Jeanne CRAIN
 Actrice américaine
Exemple typique de la Fox Girl des années cinquante, Jeanne Crain a affiché sa belle chevelure brune et ses grands yeux clairs chez Kazan et Mankiewicz. Réduite ensuite à des rôles décoratifs dans le péplum ou le film d'aventures, elle n'a malheureusement pas assuré sa postérité.
Jeanne Elizabeth Crain vient au monde, le 25 mai 1925, à Barstow en Californie. Fille de George Crain, professeur d’anglais au lycée et Loretta Carr, femme au foyer, tous deux d'origines irlandaises, elle a une soeur Rita née en 1927. Afin de vaincre la timidité de leur filles, ses parents l'encourage à la lecture et aux arts. Ils divorcent en 1934 et les deux filles déménagent avec leur mère à Los Angeles. L'adolescente hésite entre son désir d'être nonne et la pratique du patinage sur glace, domaine dans lequel elle excelle. Par défi, elle remportent plusieurs prix de beauté, lauréate de Miss Long Beach et Miss California. Elle étudie l’art dramatique à la fameuse université de UCLA. Remarquée par un talent scout de la Fox, elle fait une petite apparition dans Banana split aux côtés de la tornade brésilienne Carmen Mirandas et dans Le Jockey de l'Amour avec Walter Brennan pour lequel elle est descendue par la critique mais encensée par le public. Darryl Zanuck décide prendre lui même en main les destinées de la jeune top-model.
Une carrière de Fox Girl
Jeanne Crain, révélée dans Winged Victory de George Cukor, enchaîne les films musicaux ou familiaux en technicolor comme Margie en étudiante de province amoureuse de son professeur ou La Foire aux Illusions en fille de ferme auprès de Dana Andrews. Otto Preminger n'est pas insensible à son charme et l'engage dans Quadrille d’amour avec Cornel Wilde et L’éventail de Lady Windermere en héroïne d'Oscar Wilde. En 1948, la belle actrice incarne Deborah Bishop dans Chaînes conjugales de Joseph L. Mankiewicz, où elle tient la dragée haute à ses deux rivales, Linda Darnell et Ann Sothern. En 1949, la jeune actrice réalise sa plus grande performance, interprétant le rôle insolite de Pinky négresse blanche, une Afro-Américaine à la peau assez claire pour se faire passer pour une blanche dans le drame anti-raciste L’héritage de la chair d'Elia Kazan. Devancée par Olivia de Havilland pour l'Oscar du meilleur rôle féminin, Jeanne devient cependant une star très en vue. Dans On murmure dans la ville où elle retrouve Joseph L. Mankiewicz, elle est une jeune étudiante future mère célibataire dont tombe amoureux Cary Grant, puis la patronne de ranch qui engage Kirk Douglas dans L’homme qui n’a pas d’étoile de King Vidor, la femme de Glenn Ford, le tireur le plus rapide de l'Ouest dans La première balle tue de Russell Rouse, l'épouse de Jeff Chandler, avocat sans scrupule dans La robe déchirée de Jack Arnold et le grand amour de Frank Sinatra, artiste déchu et aphone dans Le pantin brisé de Charles Vidor. Elle ne dénigre pas pour autant la comédie familiale comme en attestent ses deux gros succès, Treize à la douzaine en fille de Clifton Webb et Les Hommes épousent les brunes en tandem avec Jane Russell.
Une des reines du péplum
Elle rompt en 1954 son contrat avec la Fox pour prendre sa carrière en main. Mais le vent est en train de tourner et les icones du Technicolor se retrouvent en perte de vitesse. Jeanne Crain décide de poursuivre sa carrière en Europe. Elle tourne deux péplums à Cinecittà, en Italie, Nefertiti, Reine du Nil de Fernando Cerchio auprès d'Edmund Purdom et Vincent Price et Ponce Pilate d'Irving Rapper, aux côtés du Français Jean Marais. Elle donne également la réplique à Pierre Brice dans l’épopée moyenageuse Par le feu et par l’épée d’après le roman d’Henryk Sienkiewicz.
Une vie familiale loin des studios
Elle s’éloigne progressivement des plateaux de cinéma pour s’occuper de son ranch en Caroline du Sud et de sa nombreuse famille. En effet, tout juste âgée de vingt ans, Jeanne a épousée le jour du réveillon du nouvel an 1945, contre l'avis de sa mère avec Paul Brickman, acteur éphémère sous le pseudonyme de Paul Brooks qui deviendra un prospère homme d'affaires. Le couple aura eu sept enfants (Michael et Christopher meurent jeunes d'une overdose). Malgé un procès en divorce largement médiatisé en 1956, les époux Brickman se réconcilient mais vivent séparément à partir de 1978. Jeanne Crain apparaît encore dans quelques productions cinématographiques ou télévisées, mais se retire définitivement en 1971, après le tournage du film catastrophe de John Guillermin, Alerte à la bombe. En plus de la vie de rancheuse, elle s’adonne à la peinture et crée sa ligne de vêtements. Jeanne Crain apprécie pleinement sa nouvelle vie familiale loin des projecteurs et de la vie publique, jusqu’au 1er octobre 2003, jour de la disparition de son mari. Très affectée, Jeanne succombe à une crise cardiaque le 14 décembre de la même année, dans sa propriété de Santa Barbara, en Californie. Oubliée, celle que l'on considérait comme l'une des plus belles stars d'Hollywood n'a jamais eu droit à son étoile sur le Hollywood Walk of Fame.


FILMOGRAPHIE :

Avec Otto Preminger
1943 : Banana Split (The Gang's All Here) de Busby Berkeley
1944 : Le Jockey de l'amour (Home in Indiana) d’Henry Hathaway
1944 : In the Meantime, Darling d’Otto Preminger
1944 : Winged Victory de George Cukor
1945 : Péché mortel (Leave Her to Heaven) de John M. Stahl
1945 : La Foire aux illusions (State Fair) de Walter Lang
1946 : Quadrille d’amour (Centennial Summer) d’Otto Preminger
1946 : Margie d’Henry King
1948 : Choisie entre toutes 9 (You Were Meant for Me) de Lloyd Bacon
1948 : L'Amour sous les toits (Apartment for Peggy) de George Seaton
1949 : Chaînes conjugales (A letter to three wives) de Joseph L. Mankiewicz
1949 : L'Éventail de Lady Windermere (The Fan ou Lady Windermere's Fan) d’Otto Preminger
1949 : L'Héritage de la chair 10 (Pinky) de Elia Kazan
1950 : Parade du rythme (I'll get by) de Richard Sale
1950 : Treize à la douzaine (Cheaper by the Dozen) de Walter Lang
1951 : Le Temps des cerises (Take Care of My Little Girl) de Jean Negulesco
1951 : On murmure dans la ville (People Will Talk) de Joseph L. Mankiewicz
1951 : Agence Cupidon (The Model and the Marriage Broker) de George Cukor
1952 : Six filles cherchent un mari (Belles on Their Toes) d’Henry Levin
1952 : La Sarabande des pantins (O. Henry's Full House) d’Henry King
1953 : Meurtre à bord (Dangerous Crossing) de Joseph M. Newman
1953 : Le crime était signé (Vicki) d’Harry Horner
1953 : La Cité des tueurs (City of Bad Men) de Harmon Jones
1954 : Duel dans la jungle (Duel in the Jungle) de George Marshall
1955 : L'Homme qui n'a pas d’étoile (Man Without a Star) de King Vidor
1955 : Les hommes épousent les brunes (Gentlemen marry brunettes) de Richard Sale
1955 : Grève d’amour (The Second Greatest Sex) de George Marshall
1956 : La Première Balle tue (The Fastest Gun Alive) de Russell Rouse
1957 : La Robe déchirée (The Tattered Dress) de Jack Arnold
1957 : Le Pantin brisé (The Joker Is Wild) de Charles Vidor
1958 : The Great Gatsby de Franklin J. Schaaffner (tv)
1959 : Meet me in St. Louis de George Schaefer (tv)
1960 : Tonnerre sur Timberland (Guns of the Timberland) de Robert D. Webb
1961 : Twenty Plus Two de Joseph M. Newman
1961 : Nefertiti, reine du Nil (Nefertiti, regina del Nilo) de Fernando Cerchio
1962 : Madison Avenue (en) de H. Bruce Humberstone
1962 : Ponce Pilate (Ponzio Pilato) de Gian Paolo Callegari et Irving Rapper
1962 : Par le fer et par le feu (Col ferro e col fuoco) de Fernando Cerchio
1967 : Terreur au kilomètre (Hot Rods to Hell) de John Brahm
1972 : The Night God Screamed de Lee Madden
1972 : Alerte à la Bombe (Skyjacked) de John Guillermin


Filmographie de Jeanne CRAIN
 
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