Marlene DIETRICH
 Actrice allemande
Singulière carrière que celle de cette comédienne mondialement connue et qui faillit ne jamais l’être. Les débuts de Marlene Dietrich au cinéma passent en effet inaperçus. Ce n’est pourtant pas faute de se produire pendant la période du cinéma muet. Il aura fallu le génie et la perspicacité du cinéaste Josef von Sternberg pour installer un mythe durable. Son nom qui commence selon ses propres dires par une caresse pour se terminer en coup de cravache va briller au firmament du septième art.
Maria Magdalena Dietrich naît dans une famille de tradition militaire le 27 décembre 1901 à Schöneberg. Élevée par sa mère après le décès de son père alors qu’elle n’est âgée que de deux ans, elle s’oriente vers une carrière artistique. Elle fera penser qu’elle avait vu le jour en 1904 pour légitimer la filiation avec son beau père, le capitaine Von Losch. Elle suit d’abord les cours de l’École supérieure de musique de Berlin puis ceux de l’école dramatique dirigée par Max Reinhardt. Elle débute au cinéma en 1924 et tourne une quinzaine de films dans lesquels elle occupe le plus souvent les premiers rôles. Mais ni Georg Wilhelm Pabst avec La rue sans joie, ni Maurice Tourneur avec Le navire des hommes perdus ne la convainquent de faire carrière au grand écran. En 1929, davantage attirée par les cabarets et les salles de théâtre, Marlene Dietrich s’apprête à prendre congé du public des salles obscures. Elle fait sensation dans les cabarets avec la revue Es liegt in der luft auprès de Margo Lion.
La muse de Sternberg
C’est sans compter sur la perspicacité du réalisateur Josef von Sternberg, en quête de l’héroïne de son prochain film, L’ange bleu d'après l'œuvre d'Heinrich Mann. L’actrice accepte le rôle. Elle éblouit Hollywood qui en fait une star. La même année, le réalisateur lui permet d’affiner son image et sa silhouette grassouillette dans Cœurs brûlés, au côté du jeune Gary Cooper. Le public américain lui fait un triomphe, et l’Europe la découvre. Dans deux des plus beaux films qu’elle interprète pour Von Sternberg, Shangaï express et L’impératrice rouge, elle s’affirme comme la grande rivale de Greta Garbo. Elle fait merveille dans des rôles d’aventurière ou d’agent secret en apportant le tribut d’une sensualité qui fait chavirer les cœurs. Lorsque cesse sa collaboration avec Von Sternberg après La Femme et le Pantin, Marlene Dietrich continue de briller même si une partie de la population américaine, fervente partisane du New Deal, lui reproche son désintérêt pour la vie politique et ses films neutres comme les charmantes comédies Désir de Frank Borzage et Ange d’Ernst Lubitsch pour lesquelles elle retrouve Gary Cooper où les aventures exotiques dans Le Jardin d’Allah de Richard Boleslawski. Elle choisit alors d’aiguiser les traits de sa personnalité en optant pour des rôles plus ambigus.
Des rôles de femmes fatales
Les succès sont au rendez-vous avec Femme ou démon de George Marshall, La belle Ensorceleuse de René Clair, La maison des sept péchés de Tony Garnett, L’entraîneuse fatale de Raoul Walsh. Quand d’autres actrices souffrent des artifices de leur seule beauté, Marlene Dietrich déchaîne les foules avec un glamour insolent et neuf. Elle manie la langue avec une sensualité pleine de sous-entendus. Durant la guerre, Marlene Dietrich, farouchement anti-nazie, apporte son soutien inconditionnel à la cause alliée. Son attitude courageuse durant ces années lui vaudra plus tard la Légion d’Honneur française ainsi que la Médaille de la Liberté américaine. Elle donne trois fois la réplique à John Wayne et file le parfait amour avec Jean Gabin.
Retour au cabaret
Les plus grands réalisateurs continuent de faire appel à elle après la Seconde Guerre mondiale. Elle trouve ses rôles les plus aboutis dans La scandaleuse de Berlin de Billy Wilder où elle joint l’esprit à la beauté, Le grand alibi d’Alfred Hitchcock où elle feint la perfidie ou L’ange des maudits de Fritz Lang en insondable femme fatale. A partir de 1953, Marlene Dietrich fait un retour au cabaret de son enfance et se fait rare au cinéma. En 1961, elle effectue un retour triomphal dans la ville de son enfance, Berlin. Elle conforte son image de diva avec plus de distance, conservant un sourire ravageur et un charme défiant la mode et le temps. Elle fait des apparitions remarquées dans La Soif du Mal d’Orson Welles et Jugement à Nuremberg de Stanley Kramer et la dernière dans le film allemand Gigolo de David Hemmings. Marlene Dietrich décède à Paris dans son appartement de l’Avenue Montaigne le 6 mai 1992. Par un curieux hasard, le festival de Cannes, qui s’ouvrait le lendemain, avait choisi, cette année-là, comme affiche un portrait de la vedette dans Shanghai Express. Bel hommage rendu à celle qui fut une des icônes cinématographiques les plus représentatives du vingtième siècle.


FILMOGRAPHIE :

Avec Ernst Lubitsch
1923 : Le Petit Napoléon (Der kleine Napoleon) de Georg Jacoby
1923 : Der Mensch am Wege de William Dieterle
1923 : Tragédie de l’Amour (Tragödie der Liebe) de Joe May
1924 : Der Mönch von Santarem de Lothar Mendes
1924 : L'Étoile du cirque (Der Sprung ins Leben) de Johannes Guter
1925 : La Rue sans joie de G.W. Pabstaf
1925 : Le Danseur de Madame (Der Tänzer meiner Frau) d’Alexander Korda
1926 : Manon Lescaut d’Arthur Robison
1926 : Madame ne veut pas d’enfants (Madame wünscht keine Kinder) d’Alexander Korda
1927 : Une Du Barry moderne (Eine Dubarry von heute) d’Alexander Korda
1927 : Le Baron imaginaire (Der Juxbaron) de Willi Wolff
1927 : Tête haute, Charly ! (Kopf hoch, Charly!) de Willi Wolff
1927 : Son plus grand bluff (Sein größter Bluff) de Henrik Galeen et Harry Piel
1927 : Trois Nuits d’amour (Café Elektric) de Gustav Ucicky
1928 : Princesse Olala (Prinzessin Olala) de Robert Land
1929 : Je baise votre main, Madame (Ich küsse Ihre Hand, Madame) de Robert Land
1929 : L'Énigme (Die Frau, nach der man sich sehnt.) de Curtis Bernhardt
1929 : Le Navire des hommes perdus (Das, Schiff der verlorenen Menschen) de M. Tourneur
1929 : L'Ange bleu (Der Blaue Engel) de Josef von Sternberg
1930 : Gefahren der Brautzeit de Fred Sauer
1930 : Cœurs brûlés (Morocco) de Josef von Sternberg
1931 : Agent X 27 (Dishonored) de Josef von Sternberg
1932 : Shanghaï Express de Josef von Sternberg
1932 : Blonde Vénus de Josef von Sternberg
1933 : Le Cantique des cantiques (Song of Songs) de Rouben Mamoulian
1934 : L'Impératrice rouge (The Scarlet Empress) de Josef von Sternberg
1935 : La Femme et le Pantin (The Devil is a Woman) de Josef von Sternberg
1936 : I Loved a Soldier de Henry Hathaway (film inachevé)
1936 : Désir (Desire) d’Ernst Lubitsch et Frank Borzage
1936 : Le Jardin d’Allah (The Garden of Allah) de Richard Boleslawski
1937 : Le Chevalier sans armure (Knight Without Armour) de Jacques Feyder
1937 : Ange (Angel) d’Ernst Lubitsch
1939 : Femme ou Démon (Destry Rides Again) de George Marshall
1940 : La Maison des sept péchés (Seven Sinners) de Tay Garnett avec John Wayne
1941 : La Belle Ensorceleuse (The Flame of New Orleans) de René Clair
1941 : L'Entraîneuse fatale (Manpower) de Raoul Walsh
1942 : Madame veut un bébé (The Lady Is Willing) de Mitchell Leisen
1942 : Les Écumeurs (The Spoilers) de Ray Enright
1942 : La Fièvre de l'or noir (Pittsburgh) de Lewis Seiler
1944 : Kismet de William Dieterle
1944 : Hollywood Parade (Follow the Boys) d’A. Edward Sutherland
1946 : Martin Roumagnac de Georges Lacombe
1947 : Les Anneaux d’or (Golden Earrings) de Mitchell Leisen
1948 : La Scandaleuse de Berlin (A Foreign Affair) de Billy Wilder
1949 : L'Ange de la haine (Jigsaw) de Fletcher Markle (apparition)
1950 : Le Grand Alibi (Stage Fright) d’Alfred Hitchcock
1951 : Le Voyage fantastique (No Highway in the Sky) d’Henry Koster
1952 : L'Ange des maudits (Rancho Notorious) de Fritz Lang
1956 : Le Tour du monde en 80 jours (Around the World in Eighty Days) de Michael Anderson
1957 : Une histoire de Monte Carlo (The Monte Carlo Story) de Samuel A. Taylor
1957 : Témoin à charge (Witness for the Prosecution) de Billy Wilder
1958 : La Soif du mal (Touch of Evil) d’Orson Welles
1961 : Jugement à Nuremberg (Nuremberg) de Stanley Kramer
1964 : Deux Têtes folles (Paris When It Sizzles) de Richard Quine
1978 : C'est mon gigolo (Schöner Gigolo, armer Gigolo) de David Hemmings


Filmographie de Marlene DIETRICH
 
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