Enfant prodige et artiste complète
La carrière de la petite Bébé June est lancée. On la retrouve en 1918 aux côtés d’Harold Lloyd dans Un Scandale au Studio. Outre ses talents de chanteuse et danseuse, elle profite de sa capacité à pleurer sur commande. Avec ses grands yeux d’un bleu intense et ses cheveux blonds lumineux, elle poursuit dans la même voie jusqu’à l’âge de seize ans quand, fatiguée de la répétitivité de son rôle d’enfant savant, elle décide d’abandonner la famille et la compagnie de théâtre pour suivre Bobby Reed et sa troupe de danse. Mais pendant la Grande Dépression, une carrière dans le vaudeville devient une situation précaire. Alors que June n’a pas donné de nouvelles à sa mère et à sa sœur, on la découvre avec Bobby participant aux lamentables marathons de la danse pour quelques jours de nourriture. Mais à partir de 1936, celle qui désormais se fait appeler June Havoc recueille les premiers fruits de son long apprentissage comme actrice de théâtre. Le succès personnel arrive avec le personnage de Gladys Bosses dans la célèbre comédie musicale Pal Joey aux côtés du débutant Gene Kelly, puis sa participation à Sadie Thompson sur une musique de Cole Porter.
À l’aise dans tous les genres
June Havoc fait ses débuts sur grand écran dans Four Jacks and a Jill et enchaîne les comédies musicales comme Ma sœur est capricieuse, Hello, Frisco, Hello, Hi diddle diddle ou Casanova in Burlesque. Sa silhouette sexy en fait une partenaire appréciée dans le film noir comme Une dangereuse aventure avec Fred MacMurray ou Les Affameurs de Shanghai avec George Raft. Parmi ses films les plus importants sont à retenir Le Mur invisible d’Elia Kazan, comme secrétaire du journaliste Gregory Peck qui mène une enquête sur l’antisémitisme, le drame anti-rouge Le Rideau de Fer de William A. Wellman avec Dana Andrews, la comédie L’Ange endiablé avec Betty Hutton et Victor Mature, le polar Enquête à Chicago avec Alan Ladd et le mélodrame adultère L’Envoûtée avec James Mason. Elle termine son beau parcours avec Three for Jamie Dawn avec Ricardo Montalban en 1956.
Reine de Broadway
Dans les années qui ont suivi, June Havoc quitte le grand écran et se consacre à la télévision, apparaissant dans divers spectacles de divertissement et des séries populaires comme Les Incorruptibles. Sa renommée donne un nouvel élan à la publication en 1957 de Gispsy, le volume des mémoires écrit par sa sœur Gypsy Rose Lee, qui a inspiré le musical éponyme avec Ethel Merman puis le film avec Natalie Wood dans le rôle principal et Rosalind Russell dans celui de Rose Thompson. Sur la base des expériences au cours des marathons de danse des années trente, elle offre l’argument d’On achève bien les chevaux, interprété à Broadway par Julie Harris. Sa mise en scène est récompensée par un Tony Award, mais le spectacle prend fin après seulement 48 représentations. Après le premier bref mariage avec Bobby Reed, June Havoc a une relation avec Jamie Smythe, promoteur des marathons de danse, avec qui elle a eu sa fille unique April Hyde en 1930. Après une brève carrière, April Kent meurt en 1998. June Havoc s’est remariée en 1935 avec Donald S. Biggs et, après le divorce, a convolé avec le directeur de radio et télévision William Spier, qui est mort en 1973. Après une longue éclipse, June tourne deux films de Larry Cohen, l’un consacré à J. Edgar Hoover et le film d’horreur Les Enfants de Salem. June Havoc meurt de causes naturelles dans sa résidence de Stamford dans le Connecticut, le 28 mars 2010 à l’âge de 97 ans.
FILMOGRAPHIE :
Avec William Spier
1941 : Four Jacks and a Jill de Jack Hively
1941 : Powder Town de Rowland V. Lee
1942 : Sing your Worries away d’A. Edward Sutherland
1942 : Ma Sœur est capricieuse (My Sister Eileen) d’Alexander Hall
1942 : Une dangereuse Aventure (No Time for Love) de Mitchell Leisen
1943 : Hello, Frisco, Hello d’H. Bruce Humberstone
1943 : Hi diddle, diddle (Diamonds and Crime) d’Andrew L. Stone
1943 : Timber Queen de Frank McDonald
1943 : Casanova in Burlesque de Leslie Goodwins
1945 : Les Millions de Brewster (Brewster’s Millions) d’Allan Dwan
1947 : Le Mur invisible (Gentleman’s Agreement) d’Elia Kazan
1947 : Les Affameurs de Shanghai (Intrigue) d’Edwin L. Marin
1948 : Le Rideau de fer (The Iron Curtain) de William A. Wellman
1948 : A Toi pour la vie (When my Baby smiles at me) de Walter Lang
1949 : L’Ange endiablé (Red, Hot and Blue) de John Farrow
1949 : Enquête à Chicago (Chicago Deadline) de Lewis Allen
1949 : Le Mystère de Molly (The Story of Molly X) de Crane Wilbur
1950 : Embrassez-moi, Docteur (Mother didn’t tell me) de Claude Binyon
1950 : La Voleuse (Once a Thief) de W. Lee Wilder
1951 : Amour invincible (Follow the Sun) de Sidney Lanfield
1951 : L’Envoûtée (The Lady possessed) de William Spier
1956 : Three for Jamie Dawn de Thomas Carr
1957 : Mister Broadway (Mr Broadway) de Sidney Lumet (tv)
1963 : Le Cri du Silence (The Outer Limits) de Charles Haas
1970 : Le Voleur d’Éléphant (The Boy who stole the Elephant) de Michael Caffey
1973 : Nightside de Richard Donner (tv)
1977 : Les Dossiers secrets de Hoover (The private files of J. Edgar Hoover) de Larry Cohen
1980 : Rien n’arrête la Musique (Can’t stop the Music) de Nancy Walker
1987 : Les Enfants de Salem (A Return to Salem’s Lot) de Larry Cohen
Filmographie de June HAVOC