Fille de Iohann Keller, jockey et entraîneur de chevaux d'origine allemande, et de Martha Stierli, Marthe Keller voit le jour à Bâle, le 28 janvier 1945. Elle se prédestine à une carrière de danseuse jusqu'à ce qu'un accident de ski et un ménisque brisé mettent un terme à ses ambitions à seize ans. Elle se tourne alors vers le théâtre, prend des cours de comédie et s'inscrit à l'école Stanislavsky à Munich. Elle fait des tournées avec le Schillertheater de Berlin, avant de débuter à l'écran, en 1966, dans un film de Guy Hamilton, Mes funérailles à Berlin aux côtés de Michael Caine.
La demoiselle à Paris
Bloquée à Paris par les événements de Mai 68 et ne pouvant retourner à Berlin, elle y reste et tourne deux comédies de Philippe de Broca, Le Diable par la queue qui réunit Yves Montand, Jean Rochefort, et Madeleine Renaud et Les Caprices de Marie avec Philippe Noiret. Marthe Keller met au monde un fils, Alexandre, né en 1971 de sa relation avec Philippe de Broca. C'est en 1972 qu'elle devient populaire auprès de millions de téléspectateurs français en incarnant la princesse Kristina de Kurland dite Koba Lye-Lye, auprès de Louis Velle, dans le feuilleton La Demoiselle d'Avignon, un des principaux feuilletons français des années 1970. Elle poursuit sa carrière au cinéma en France en retrouvant Philippe Noiret dans La Vieille Fille de Jean-Pierre Blanc et s'associant à Claude Brasseur, petit escroc à la recherche du butin de son ex-compagnon de cellule dans Un Cave de Gilles Grangier puis avec Jacques Higelin dans Elle court, elle court la banlieue de Gérard Pirès. Elle est témoin d'un meurtre, manipulée par son auteur dans La Chute d'un corps de Michel Polac et tourne Vertiges en Italie auprès de Marcello Mastroianni.
Carrière à Hollywood
Marthe Keller décide de s'installer aux États-Unis au milieu des années 70 pour entamer une carrière hollywoodienne. Celle-ci démarre sur les chapeaux de roue, avec le thriller Marathon Man en 1976 qui la voit côtoyer Dustin Hoffman et l'immense Laurence Olivier, et poursuit avec le thriller sur fond de terrorisme, Black sunday de John Frankenheimer. Elle incarne surtout une jeune femme éclatante de vie malgré une maladie incurable dans Bobby Deerfield où elle donne la réplique à Al Pacino pilote de course. Marthe Keller vit une médiatique histoire d'amour de 1977 à 1984, avec Al Pacino dont elle reste proche. Elle est alors en passe de devenir une véritable star aux États-Unis. Mais cette carrière américaine va brutalement s'arrêter, en raison de relations difficiles avec Billy Wilder sur le tournage de Fedora. A partir des années 80, Marthe Keller est moins sur le devant de la scène mais reste toujours une comédienne très cotée. En 1984, elle sort le 45 tours Les paillettes de l'amour chez Carrère.
La popularité en France
Elle se distingue notamment dans La Formule, aux côtés de Marlon Brando, puis dans le drame Femmes de personne ou encore Rouge Baiser. Elle s'illustre essentiellement sur scène et sur petit écran avant de revenir au cinéma en France, à la fin des années 90, avec K d'Alexandre Arcady, L'École de la chair de Benoît Jacquot et Le Derrière de Valérie Lemercier. En 2007, la comédienne met en scène les Dialogues des carmélites à l'opéra national du Rhin, Lucia di Lammermoor à l'opéra de Washington et Don Giovanni au Metropolitan Opera de New York. En 2008, elle intègre le casting de La Prophétie d'Avignon, une saga de l'été où la résolution d'une série de meurtres réside dans le passé mystérieux de la famille Esperanza. La même année, elle tourne Bouquet final aux côtés de Didier Bourdon avant d'incarner le docteur Rousseau dans Au-delà de Clint Eastwood. Toujours charmante malgré son âge avancée, elle incarne Mina une grand-mère excentrique dans Au Galop de Louis-Do de Lencquesaing. Elle est excellente dans le rôle ambigu de la pensionnaire Carole dans Cortex et dans celui de la vieille allemande après la chute du mur de Berlin dans Amnesia de Barbet Schroeder. Sa carrière l'a conduite à Berlin, Paris, Hollywood, New York. Marthe Keller se ressource en Suisse à Verbier et enseigne également à Lausanne.
FILMOGRAPHIE :
Avec Al Pacino
1967 : Wilder Reiter GmbH de Franz-Josef Spieker
1968 : Le Diable par la queue de Philippe de Broca
1970 : Les Caprices de Marie de Philippe de Broca
1971 : Un cave de Gilles Grangier
1972 : La Vieille Fille de Jean-Pierre Blanc
1973 : Elle court, elle court la banlieue de Gérard Pirès
1973 : La Raison du plus fou de Raymond Devos et François Reichenbach
1973 : La Chute d'un corps de Michel Polac
1974 : Toute une vie de Claude Lelouch
1974 : Seul le vent connaît la réponse (Die Antwort kennt nur der Wind) d'Alfred Vohrer
1975 : Vertiges (Per le antiche scale) de Mauro Bolognini
1976 : Le Guêpier de Roger Pigaut
1976 : Marathon Man (Marathon Man) de John Schlesinger
1977 : Black Sunday (Black Sunday) de John Frankenheimer
1977 : Bobby Deerfield (Bobby Deerfield) de Sydney Pollack
1978 : Fedora(Fedora) de Billy Wilder
1980 : La Formule (The Formula) de John G. Avildsen
1981 : L'Homme de Prague (The Amateur) de Charles Jarrott
1981 : La Chartreuse de Parme (La Certosa di Parma) de Mauro Bolognini
1984 : Femmes de personne de Christopher Frank
1985 : Rouge Baiser de Véra Belmont
1985 : Joan Lui - ma un giorno nel paese arrivo io di lunedì d'Adriano Celentano
1987 : Les Yeux noirs (Oci ciornie) de Nikita Mikhalkov
1989 : Georg Elser ( Einer aus Deutschland) de Klaus Maria Brandauer
1991 : Intrigues impériales (Young Catherine) de Michael Anderson
1992 : Mémoire traquée (Lapse of Memory) de Patrick Dewolf
1994 : Mon amie Max de Michel Brault
1996 : Pereira prétend (Sostiene Pereira) de Roberto Faenza
1996 : Nuits blanches de Sophie Deflandre
1997 : K d'Alexandre Arcady
1997 : Elles de Luís Galvão Teles
1998 : L'École de la chair de Benoît Jacquot
1999 : Le Derrière de Valérie Lemercier
2002 : L'Enfant et le Loup (Time of the Wolf) de Rod Pridy
2004 : Et la nuit chante (Die Nacht singt ihre Lieder) de Romuald Karmakar
2006 : Fragile de Laurent Nègre
2007 : U.V. de Gilles Paquet-Brenner
2007 : Chrysalis de Julien Leclercq
2008 : Cortex de Nicolas Boukhrief
2008 : Bouquet final de Michel Delgado
2009 : Sous un autre jour d'Alain Tasma (tv)
2010 : Au-delà (Hereafter) de Clint Eastwood
2011 : Les Géants de Bouli Lanners
2011 : Mein bester Feind de Wolfgang Murnberger
2012 : Au galop de Louis-Do de Lencquesaing
2013 : La Marque des anges (Miserere) de Sylvain White
2014 : La Vie à l'envers d'Anne Giafferi
2014 : Homo Faber (Trois femmes) de Richard Dindo
2015 : Amnesia de Barbet Schroeder
2016 : L'Économie du couple de Joachim Lafosse
2016 : Miséricorde de Fulvio Bernasconi
2017 : Une femme heureuse (The Escape) de Dominic Savage
2019 : L'Ordre des médecins de David Roux
2019 : On ment toujours à ceux qu'on aime de Sandrine Dumas
2019 : The Witness de Mitko Panov
2019 : La Sainte Famille de Louis-Do de Lencquesaing
2020 : Petite Sœur (Schwesterlein) de Stéphanie Chuat et Véronique Reymond
2020 : Wanda, ma merveille (Wanda, mein Wunder) de Bettina Oberli
2022 : Mars Express de Jérémie Périn
Pour la télévision :
1964 : Mein oder Dein de Franz Josef Wild
1964 : Der Trojanische Krieg findet nicht statt de Franz Josef Wild
1965 : Mariana Pineda de Wilm ten Haaf
1966 : Und nicht mehr Jessica de Falk Harnack
1966 : Kein Freibrief für Mord de Karl-Heinz Bieber
1966 : Corinne und der Seebär de Thomas Engel
1969 : La Veuve rusée de Jean Bertho
1971 : Arsène Lupin de Jean-Pierre Decourt
1972 : La Demoiselle d'Avignon de Michel Wyn
1975 : L'Aigle à deux têtes de Pierre Cavassilas
1983 : Wagner (Wagner) de Tony Palmer
1983 : Jedermann de C. Rainer Ecke
1986 : La Femme du Reporter (Die Frau des Reporters) de Heide Pils
1987 : L'Hospice (The Hospice) de Dominique Othenin-Girard
1988 : Una Vittoria de Luigi Perelli
1988 : La Ruelle au clair de lune d'Édouard Molinaro
1988 : Louis-Charles, mon amour de Régis Wargnier
1989 : Les Années infernales (The Nightmare Years) d'Anthony Page
1991 : A deux pas du paradis de Michel Vianey
1992 : Im Kreis der Iris de Peter Patzak
1992 : Turbulences d'Élisabeth Rappeneau
1993 : Jeanne d'Arc au bûcher d'Akio Jissoji
1993 : Libérez mon fils (Liberate mio figlio) de Roberto Malenotti
1995 : Tödliches Geld de Detlef Rönfeldt
1995 : Belle Époque de Gavin Millar
2001 : Tout va bien c'est Noël de Laurent Dussaux
2003 : Par amour d'Alain Tasma
2004 : La Nourrice de Renaud Bertrand
2005 : Dans l'ombre du maître de David Delrieux
2007 : La Prophétie d'Avignon de David Delrieux
2007 : Le Lien de Denis Malleval
2008 : Le Sanglot des anges de Jacques Otmezguine
2011 : La Résidence de Laurent Jaoui
2011 : Page 8 (Page eight) de David Hare
2017 : Sources assassines de Bruno Bontzolakis
2018 : Dévoilées de Jacob Berger
Filmographie de Marthe KELLER