Linda FIORENTINO
 Actrice américaine
Impossible d’oublier sa réplique du bar, saignante à souhait. Une fille rentre, une longue mèche auburn soyeuse swingue sur un minois pointu, sa classe renversante contraste avec le lieu tout ce qu’il y a de moche; perchée sur le tabouret, elle lance: «Qui faut-il sucer ici pour avoir à boire?» Aucune actrice à Hollywood ne s’est senti le culot de sortir un truc pareil. Les unes après les autres, elles ont toutes décliné l’offre d’incarner Bridget dans le film de John Dahl, Last Seduction. La chance de Linda Fiorentino tient à ça. Elle est devenue Bridget, une fille hors d’elle, mauvaise, une égocentrique que rien n’arrête et qui abuse les hommes. Bref, une salope de rêve à la Bette Davis, la force érotique en plus. «Je n’ai pas eu à me forcer, j’étais tellement furieuse contre tout ce petit monde d’Hollywood où il est vivement déconseillé aux femmes d’avoir un point de vue. Je me suis contentée d’agir comme si je les avais en face de moi et la méchanceté est venue toute seule. Aujourd’hui j’ai changé, je suis sortie de cette colère, et je ne sais pas si je pourrais rejouer un rôle pareil.» La démonstration d’actrice est en tout cas magistrale, sans parler de l’effet bombe à retardement qu’elle produit sur le public masculin et féminin qui se répand sur le thème: cette fille-là, mon vieux, elle est terrible.
Linda Fiorentino est née à Philadelphie, le 9 mars 1958. Elle s’appelle Clorinda comme sa mère et a huit frères et sœurs. Sa mère, Italienne de Philadelphie élève ses enfants en leur inculquant quelques préceptes fondamentaux sur les droits de la femme. Elle leur conseille de toujours veiller à gagner son propre argent et à toujours garder son indépendance. Jeune fille sportive qui joue au base-ball et au basket avec les garçons, elle fait des études brillantes. Diplômée en science politique du Collège de Rosemont dans la banlieue de Philadelphie, elle étudie la photographie depuis 1987 à la International Center of Photography à New York.
La Bombe Bridget
Linda Fiorentino a obtenu son premier rôle professionnel en 1985 quand elle a joué dans Vision Quest. Elle a ensuite joué dans le film d’action Touché! qui a été filmé aux États-Unis, à Paris et à Berlin-Est. Son partenaire Anthony Edwards la dirigera dans le curieux Le Secret de Coronado qui mélange western et fantastique. Linda est différente des autres actrices de sa génération. Elle accepte en 1985 d’apparaître en artiste dénudée pour Martin Scorsese, dans After Hours. Le cinéaste cherche une jeune fille pour un petit rôle, celui d’une ténébreuse copine de Rosanna Arquette. Elle découvre le cinéma indépendant et y choisit sa voie. C’est aussi une façon de renoncer au statut de star et aux emplois bien payés. Elle enchaîne avec Wildfire de Zalman King et Les Modernes d’Alan Rudolph. C’est alors qu’elle est largement reconnue et couverte d’éloges pour son rôle de femme fatale dans The Last Seduction. Elle retrouvera son réalisateur John Dahl pour Mémoires suspectes avec Ray Liotta. Mais les honneurs et les récompenses que lui a valus le film de John Dahl lui laissent un sale goût dans la bouche. Les exigences professionnelles de Linda Fiorentino ne sont pas forcément autant de garanties d’une heureuse carrière d’actrice dans le cinéma américain.
Le farouche combat de l’insuccès
Remarquable dans Jade de William Friedkin, elle accepte trop de rôle alimentaires comme Un éléphant sur les bras ou À corps consentant. Elle endosse le rôle de Laurel Weaver dans Men in Black et celui de la sympathique complice de Paul Newman dans En toute complicité de Marek Kanievska. Elle prend ses distances avec le cinéma après 2000 et tourne simplement Appel au meurtre avec Wesley Snipes et Once More with Feeling avec Chazz Palminteri. Elle développe de nombreux projets de films dans sa maison de production, Mandate Management qui se spécialise dans la biographie et le documentaire civique et rêve toujours d’être un jour réalisatrice.
Le prix de l’indépendance
Farouche célibataire, elle constate que beaucoup d’hommes font l’amalgame avec son personnage à l’écran. Elle déclare ironique «la véritable égalité entre les hommes et les femmes viendra le jour où les hommes se comporteront comme des femmes. Je n’ai aucun respect pour les femmes qui jouent la fragilité. Pour moi, elles sont des dinosaures et des fraudeuses». Elle s’est mariée pourtant avec le réalisateur John Byrum le 23 juin 1992 pour divorcer en 1993. Quand on lui rapporte cette remarque de Kirk Douglas, séducteur avéré qui à 75 ans déclarait: «Présentez-moi une femme intelligente, et je vous dirai, voilà une femme sexy», elle lâche en rigolant: «Dommage qu’il soit trop vieux pour moi...» . Malgré son retrait du cinéma en 2002, Linda Fiorentino laisse une trace vivace dans la tête des cinéphiles.


FILMOGRAPHIE :

Avec Paul Newman
1985 : Vision Quest (Crazy for You) d’Harold Becker
1985 : Touché ! (Gotcha !) de Jeff Kanew
1985 : After Hours (After Hours) de Martin Scorsese
1988 : Wildfire (Wildfire) de Zalman King
1988 : Les Modernes (The Moderns) d’Alan Rudolph
1989 : The Neon Empire de Larry Peerce (tv)
1991 : Strangers (Strangers) de Joan Tewkesbury
1991 : Bienvenue au Club (Queens Logic) de Steve Rash
1991 : Shout (Shout) de Jeffrey Hornaday
1992 : Arizona Rider (Beyond the Law) de Larry Ferguson
1992 : Chain of Desire (Chaine of Desire) de Temistocles Lopez
1993 : Roses mortelles (Acting On Impulse) de Sam Irvin (tv)
1994 : Le Secret de Coronado (Charlie's Ghost Story) d’Anthony Edwards
1994 : Last Seduction (The Last Seduction) de John Dahl
1995 : The Desperate Trail de P. J. Pesce
1995 : Jade (Jade) de William Friedkin
1995 : À Corps consentant (Bodily Harm) de James Lemmo
1996 : Un éléphant sur les bras (Larger Than Life) de Howard Franklin
1996 : Mémoires suspectes (Unforgettable) de John Dahl
1997 : Kicked in the Head de Matthew Harrison
1997 : Men in Black (Men in Black) de Barry Sonnenfeld
1998 : Body Count (Body Count) de Robert Patton-Sprull
1999 : Dogma (Dogma) de Kevin Smith
2000 : Ordinary Decent Criminal (Ordinary Decent Criminal) de Thaddeus O’Sullivan
2000 : De quelle planète viens-tu? (What Planet Are You From ?) de Mike Nichols
2000 : En toute complicité (Where the Money Is) de Marek Kanievska
2002 : Appel au meurtre (Liberty Stands Still) de Kari Skogland
2009 : Once More with Feeling (Once More with Feeling) de Jeff Lipsky


Filmographie de Linda FIORENTINO
 
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