Des débuts guerriers
Richard Conte est né Nicholas Peter Conte le 24 mars 1910 à Jersey City, dans le New Jersey. Ce fils d’un barbier italo-américain hésite entre plusieurs voies artistiques et occupe divers métiers, de conducteur de camion à pompiste, Remarqué par Elia Kazan et John Garfield, en 1935, il obtient une bourse d’études pour suivre les cours d’art dramatique de la Neighborhood Playhouse de New York. Il fait ses débuts à Broadway en 1939 dans Moon Over Mulberry Street, sous le nom de Nicolas Conte et enchaîne avec Night Music et Walk Into My Parlor. Après des débuts obscurs au cinéma en 1939, c’est la Fox qui lui permet d’accéder à la notoriété avec plusieurs films de guerre comme Guadalcanal de Lewis Seiler, Prisonniers de Satan et Le Commando de la Mort de Lewis Milestone et Une Cloche pour Adano d’Henry King sur lequel il croise Gene Tierney. Il adopte définitivement le prénom de Richard. Mais avec son physique dur et inquiétant, exprimant aussi bien la fragilité que le cynisme, il va surtout exceller dans le film noir.
Le roi des gangsters
En 1946, il incarne un espion nazi dans 13 rue Madeleine. En 1948, il apparaît dans des compositions inquiétantes, le taulard de Appelez Nord 777 d’Henry Hathaway avec James Stewart et le gangster de La Proie de Robert Siodmak. En 1949, il est à l’affiche de trois chefs-d’œuvre : Le mystérieux docteur Korvo d’Otto Preminger, La Maison des Étrangers de Joseph Leo Mankiewicz et Les bas-fonds de Frisco de Jules Dassin. Comme tous les acteurs du film noir, il sera entendu par la commission des activités anti-américaines aux côtés d'Humphrey Bogart, Lauren Bacall et John Garfield. Comme un symbole, dans House of Strangers, il campe Max Monetti, le fils d’Edward G. Robinsion qui défend son père contre les accusations du gouvernement d’irrégularités bancaires et va en prison pour subornation de jury. Au début des années 1950, Richard Conte quitte la Fox et apparaît dans des séries B pour différents studios. Certains revêtent cependant un intérêt comme The Sleeping City, The Tide Raging avec Shelley Winters, Dix Hommes pour l’Enfer, L’Orchidée blanche avec Barbara Stanwyck et La Femme au Gardénia de Fritz Lang. Dans Association Criminelle avec une suprême élégance sadique, il débranche le sonotone de Brian Donlevy pour qu’il n’entende pas le crépitement de la mitraillette qui l’abat. Il partage l’affiche de Une Femme en Enfer où Susan Hayward incarne la chanteuse et actrice Lillian Roth qui sombre dans l’alcoolisme. En 1959, Conte joue dans un des meilleurs épisodes de la série Au-delà du Réel (The Twilight Zone) et apparaît dans Les Incorruptibles. Dans les années soixante, le film noir devient moins populaire. La carrière de Richard Conte est au point mort. Il fait un peu de télévision (The Reporter avec Anne Francis et Garry Merril) et des films de série avec Frank Sinatra (L’Inconnu de Las Vegas, Tony Rome est dangereux, La Femme en Ciment et Le Hold-up du Siècle).
Fin de carrière dans le Z
Avec une certaine résignation, il doit se contenter de rôles stéréotypés dont le point culminant est sans doute son personnage du chef de gang Barzini dans Le Parrain de Francis Ford Coppola en 1972. Richard Conte déménage finalement pour l’Europe et finit sa carrière dans des films italiens, essentiellement des films giallo restés confidentiels à l'exception de Big Guns avec Alain Delon et Burt Lancaster et un western, Sentence de Mort. Il réalise un film de guerre en 1969, inédit en France, Operation Cross Eagles. Richard Conte expose par ailleurs régulièrement ses dessins et peintures. Il meurt d’une crise cardiaque le 15 avril 1975, à l’âge de 65 ans. Richard Conte a été marié à l’actrice Ruth Storey de 1943 à 1962, avec qui il eut un fils, Mark Conte qui est devenu monteur pour le cinéma. Il a épousé sa seconde femme, Shirlee Garner, en 1973. Ils sont restés mariés jusqu’à sa mort.
FILMOGRAPHIE :
Avec Humphrey Bogart
et Lauren Bacall
1943 : Guadalcanal (Guadalcanal Diary) de Lewis Seiler
1944 : Prisonniers de Satan (The Purple Heart) de Lewis Milestone
1945 : Capitaine Eddie (Captain Eddie), de Lloyd Bacon
1945 : Une cloche pour Adano (A Bell for Adano) de Henry King
1945 : Le Commando de la mort (A Walk in the Sun) de Lewis Milestone
1945 : L'assassin rôde toujours (The Spider) de Robert D. Webb
1946 : Quelque part dans la nuit (Somewhere in the Night) de Joseph L. Mankiewicz
1947 : L'Orchidée blanche (The Other Love) d’André de Toth
1947 : 13, rue Madeleine d’Henry Hathaway
1948 : Appelez nord 777 (Call Northside 777) d’Henry Hathaway
1948 : La Proie (Cry of the City) de Robert Siodmak
1949 : Big Jack de Richard Thorpe
1949 : La Maison des étrangers (House of Strangers) de Joseph L. Mankiewicz
1949 : Les Bas-fonds de Frisco (Thieves' Highway) de Jules Dassin
1949 : Le Mystérieux Docteur Korvo (Whirlpool) d’Otto Preminger
1950 : Brigade secrète (The Sleeping City) de George Sherman
1951 : La Quatrième Issue (The Raging Tide) de George Sherman
1951 : Trente Jours à vivre (Under the Gun) de Ted Tezlaff
1951 : Un crime parfait (Hollywood Story (en)) de William Castle
1952 : Le Libérateur (The Fighter) d’Herbert Kline
1952 : L'Heure de la vengeance (The Raiders) de Lesley Selander
1953 : La Femme au gardénia (The Blue Gardenia) de Fritz Lang
1953 : La Légion du Sahara (Desert Legion) de Joseph Pevney
1953 : Les Esclaves de Babylone (Slaves of Babylon) de William Castle
1954 : La Tueuse de Las Vegas (Highway Dragnet) de Nathan Juran
1954 : La Course à la Mort (Mask of Dust) de Terence Fisher
1955 : Association criminelle (The Big Combo) de Joseph H. Lewis
1955 : New York confidentiel (New York Confidential) de Russell Rouse
1955 : The Big Tip Off de Frank McDonald
1955 : L'Affaire du singe rouge (Little Red Monkey) de Ken Hughes
1955 : Bengazi (Bengazi) de John Brahm
1955 : Dix hommes pour l'enfer (Target Zero) de Harmon Jones
1955 : Une femme en enfer (I'll Cry Tomorrow) de Daniel Mann
1956 : Pleine de vie (Full of Life) de Richard Quine
1957 : Les Frères Rico (The Brothers Rico) de Phil Karlson
1958 : Barrage contre le Pacifique (This Angry Age) de René Clément
1959 : Ceux de Cordura (They Came to Cordura) de Robert Rossen
1960 : The Gambler, the Nun and the Radio de James B. Clark & Albert Marre
1960 : L'Inconnu de Las Vegas (Ocean's Eleven), de Lewis Milestone
1960 : Pepe de George Sidney
1961 : Les Incorruptibles (The Untouchables) de Walter Grauman
1963 : Mercredi soir, 9 heures... (Who's Been Sleeping in My Bed?) de Daniel Mann
1964 : The Eyes of Annie Jones de Reginald Le Borg
1964 : Le Plus Grand Cirque du monde (Circus World) de Henry Hathaway
1965 : Extraña invasión d’Emilio Vieyra
1965 : La Plus Grande Histoire jamais contée (The Greatest Story Ever Told) de G. Stevens
1965 : Synanon (Get off my Back) de Richard Quine
1966 : Le Hold-up du siècle (Assault on a Queen) de Jack Donohue
1967 : Hôtel Saint-Gregory (Hotel) de Richard Quine
1967 : Tony Rome est dangereux (Tony Rome), de Gordon Douglas
1968 : Sentence de mort (Sentenza di morte), de Mario Lanfranchi
1968 : Opération Cross Eagles (Operation Cross Eagles) de Richard Conte
1968 : La Femme en ciment (Lady in Cement) de Gordon Douglas
1969 : Explosion (The Blast) de Jules Bricken
1970 : The Challengers de Leslie H. Martinson (tv)
1972 : Piazza pulita de Luigi Vanzi
1972 : Le Parrain (The Godfather) de Francis Ford Coppola
1973 : L'onorata famiglia: Uccidere è cosa nostra de Tonino Ricci
1973 : Le Boss (Il boss), de Fernando Di Leo
1973 : Anastasia mio fratello ovvero il presunto capo dell'Anonima Assassini de Steno
1973 : Rue de la violence (Milano trema: la polizia vuole giustizia) de Sergio Martino
1973 : Les Grands Fusils (Tony Arzenta), de Duccio Tessari
1973 : L’Emprise des Sens (Anna, quel particolare piacere) de Giuliano Carnimeo
1974 : Salut les pourris (Il poliziotto è marcio) de Fernando Di Leo
1973 : L’honorable Famille (L’onorata famiglia) de Tonino Ricci
1974 : Malocchio (Eroticofollia) de Mario Siciliano
1975 : Rome violente (Roma violenta), de Marino Girolami
1975 : La encadenada de Manuel Mur Oti
1975 : Bacchanales infernales (Un urlo dalle tenebre) d’Angelo Pannacciò
Filmographie de Richard CONTE