsters ou de policiers. C’est le cas du saisissant meurtrier du Carrefour de la Mort face à Richard Widmark et du policier qui aurait tout aussi bien pu choisir le chemin de la délinquance dans La Proie de Robert Siodmak. Dans un autre genre, il donne la réplique à Esther Williams dans La première Sirène. Dans son autobiographie,il affirme avoir eu une relation amoureuse avec elle.
Le roi de l’autodérision
Si le reste de son bilan reste honorable, on a peu de grands films à retenir après Les Inconnus dans la Ville de Richard Fleischer. Il tourne quelques films en Europe sous la houlette de Terence Young ou John Gilling et des péplums en Italie, souvent coréalisés par des routiers d’Hollywood comme Richard Thorpe ou Edgar G. Ulmer. Tout au plus s’amuse-t-il à s’autoparodier dans Le Renard s’évade à trois heures, écrit par Neil Simon. Dans la même veine, il tourne The Monkees de Bob Rafelson. Il admet qu’il n’a pas trouvé le sens véritable de cette œuvrette mais qu’il avait aimé le script, déclarant : «Tout ce que je sais, c’est qu’il me fait rire.» Il faut dire que Victor Mature a toujours pratiqué un grand sens de l’autodérision. Une fois, après s’être vu refuser l’adhésion dans un club de pays parce qu’il était acteur, il s’emporte et déclare : «Je ne suis pas un acteur. J’ai soixante-quatre films qui le prouvent !» Dans son autobiographie, il écrit en 1968 sur sa carrière d’acteur : «Je suis surtout un golfeur. Telle est mon réel emploi. Jamais je n’ai été un acteur. Demandez-le à tout le monde, et en particulier aux critiques.».
Un dernier pied de nez
Dernier pied de nez en 1997 où un journal de Los Angeles a annoncé sa mort. Victor Mature envoie un rectificatif affirmant que «l’annonce de son décès est un peu prématuré». Mais Victor Mature est atteint de leucémie et il meurt dans son ranch de Santa Fé en Californie, le 4 août 1999, à l’âge de 86 ans. Il est enterré dans le caveau familial au cimetière de St. Michael’s dans sa ville natale de Louisville. Sa veuve et quatrième épouse, Loretta Sebena, dite Lorey, est la mère de son unique fille, Victoria née en 1975. Bien qu’il s’est toujours défendu d’être un acteur, Victor Mature possède une étoile sur Hollywood Boulevard pour sa contribution à l’industrie cinématographique.


FILMOGRAPHIE :

Avec Loretta Sebena
1939 : Le Roi des reporters (The Housekeeper's Daughter) de Hal Roach
1940 : Tumak, fils de la jungle (One million B. C.) de Hal Roach et Hal Roach Jr.
1940 : Capitaine Casse-Cou (Captain Caution) de Richard Wallace
1940 : No, No, Nanette (No, No, Nanette) Herbert Wilcox
1941 : Qui a tué Vicky Lynn ? (I Wake Up Screaming) de H. Bruce Humberstone
1941 : Shanghaï (The Shanghai Gesture) de Josef von Sternberg
1942 : Filles des îles (Song of the Islands) de Walter Lang
1942 : Mon amie Sally (My Gal Sal) de Irving Cummings
1942 : Swing au cœur (Footlight Serenade) de Gregory Ratoff
1942 : Sept Jours de perm’ (Seven Days Leave) de Tim Whelan
1946 : La Poursuite infernale (My Darling Clementine) de John Ford
1947 : La Rose du crime (Moss Rose) de Gregory Ratoff
1947 : Le Carrefour de la mort (Kiss of Death) de Henry Hathaway
1948 : Massacre à Furnace Creek (Fury at Furnace Creek) de H. Bruce Humberstone
1948 : La Proie (Cry of the Citiy) de Robert Siodmak
1949 : L'Ange endiablé (Red, Hot and Blue) de John Farrow
1949 : La Vie facile (Easy Living) de Jacques Tourneur
1949 : Samson et Dalila (samson and Delilah) de Cecil B. de Mille
1950 : La Rue de la gaieté (Wabash Avenue) d'Henry Koster
1950 : Stella (Stella) de Claude Binyon
1950 : Jeux clandestins (Gambling House) de Ted Tetzlaff
1952 : Scandale à Las Vegas (The Las vegas story) de Robert Stevenson
1952 : Something for the Birds de Robert Wise
1952 : Androclès et le lion (Androcles and the Lion) de Chester Erskine
1952 : La Première Sirène (Million Dollar Mermaid) de Mervyn LeRoy
1953 : La Brigade glorieuse (The Glory Brigade) de Robert D. Webb
1953 : Commérages (Affair with a Stranger) de Roy Rowland
1953 : La Tunique (The Robe) de Henry Koster
1953 : Le Prince de Bagdad (The Veils of Bagdad) de George Sherman
1954 : Mission périlleuse (Dangerous Mission) de Louis King
1954 : Les Gladiateurs (Demetrius and the Gladiators) de Delmer Daves
1954 : L'Égyptien (The Egyptian) de Michael Curtiz
1954 : Voyage au-delà des vivants (Betrayed) de Gottfried Reinhardt
1955 : Les Inconnus dans la ville (Violent Saturday) de Richard Fleischer
1955 : Le Grand Chef (Chief Crazy Horse) de George Sherman
1955 : La Charge des tuniques bleues (The Last frontier) d’Anthony Mann
1956 : Safari (Safari) de Terence Young
1956 : Opération requins (The Sharkfighters) de Jerry Hopper
1956 : Zarak le valeureux (Zarak) de Terence Young
1957 : Police internationale (Interpol) de John Gilling
1957 : Les Trafiquants de la nuit (The Long Haul) de Ken Hughes
1958 : La Brigade des bérets noirs (No Time to Die) de Terence Young
1958 : China Doll de Frank Borzage
1958 : Escorte pour l'Oregon (Escort West) de Francis D. Lyon
1959 : Tombouctou (Timbuktu) de Jacques Tourneur
1959 : La Charge du 7e lanciers (The Bandit of Zhobe) de John Gilling
1959 : Le Cirque fantastique (The Big Circus) de Joseph M. Newman
1959 : Annibal (Annibale) de Carlo Ludovico Bragaglia et Edgar G. Ulmer
1961 : Les Tartares (I Tartari) de Richard Thorpe et Ferdinando Baldi
1966 : Le renard s'évade à trois heures (Caccia alla volpe) de Vittorio De Sica
1968 : Head de Bob Rafelson
1972 : Every Little Creek and Nanny de Cy Howard
1976 : Won Ton Ton (Won Ton Ton, the Dog Who Saved Hollywood) de Michael Winner
1979 : L'Arme au poing (Firepower) de Michael Winner
1984 : Samson et Dalila (Samson and Delilah) de Lee Philips (tv)


Filmographie de Victor MATURE
 
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