De Mexico à Hollywood
Jurado connaît une enfance heureuse, entourée de ses parents Luis Ochoa et Vicenta Estela Garcia et ses deux frères Luis Raul et Oscar Sergio). Les deux familles paternelle et maternelle étaient riches, son père étant un baron de l’élevage de bétail mais ils ont perdu beaucoup de leurs biens lors de la révolution mexicaine. Les terres de la famille situées au Texas ont été confisqués par le gouvernement fédéral pour les redistribuer aux paysans sans terre. Sa mère était une chanteuse d’opéra bien connu qui a abandonné la scène pour se marier et fonder une famille. Le cousin de Katy Jurado, Emilio Portes Gil, a été président du Mexique en 1928. En 1927, elle étudie le journalisme. Découverte par le directeur Emilio Fernández l’année de ses seize ans, Jurado débute une carrière d’actrrice contre la volonté de sa famille. Pour contourner l’interdiction, Katy épouse l’acteur mexicain et écrivain Víctor Velázquez contre la volonté de ses parents. Ensemble, ils ont un fils Victor Hugo et une fille Sandra. Le mariage se termine par un divorce en 1943, et les enfants resteront avec la famille de Jurado au Mexique lors de son départ aux États-Unis pour travailler. Jurado débute sa carrière au cinéma en 1943, avec le film No Matarás (Tu ne tueras point), dirigé par Chano Urueta avec Carmen Montejo et Emilio Tuero. Dès ses permières apparitions, elle définit un portrait de séductrice dangereuse et mangeuse d’hommes à la fois perverse et séduisante. En 1943, elle a eu son premier succès personnel dans le picaresque La Vida Inútil de Pito Perez. En 1948, sa performance dans Nosotros los pobres, face au célèbre acteur mexicain Pedro Infante lui apporte la renommée. Elle travaille à nouveau avec Infante sur El Seminarista. La popularité de Jurado est confirmée par ses prestations radiophoniques au Mexique.
La décennie hollywoodienne
Jurado travaille à la radio comme chroniqueuse et journaliste, commentant les corridas. C’est ainsi qu’elle attire l’attention de Bud Boetticher, un ancien torero professionnel, qui cherche une actrice locale pour son film La Dame et le Toréador. Avec son physique si particulier, Katy Jurado va bientôt s’imposer à Hollywood. Ce premier film étant près de chez elle, elle hésite encore à franchir le pas, ayant à l’époque peu de compétence en anglais. En dépit de ce handicap, sa forte performance attire l’attention du producteur Stanley Kramer. Ce dernier l’impose définitivement dans le classique Le Train sifflera trois fois. Elle remplace Dolores del Rio (accusée par le maccarthysme) dans La Lance brisée avec Tracy, puis donne la réplique à Burt Lancaster dans Trapèze, à Glenn Ford dans Trial, à Marlon Brando dans son unique réalisation La Vengeance aux deux visages et à Alan Ladd dans L’Or du Hollandais. Elle y fait la connaissance d’Ernest Borgnine qu’elle épouse le 31 décembre 1959. Ernest Borgnine lui permet de tourner dans Barrabas avec Anthony Quinn, un film produit par Dino de Laurentis. Katy se voit ainsi ouvrir les portes du cinéma européen.
Retour aux sources mexicaines
Pour être complète, elle se produit à Broadway dans Filomena Marturano avec Raf Vallone, qui allait être adapté en Italie sous le titre Mariage à l’italienne avec Sophia Loren et Marcello Mastroianni. Sa brillante carrière ne l’empêche pas de poursuivre son chemin dans son pays. Elle tourne avec Buñuel El Bruto et en 1962, elle joue dans La Bandida, avec María Félix , Pedro Armendáriz et Emilio Fernández. Elle deviendra l’égérie du renouveau du cinéma mexicain dans les années soixante-dix en tournant Divine d’Arturo Ripstein, Le Recours de la Méthode et La Veuve Montiel de Miguel Littin, ainsi qu’avec Ismael Rodriguez, Jorge Fonz et Miguel Alcoriza. Elle est morte d’ une insuffisance rénale le 5 Juillet 2002, à l’âge de 78 ans, à son domicile de Cuernavaca. Arturo Ripstein déclarera : « Le visage de Katy Jurado a une dimension tragique, exceptionnelle dans le cinéma mexicain. Elle est comme Anna Magnani, mais à la tequila et au citron.»
FILMOGRAPHIE :
Avec Ernest Borgnine
1943 : Internado para señoritas de Gilberto Martínez Solares
1943 : La vida inútil de Pito Pérez de Miguel Contreras Torres
1943 : Balajú de Rolando Aguilar
1944 : La Rose des Caraïbes (Rosa del Caribe) de José Benavides Hijo
1944 : Bartolo toca la flauta de Miguel Contreras Torres
1945 : La sombra de Chucho el Roto d’Alejandro Galindo
1945 : Soltera y con gemelos de Jaime Salvador
1945 : Le musée du crime (El museo del crimen) de René Cardona
1946 : Guadalajara pues de Raúl d’Anda
1947 : Nous les pauvres (Nosotros los pobres) d’Ismael Rodríguez
1948 : El último chinaco de Raúl d’Anda
1948 : Hay lugar para... dos d’Alejandro Galindo
1949 : Prisión de sueños de Víctor Urruchúa
1949 : El seminarista de Roberto Rodríguez
1950 : Caballera blanca de José Díaz Morales
1950 : El sol sale para todos de Víctor Urruchúa
1951 : La Dame et le Toréador (Bullfighter and the Lady) de Bud Boetticher
1951 : Le train sifflera trois fois (High Noon) de Fred Zinnemann
1951 : Le Bagne des filles perdues (Cárcel de mujeres) de Miguel M. Delgado
1952 : Mujer de medianoche de Víctor Urruchúa
1952 : L’enjôleuse (El Bruto) de Luis Buñuel
1952 : Les Rebelles de San Antone (San Antone) de Joseph Kane
1953 : El corazón y la espada d’Edward Dein & Carlos Véjar Hijo
1953 : Le Sorcier du Rio Grande (Arrowhead) de Charles Marquis Warren
1954 : La Lance brisée (Broken Lance) d’Edward Dmytryk
1954 : Tehuantepec de Miguel Contreras Torres
1955 : Le Procès (Trial) de Mark Robson
1955 : Le Cercle infernal (The Racers) d’Henry Hathaway
1956 : Trapèze (Trapeze) de Carol Reed
1956 : Le Tueur et la Belle (Man from Del Rio) d’Harry Horner
1957 : La Poursuite fantastique (Dragoon Wells Massacre) d’Harold D. Schuster
1958 : L’Or du Hollandais (The Badlanders) de Delmer Daves
1960 : Y dios la llamó tierra de Carlos Toussaint
1960 : La Vengeance aux deux visages (One-Eyed Jacks) de Marlon Brando
1961 : Les Guérilleros (I Briganti italiani) de Mario Camerini
1961 : Barabbas (Barabba) de Richard Fleischer
1962 : La Bandida de Roberto Rodríguez
1964 : Un ombre solo d’Harald Philipp
1966 : Smoky (Smoky) de George Sherman
1966 : Pacte avec la mort (A Covenant with Death) de Lamont Johnson
1968 : Mic-mac au Montana (Stay away, Joe) de Peter Tewksbury
1968 : La puerta y la mujer del carnicero de Luis Alcoriza
1970 : The Bridge in the Jungle de Pancho Kohner
1971 : Violent Rage (Rancho del miedo) d’Anthony Carras
1972 : Fe, esperanza y caridad de Luis Alcoriza, Alberto Bojórquez & Jorge Fons
1973 : Pat Garrett et Billy the Kid (Pat Garrett & Billy the Kid) de Sam Peckinpah
1973 : Once upon a scoundrel de George Schaefer
1974 : El Elegido de Servando González
1975 : Pantaleón y las visitadoras de José María Gutiérrez & Mario Vargas Llosa
1976 : Les Maçons (Los Albañiles) de Jorge Fons
1978 : Le Recours de la méthode (Viva el Presidente!) de Miguel Littin
1978 : Les Enfants de Sanchez (The Children of Sanchez) d’Hall Bartlett
1979 : La veuve Montiel (La Viuda de Montiel) de Miguel Littin
1979 : D.F., District Fédéral (Distrito Federal) de Rogelio A. González
1980 : Seduction (La Seducción) d’Arturo Ripstein
1981 : Barrio de Campeones de ?
1984 : Au-dessous du volcan (Under the Volcano) de John Huston
1997 : Divine (El Evangelio de las maravillas) d’Arturo Ripstein
1998 : Hi-Lo Country (The Hi-Lo Country) de Stephen Frears
2001 : Un Secreto d’Esperanza de Leopoldo Laborde
Filmographie de Katy JURADO