Margarita Carmen Cansino naît le 17 octobre 1918 dans le quartier de Manhattan, à New York. Son père Eduardo est un danseur assez célèbre qui fonde avec certains de ses enfants une troupe populaire de flamenco, les Dancing Cansinos. Elle fait ses premières apparitions comme danseuse aux côtés de son père. À la suite du décès de deux de ses filles, le surnommé Don Antonio rentre en Espagne. La petite Rita rejoint sa sœur Elisa et son frère Eduardo installés aux États-Unis depuis 1913 et fait son apprentissage professionnel à partir de 12 ans.
La timide débutante hispanique
Elle débute officiellement, après quelques figurations à l’écran dans L’enfer en 1935, sous le nom de Rita Cansino. Elle est alors employée par la Fox qui, après quelques autres films, ne renouvelle pas son contrat la jugeant d’une timidité rédhibitoire. Très vite, elle échoue dans des westerns à petit budget comme Le Gaucho ou Cargaison humaine. En 1937, elle signe avec la Columbia, qui la rebaptise Rita Hayworth, nom de jeune fille de sa mère et qui la cantonne durant quelque temps dans des séries B comme Under the Pampas Moon ou Charlie Chan en Égypte. Elle rencontre l’homme d’affaires Ed Judson de vingt ans son aîné, le premier des cinq maris de Rita, qui décide de s’occuper de la carrière de sa jeune épouse. Il lui fait prendre des cours de diction, modifie son style vestimehntaire et surtout transforme sa coiffure brune hispanique en auburn. Lorsque la métamorphose est terminée et que Rita s’est transformée en éclatante beauté hollywoodienne, Harry Cohn, le patron de la Columbia, est persuadé de détenir un des joyaux de sa compagnie. Elle exécute des danses espagnoles dans Criminels de l’air et obtient le second rôle féminin dans Seuls les anges ont des ailes d’Howard Hawks, à la distribution éclatante. Elle est dirigée par Raoul Walsh dans The Strawberry Blonde auprès de James Cagney et Olivia de Havilland.
La bombe Gilda
Rita Hayworth poursuit son ascension en 1940 et devient une grande star en 1941. Elle donne la réplique à Tyrone Power dans Arènes sanglantes et s’illustre dans les comédies musicales L’amour vient en dansant et O toi ma charmante avec Fred Astaire et La reine de Broadway avec Gene Kelly. La photo de la vedette, parue dans le magazine Life, lui vaudra une popularité considérable auprès des G.I's. Elle explose dans Gilda de Charles Vidor auprès de Glenn Ford, le film qui cimente sa légende, à sa sortie en 1946. Personne nr’oubliera la scène où Rita réalise un striptease gantesque sur l’air de Put the blame on Mame. La première bombe atomique sur Bikini est appelée Gilda et porte son effigie. Après L’étoile des étoiles d’Alexander Hall, elle épouse Orson Welles en 1943. Le génial réalisateur en fait l’héroïne blonde aux cheveux courts de La dame de Shanghai qui se termine dans un palais de glaces qui multiplie son image à l’infini. Harry Cohn est furieux et le public ne reconnaît pas son idole. Si l’union avec Welles est scellée par la naissance de Rebecca, le divorce est prononcé en décembre 1948. Elle renoue avec le succès en retrouvant Charles Vidor et Glenn Ford dans Les amours de Carmen. Elle épouse le prince Ali Khan en 1949 (dont elle divorcera en 1953) et interrompt sa carrière.
Mariages et éclipses
Rita Hayworth fait son retour en 1952 dans L’affaire de Trinidad. Si sa popularité est toujours importante, la plus belle période de sa carrière est derrière elle. Ses apparitions à l’écran sont plus sporadiques, entrecoupées de longue période d’absence. Elle connaît un quatrième mariage désastreux avec le chanteur Dick Haymes. Elle tourne Salomé de William Dieterle, La belle du Pacifique de Curtis Bernhardt, L’enfer des Tropiques avec Robert Mitchum, La blonde ou la rousse avec Frank Sinatra, Tables séparées avec David Niven et Ceux de Cordura avec Gary Cooper mais cela ne freine que provisoirement son déclin. Les années soixante voient en outre son penchant pour l’alcool se répercuter fâcheusement sur son physique et son jeu dans Piège au Grisbi ou La Route de Salina. Elle disparaît des écrans après La colère de Dieu de Ralph Nelson en 1972. En 1980, on lui diagnostique la maladie d’Azheimer. En 1981, elle est placée sous la tutelle d’une de ses deux filles, la princesse Yasmina Aga Khan. Glenn Ford, son ami de toujours se rend fréquemment à son domicile. Rita Hayworth s’éteint à New York le 14 mai 1987. La déesse de l’amour qui ne fut pas, concédons le, une très bonne actrice était rentrée dans la légende.
FILMOGRAPHIE :
Avec Orson Welles
1935 : Les Nuits de la pampa (Under the Pampas Moon) de James Tinling
1935 : Charlie Chan en Égypte (Charlie Chan in Egypt) de Louis King
1935 : L'Enfer (Dantes inferno) d’Harry Lachmann
1935 : Hi, Gaucho! de Thomas Atkins
1935 : Professional Soldier de Tay Garnett
1935 : Paddy O'Day de Lewis Seiler
1936 : Cargaison humaine (Human Cargo) d'Allan Dwan
1936 : Le Danseur pirate (Dancing Pirate) de Lloyd Corrigan
1936 : Meet Nero Wolfe d’Herbert Biberman
1936 : Rebellion (Lady from Frisco) de Lynn Shores
1937 : Révolte en Louisiane (Old Louisiana) d'Irvin V. Willat
1937 : Hit the Saddle de Mack V. Wright
1937 : Trouble in Texas de Robert N. Bradbury
1937 : Criminels de l'air (Criminals of the air) de Charles C. Coleman
1937 : Girls Can Play de Lambert Hillyer
1937 : Match tragique (The Game That Kills) de D. Ross Lederman
1937 : Paid to Dance de Charles C. Coleman
1937 : Le Fantôme du cirque (The Shadow) de Charles C. Coleman
1938 : Who killed Gail Preston ? de Leon Barsha
1938 : Special inspector de Leon Barsha
1938 : Miss Catastrophe (There's Always a Woman) d'Alexander Hall
1938 : Convicted de Leon Barsha
1938 : Juvenile Court de D. Ross Lederman
1938 : Police Montée (The Renegade Ranger) de David Howard
1939 : Bureau Criminel (Homicide Bureau) de Charles C. Coleman
1939 : L’Empreinte du Loup solitaire (The Lone Wolf Spy Hunt) de Peter Godfrey
1939 : Seuls les anges ont des ailes (Only angels have wings) de Howard Hawks
1940 : Musique dans mon cœur (Music in my heart) de Joseph Santley
1940 : Blondie on a Budget de Frank R. Strayer
1940 : Suzanne et ses idées (Susan and God) de George Cukor
1940 : The Lady in question de Charles Vidor
1940 : L'Ange de Broadway (Angels over Broadway) de Ben Hecht et Lee Garmes
1941 : La Blonde framboise (The Strawberry Blonde) de Raoul Walsh
1941 : Ma femme se marie demain (Affectionately Yours) de Lloyd Bacon
1941 : Arènes sanglantes (Blood and sand) de Rouben Mamoulian
1941 : L'Amour vient en dansant (You'll never get rich) de Sidney Lanfield
1942 : Mon amie Sally (My Gal Sal) d'Irving Cummings
1942 : Six destins (Tales of Manhattan) de Julien Duvivier
1942 : Ô toi ma charmante (You were never lovelier) de William A. Seiter
1944 : La Reine de Broadway (Cover girl) de Charles Vidor
1945 : Cette nuit et toujours (Tonight and every night) de Victor Saville
1946 : Gilda (Gilda) de Charles Vidor
1947 : L'Étoile des étoiles (Down to Earth) d'Alexander Hall
1948 : La Dame de Shanghai (The lady From Shanghai) d'Orson Welles
1948 : Les Amours de Carmen (The Loves of Carmen) de Charles Vidor
1952 : L'Affaire de Trinidad (Affair of Trinidad) de Vincent Sherman
1953 : Salomé (Salome) de William Dieterle
1953 : La Belle du Pacifique (Miss Sadie Thompson) de Curtis Bernhardt
1957 : L'Enfer des tropiques (Fire down bellow) de Robert Parrish
1957 : La Blonde ou la rousse (Pal Joey) de George Sidney
1959 : Tables séparées (Separate tables) de Delbert Mann
1959 : Ceux de Cordura (They came to Cordura) de Robert Rossen
1959 : Du sang en première page (The Story on page one) de Clifford Odets
1961 : Les Joyeux Voleurs (The Happy Thieves) de George Marshall
1964 : Le Plus Grand Cirque du monde (Circus World) de Henry Hathaway
1965 : Piège au grisbi (The Money trap) de Burt Kennedy
1966 : Opération Opium (The Poppy Is Also a Flower) de Terence Young
1967 : Peyrol le boucanier (The Rover) de Terence Young
1969 : Le Bâtard (I Bastardi) de Duccio Tessari
1970 : Sur la route de Salina (Road to Salina) de Georges Lautner
1971 : The Naked Zoo de William Grefe
1972 : La Colère de Dieu (The Wrath of God) de Ralph Nelson
Filmographie de Rita HAYWORTH