Suellyn Lyon, dite Sue Lyon, est née le 10 juillet 1946 à Davenport dans l'Iowa. C'est la plus jeune des cinq enfants de Sue Karr et James Lyon qui meurt avant son premier anniversaire. Adorable gamine, elle est poussée par sa mère comme mannequin-enfant à Dallas. La famille s’installe à Los Angeles où Maman Lyon pense trouver des opportunités pour sa fille.
Éternelle Lolita
Préadolescente, Sue Lyon apparaît dans deux séries télévisées de la fin des années cinquante. À quatorze ans mais paraissant un peu plus que son âge, elle est choisie parmi 800 candidates pour interpréter le rôle de Dolores Haze, jeune adolescente objet du désir de Humbert Humbert, dans Lolita de Stanley Kubrick, adapté du sulfureux roman de Vladimir Nabokov. L’adaptation cinématographique est moins explosive que le roman et Stanley Kubrick a pris bien soin de vieillir son héroïne pour contourner la censure. Cette histoire d’amour hors norme remporte un gros succès malgré la controverse et lance la carrière de la jeune actrice qui obtient à moins de seize ans le Golden Globes du meilleur espoir féminin malgré son inexpérience. Lorsque le film sort sur les écrans en juin 1962, Sue Lyon est trop jeune pour voir le film au cinéma.
Atout de charme dans la foulée
Sous contrat avec Seven Arts Productions, elle trouve un rôle similaire dans La Nuit de l’Iguane de John Huston adapté d’une pièce de Tennessee Williams. La jeune fille crée à nouveau la polémique en raison d’une scène où elle est filmée émergeant de l’eau. Elle apparaît en second derrière Anne Bancroft sur l’affiche de Frontière Chinoise de John Ford, un film exotique et puritain interprété principalement par des femmes. La notoriété de la jeune vedette décroît rapidement par la suite. Elle est la charmante Bonnie Lee qui sème la discorde entre l’escroc George C. Scott et le déserteur Michael Sarrazin dans Une sacrée fripouille d’Irvin Kershner et Diana Pines, un rôle très secondaire de Tony Rome est dangereux de Gordon Douglas auprès de Frank Sinatra.
Le déclin
Dans les années 1970, Sue Lyon n’apparaît que dans des séries comme Le Virginien, Night Gallery ou L’Île fantastique, des téléfilms comme une adaptation d’Arsenic et vieilles dentelles, Carambolages ou But I don't want to get married. On la retrouve au cinéma dans quelques productions comme Evel Knievel de Marvin J. Chomsky aux côtés de George Hamilton, Tarot de José Maria Forqué, Destruction planète terre de John Hayes ou L’Étrangleur invisible de Gene Fowler Jr. Elle fait une dernière apparition en 1980 dans L’Incroyable Alligator de Lewis Teague en journaliste. Elle a 34 ans et sa carrière éphémère est derrière elle.
Une vie privée instable
D’autant que la vie privée de Sue Lyon est particulièrement agitée. Elle est mariée à l’acteur et scénariste Hampton Fancher de 1963 à 1965. Elle met au monde une fille Nona pendant son mariage éclair avec le photographe afro-américain Roland Harrison de 1971 à 1972. Elle se remarie une troisième fois avec Cotton Adamson en 1973 mais divorce lorsque son nouveau mari est incarcéré pour viol et meurtre en 1974. Cette union désastreuse est en grande partie responsable de son écart des studios. Elle fait une quatrième tentative aussi fugace avec Edward Weathers de 1983 à 1984. Elle s’unit un peu plus longuement à Richard Rudman en 1985 mais divorce en 2002. Cette vie chaotique peut s'expliquer par le trouble bipolaire qu'on lui a diagnostiqué et pour lequel elle suit un traitement. En 1998, l’ancienne star affirme que Lolita est le film qui a «causé sa destruction en tant que personne.». Atteinte d’un cancer, Sue Lyon décède le 26 décembre 2019 à Los Angeles à l’âge de 73 ans.
FILMOGRAPHIE :
Avec Stanley Kubrick
1964 : La Nuit de l'iguane (The Night of Iguana) de John Huston
1966 : Frontière chinoise (Seven Women) de John Ford
1967 : Une sacrée fripouille (The flim-Flam Man) d’Irvin Kershner
1967 : Tony Rome est dangereux (Tony Rome) de Gordon Douglas
1969 : Arsenic et vieilles dentelles (Arsenic and Old Lace) de Robert Scheerer (tv)
1969 : Love and the Bed de Jerry Bernstein (tv)
1970 : Four Rode Out de John Peyser
1970 : But I Don't Want to Get Married! de Jerry Paris (tv)
1971 : Evel Knievel (Evel Knievel) de Marvin J. Chomsky
1971 : Night Gallery (Night Gallery : Miss Lovecraft sent me) de Gene R. Kearney (tv)
1972 : Don't Push I'll Charge When I'm Ready de Nathaniel Lande (tv)
1973 : Les cartes ne mentent jamais (Tarot) de José María Forqué
1973 : Le Bal du vaudou (Una gota de sangre para morir amando) d’Eloy de la Iglesia
1976 : Carambolages (Smash-Up on Interstate) de John Llewellyn Moxey (tv)
1977 : Crash (Crash!) de Charles Band
1977 : Destruction planète Terre (End of the World) de John Hayes
1978 : Police Story, River of Promises de Lee H. Katzin (tv)
1978 : L'Étrangleur invisible (The Astral Factor) de John Florea & Gene Fowler Jr
1978 : Towing de Maura Smith
1980 : L'Incroyable Alligator (Alligator) de Lewis Teague
Filmographie de Sue LYON