Louis JOURDAN
 Acteur français
Il est parfois difficile pour un acteur d'échapper à l'image qu'il reflète au cinéma. Ainsi, Louis Jourdan s'est vu cataloguer dès ses débuts comme jeune premier du cinéma français. Puis récupéré par le cinéma américain, il a représenté l'image du French Lover, qualificatif qui l'a souvent irrité car il le rendait prisonnier d'un seul genre de rôles. Après de nombreuses années, Louis Jourdan a fini cependant par s'habituer à cet état de fait, s'accommodant aussi de ce titre de gloire qui a fait sa fortune et qui lui a permis de participer à quelques grands films de l'âge d'or de Hollywood auprès des plus belles partenaires.
Né Louis Robert Gendre à Marseille, le 19 juin 1921, il est le fils du patron du Grand Hôtel de Cannes. Son père aurait bien voulu qu'il prît sa succession, mais, s'inclinant devant son désir de jouer la comédie, il lui présente Raimu, qui séjourne dans son établissement.
Débuts avec Marc Allégret
Puis, le jeune Louis Jourdan monte à Paris, fréquente un temps le cours Simon et devient l'assistant de Marc Allégret. L'année suivante, il débute au cinéma, dans un film de son mentor, Le corsaire, qui reste inachevé mais tourne cinq films avec cet infatigable découvreur de talents. Il fait ses vrais débuts dans La Comédie du Bonheur avec Micheline Presle qu'il retrouve dans Félicie Nanteuil et enchaîne avec Premier Rendez-vous où il séduit Danielle Darrieux, La Vie de Bohème où artiste fauché il tombe sous le charme d'une ouvrière poitrinaire jouée par Maria Denis et L'Arlésienne d'après Daudet.
Une carrière américaine
Après Untel Père et Fils où il interprète le fils de Michèle Morgan et un bref passage dans la Résistance, il rejoint, à la fin des années 1940, la colonie française d'Hollywood, qui en fait un des siens. Louis se marie avec Berthe Frédérique Tacart qu'il surnomme Quique, le 11 mars 1946. Ils resteront unis jusqu'au décès de Quique en 2014. Son oil de velours et son sourire éclatant le vouent, bien sûr, à des rôles d'amoureux et de jeunes premiers, que son art de comédien, son naturel et son sens de l'humour sauvent de la fadeur. David O. Selznick est emballé par l'image de séducteur qu'il dégage et l'engage pour Le Procès Paradine d'Alfred Hitchcock. Dans les années cinquante, il est l'amoureux transi de Debra Paget en vahiné dans L'oiseau de paradis de Delmer Daves, le docteur Nicholas Agi séduisant la princesse Alexandra interprétée par Grace Kelly dans Le Cygne. Et puis, il y a Gaston Lachaille qui conte fleurette à Leslie Caron dans l'inoubliable Gigi de Vincente Minnelli en 1958. La distinction naturelle de Louis Jourdan lui vaut aussi des rôles d'aristocrates comme le prince Di Cessi de La fontaine des amours ou le duc Philippe de Beauvais qui veut sauver le jeune Louis XVII dans Le prisonnier du Temple. Il revient en France dans le milieu des années cinquante pour incarner l'époux volage d'Anne Vernon dans Rue de l'Estrapade de Jacques Becker, Michel Ballanger qui délaisse Micheline Presle pour jouer les jolis cours auprès de Brigitte Bardot, dans La Mariée était trop belle, Edmond Dantès dans Le Comte de Monte-Cristo sous la direction de Claude Autant-Lara et le héros de Jules Verne Mathias Sandorf pour Georges Lampin.
Le séducteur cynique
Sous la figure d'ange de Louis Jourdan, on devine pourtant un certain cynisme, qui lui permet d'interpréter le libertin Rodolphe Boulanger, dont s'amourache Emma Bovary, alias Jennifer Jones, dans Madame Bovary ou même le sulfureux auteur Boccace dans Decameron nights de Hugo Fregonese. Le cynisme peut même virer à la cruauté comme dans Le diabolique M. Benton où il terrorise Doris Day, et il n'hésite pas à violer une blanchisseuse et à tuer un vieillard dans Léviathan de Leonard Keigel. Louis Jourdan se régale de ces personnages détestables et trouve son apogée en incarnant le perfide prince afghan, adversaire de James Bond dans Octopussy de John Glen. On le voit aussi à Broadway, notamment en 1954 dans une adaptation théâtrale de L'Immoraliste de Gide, avec Geraldine Page. À la télévision, il apparaît dans nombre de séries, comme Chasse au crime, où il incarne l'inspecteur Beaumont ou un assassin dans Columbo. Mais dans les années 70, il ne trouve plus de rôles intéressants comme s'il s'était désintéressé de sa carrière. Louis Jourdan décède le 14 février 2015 dans son domicile de Beverley Hills, en Californie. Une fin discrète à 94 ans pour celui qui a incarné la séduction française et qui a réussi l'exploit de conquérir Hollywood, ce que n'a réalisé que quelques géants français comme Charles Boyer ou Maurice Chevalier.


FILMOGRAPHIE :

Avec Leslie Caron
1939 : Le corsaire de Marc Allégret (inachevé)
1940 : La comédie du bonheur de Marcel L'Herbier
1940 : Premier rendez-vous d'Henri Decoin
1940 : Untel père et fils de Julien Duvivier
1941 : Parade en sept nuits de Marc Allégret
1941 : L'Arlésienne de Marc Allégret
1942 : La belle aventure de Marc Allégret
1942 : Félicie Nanteuil de Marc Allégret
1943 : La vie de Bohème de Marcel L'Herbier
1944 : Les petites du quai aux fleurs de Marc Allégret
1947 : Le procès Paradine (The Paradine Case) d'Alfred Hitchcock
1947 : Lettre d'une inconnue (Letter from an unknown woman) de Max Ophüls
1948 : La vérité nue (No minor vices) de Lewis Milestone
1949 : Madame Bovary de Vincente Minnelli
1950 : L'oiseau de paradis (Bird of paradise) de Delmer Daves
1951 : La flibustière des Antilles (Anne of the Indies) de Jacques Tourneur
1952 : Sacré printemps (The happy time) de Richard Fleischer
1952 : Pages galantes de Boccace (Decameron nights) de Hugo Fregonese
1953 : A String of Blue Beads d'Alan Dinehart (tv)
1953 : Rue de l'Estrapade de Jacques Becker
1954 : La fontaine des amours (Three coins in the fountain) de Jean Negulesco
1955 : Le cygne (The swan) de Charles Vidor
1956 : Le diabolique Monsieur Benton (Julie) d'Andrew L. Stone
1956 : La mariée est trop belle de Pierre Gaspard-Huit
1957 : Escapade de Ralph Habib
1957 : Le prisonnier du temple (Dangerous exile) de Brian Desmond Hurst
1958 : Gigi de Vincente Minnelli
1959 : Rien n'est trop beau (The best of everything) de Jean Negulesco
1959 : Can-Can de Walter Lang
1960 : Les vierges de Rome (Le vergini di Roma) de Carlo Ludovico Bragaglia & Vittorio Cottafavi
1961 : Le comte de Monte Cristo de Claude Autant-Lara
1961 : Léviathan de Léonard Keigel
1962 : Le désordre (Il disordine) de Franco Brusati
1962 : Mathias Sandorf de Georges Lampin
1963 : Hôtel International (The V.I.P's) d'Anthony Asquith
1965 : Made in Paris de Boris Sagal
1965 : Les sultans de Jean Delannoy
1966 : Peau d'espion d'Édouard Molinaro
1966 : Les aventures extraordinaires de Cervantes (Cervantes) de Vincent Sherman
1968 : La puce à l'oreille (A flea in her ear) de Jacques Charon
1968 : Mourir à Paris (To die in Paris) de Charles S. Dubin et Allen Reisner (tv)
1969 : Le miroir de la mort (Fear no evil) de Paul Wendkos (tv)
1969 : Le Complot du Silence (Run a crooked Mil de Gene Levitt (tv)
1970 : Ritual of Evil de Robert Day (tv)
1972 : Le téléphone pleure (pPange. Il telefono) de Lucio De Caro
1973 : The Great American Beauty Contest de Robert Day (tv)
1975 : Le Comte de Monte-Cristo (The Count of Monte-Cristo) de David Greene (tv)
1977 : Plus ça va, moins ça va de Michel Vianey
1977 : Banco à Las Vegas (Silver bears) d'Ivan Passer
1977 : L'Homme au masque de fer (The Man in the Iron Mask) de Mike Newell (tv)
1979 : Terreur à bord (The French Atlantic affair)/ de Douglas Heyes (tv)
1980 : Double deal de Brian Kavanagh
1981 : La créature du marais (swamp thing) de Wes Craven
1981 : Escape to love d'Herb Stein
1982 : Gamble on love de Jim Balden
1983 : Octopussy (Ian Fleming's octopussy) de John Glen
1986 : Les Reines de la nuit (Beverly Hills Madam) d'Harvey Hart (tv)
1986 : Grand Larceny de Jeannot Szwarc (tv)
1987 : Counterforce (escuadrón) de José Antonio de la Loma
1989 : La créature du lagon, le retour (the return of the swamp thing) de Jim Wynorski
1992 : L'année de la comète (year of the comet) de Peter Yates


Filmographie de Louis JOURDAN
 
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