Peggy CUMMINS
 Actrice britannique
Un as du revolver croise la route d’une championne de tir. Coup de foudre, suivi d’une lune de miel à braquer des stations service et des épiceries. Dix-huit ans avant Bonnie and Clyde d’Arthur Penn, Joseph H. Lewis inventait dans Gun Crazy, le road-movie érotique, où les hold-up sont autant de scènes d’amour. Dans le rôle du mari sous emprise, John Dall, le meurtrier intello de La Corde d’Hitchcock et dans le rôle de la femme fatale à béret, Peggy Cummins, prototype de la garce qui va entraîner son époux sur la piste du crime. L’actrice qui en sera toujours la première étonnée vient de rentrer dans la légende. Éclair dans le ciel d’Hollywood, l’actrice britannique Peggy Cummins va briller le temps de 26 films sur 21 ans de carrière.
La petite anglaise piquante
Elle naît Augusta Margaret Diane Fuller, de parents irlandais, le 18 décembre 1925 à Prestatyn au Pays de Galles. Son père est un descendant du célèbre architecte James Franklin Fuller. Si sa mère est l’actrice Margareth Cummins, elle ne bénéficie d’aucune faveur et se fait repérer à Dublin par l’acteur Peter Brook qui la présente à une compagnie de théâtre. Elle joue son premier rôle dans la pièce Let’s Pretend à destination des enfants. Son talent lui ouvre les portes du cinéma et quand elle tourne son premier film, cette jolie et piquante adolescente se fait aussitôt remarquer. Dans Dr. O’Dowd, drame d’Herbert Mason, elle est la petite fille d’un médecin alcoolique qui, accusé de négligence, se rachète en sauvant la vie de son fils. Les tournages s’enchaînent, avec d’abord des seconds rôles dans des films immergés dans la Seconde Guerre mondiale comme Salute John Citizen de Maurice Elvey, et Welcome, Mr. Washington de Leslie S. Hiscott.
L’aventure hollywoodienne
Daryl Zanuck lui fait signer un contrat à la Fox mais elle se voit préférée par Linda Darnell pour le rôle d’Ambre d’Otto Preminger, étant considérée comme trop jeune pour le rôle. Puis très vite elle se retrouve en vedette, amoureuse de Victor Mature dans le thriller La rose du crime de Gregory Ratoff, ou de Rex Harrison dans L’évadé de Dartmoor, film noir signé Joseph L. Mankiewicz qui l’avait dirigée dans le trop méconnu Un Mariage à Boston. Le rôle de sa vie, Peggy Cummins le doit au cinéaste Joseph H. Lewis. Elle est choisie pour incarner l’héroïne du drame policier Le démon des armes, Annie Laurie Starr. Et pourtant beaucoup ne la trouvaient pas assez âgée ni assez sexy pour le rôle. «J’étais une erreur de casting, je n’avais rien à voir avec cette fille libre et rebelle», a raconté l’actrice. Coiffée d’un béret, à l’instar des jeunes filles dans les écoles anglaises, Peggy Cummins impressionne, aussi crédible dans les scènes d’action que dans les séquences romanesques, dans ce thriller écrit par Dalton Trumbo. Ce film atypique fait entrer la réalité dans la fiction, les deux acteurs ayant improvisé une bonne partie des dialogues, notamment pour la fameuse scène du hold-up tournée en pleine rue. Peu plébiscité à sa sortie, il est devenu au fil du temps un polar culte, vénéré des cinéphiles.
Back in England
Après le tournage, l’actrice quitte les États-Unis pour suivre son mari Derek Dunnett, épousé en 1950, en Angleterre. De leur union, jusqu’à la mort de Derek en 2000, naîtront un fils et une fille. Peggy Cummins n’en poursuit pas moins sa carrière, mais elle ne se mesure plus à des rôles de l’envergure d’Annie Laurie Starr, qu’il s’agisse de Son grand amour de Gregory Ratoff, auprès d’Edward G. Robinson, d’Une étrange jeune mariée de Ralph Smart, ou de La Loterie de l’Amour avec David Niven. Train d’enfer de Cy Endfield, la confronte à une folle compétition entre des chauffeurs de camions payés au nombre de transports effectués. Elle s’impose à nouveau dans un film fantastique sur fond de sciences occultes, Rendez-vous avec la peur de Jacques Tourneur, aux côtés de Dana Andrews avec qui elle restera très amie. Puis elle renoue avec des comédies, dont la dernière In the doghouse de Darcy Conyers, qui narre les péripéties du métier de vétérinaire, signe la fin de sa carrière au cinéma. L’actrice a d’autres aspirations. Elle veut se consacrer à sa famille et à des causes qui lui tiennent à cœur comme une organisation caritative auprès d’enfants handicapés. C’est à plus de 90 ans que Peggy Cummins décède à Londres le 29 décembre 2017, encore auréolée de Gun Crazy dont elle était loin d’imaginer une telle postérité.


FILMOGRAPHIE :

Avec John Dall
et Joseph H. Lewis
1940 : Dr. O’Dowd d’Herbert Mason
1942 : Salute John Citizen de Maurice Elvey
1942 : Grand-mère Riley détective (Old Mother Riley Detective) de L Comfort
1943 : Welcome, Mr. Washington de Leslie S. Hiscott
1944 : En français, Messieurs (English without Tears) de Harold French
1946 : Un Mariage à Boston (The late George Apley) de Joseph L. Mankiewicz
1946 : La Rose du Crime (Moss Rose) de Gregory Ratoff
1947 : L’Évadé de Dartmoor (Escape) de Joseph L. Mankiewicz
1948 : Alerte au ranch (Green Grass of Wyoming) de Louis King
1949 : Cet Âge dangereux (That dangerous Age) de Gregory Ratoff
1949 : Le Démon des Armes (Gun Crazy) de Joseph H. Lewis
1950 : Son grand Amour (My Daughter) de Gregory Ratoff
1952 : The passionate Sentry d’Anthony Kimmins
1952 : Les Anges de la Rue (Street Corner) de Muriel Box
1953 : Une étrange jeune Mariée (Always a Bride) de Ralph Smart
1953 : Meet Mr. Lucifer de Anthony Pelissier
1953 : La Loterie de l’amour (The Love Lottery) de Charles Crichton
1954 : Un fils pour Dorothy (To Dorothy a Son) de Muriel Box
1955 : The March Hare de George More O’Ferrall
1956 : En avant Amiral ! (Carry on Admiral) de Val Guest
1957 : Train d’enfer (Hell Drivers) de Cy Endfield
1957 : Rendez-vous avec la Peur (Curse of the Demon) de Jacques Tourneur
1958 : La Table du Capitaine (The Capitain’s Table) de Jack Lee
1959 : Your Money or your Wife d’Anthony Simmons
1960 : Dentist in the Chair de Don Chaffey
1961 : In the Doghouse de Darcy Conyers


Filmographie de Peggy CUMMINS
 
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