John CASSAVETES
 Acteur et réalisateur américain
John Cassavetes continue d’exercer une indéniable influence sur le cinéma d’auteur contemporain. Pourtant, même ses plus grands succès publics n’ont que peu débordé le cercle restreint des happy few. Il représente ce qu’on appelle un director of directors. Martin Scorsese explique : « Les films de Cassavetes, je ne peux les voir qu’une fois, parce que je sais. Ça me touche à un niveau affectif et psychologique. Pour moi, ils représentent la vérité, la présence, l’intimité de la vie elle-même : c’est comme ça que je voudrais pouvoir capturer la vie au cinéma. »
John Cassavetes voit le jour à New York, le 9 décembre 1929. Fils d’un homme d’affaires grec, John Cassavetes abandonne vite ses études pour rejoindre l’American Academy Of Dramatic Arts. En 1955, John Cassavetes débute au cinéma comme acteur avec Nuit de terreur d’Andrew L. Stone. Il enchaîne les rôles de jeunes rebelles dans Face au crime de Don Siegel, L’homme qui tua la peur de Martin Ritt ou Libre comme le vent de Robert Parrish avant de passer de l’autre côté de la caméra. Il fonde en 1957 un atelier de perfectionnement d’acteurs à New York. Il tourne en 16 mm un exercice d’improvisation qu’il finance en lançant une demande d’emprunt dans une émission de télévision. Il tourne pour la télévision la série Johnny Staccato en 1959 qui retrouve l’ambiance des meilleurs films de série noire américaine.
Les ombres révolutionnaires
John Cassavetes réalise Shadows en 1960. Le thème, l’amour entre un Blanc et une jeune noire, est approché du point de vue de la communauté noire. Interprété par des inconnus, le film se distingue par une large place laissée à l’improvisation. Photographié en extérieurs réels, il porte l’empreinte d’une nouvelle écriture cinématographique, le plan long, débarrassé des ellipses narratives, plié au rythme du langage parlé. Le montage même n’échappe pas à cette règle d’un travail en perpétuelle évolution. Un détail qui a son importance, la musique souligne à merveille le swing de la caméra. Ce premier film devient le porte-drapeau de la nouvelle vague américaine. Ses films de réalisateurs sont vivement critiqués comme La Ballade des Sans-Espoirs qui raconte la déchéance d’un joueur de jazz idéaliste, désavoué par la Paramount et Un enfant attend, dernière apparition de Judy Garland à l’écran, qui suscite les mêmes réticences. Pour pouvoir poursuivre son processus créatif, Cassavetes doit accepter des participations à des œuvres plus commerciales.
Jouer pour créer
En 1967, John Cassavetes joue dans Les douze Salopards de Robert Aldrich, puis, en 1968, dans Rosemary’s baby de Roman Polanski. On le retrouvera dans le thriller Un Tueur dans la foule avec Charlton Heston, La Cible étoilée avec Sofia LOren, C'est ma vie après tout avec Richard Dreyfuss et Tempête avec Gena Rowlands mis en scène par son ami Paul Mazursky. Le succès lui permet de revenir à un cinéma artisanal, hors Hollywood, entre copains et filmés dans des lieux réels. Faces, réalisé sans argent, constitue un de ses chefs-d’oeuvre. Ce tableau de la faillite des rapports conjugaux représente 6 mois de tournage et 2 ans et demi de montage. L’intensité du jeu des acteurs résulte d’une totale spontanéité d’expression, traquant les moindres mouvements du visage comme des intentions possibles, révélatrices de désirs cachés. Reconnu, Cassavetes entre dans une période faste. Il tourne Husbands, la dérive de trois hommes mariés avec Peter Falk et Ben Gazzara, Ainsi va l’amour, Une femme sous influence où Gena Rowlands incarne une mère déchirée entre plusieurs rôles. Gloria, un polar tourné à New York, est son plus grand succès public. Gena Rowlands y interprète une comédienne ratée et traquée par la Mafia. Meurtre d’un bookmaker chinois, dans la même veine, met en scène Ben Gazzara en propriétaire d’une boîte de strip-tease dans un Los Angeles hanté par des tueurs.
Cassavetes et Rowlands
Après Opening Night, réflexion pirandellienne sur le théâtre ou la vie, Cassavetes reçoit la consécration pour Love Streams en 1983. Adapté d’une pièce de théâtre, le film dresse un bilan du couple Cassavetes-Rowlands. Le cinéaste y développe ses thèmes traditionnels : la mort, la folie, la solitude. Auteur et metteur en scène de théâtre, il monte, de 1980 à 1987, cinq pièces à Los Angeles, interprétées par son fils Nick, par Peter Falk ou par Gena Rowlands. Après Big trouble, Cassavetes, malade, commence Begin the Beguine avec Peter Falk et Ben Gazzara. Marié depuis 1954 avec Gena Rowlands, mère de ses trois enfants dont Nick qui reprend le flambeau de la réalisation, il meurt brutalement le 3 février 1989 à Los Angeles d’une cyrrhose du foie laissant une œuvre considérable.


FILMOGRAPHIE :

Avec Martin Ritt
et Sidney Poitier
1951 : 14 Heures (Fourteen Hours) de Henry Hathaway
1953 : Taxi de Gregory Ratoff
1955 : Nuit de terreur (The Night Holds Terror) d’Andrew L. Stone
1956 : Face au crime (Crime in the Streets) de Don Siegel
1956 : Tu dois avoir de la chance (You Got to Have Luck) de Robert Stevens (tv)
1957 : Affair in Havana de László Benedek
1957 : L'Homme qui tua la peur (Edge of the city) de Martin Ritt
1957 : Winter Dreams de John Frankenheimer (tv)
1958 : Libre comme le vent (Saddle the Wind) de Robert Parrish
1959 : Virgin Island de Pat Jackson
1959 : Johnny Staccato de Joseph Pevney (tv)
1959 : Shadows (Shadows) de John Cassavetes
1961 : La Ballade des sans espoirs (Too Late Blues) de John Cassavetes
1961 : The Webster Boy de Don Chaffey
1962 : Suspicion (Suspiciion, The Alfred Hitchcock hour) de John Brahm (tv)
1963 : Un enfant attend (A Child Is Waiting) de John Cassavetes
1963 : Alexandre le Grand (Alexander the Great) de Phil Karlson (tv)
1964 : À bout portant (The Killers) de Don Siegel
1967 : Les Anges de l'enfer (Devil’s Angel) de Daniel Haller
1967 : Les Douze Salopards (The Dirty Dozen) de Robert Aldrich
1968 : Alexander the Great de Phil Karlson (téléfilm)
1968 : Rome comme Chicago (Roma come Chicago) d’Alberto de Martino
1968 : Rosemary's baby de Roman Polanski
1968 : Les Intouchables (Gli Intoccabili) de Giuliano Montaldo
1969 : Mardi, c’est donc la Belgique (If It's Tuesday, This Must Be Belgium) de Mel Stuart
1970 : Husbands de John Cassavetes
1971 : Ainsi va l’amour (Minnie and Moskowitz) de John Cassavetes
1974 : Capone (Capone) de Steve Carver
1976 : Mikey et Nicky (Mikey and Nicky) d’Elaine May
1976 : Un tueur dans la foule (Two-Minute Warning) de Larry Peerce
1978 : Opening Night de John Cassavetes
1978 : La Cible étoilée (Brass Target) de John Hough
1978 : Furie (The Fury) de Brian de Palma
1979 : Flesh and Blood de Jud Taylor (tv)
1981 : C'est ma vie, après tout ! (Whose Life Is It Anyway?) de John Badham
1982 : Incubus (The Incubus) de John Hough
1982 : Tempête (Tempest) de Paul Mazursky
1983 : Marvin and Tige d’Eric Weston
1983 : Fräulein Berlin de Lothar Lambert
1984 : Love Streams (ou Torrents d’amour) de John Cassavetes
1985 : King Kongs Faust de Heiner Stadler


Filmographie de John CASSAVETES
 
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